Poésie

Pour revenir au commentaire que j'avais développé dans mon dernier message, je prends l'exemple du poète Lucien Francoeur à l'esprit qui était également chanteur. Il y a deux ordres de logique qui président à la poésie et à la chanson. Ils peuvent se compléter, oui, mais il me semble qu'il y a une zone d'ombre, quelque chose qui peut se perdre en chemin... et ça me fait rire quand on dit que la poésie doit être récitée en public, tout comme on le dirait qu'une poésie sourde devrait se décliner uniquement en langue des signes. Oui, il y a une puissance d'évocation quand on reste dans le registre auditif et/ou visuel, mais je pense que c'est mettre beaucoup d'emphase sur un aspect précis qui relève plus du réflexe qu'autrement, sans se poser de questions sur la nature des choses.

Tristram a écrit:On peut peut-être garder un peu de poésie, en la citant, sans en parler, mais c'est quand même un peu vain, non ?

A toi d' en décider. Ce que je fais n' engage que moi. Mais on est libre de choisir la  formule qui convient le mieux à chacun.

Tristram a écrit:On peut peut-être garder un peu de poésie, en la citant, sans en parler, mais c'est quand même un peu vain, non ?

mais là je suis presque, pourquoi presque d'ailleurs ? je suis déçu. je croyais qu'il y avait des lectures faites dans des langues inconnues du lecteur et tout s'écroule !

Mais tu peux continuer à écrire et lire en Panda (mais pas citer !)

ouf.

citer en panda ? mmmmh... faut voir.

Oui, sinon on risque l'opandacité

Jack-Hubert Bukowski, la musique des vers est dans la tête, et la chanson peut-être un moyen d'expression qui nourrit mieux son poète, tout en faisant circuler son oeuvre ?

Je glousse .
Encore !
Entre la dragouille de la fille aux images hier et vos inspirations poétiques sur ce fil , je suis presque détendue .

Je pense qu'il y a certaines applications dans les théories de Bakhtine à propos du dialogisme et des facteurs extra-linguistiques qui président à la constitution de la langue littéraire qui est traversée par plusieurs ensembles d'énoncés qui sont portés par des individu-e-s qui prennent part au sein du champ. Chaque individu-e est autonome de la langue qu'il-elle porte. On peut rire à propos des postures de tous un-e et chacun-e, l'important est qu'il y ait un bagage littéraire commun au sein d'une institution ou d'une situation donnée.

https://linx.revues.org/355

À la fin du texte, on parle de normativité et des règles de constitution du genre. Là où j'étudie, en création littéraire, il y a un certain côté réfractaire de procéder à cette «normalisation» des règles même si par convention on peut être tenté-e-s de les suivre...

Tristram : La chanson auditive serait par nature incompatible à la langue des signes. Mais puisqu'il y a souvent des transcriptions des paroles de chansons, je veux bien sûr reprendre des motifs de poésie pour m'insérer dans un processus d'intertextualité de la poésie. Par exemple, je lisais il y a quelques jours des paroles de chansons du groupe québécois de musique Mes aïeux.

Que veux-tu de plus pour être totalement détendue (un voyage en Guyane) ?

Ah mais le "presque" est vital .Surtout garder la maitrise !
Un poilique de trop de détente et c'est le drame du totalement .

(encore un refus poli malgré mes discrets harcèlements)

Barcarole , par ici .
Moi je prends le large . Je connais pas le jeu .

Non mais tous pareils .

En attendant je suis retourné musardé du côté du Guardian et de leur poème du samedi :

clic

Moments of the mind
by William Letford

Three men sit at the kitchen table. My grandfather
smokes Golden Virginia. Making a roll-up
has become his ritual. His fingers help him think.
So that’s what he does. He teases tobacco from his tin.
My father smokes Silk Cut and has a certain way
of holding a cigarette. Trapping it at the base
of his first two fingers and lifting it to his mouth
so his hand covers the lower half of the face. I don’t smoke
but there is a bowl of soup in front of me. Both men
like to see me eat. The room has been stained
by two lifetimes of tobacco, and doesn’t
physically exist. But it’s where I come for advice. In fact
both men no longer exist, but their voices are as familiar
as my own failings. I slam my spoon on to the table.
Well if that’s the way it is then that’s the way it is.
“That’s the way it is,” says my grandfather.
My father nods his head. He says, “That’s the way it is.”

avoir plaisir à lire des poèmes , à me reconnaître dans certaines images qui se forment dans ma tête suffit à la profane que je suis !

mais je ne m'interdis pas des interrogations ; J' apprécie notamment les réponses et explications de Jack sur les fils des poètes

Tristram a écrit:"Normalisation" (effrayant, non !?...)

Marc Trévidic : C’est peut-être aussi reconnaître que la poésie moderne, c’est la chanson. Aucun poète actuel ne se lit ou ne se vend en dehors de la chanson. Et Dylan a de la qualité, même s’il ne méritait peut-être pas le prix Nobel.
(extrait d'un entretien entre l'ancien juge d'instruction et l’écrivain DOA dans Libération du 22 juillet 2017

Tristram, je ne te soupçonnais pas ce côté provo/sainte-nitouche, c'est un coming-out que tu nous fais sur ce fil ?
En décodé de tes deux citations depuis hier, il y a moyen de rentrer de l'argent avec la chansonnette, tandis que la poésie... Admirable le syllogisme, très époque, donc la chanson a anschlussé la poésie, qui ci-gît...je vous laisse...

Tout en pondérant: alors certes, trouvères & troubadours d'antan mêlaient vers et notes et l'ensemble ne nous est pas parvenu tel quel (ou à titre exceptionnel).
Alors certes, il y a moult artiste dont je trouve les paroles particulièrement chiadées, si ce n'est remarquables - par ex. un portier comme Jim Morrisson, et il y en a pléthore d'autres, si, si !

Toutefois:
De mémoire Renaud (je ne vous trouverai pas la réf. audio) avait déclaré dans une entrevue qu'il aurait bien choisi d'être poète, mais ça ne nourrit pas son homme...

Ceci corrobore tout à fait l'humour de Baudelaire, qui estimait que la poésie est un investissement à très long terme (largement post-mortem, en somme).

Si le matérialisme, la vénalité sont vertus, alors il n'y a plus de poésie, le nec plus ultra sont des espérant-droits à la Sacem, & that's final, rien à ajouter.

@Bix,

Georges Brassens a écrit:Prière de ne pas déposer de notes au pied de mes vers.

c'est mal transcrit, ça ne peut qu'être prière de ne pas déposer de hottes dans mes verres à pied, ou quelque chose d'approchant, ce qui devait les lui casser (les verres à pied et les pieds): Plus sérieusement, je ne sais si c'est là être cossard ou snob, mais à ce compte-là j'ouvre dix fils de poètes par mois, en indiquant la bio/biblio et copiant-collant trois poèmes !

Vous trouverez plus d'un échantillon de ça sur l'ancien forum, en rubrique "Poésie", si c'est cela le souhait, l'agrégat des opinantes, si l'on ne considère pas que ça risque de donner une vacuité totale, une bulle d'hélium contemplée, bref de l'anti-forum, et qu'il convient surtout de ne pas poster, échanger, proposer, mais poser un poème (ttttt, qui a dit prendre la pose, quoi, retirez-ça d'urgence, on se tait, au fond).

A ce compte-là il est possible d'aller sur le fil Victor Hugo: La légendes des siècles, je vous copie-colle le lien e-book, ou encore sur celui de Balzac, voilà La comédie humaine, tant de titres, pas le moindre commentaire à faire: ça fait forum.

Spoiler:

animal a écrit:c'est pour ça qu'une certaine "normalisation" de la poésie me semble être une pas si bête idée.

Normalisation, quès acco    ?

Ce n'est pas toujours évident de parler de poésie, en tout cas j'ai souvent du mal.
Mais j'éprouve beaucoup de plaisir à lire tes commentaires fouillés Aventin.

Arturo a écrit:Ce n'est pas toujours évident de parler de poésie, en tout cas j'ai souvent du mal.
Mais j'éprouve beaucoup de plaisir à lire tes commentaires fouillés Aventin.

Et moi aussi ! Je trouve que c'est même plus facile d'aborder un poème avec les commentaires, notes, rêveries de quelqu'un qui l'aime (je ne suis encore qu'un modeste catéchumène )

Mais je comprends tout à fait la position contraire.

Aventin a écrit:Normalisation, quès acco    ?

Un gros mot peut-être ?

Une façon de dire qu'on peut lire de la poésie comme autre chose et par là qu'elle est aussi accessible et discutable. De dire pourquoi se priver d'en lire et pourquoi lui faire projeter une ombre sur le reste.

Une manière de ne pas s'attarder sur une étiquette.

Simple.

Le "poème" choisi hier d'ailleurs, petit instantané à la chute travaillée, est presque une mini nouvelle, est écrit en prose, d'une certaine normalité, pourtant il n'est pas si mal (à mes yeux).

Je comprends mieux ! Ai aussi apprécié ton narrat (au sens de Volodine), ou microfiction (au sens de Jauffret)... mais est-ce de la poésie, ou pas ?