Poésie
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Re: Poésie
initiation !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21159
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Re: Poésie
The song of Wandering AengusBecause a fire was in my head, And cut and peeled a hazel wand, And hooked a berry to a thread; And when white moths were on the wing, And moth-like stars were flickering out, I dropped the berry in a stream And caught a little silver trout When I had laid it on the floor I went to blow the fire aflame, But something rustled on the floor, And some one called me by my name: It had become a glimmering girl With apple blossom in her hair Who called me by my name and ran And faded through the brightening air. Though I am old with wandering Through hollow lands and hilly lands, I will find out where she has gone, And kiss her lips and take her hands; And walk among long dappled grass, And pluck till time and times are done The silver apples of the moon, The golden apples of the sun. James Butler Yeats Mis en vers français par : :copyright: ChristianTanguy | La Chanson du Voyageur AengusPoussé par un feu dans mon coeur Je taillai une ligne de noisetier Et pendis une baie à mon fil Et quand les phalènes reprirent leur vol Et les étoiles filantes leurs sauts Je plongeai la baie dans le torrent Jusqu’à y prendre une truite d’argent Quand je l’eus posée là par terre J’allai pour remettre le feu en flammes Mais quelque chose bruissait là par terre Et quelqu’un appela mon nom : Ce fut soudain une pétillante fille Des fleurs de pommier aux cheveux Qui appela mon nom puis s’en fut Disparut dans les brumes de l’aube Or bien que vieilli de voyages Par basses terres et hautes terres Je trouverai où elle se cache J’aurai ses lèvres prendrai ses mains Et j’irai le long des longues herbes mures Cueillant jusqu’au bout du temps et des temps Les pommes d’argent de la lune Les pommes dorées du soleil |
bix_229- Messages : 15439
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Re: Poésie
cueille Bix !
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Bédoulène- Messages : 21159
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Re: Poésie
Poème Amérindien
Quand je ne serai plus là, relâchez-moi,
Laissez-moi partir.
J'ai tellement de choses à faire et à voir.
Ne pleurez pas en pensant à moi,
Soyez reconnaissants pour les belles années,
Je vous ai donné mon amitié.
Vous pouvez seulement deviner
Le bonheur que vous m'avez apporté.
Je vous remercie de l'amour que chacun vous m'avez démontré,
Maintenant, il est temps de voyager seul.
Pour un court moment vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera réconfort et consolation.
Nous serons séparés pour quelque temps.
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur.
Je ne suis pas loin et la vie continue …
Si vous avez besoin, appelez-moi et je viendrai.
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là.
Et si vous écoutez votre cœur, vous éprouverez clairement
La douceur de l'amour que j'apporterai.
Et quand il sera temps pour vous de partir,
Je serai là pour vous accueillir.
Absent de mon corps, présent avec Dieu.
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer,
Je ne suis pas là, je ne dors pas,
Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige,
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
Je suis la douce pluie d'automne,
Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l'étoile qui brille dans la nuit.
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer,
Je ne suis pas là. Je ne suis pas mort.
Quand je ne serai plus là, relâchez-moi,
Laissez-moi partir.
J'ai tellement de choses à faire et à voir.
Ne pleurez pas en pensant à moi,
Soyez reconnaissants pour les belles années,
Je vous ai donné mon amitié.
Vous pouvez seulement deviner
Le bonheur que vous m'avez apporté.
Je vous remercie de l'amour que chacun vous m'avez démontré,
Maintenant, il est temps de voyager seul.
Pour un court moment vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera réconfort et consolation.
Nous serons séparés pour quelque temps.
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur.
Je ne suis pas loin et la vie continue …
Si vous avez besoin, appelez-moi et je viendrai.
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là.
Et si vous écoutez votre cœur, vous éprouverez clairement
La douceur de l'amour que j'apporterai.
Et quand il sera temps pour vous de partir,
Je serai là pour vous accueillir.
Absent de mon corps, présent avec Dieu.
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer,
Je ne suis pas là, je ne dors pas,
Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige,
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
Je suis la douce pluie d'automne,
Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l'étoile qui brille dans la nuit.
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer,
Je ne suis pas là. Je ne suis pas mort.
Dernière édition par bix_229 le Ven 21 Fév - 18:38, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
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Re: Poésie
Alger la blanche
"J’habite une ville si candide
Qu’on l’appelle Alger la blanche
Ses maisons chaulées sont suspendues
En cascade en pain de sucre
En coquilles d’œufs brisés
En lait de lumière solaire
En éblouissante lessive passée au bleu
En plein milieu
De tout le bleu
D’une pomme bleue
Je tourne sur moi-même
Et je bats ce sucre bleu du ciel
Et je bats cette neige bleue du ciel
Bâtis sur des îles battues qui furent mille
Ville audacieuse Ville démarrée
Ville au large rapide à l’aventure
On l’appelle El Djezaïr
Comme un navire
De la compagnie Charles le Borgne."
Anna Gréki, Algérie Capitale Alger
Algériades.com"J’habite une ville si candide
Qu’on l’appelle Alger la blanche
Ses maisons chaulées sont suspendues
En cascade en pain de sucre
En coquilles d’œufs brisés
En lait de lumière solaire
En éblouissante lessive passée au bleu
En plein milieu
De tout le bleu
D’une pomme bleue
Je tourne sur moi-même
Et je bats ce sucre bleu du ciel
Et je bats cette neige bleue du ciel
Bâtis sur des îles battues qui furent mille
Ville audacieuse Ville démarrée
Ville au large rapide à l’aventure
On l’appelle El Djezaïr
Comme un navire
De la compagnie Charles le Borgne."
Anna Gréki, Algérie Capitale Alger
Anna Gréki, poétesse algérienne d'origine française, 1931-1966.
Militanteen faveur de l'indépendance, elle est arretée en mars 1957, torturée et internée dans un camp en 1958. Par la suite expulsée de sa patrie.
Elle y reviendra pour y mourir en 1966.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Poésie
Un petit moment avec Pascal Riou, prix Paul-Verlaine 2019 de poésie de l'Académie Française.
Un rien en retrait vis-à-vis du second invité (Pascal David), mais, entre autres, il donne presque envie de se pencher sur Claudel, surtout si, comme moi, vous avez tourné la tête devant le personnage Claudel, donc a fortiori devant ses écrits.
c'est ici
Un rien en retrait vis-à-vis du second invité (Pascal David), mais, entre autres, il donne presque envie de se pencher sur Claudel, surtout si, comme moi, vous avez tourné la tête devant le personnage Claudel, donc a fortiori devant ses écrits.
c'est ici
Aventin- Messages : 1984
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Re: Poésie
Chacun s'en va comme il peut,
les uns la poitrine entrouverte,
les autres avec une seule main,
les uns la carte d'identité en poche,
les autres dans l'âme,
les uns la lune vissée au sang,
et les autres n'ayant ni sang, ni lune, ni souvenirs.
Chacun s'en va même s'il ne peut,
les uns l'amour entre les dents,
les autres en se changeant la peau,
les uns avec la vie et la mort,
les autres avec la mort et la vie,
les uns la main sur l'épaule
et les autres sur l'épaule d'un autre.
Chacun s'en va parce qu'il s'en va,
les uns avec quelqu'un qui les hante,
les autres s'en s'être croisés avec personne,
les uns par la porte qui donne ou semble donner sur le chemin,
les autres par une porte dessinée sur le mur ou peut-être dans
l'air,
les uns sans avoir commencé à vivre
et les autres sans avoir commencé à vivre
Mais tous s'en vont les pieds attachés,
les uns par le chemin qu'ils ont fait,
les autres par celui qu'ils n'ont pas fait
et tous par celui qu'ils ne feront jamais.
Roberto Juarroz : Poésie verticale. - Points/Seuil
les uns la poitrine entrouverte,
les autres avec une seule main,
les uns la carte d'identité en poche,
les autres dans l'âme,
les uns la lune vissée au sang,
et les autres n'ayant ni sang, ni lune, ni souvenirs.
Chacun s'en va même s'il ne peut,
les uns l'amour entre les dents,
les autres en se changeant la peau,
les uns avec la vie et la mort,
les autres avec la mort et la vie,
les uns la main sur l'épaule
et les autres sur l'épaule d'un autre.
Chacun s'en va parce qu'il s'en va,
les uns avec quelqu'un qui les hante,
les autres s'en s'être croisés avec personne,
les uns par la porte qui donne ou semble donner sur le chemin,
les autres par une porte dessinée sur le mur ou peut-être dans
l'air,
les uns sans avoir commencé à vivre
et les autres sans avoir commencé à vivre
Mais tous s'en vont les pieds attachés,
les uns par le chemin qu'ils ont fait,
les autres par celui qu'ils n'ont pas fait
et tous par celui qu'ils ne feront jamais.
Roberto Juarroz : Poésie verticale. - Points/Seuil
bix_229- Messages : 15439
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Re: Poésie
Le laboratoire central de Max Jacob,
Echos d'échos des longues plaines
Et les chansons des émigrants!
Où sont les refrains d'autres temps
Que l'on a chanté tant et tant?
Où sont les filles aux belles dents
Qui l'amour par les chants retiennent?
Et mes chansons? qu'il m'en souvienne!
Echos d'échos des longues plaines
Et les chansons des émigrants!
Où sont les refrains d'autres temps
Que l'on a chanté tant et tant?
Où sont les filles aux belles dents
Qui l'amour par les chants retiennent?
Et mes chansons? qu'il m'en souvienne!
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
LA TOUR DU MILIEU
La Tour s'appelle Contagion, un grand incendie la couronne
jetant le mauvais air aux hommes.
Plus grand que la Tour du milieu
qui monte de la terre aux cieux.
Le chien géant, le chien géant
c'est lui qui garde le néant.
Voici les sœurs Épidémie :
l'une est reine de Zizanie,
l'autre est la veuve des poisons
La dame jaune en satin noir
ne se couche matin ni soir.
La dame jaune en robe rouge
s'entretient avec ce qui bouge,
interroge bruits des maisons
et la tempête lui répond :
« Cueillez le vent ! cueillez le vent !
Hé toi ! la girouette qui grince
quelles nouvelles des provinces ?
Tire le couvercle du volcan
la tortue de la terre aura l'éternuement
et l'œil vert de Minerve a le clignotement.
– L'aigle d'or et l'aigle d'argent
lèvent les courtines des temps.
Achille a renversé la coupe.
Poussière fine dans la soupe.
Tu verras l'enfant nu près de l'épine blanche,
poulain par taureau d'or à la messe un dimanche.
Le chien géant, le chien géant
fait gémir nuit et jour les flots de l'océan.
Max Jacob
La Tour s'appelle Contagion, un grand incendie la couronne
jetant le mauvais air aux hommes.
Plus grand que la Tour du milieu
qui monte de la terre aux cieux.
Le chien géant, le chien géant
c'est lui qui garde le néant.
Voici les sœurs Épidémie :
l'une est reine de Zizanie,
l'autre est la veuve des poisons
La dame jaune en satin noir
ne se couche matin ni soir.
La dame jaune en robe rouge
s'entretient avec ce qui bouge,
interroge bruits des maisons
et la tempête lui répond :
« Cueillez le vent ! cueillez le vent !
Hé toi ! la girouette qui grince
quelles nouvelles des provinces ?
Tire le couvercle du volcan
la tortue de la terre aura l'éternuement
et l'œil vert de Minerve a le clignotement.
– L'aigle d'or et l'aigle d'argent
lèvent les courtines des temps.
Achille a renversé la coupe.
Poussière fine dans la soupe.
Tu verras l'enfant nu près de l'épine blanche,
poulain par taureau d'or à la messe un dimanche.
Le chien géant, le chien géant
fait gémir nuit et jour les flots de l'océan.
Max Jacob
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Bédoulène- Messages : 21159
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Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Dans l'air du temps, Bédoulène ! Éloquent, de plus !
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15643
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Poésie
Poésie
Carlos Drummond de Andrade (1902-1987) est considéré comme l'un des principaux poètes de la littérature brésilienne, par l'influence et la portée de son œuvre. Il est né à Itabira (Minas Gerais), le 31 octobre 1902 (ville dont le souvenir imprégnera une partie de son œuvre). Diplômé en pharmacie, il est resté fonctionnaire la majeure partie de sa vie, bien qu'il ait commencé à écrire très jeune et ce jusqu'à sa mort. Il est décédé le 17 août 1987 à Rio de Janeiro, douze jours après la mort de sa fille unique, l'écrivain Maria Julieta Drummond de Andrade. À part la poésie, il a également écrit des contes et des chroniques.
Wickipedia
de Carlos Drummond de Andrade
CRÉATION
Comme le béryl choisit l'anneau
comme le nuage choisit le paysage
la chevelure choisit la tête
où se poser
Et sur elle installe
sa nuit d'or ou sa sonate
dont la trame laisse deviner
ce sceau, cette extrême
étoile jamais prévue
Révélation
algue première
principe de flamme
corolle
qui se dépétalise, composant
mille vols immobiles d'oiseau,
et va redéployant en la femme
d'autres hypothèses d'être.
Tu es la rêverie d'une chevelure.
CRÉATION
Comme le béryl choisit l'anneau
comme le nuage choisit le paysage
la chevelure choisit la tête
où se poser
Et sur elle installe
sa nuit d'or ou sa sonate
dont la trame laisse deviner
ce sceau, cette extrême
étoile jamais prévue
Révélation
algue première
principe de flamme
corolle
qui se dépétalise, composant
mille vols immobiles d'oiseau,
et va redéployant en la femme
d'autres hypothèses d'être.
Tu es la rêverie d'une chevelure.
Carlos Drummond de Andrade (1902-1987) est considéré comme l'un des principaux poètes de la littérature brésilienne, par l'influence et la portée de son œuvre. Il est né à Itabira (Minas Gerais), le 31 octobre 1902 (ville dont le souvenir imprégnera une partie de son œuvre). Diplômé en pharmacie, il est resté fonctionnaire la majeure partie de sa vie, bien qu'il ait commencé à écrire très jeune et ce jusqu'à sa mort. Il est décédé le 17 août 1987 à Rio de Janeiro, douze jours après la mort de sa fille unique, l'écrivain Maria Julieta Drummond de Andrade. À part la poésie, il a également écrit des contes et des chroniques.
Wickipedia
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Un jour, dans un rayon de soleil tu te tiendras tout près
de moi
le vent sera doux
ce sera un jour de semaine sur un trottoir entre deux
fentes les passants nous frôleront tes mains sur mes
poignets tout ce temps que prendra ta bouche pour se
rendre jusqu'à la mienne.
On restera là jusqu'aux étoiles à se faire lancer des
regards mous.
Véronique Grenier, Hiroshimoi, p. 46.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Poésie
POÈME À SEPT FACES (1930)
Quand je suis né, un ange tors
un de ceux qui vivent dans l’ombre
a dit : Tu vas, Carlos ! être gauche dans la vie.
Les maisons épient les hommes
qui courent après les femmes.
L’après-midi serait peut-être bleu
s’il n’y avait tant de désirs.
Le tramway passe bondé de jambes :
jambes blanches noires jaunes.
Pour quoi tant de jambes, mon Dieu, demande mon cœur.
Pourtant mes yeux ne demandent rien.
L’homme derrière sa moustache
est sérieux, simple et fort.
Il ne parle presque pas.
Il a quelques rares amis
l’homme derrière ses lunettes et sa moustache.
Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné
si tu savais que je n’étais pas Dieu
si tu savais que j’étais faible.
Monde, monde vaste monde,
si je m’appelais Raymonde
ce serait une rime pas une solution.
Monde, monde vaste monde,
plus vaste est mon cœur.
Je ne devrais pas te le dire
mais cette lune
mais ce cognac
nous bouleversent en diable.
Carlos Drummond de Andrade
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Je repêche ceci d'un recueil que j'ai acheté il n'y a pas si longtemps et qui serait à-propos avec tout ce qui nous arrive et nous préoccupe :
Maude Pilon, L'air proche, p. 22.
Dans l'enveloppe de la lettre datée d'un vingt-deux août, des semences :
La multiplication des communautés vient par frottements, par bébés entiers, par personnes sensibles.
Je renaîtrai dans une pièce qui est ton monde.
Voici des strates vitrifiées et des châssis doubles presque propres.
La tente tue l'herbe.
Ni un nid d'insectes ni un oeil de tempête, mais une poche feutrée à l'intérieur de laquelle j'ai chaud.
Plus tard, te remémorant les dialogues, tu sauras que l'eau remonte.
À cause de mon souhait, je verrai la glace, je me placerai pleinement à travers toi.
J'aurai lieu tout le temps.
Maude Pilon, L'air proche, p. 22.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Poésie
Printemps des Poètes perturbé...
Voici le portfolio : https://www.printempsdespoetes.com/IMG/pdf/pdp2020-portfolio-10_200320.pdf
Voici le portfolio : https://www.printempsdespoetes.com/IMG/pdf/pdp2020-portfolio-10_200320.pdf
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15643
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Poésie
En même temps pour le mini échantillon que j'en ai eu cette année même sur le versant poésie, comment dire, c'est dommage mais je comprends qu'on puisse se passer de l'événement (sans arrière pensée).
_________________
Keep on keeping on...
Re: Poésie
Un poème, « Le Cygne » (1986.5), nous donne une synthèse des thèmes de prédilection de HAI ZI
Dans la nuit, j’entends au loin des cygnes survoler un pont
et l’eau du fleuve dans mon corps
répond
ils survolent les terres de ma naissance, les terres du soir
quand un cygne se blesse
mais seule la brise est au courant
qu’il est déjà blessé lorsque lui vole encore
mais lourde est l’eau dans mon corps
comme ces battants de porte accrochés aux maisons
leur vol passe au dessus d’un pont lointain
je ne puis leur répondre d’un vol gracieux
ils passent comme la neige, rafale sur le cimetière
mais dans la neige, nulle route menant à ma porte
-le corps est sans portes- il n’y a que des doigts
plantés au cimetière, comme dix bougies meurtries par le froid
sur mes terres,
mes terres de naissance
un cygne se blesse
comme le chant d’un air d’autrefois
Hai Zi
Poète
Hai Zi, est le pseudonyme du poète chinois Zha Haisheng, il est un des poètes chinois les plus célèbres après la révolution culturelle. Wikipédia
Date et lieu de naissance : 24 mars 1964, Xian de Huaining, Anqing, Chine
Date et lieu de décès : 26 mars 1989, District de Shanhaiguan, Qinhuangdao, Chine
Enseignement : Peita
Influencé par : Friedrich Nietzsche, Vincent van Gogh, Henry David Thoreau.
Dans la nuit, j’entends au loin des cygnes survoler un pont
et l’eau du fleuve dans mon corps
répond
ils survolent les terres de ma naissance, les terres du soir
quand un cygne se blesse
mais seule la brise est au courant
qu’il est déjà blessé lorsque lui vole encore
mais lourde est l’eau dans mon corps
comme ces battants de porte accrochés aux maisons
leur vol passe au dessus d’un pont lointain
je ne puis leur répondre d’un vol gracieux
ils passent comme la neige, rafale sur le cimetière
mais dans la neige, nulle route menant à ma porte
-le corps est sans portes- il n’y a que des doigts
plantés au cimetière, comme dix bougies meurtries par le froid
sur mes terres,
mes terres de naissance
un cygne se blesse
comme le chant d’un air d’autrefois
Hai Zi
Poète
Hai Zi, est le pseudonyme du poète chinois Zha Haisheng, il est un des poètes chinois les plus célèbres après la révolution culturelle. Wikipédia
Date et lieu de naissance : 24 mars 1964, Xian de Huaining, Anqing, Chine
Date et lieu de décès : 26 mars 1989, District de Shanhaiguan, Qinhuangdao, Chine
Enseignement : Peita
Influencé par : Friedrich Nietzsche, Vincent van Gogh, Henry David Thoreau.
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Je vais citer Leonard Cohen dans Le livre du désir :
«Chose»
Je suis cette chose qui a besoin de chanter
J'aime chanter
pour l'autre chose de ma bien-aimée
et pour mon Di-u cher et doux
J'aime chanter pour Lui et pour elle
et pour la fourrure au bas du ventre de ma chérie
si sainte que je veux descendre à genoux
d'une haute falaise
et voguer en chantant
dans le vent
si aimable
à mon esprit doux comme plume
Je suis cette chose
qui veut chanter
quand je me heurte au mépris
et au crachat des juges
Ô DI-U je veux chanter
Je suis
CETTE CHOSE QUI A BESOIN DE CHANTER
12 novembre 1991, Californie
p. 137
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
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Re: Poésie
Le jour tout neuf
Le jour tout neuf est là. Il ne sait pas encore
Qu’il est né. Sur la mer et le sable, il s’allonge
Et, travaillé par l’ombre, il poursuit son sommeil
Jusqu’au soir. Le couchant alors lui fait sentir
Qu’il a vécu, qu’il part et qu’il est illusoire
Autant que le cœur noir du silence est réel.
Cependant les oiseaux vont déployer leurs ailes,
Les enfants vont sourire aux volets de l’aurore.
Statue aux yeux vivants où fermente le rêve,
L’homme va s’enliser dans les bruits de la ville.
Il n’a pas entendu se refermer la porte
Mais s’ouvre en lui, sur la lumière, la nuit neuve.
Louis Guillaume (1907- 1971)
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21159
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Localisation : En Provence
Re: Poésie
LA CORDE DE L’ARBRE
Nous sommes faits à l’image des arbres
mais moins vaillants qu’eux hélas :
eux naissent debout
et ne se couchent que sous des vents de fin du monde
l’attente immobile de rien les justifie
ils ignorent l’ennui cette maladie d’homme
ils aiment nécessairement ce qui vient à eux
de la terre obscure et profonde
ils font vertu de feuilles de fleurs et de fruits
un soleil comme une pluie les contentent
un vol de passereaux les couronne
un arbre comme un homme frissonne
sous le baiser du ciel
mais il n’a nul besoin de la fable d’un dieu
pour en tirer la force qui l’élève
ô l’arbre qui boit le soleil puis la neige
qui dans l’orage échevelé se dresse face à l’éclair
il est l’obstination verticale
qui humilie l’homme au front baissé devant la mort
arbre muet en quoi le monde chante
libre contre son destin
parce qu’impavide ouvert à ce qui n’a pas de fin
dévorant l’espace
arbre dont l’insouciance fait signe dans le velours du soir
aux amants esseulés
aux animaux errants et aux âmes perdues
chose sans intention ni regret
qui ne compte pas ses feuilles
et dont l’écorce avale les blessures
corps affamé de ciel
solitude toute traversée
par la grande geste de l’univers
Jean-Pierre Siméon
Nous sommes faits à l’image des arbres
mais moins vaillants qu’eux hélas :
eux naissent debout
et ne se couchent que sous des vents de fin du monde
l’attente immobile de rien les justifie
ils ignorent l’ennui cette maladie d’homme
ils aiment nécessairement ce qui vient à eux
de la terre obscure et profonde
ils font vertu de feuilles de fleurs et de fruits
un soleil comme une pluie les contentent
un vol de passereaux les couronne
un arbre comme un homme frissonne
sous le baiser du ciel
mais il n’a nul besoin de la fable d’un dieu
pour en tirer la force qui l’élève
ô l’arbre qui boit le soleil puis la neige
qui dans l’orage échevelé se dresse face à l’éclair
il est l’obstination verticale
qui humilie l’homme au front baissé devant la mort
arbre muet en quoi le monde chante
libre contre son destin
parce qu’impavide ouvert à ce qui n’a pas de fin
dévorant l’espace
arbre dont l’insouciance fait signe dans le velours du soir
aux amants esseulés
aux animaux errants et aux âmes perdues
chose sans intention ni regret
qui ne compte pas ses feuilles
et dont l’écorce avale les blessures
corps affamé de ciel
solitude toute traversée
par la grande geste de l’univers
Jean-Pierre Siméon
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21159
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