Julien Offray de La Mettrie
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Julien Offray de La Mettrie
Julien Offray de La Mettrie
(1709 - 1751)
(1709 - 1751)
La Mettrie naît à Saint-Malo le 19 décembre 17092, de Julien Offray de La Mettrie, armateur et négociant, et de Marie Gaudron du Clos.
Il fait ses humanités au collège de Coutances. Destiné par son père à embrasser la carrière ecclésiastique, il suit les cours de logique de l’abbé Cordier, un ardent janséniste, au collège du Plessis, mais choisit l’année suivante d’arrêter la théologie pour devenir médecin. En 1728, il obtient le bonnet doctoral à la faculté de Rennes. En 1733, il se rend à Leyde, en Hollande, pour assister aux cours d’Herman Boerhaave et, en 1742, il retourne à Paris, où il obtient le poste de médecin des Gardes-Françaises. Se spécialisant dans les maladies vénériennes, il commence par publier des ouvrages sur des sujets médicaux. Pendant une attaque de fièvre, il remarque sur lui l’action de la circulation accélérée sur la pensée, ce qui le mène à la conclusion que les phénomènes psychiques doivent être représentés comme les effets de changements organiques dans le cerveau et le système nerveux.
Cette conclusion est exprimée dans son premier ouvrage philosophique L’Histoire naturelle de l’âme (1745). Il y défend des thèses matérialistes, provoquant un scandale qui lui fait perdre sa place de médecin des Gardes-Françaises. Le livre est condamné et brûlé publiquement par arrêt du Parlement en 1746. La Mettrie retourne à Leyde où il finit ses études, et y développe ses idées avec plus de vigueur et d’une façon plus complète, dans L’Homme Machine (1747). À ce moment, l’animosité envers lui est telle qu’il est forcé de quitter Leyde. Il est alors accueilli par Frédéric II de Prusse à Berlin, qui lui permet non seulement d’exercer en tant que médecin, mais lui obtient également un poste à l’Académie de Berlin. Il produit alors son œuvre majeure, Discours sur le bonheur, ce qui lui vaut d’être rejeté par les auteurs-clés des Lumières tels que Voltaire, Diderot ou d'Holbach, mais hautement estimé par le marquis de Sade.
En 1748, il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin.
Il meurt le 11 novembre 1751 à Potsdam, après avoir mangé un pâté avarié.
Bibliographie :
Traité du vertige (1737), lire en ligne [archive] sur Gallica
Nouveau traité des maladies vénériennes (1739)
Traité de la petite vérole (1740)
L’Histoire naturelle de l’âme (1745), lire en ligne [archive] sur Gallica
De la Volupté (1745)
L'Homme Machine (1747), lire en ligne [archive] sur Gallica
L'Homme-plante (1748), lire en ligne [archive] sur Gallica
Ouvrage de Pénélope ou Machiavel en Médecine (2 tomes 1748 + 1 tome de suppléments 1750)
Discours sur le bonheur (aussi connu sous le titre Anti-Sénèque ou Le souverain bien) (1748, 1750, 1751)
Réflexions philosophiques sur l'origine des animaux (1750)
Système d’Épicure (1750)
Discours préliminaire (1750)
Vénus métaphysique ou De l'origine de l'âme humaine (1751)
L’Art de jouir (1751), lire en ligne [archive] sur Gallica
Le Petit Homme à longue queue (1751)
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Julien Offray de La Mettrie
L'Art de Jouir
Pour reprendre le mot de Diderot, si les « bijoux » des deux genres sont frustrés de tendresse, là est peut-être la cause du vice, de la méchanceté, de la morosité. Art de jouir ou art de vivre guidé par la volupté, tout ceci ne consiste pas à coucher avec n’importe qui n’importe comment, loin s’en faut. La Mettrie joue de mille nuances, s’enflamme, convoque du beau monde ; son Art de jouir n’a rien d’un traité, tout l’intérêt est dans le maniement de la langue, dans ses jeux folâtres comme plaisirs et esthétique.
Pour reprendre le mot de Diderot, si les « bijoux » des deux genres sont frustrés de tendresse, là est peut-être la cause du vice, de la méchanceté, de la morosité. Art de jouir ou art de vivre guidé par la volupté, tout ceci ne consiste pas à coucher avec n’importe qui n’importe comment, loin s’en faut. La Mettrie joue de mille nuances, s’enflamme, convoque du beau monde ; son Art de jouir n’a rien d’un traité, tout l’intérêt est dans le maniement de la langue, dans ses jeux folâtres comme plaisirs et esthétique.
Julien Offray de La Mettrie a écrit:On sait déjà que Vénus peut être physique, sans perdre de ses grâces. Le plus beau spectacle du monde est une belle femme ; il se peint dans ses yeux ; c’est par eux que passe dans l’âme l’image de la beauté, image agréable dont la trace nous suit partout, source féconde en amoureux désirs. Sans cet admirable organe, miroir transparent où se vient peindre en petit tout l’Univers, on serait privé de cette sirène enchanteresse, aux pièges de laquelle il est si doux de se laisser prendre. C’est elle qui embellit tout ce qu’elle touche, et se représente tout ce qu’elle veut. Ses brillants tableaux charment nos ennuis dans l’absence, qui disparaît pour faire place à l’objet aimé dont l’imagination est le triomphe ; ses yeux de lynx s’étendent sans bornes sur l’avenir comme sur le passé ; par eux, par la manière dont ils sont taillés, les sujets les plus éloignés se rapprochent, se grossissent et se montrent enfin sous ses plus beaux traits ; par eux, le voluptueux jouit de ses idées ; il les appelle, les éveille, écarte les unes, fixe et caresse les autres au gré de ses désirs. Non que je sache comment l’imagination broie les couleurs, d’où naissent tant d’illusions charmantes, mais l’image du plaisir qui en résulte est le plaisir même.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Julien Offray de La Mettrie
Merci pour cette nouvelle découverte (au moins pour moi), assez étonnante !
Et belle métaphore que cette image du plaisir qui est le plaisir même (comme dans les livres) !
Et belle métaphore que cette image du plaisir qui est le plaisir même (comme dans les livres) !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Julien Offray de La Mettrie
Le plus beau spectacle du monde est une belle femme ; il se peint dans ses yeux ;
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Julien Offray de La Mettrie
Jamais lu cet auteur du 18è.
Je vais réparer cela.
Merci Dreep !
Je vais réparer cela.
Merci Dreep !
Tatie- Messages : 278
Date d'inscription : 14/02/2021
Re: Julien Offray de La Mettrie
Je ne connaissais pas cet auteur, Merci, interessant le rôle de Frederic II roi agnostique dans un etat fortement protestant, et son ouverture d'esprit quant aux idées de La Mettrie comme quoi en toutes époques la tolérance et la curiosité font avancer les choses
Chamaco- Messages : 4307
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud
Re: Julien Offray de La Mettrie
...] il faut n'arriver au comble des faveurs que par d'imperceptibles degrés ; il faut que mille jouissances préliminaires vous conduisent à la dernière jouissance : découvrez, contemplez, parcourez, contentez vos regards, comme l'amant d'Issé ; par eux le coeur s'enflamme, les baisers s'allument.. Mais n'en donnez point encore, revenez sur vos pas ; qui vous presse ?
L'Art de jouir
Un bel éloge de la lenteur, de l'attente, de la suggestion, de la montée du désir !
L'Art de jouir
Un bel éloge de la lenteur, de l'attente, de la suggestion, de la montée du désir !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Julien Offray de La Mettrie
Merci pour le fil et commentaire, Dreep. J'ai ce petit livre depuis quelques années, c'est le bon moment pour le retrouver, et le lire ?!
Invité- Invité
Re: Julien Offray de La Mettrie
Oui, lisez-le tous
À voix haute dans un parc... ce que j'ai fais, j'aimerais penser que les gens me regardaient dans le coin de l'oeil en pensant "c'est qui ce fou", mais je crois que tout le monde s'en foutait.
À voix haute dans un parc... ce que j'ai fais, j'aimerais penser que les gens me regardaient dans le coin de l'oeil en pensant "c'est qui ce fou", mais je crois que tout le monde s'en foutait.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Julien Offray de La Mettrie
extraits de L'Art de jouir :
Ils se revoient enfin, ils veulent en vain parler ; mais à la vivacité de leur silence et de leurs caresses, qu’on voit bien que la parole est un faible organe du sentiment ! Ont-ils enfin repris l’usage de la voix ? grands Dieux ! quels entretiens ! Se racontent-ils tout ce qui se passe dans l’Univers ? Non, ils ont bien plus de choses à se dire, ils s’aiment, ils se retrouvent après une longue et trop cruelle absence. Qui pourrait redire ici leurs discours, et plutôt encore leur joie que leurs plaisirs ? Il faudrait sentir comme eux, il faudrait s’être trouvé dans la même situation délicieuse.
Dans le souverain plaisir, dans cette divine extase où l’âme semble nous quitter pour passer dans l’objet adoré, où deux amants ne forment qu’un même esprit animé par l’amour, quelque vifs que soient ces plaisirs qui nous enlèvent hors de nous-mêmes, ce ne sont jamais que des plaisirs ; c’est dans l’état doux qui leur succède, que l’âme en paix, moins emportée, peut goûter à longs traits tous les charmes de la volupté. Alors en effet elle est à elle-même, précisément autant qu’il faut pour jouir d’elle-même ; elle contemple sa situation avec autant de plaisir qu’Adonis sa figure, elle la voit dans le miroir de la volupté. Heureux moments, délire ou vertige amoureux, quelque nom qu’on vous donne, soyez plus durables et ne fuyez pas un coeur qui est tout à vous.
Invité- Invité
Re: Julien Offray de La Mettrie
Reçu "l'Homme-Machine"
extrait :
"Le corps humain est une Machine qui monte elle-même ses ressorts ; vivante image du mouvement perpétuel. Les aliments entretiennent ce que la fièvre excite. Sans eux l'Âme languit, entre en fureur, et meurt abattue. C'est une bougie dont la lumière se ranime, au moment de s'éteindre. Mais nourrissez le corps, versez dans ses tuyaux des sucs vigoureux, des liqueurs fortes ; alors l'Âme, généreuse comme elles, s'arme d'un fier courage, et le Soldat que l'eau eût fait fuir, devenu féroce, court gaiement à la mort au bruit des tambours."
extrait :
"Le corps humain est une Machine qui monte elle-même ses ressorts ; vivante image du mouvement perpétuel. Les aliments entretiennent ce que la fièvre excite. Sans eux l'Âme languit, entre en fureur, et meurt abattue. C'est une bougie dont la lumière se ranime, au moment de s'éteindre. Mais nourrissez le corps, versez dans ses tuyaux des sucs vigoureux, des liqueurs fortes ; alors l'Âme, généreuse comme elles, s'arme d'un fier courage, et le Soldat que l'eau eût fait fuir, devenu féroce, court gaiement à la mort au bruit des tambours."
Chamaco- Messages : 4307
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud
Re: Julien Offray de La Mettrie
J'ai fini L 'Art de jouir. J'ai trouvé beaucoup de distinction à cette écriture, cette belle langue du 18è. C'est noblement amené. Pas de vulgarité ou d'excès. De la beauté, de l'esthétisme.
Sade lui rend hommage d'ailleurs.
J'ai aussi reçu l'Homme-Machine, que je lirai plus tard.
Nous allons le réhabiliter ce bonhomme !
Sade lui rend hommage d'ailleurs.
J'ai aussi reçu l'Homme-Machine, que je lirai plus tard.
Nous allons le réhabiliter ce bonhomme !
Tatie- Messages : 278
Date d'inscription : 14/02/2021
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