Poésie
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Re: Poésie
Pour éclairer qui ne parle pas hareng-saur, je précise que "conobrer" (ou "connobrer") signifie connaître, savoir en argot, et qu'un "épicemard" est un épicier.
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15642
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Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Poésie
Faut quand même explicitationner pour le commun des mortels quand les poissons pas frais font pas le boulot jusqu'au bout.
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15642
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Re: Poésie
merci Arensor ! j'aime beaucoup !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21157
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Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Viens réchauffer
Viens réchauffer tes mains mon frère
On dit que nous avons un dieu
Que ce n'est pas un militaire...
Ni l'empereur, ni son neveu
Que ce n'est pas de ces notables
Ni de ces bourgeois triomphants
On dit qu'il est né à l'étable
On dit que Dieu n'est qu'un enfant.
Viens réchauffer tes mains trop maigres
On dit que tu as la peau noire
On dit que tu es un sale nègre
Qu'il vaut mieux changer de trottoir
On dit que ma petite "caille"
L'enfant est né à minuit
Qu'il faisait si noir sur la paille
Sa peau était couleur de nuit.
Viens réchauffer tes deux mains jaunes
Tes poissons maigres de coolies
On dit que tu mendies l'aumône
Le sang d'une poignée de riz
Qu'on a bombardé vos paroles
Brûlé la fleur, brûlé le champ
On a dit aussi qu'un roi Hérode
A voulu supprimer l'Enfant.
Viens réchauffer tes mains, mon frère
On dit qu'il nous est né un Dieu
Qu'il est né en terre étrangère
Et moi... j'ai oublié le lieu
Toi qui habites le silence
Tes poings serrant un bout de pain
Je voudrais voir si sa naissance
Tu ne la tiens pas dans tes mains.
Jean Debruynne
Viens réchauffer tes mains mon frère
On dit que nous avons un dieu
Que ce n'est pas un militaire...
Ni l'empereur, ni son neveu
Que ce n'est pas de ces notables
Ni de ces bourgeois triomphants
On dit qu'il est né à l'étable
On dit que Dieu n'est qu'un enfant.
Viens réchauffer tes mains trop maigres
On dit que tu as la peau noire
On dit que tu es un sale nègre
Qu'il vaut mieux changer de trottoir
On dit que ma petite "caille"
L'enfant est né à minuit
Qu'il faisait si noir sur la paille
Sa peau était couleur de nuit.
Viens réchauffer tes deux mains jaunes
Tes poissons maigres de coolies
On dit que tu mendies l'aumône
Le sang d'une poignée de riz
Qu'on a bombardé vos paroles
Brûlé la fleur, brûlé le champ
On a dit aussi qu'un roi Hérode
A voulu supprimer l'Enfant.
Viens réchauffer tes mains, mon frère
On dit qu'il nous est né un Dieu
Qu'il est né en terre étrangère
Et moi... j'ai oublié le lieu
Toi qui habites le silence
Tes poings serrant un bout de pain
Je voudrais voir si sa naissance
Tu ne la tiens pas dans tes mains.
Jean Debruynne
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21157
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Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Le Noël des petits oiseaux
Les verts sapins de la vallée
Ce soir sont habillés de blanc
Car de Noël c'est la veillée
Et minuit s'avance à pas lents
Plus d'un petit oiseau frissonne
Car il a neigé sur les toits.
Mais chut ! voyez l'heure qui sonne,
Entendez-vous ces douces voix
Il est minuit et Jésus vient de naître
Pour protéger les nids et les berceaux
Le ciel est bleu, le printemps va renaître
Noël, Noël pour les petits oiseaux
Noël, Noël pour les petits oiseaux
Merles pinsons, bergeronnettes
Se réveillant tous à la fois
Comme au bon temps des pâquerettes
Soudain font retentir les bois
Voyant que la neige étincelle
Et que l'étoile brille aux cieux
Ces chers mignons battant de l'aile
Redisent dans leurs chants joyeux
Les roitelets les rouges gorges
Quittant les toits et les buissons
Gazouillant comme au temps de mages
Et l'air était plein de chansons
Puis croyant au réveil du monde
Et préparant déjà leurs nids
Ils cherchaient de la laine blonde
Pour abriter tous leurs petits
Mais tout à coup la nuit s'achève
Voici l'aurore au front vermeil
Et ne sachant si c'est un rêve
Chacun se dit "Quel doux soleil"
Car Noël sur les plaines blanches
A fait luire un beau rayon d'or
Pis sur les toits et sous les branches
On entend gazouiller encore
L'ombre s'enfuit, le jour vient de paraître
Pour éclairer les nids et les berceaux
Le ciel est bleu le printemps va renaître
Noël, Noël pour les petits oiseaux
Noël, Noël pour les petits oiseaux
Camille Soubise
Les verts sapins de la vallée
Ce soir sont habillés de blanc
Car de Noël c'est la veillée
Et minuit s'avance à pas lents
Plus d'un petit oiseau frissonne
Car il a neigé sur les toits.
Mais chut ! voyez l'heure qui sonne,
Entendez-vous ces douces voix
Il est minuit et Jésus vient de naître
Pour protéger les nids et les berceaux
Le ciel est bleu, le printemps va renaître
Noël, Noël pour les petits oiseaux
Noël, Noël pour les petits oiseaux
Merles pinsons, bergeronnettes
Se réveillant tous à la fois
Comme au bon temps des pâquerettes
Soudain font retentir les bois
Voyant que la neige étincelle
Et que l'étoile brille aux cieux
Ces chers mignons battant de l'aile
Redisent dans leurs chants joyeux
Les roitelets les rouges gorges
Quittant les toits et les buissons
Gazouillant comme au temps de mages
Et l'air était plein de chansons
Puis croyant au réveil du monde
Et préparant déjà leurs nids
Ils cherchaient de la laine blonde
Pour abriter tous leurs petits
Mais tout à coup la nuit s'achève
Voici l'aurore au front vermeil
Et ne sachant si c'est un rêve
Chacun se dit "Quel doux soleil"
Car Noël sur les plaines blanches
A fait luire un beau rayon d'or
Pis sur les toits et sous les branches
On entend gazouiller encore
L'ombre s'enfuit, le jour vient de paraître
Pour éclairer les nids et les berceaux
Le ciel est bleu le printemps va renaître
Noël, Noël pour les petits oiseaux
Noël, Noël pour les petits oiseaux
Camille Soubise
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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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Bédoulène- Messages : 21157
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Pas trouvé le fil Jean de La Fontaine ('ai regardé à "d", à "l", à "f"), et ne peux pas croire que nous ayons omis d'ouvrir son fil .
Bien, peu importe, "Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens"...
Bien, peu importe, "Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens"...
LE LION S' EN ALLANT EN GUERRELe Lion dans sa tête avait une entreprise.
Il tint conseil de guerre, envoya ses Prévôts,
Fit avertir les Animaux :
Tous furent du dessein, chacun selon sa guise :
L'Éléphant devait sur son dos
Porter l'attirail nécessaire,
Et combattre à son ordinaire ;
L'Ours s'apprêter pour les assauts ;
Le Renard ménager de secrètes pratiques ;
Et le Singe, amuser l'ennemi par ses tours.
Renvoyez, dit quelqu'un, les Ânes qui sont lourds,
Et les Lièvres sujets à des terreurs paniques.
Point du tout, dit le Roi ? je les veux employer.
Notre troupe sans eux ne serait pas complète.
L'Âne effraiera les gens, nous servant de trompette;
Et le Lièvre pourra nous servir de courrier.
Le monarque prudent et sage
De ses moindres sujets sait tirer quelque usage,
Et connaît les divers talents.
Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens .
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Poésie
Aventin, tu sais ce qu'il te reste à faire !
LA BESACE (*)
Jupiter dit un jour : Que tout ce qui respire
S'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur.
Si dans son composé quelqu'un trouve à redire,
Il peut le déclarer sans peur :
Je mettrai remède à la chose.
Venez, Singe ; parlez le premier, et pour cause.
Voyez ces animaux, faites comparaison
De leurs beautés avec les vôtres :
Êtes-vous satisfait ? Moi ? dit-il, pourquoi non ?
N'ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres ?
Mon portrait jusqu'ici ne m'a rien reproché ;
Mais pour mon frère l'Ours, on ne l'a qu'ébauché :
Jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre.
L'Ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre.
Tant s'en faut : de sa forme il se loua très fort ;
Glosa sur l' Éléphant, dit qu'on pourrait encor
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles ;
Que c'était une masse informe et sans beauté.
L' Éléphant étant écouté,
Tout sage qu'il était, dit des choses pareilles :
Il jugea qu'à son appétit
Dame Baleine était trop grosse.
Dame Fourmi trouva le Ciron trop petit,
Se croyant, pour elle, un colosse.
Jupin les renvoya s'étant censurés tous,
Du reste , contents d'eux ; mais parmi les plus fous
Notre espèce excella ; car tout ce que nous sommes,
Lynx envers nos pareils, et taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes
On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain.
Le Fabricateur souverain
Nous créa Besaciers tous de même manière,
Tant ceux du temps passé que du temps d'aujourd'hui
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d'autrui.
LA BESACE (*)
Jupiter dit un jour : Que tout ce qui respire
S'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur.
Si dans son composé quelqu'un trouve à redire,
Il peut le déclarer sans peur :
Je mettrai remède à la chose.
Venez, Singe ; parlez le premier, et pour cause.
Voyez ces animaux, faites comparaison
De leurs beautés avec les vôtres :
Êtes-vous satisfait ? Moi ? dit-il, pourquoi non ?
N'ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres ?
Mon portrait jusqu'ici ne m'a rien reproché ;
Mais pour mon frère l'Ours, on ne l'a qu'ébauché :
Jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre.
L'Ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre.
Tant s'en faut : de sa forme il se loua très fort ;
Glosa sur l' Éléphant, dit qu'on pourrait encor
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles ;
Que c'était une masse informe et sans beauté.
L' Éléphant étant écouté,
Tout sage qu'il était, dit des choses pareilles :
Il jugea qu'à son appétit
Dame Baleine était trop grosse.
Dame Fourmi trouva le Ciron trop petit,
Se croyant, pour elle, un colosse.
Jupin les renvoya s'étant censurés tous,
Du reste , contents d'eux ; mais parmi les plus fous
Notre espèce excella ; car tout ce que nous sommes,
Lynx envers nos pareils, et taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes
On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain.
Le Fabricateur souverain
Nous créa Besaciers tous de même manière,
Tant ceux du temps passé que du temps d'aujourd'hui
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d'autrui.
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Bédoulène- Messages : 21157
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Il va bien falloir l'ouvrir, ce fil Jean de La Fontaine !
LA MONTAGNE QUI ACCOUCHE
Une Montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun, au bruit accourant,
Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
D'une cité plus grosse que Paris ;
Elle accoucha d'une souris.
Quand je songe à cette fable,
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un auteur
Qui dit : Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au Maître du tonnerre.»
C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ?
Du vent.
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Poésie
Puisqu'on parle de guerre, je vais faire un peu de repérage dans l'anthologie préparée par Jacques Roubaud. Il s'agit du poème «Courage» de Paul Eluard.
«Courage»
Paris a froid Paris a faim
Paris ne mange plus de marrons dans la rue
Paris a mis de vieux vêtements de vieille
Paris dort tout debout sans air dans le métro
Plus de malheur encore est imposé aux pauvres
Et la sagesse et la folie
De Paris malheureux
C’est l’air pur c’est le feu
C’est la beauté c’est la bonté
De ses travailleurs affamés
Ne crie pas au secours Paris
Tu es vivant d’une vie sans égale
Et derrière la nudité
De ta pâleur de ta maigreur
Tout ce qui est humain se révèle en tes yeux
Paris ma belle ville
Fine comme une aiguille forte comme une épée
Ingénue et savante
Tu ne supportes pas l’injustice
Pour toi c’est le seul désordre
Tu vas te libérer Paris
Paris tremblant comme une étoile
Notre espoir survivant
Tu vas te libérer de la fatigue et de la boue
Frères ayons du courage
Nous qui ne sommes pas casqués
Ni bottés ni gantés ni bien élevés
Un rayon s’allume en nos veines
Notre lumière nous revient
Les meilleurs d’entre nous sont morts pour nous
Et voici que leur sang retrouve notre coeur
Et c’est de nouveau le matin un matin de Paris
La pointe de la délivrance
L’espace du printemps naissant
La force idiote a le dessous
Ces esclaves nos ennemis
S’ils ont compris
S’ils sont capables de comprendre
Vont se lever.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Poésie
Chanson du Pont-Marie. Deuxième version
Sous le Pont Marie
Depuis dix mille ans
La Seine charrie
La mort et la vie
Vers les océans
Mais sur le Pont
Les hommes vont
Plus lourdement
Plus lentement
Ils portent des sacs de charbon
De la rive gauche à la rive droite
Et rapportent la nuit au front
De la rive riche à la rive étroite
Sous le Pont Marie
Depuis dix mille ans
La Seine charrie
La mort et la vie
Vers les océans
Mais sur le Pont
Les hommes vont
Hâtivement
Obstinément
Ils portent des chardonnerets
De la rive gaie à la rive adulte
Et ne rapportent que regrets
De la rive fourbe à la rive occulte
Sous le Pont Marie
Depuis dix mille ans
La Seine charrie
La mort et la vie
Vers les océans
Mais sur le Pont
Les hommes vont
Allègrement
Confidemment
Ils portent des fleurs plein les bras
De la rive noire à la rive impure
Et ne rapportent qu'un cœur las
De la rive injuste à la rive obscure
Sous le Pont Marie
Depuis dix mille ans
La Seine charrie
La mort et la vie
Vers les océans
Yvan Goll
Sous le Pont Marie
Depuis dix mille ans
La Seine charrie
La mort et la vie
Vers les océans
Mais sur le Pont
Les hommes vont
Plus lourdement
Plus lentement
Ils portent des sacs de charbon
De la rive gauche à la rive droite
Et rapportent la nuit au front
De la rive riche à la rive étroite
Sous le Pont Marie
Depuis dix mille ans
La Seine charrie
La mort et la vie
Vers les océans
Mais sur le Pont
Les hommes vont
Hâtivement
Obstinément
Ils portent des chardonnerets
De la rive gaie à la rive adulte
Et ne rapportent que regrets
De la rive fourbe à la rive occulte
Sous le Pont Marie
Depuis dix mille ans
La Seine charrie
La mort et la vie
Vers les océans
Mais sur le Pont
Les hommes vont
Allègrement
Confidemment
Ils portent des fleurs plein les bras
De la rive noire à la rive impure
Et ne rapportent qu'un cœur las
De la rive injuste à la rive obscure
Sous le Pont Marie
Depuis dix mille ans
La Seine charrie
La mort et la vie
Vers les océans
Yvan Goll
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Eugène Savitzkaya : A la cyprine quelques poèmes
Quand fleur
est le gynécée
s’ouvre la figue acidulée, en elle
en elle jusqu’à demain
puis orphelin, mendiant, ivrogne
fourbe, courbe et sot
et chaque jour
d’un jour défait, et elle
d’un doigt baisée entre les lèvre
***
Quand tu passas sous le pommier
ton sein était ferme
ronde et forte ta cuisse
doucement moussu de bouclettes ton ventre
je me souviens d’une rose
profonde écarlate
comme d’une fureur fraîche
je mangeai l’herbe avec
la fleur, est-ce du vol ?
***
Poème des trois petits cochons
l’un n’avait qu’une bite, l’autre
n’avait qu’un téton et le troisième
une magnifique fente, les trois étaient
mal heureux comme les pierres
pourtant seules jouisseuses en ce monde
était-ce un verrat était-ce une truie
était-ce un ange porcin ?
firent en sorte que tout s’aboucha, s’imbriqua
s’emboîta, s’en donna, s’adonna, sabota, samedi
quand tout apparut
***
La levure augmente
je lève mon broc
la bière est brassée
et dans les champs monte
la tige, la tige du vélo
déjanté, elle est belle la belle
en son guidon plantée
belle vive rouge au chrome
branchée
Vive l’eau maltée
à Chouffe
Quand fleur
est le gynécée
s’ouvre la figue acidulée, en elle
en elle jusqu’à demain
puis orphelin, mendiant, ivrogne
fourbe, courbe et sot
et chaque jour
d’un jour défait, et elle
d’un doigt baisée entre les lèvre
***
Quand tu passas sous le pommier
ton sein était ferme
ronde et forte ta cuisse
doucement moussu de bouclettes ton ventre
je me souviens d’une rose
profonde écarlate
comme d’une fureur fraîche
je mangeai l’herbe avec
la fleur, est-ce du vol ?
***
Poème des trois petits cochons
l’un n’avait qu’une bite, l’autre
n’avait qu’un téton et le troisième
une magnifique fente, les trois étaient
mal heureux comme les pierres
pourtant seules jouisseuses en ce monde
était-ce un verrat était-ce une truie
était-ce un ange porcin ?
firent en sorte que tout s’aboucha, s’imbriqua
s’emboîta, s’en donna, s’adonna, sabota, samedi
quand tout apparut
***
La levure augmente
je lève mon broc
la bière est brassée
et dans les champs monte
la tige, la tige du vélo
déjanté, elle est belle la belle
en son guidon plantée
belle vive rouge au chrome
branchée
Vive l’eau maltée
à Chouffe
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21157
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Pas mal ! Il écrit des romans aussi Savitzkaia. A découvrir.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Je balance mon texte, mais après je vous lis plus haut. Miam.
Poème choisi par mon libraire. S 'il vous plait.
Comme pierre dans le puits
Je cherche un être à envahir
Montagne de fluide, paquet divin,
Où es-tu mon autre pôle ? Etrennes toujours remises,
Où es-tu marée montante ?
Refouler en toi le bain brisant de mon intolérable tension !
Te pirater.
——————
Présence de soi : outil fou.
On pèse sur soi
On pèse sur sa solitude
On pèse sur les alentours
On pèse sur le vide
On drague.
——————
Monde couturé d’absences
Millions de maillons de tabous
Passé de cancer
Barrage des génufléchisseurs et des embretellés :
Oh ! Heureux médiocres
Tétez le vieux et la couenne des siècles
et la civilisation des désirs à bon marché
Allez, c’est pour vous tout ça.
—————
La rage n’a pas fait le monde
mais la rage y doit vivre.
Camarades du « Non » et du crachat mal rentré,
Camarades…mais il n’y a pas de camarades du « Non ».
Comme pierre dans le puits mon salut à vous !
Et d’ailleurs, Zut !
Henri Michaux (1899-1984) – Lointain intérieur (1938)
Poème choisi par mon libraire. S 'il vous plait.
Comme pierre dans le puits
Je cherche un être à envahir
Montagne de fluide, paquet divin,
Où es-tu mon autre pôle ? Etrennes toujours remises,
Où es-tu marée montante ?
Refouler en toi le bain brisant de mon intolérable tension !
Te pirater.
——————
Présence de soi : outil fou.
On pèse sur soi
On pèse sur sa solitude
On pèse sur les alentours
On pèse sur le vide
On drague.
——————
Monde couturé d’absences
Millions de maillons de tabous
Passé de cancer
Barrage des génufléchisseurs et des embretellés :
Oh ! Heureux médiocres
Tétez le vieux et la couenne des siècles
et la civilisation des désirs à bon marché
Allez, c’est pour vous tout ça.
—————
La rage n’a pas fait le monde
mais la rage y doit vivre.
Camarades du « Non » et du crachat mal rentré,
Camarades…mais il n’y a pas de camarades du « Non ».
Comme pierre dans le puits mon salut à vous !
Et d’ailleurs, Zut !
Henri Michaux (1899-1984) – Lointain intérieur (1938)
Nadine- Messages : 4866
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Poésie
merci Nadine ! j'aime beaucoup, surtout la fin !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21157
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
merci Nadine ! j'aime beaucoup, surtout la fin !
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Bédoulène- Messages : 21157
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Je reprends un message que j'avais écrit hier, quand Forumactif est tombé en panne... heureusement, je l'ai sauvegardé...
Jules Supervielle est un de ces poètes que j'ai tendance à lorgner de loin avant de daigner le lire plus que quelques vers. En consultant Les poètes et la ville, il est possible de voir cette découverte, que nous pouvons comparer à d'autres poèmes, notamment en ce qui a trait aux motifs utilisés.
J'ai connu une de mes profs qui avait lu et étudié les manuscrits écrits à la main de Francis Ponge, Jules Supervielle, Alain Grandbois et quelques autres... en lisant les feuillets et les divers états des poèmes et leurs ratures successives, nous pouvons voir l'imagination à l'oeuvre chez le poète. Pour ma part, ce poème s'inscrit dans la trame de la ville et il se lit si bien.
Jules Supervielle est un de ces poètes que j'ai tendance à lorgner de loin avant de daigner le lire plus que quelques vers. En consultant Les poètes et la ville, il est possible de voir cette découverte, que nous pouvons comparer à d'autres poèmes, notamment en ce qui a trait aux motifs utilisés.
«Grenade»
L'aube touche d'un regard long
Les tours et les urbaines combes.
Le ciel guidé par les colombes
Descend sur la ville à tâtons.
Sur chaque toit une fumée
Dans un itinéraire sourd
S'en va rejoindre au fond du jour
Les vieilles nuits mal consumées.
Un nuage de
Charles-Quint
Frôlant les cyprès catholique
S'ouvre et des anges balsamiques
Glissent aux pentes du matin,
Anges de marbre et de peinture
Au vol roman ou renaissant,
Vierge au sourire diligent
Qui cherche l'âme sous la bure.
Un lion gronde dans sa pierre
Et vient par le chemin de ronde
Où des fleurs et des lucioles
Lui font auréole et lumière,
Son cœur par le marbre pressé
A son pas fait un bruit de chaîne
Rien ne lui peuvent les fontaines,
L'eau qui coule pour consoler.
J'ai connu une de mes profs qui avait lu et étudié les manuscrits écrits à la main de Francis Ponge, Jules Supervielle, Alain Grandbois et quelques autres... en lisant les feuillets et les divers états des poèmes et leurs ratures successives, nous pouvons voir l'imagination à l'oeuvre chez le poète. Pour ma part, ce poème s'inscrit dans la trame de la ville et il se lit si bien.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Poésie
une déambulation !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21157
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