Shahriar Mandanipour
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Shahriar Mandanipour
Shahriar Mandanipour est un auteur iranien, né le 15 février 1957 à Chiraz.
Il étudie les sciences politiques et participe à la guerre contre l'Irak.
Ses premières nouvelles paraissent en 1989, mais il est interdit de publication dans son pays entre 1992 et 1997, année où il subit une tentative d'assassinat commanditée par la police secrète. Son premier roman est publié en 1998. Il obtient en 2004 le prix du meilleur livre iranien pour la jeunesse en 2004.
En butte à la censure, il émigre aux États-Unis en 2006, où il devient écrivain en résidence à Harvard, puis à Boston. Shahriar Mandanipour a écrit 9 ouvrages de fiction et de nombreux essais.
wikipedia
Bibliographie française
Censoring an Iranian Love Story (2009), édité en janvier 2011 en français sous le titre En censurant un roman d'amour iranien.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8414
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Shahriar Mandanipour
En censurant un roman d'amour iranien
De son exil américain Shahriar Mandanipour. écrit un roman d'amour iranien. Il construit peu à peu une histoire entre Sara et Dara, parfois falots et désemparés entre le les interdits et leurs naïfs émois, parfois timidemnt trangressifs. Cette histoire s'inscrit en gras dans le texte, il ne s'y passe pas grand-chose. Tout y est rendu impossible par les codes religieux mais on y croise des rossignols, des moineaux au cœur battant, un colporteur allié des amants, de vieux hommes repoussants qui semblent tenir le destin entre leurs mains, en hommage à la tradition littéraire iranienne séculaire.
En alternance permanente et en caractères maigres, Shahriar Mandanipour. se décrit écrivant le roman, par des digressions qui n'oublient jamais l'humour. C'est l'occasion d'exposer tout le mécanisme de la censure iranienne, que ce soit au niveau littéraire, mais aussi d'une façon plus générale au niveau des comportements ou des mœurs. Et on a beau savoir en gros, on est toujours surpris, et il est donc toujours bon de nous rapporter tout cela …
C'est l'occasion aussi de creuser d'une façon plus générale, la relation de l'écrivain à la fiction et à son œuvre,
à ses personnages,
de parler des influences qu'il subit, que ce soit la culture moderne interdite ou la tradition littéraire d'un pays qu'il continue d'aimer profondément et des trésors d'imagination et de péosie qu'il lui faut pour mener son projet à bien d'une façon "acceptable" par les censeurs.
Cela donne un roman aussi tragique que cocasse, à l'ironie mordante, qui a le sérieux d'un état des lieux sordide de la situation en Iran, mais aussi l'audace et l'inventivité des contes. Il y a quelques longueurs et il manque parfois une certaine légèreté (rôle de la double traduction?); le lecteur occidental est parfois frustré, sentant bien que de nombreuses allusions et références lui échappent. Mais tout ce qu'on apprend d'une part, et l'astuce facétieuse de la construction du double récit compensent largement cela. C'est un beau tour de force, qui ne peut laisser le lecteur indifférent, un pied de nez plein de brio à tous les censeurs du monde, un petit outil de lutte face à l'adversité.
(commentaire récupéré)
mots-clé : #regimeautoritaire #humour
Est-il nécessaire que je vous rappelle qu'épurer ou éliminer est une forme de censure ? En tant qu'écrivain parfois plus malheureux et maudit du sort que le Jean Valjean des Misérables, je crois que la fois où j'ai accepté l'élimination d'un mot d'une de mes histoires, j'ai aussi accepté l'élimination d'un être humain de son lieu de travail ou de sa vie.
De son exil américain Shahriar Mandanipour. écrit un roman d'amour iranien. Il construit peu à peu une histoire entre Sara et Dara, parfois falots et désemparés entre le les interdits et leurs naïfs émois, parfois timidemnt trangressifs. Cette histoire s'inscrit en gras dans le texte, il ne s'y passe pas grand-chose. Tout y est rendu impossible par les codes religieux mais on y croise des rossignols, des moineaux au cœur battant, un colporteur allié des amants, de vieux hommes repoussants qui semblent tenir le destin entre leurs mains, en hommage à la tradition littéraire iranienne séculaire.
En alternance permanente et en caractères maigres, Shahriar Mandanipour. se décrit écrivant le roman, par des digressions qui n'oublient jamais l'humour. C'est l'occasion d'exposer tout le mécanisme de la censure iranienne, que ce soit au niveau littéraire, mais aussi d'une façon plus générale au niveau des comportements ou des mœurs. Et on a beau savoir en gros, on est toujours surpris, et il est donc toujours bon de nous rapporter tout cela …
C'est l'occasion aussi de creuser d'une façon plus générale, la relation de l'écrivain à la fiction et à son œuvre,
Dans ses brillants cours et conférences sur la littérature, Nabokov a dit : « La littérature est née le jour où un jeune berger criait au loup, alors qu'il n'était pas poursuivi par un loup. »
Mais c'est trop simple. Moi je dirais que les meilleurs récits romanesques sont ceux dans lesquels le petit affabulateur, ou le romancier, courre en criant Au loup! Au loup ! Et qu'un loup qui n'était pas là avant surgit soudain derrière lui.
à ses personnages,
« Tu n'aurais pas dû me créer ainsi. Tu n'aurais pas dû me décrire comme un pauvre hère, comme un pitoyable ver de terre. Tu m'as bâti comme quelqu'un qui, quoi qu'on lui fasse, ne peut que se tortiller sans broncher. Tu m'as conçu ainsi pour permettre à ton roman de passer la censure. Je refuse qu'on fasse de moi un ver de terre qui simplement se dédouble quand on le coupe en deux. Tu es toi aussi mon meurtrier pour avoir fait de moi un personnage si misérable.Tu m'as réservé tous les tourments et tous les malheurs du monde. Tu n'es pas différent du tortionnaire qui me fouettait pour que je reconnaisse l'existence de Dieu. Je veux écrire mon propre assassinat. »
de parler des influences qu'il subit, que ce soit la culture moderne interdite ou la tradition littéraire d'un pays qu'il continue d'aimer profondément et des trésors d'imagination et de péosie qu'il lui faut pour mener son projet à bien d'une façon "acceptable" par les censeurs.
Cela donne un roman aussi tragique que cocasse, à l'ironie mordante, qui a le sérieux d'un état des lieux sordide de la situation en Iran, mais aussi l'audace et l'inventivité des contes. Il y a quelques longueurs et il manque parfois une certaine légèreté (rôle de la double traduction?); le lecteur occidental est parfois frustré, sentant bien que de nombreuses allusions et références lui échappent. Mais tout ce qu'on apprend d'une part, et l'astuce facétieuse de la construction du double récit compensent largement cela. C'est un beau tour de force, qui ne peut laisser le lecteur indifférent, un pied de nez plein de brio à tous les censeurs du monde, un petit outil de lutte face à l'adversité.
(commentaire récupéré)
mots-clé : #regimeautoritaire #humour
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8414
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Localisation : Roanne
Re: Shahriar Mandanipour
Un roman que j'ai aussi beaucoup aimé. Parvenir à tenir sur la longueur avec ce procédé littéraire était une vraie gageure ; pari réussi !
C'est un livre grinçant, drôle, émouvant... Et, surtout, éclairant.
C'est un livre grinçant, drôle, émouvant... Et, surtout, éclairant.
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Shahriar Mandanipour
En censurant un roman d'amour iranien,
C'était une de mes kubes, et ce fut une surprise très agréable, plus que ça même ! Ce jeu entre le texte en gras, les différents points de vue ( quand l'auteur nous parle, parle à ses personnages, au censeur) du texte " normal", c'est vraiment fort et original. J'avais d'ailleurs demandé une oeuvre aux codes différents, je suis servie ! J'aime particulièrement quand il nous remet à notre place nous lecteurs occidentaux quand on image des choses romantiques, érotiques, ou sur l'idée que nous nous faisons des prisons iraniennes. Bref ce livre ouvre les yeux ou permet de les garder ouvert... Un tour de force, de l'humour du suspens ... Je vous le recommande ( une citation va suivre je n'ai pas le livre avec moi)
Silveradow- Messages : 664
Date d'inscription : 30/12/2016
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Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains du Proche et Moyen Orient
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