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Heinrich Böll

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Message par églantine Mar 25 Juil - 8:49

Heinrich Böll
à Cologne le 21 décembre 1917 et mort le 16 juillet 1985 à Kreuzau-Langenbroich

viequotidienne - Heinrich Böll  Af6de310

 Né dans une famille catholique, Heinrich Böll s’oppose très jeune à la montée du nazisme. Incorporé dans la Wehrmacht, blessé et envoyé dans un camp de prisonniers, il restera très marqué par les souvenirs de la guerre.

Ses premières œuvres, évoquant les conditions de vie des allemands moyens dans l’immédiat après-guerre, seront assimilées à la Trümmerlitteratur (littérature des ruines).

Membre du groupe 47 et catholique excentrique, Heinrich Böll s’attaque également aux figures de l’autorité de la période Adenauer et adopte une position très critique devant le miracle économique allemand. Il demande aux juges une plus grande clémence envers Ulrike Meinhof, leader de la Bande à Baader, et s’oppose à la guerre froide.

Son récit "L’Honneur perdu de Katarina Blum", attaque impitoyable des médias conservateurs allemands, a été adapté au cinéma par Volker Schlöndorf en 1975. Plusieurs recueils de nouvelles, une centaine d'essais et une douzaine de romans marquent sa carrière littéraire ("La Grimace", "Portrait de groupe avec dame", "Femmes devant un paysage fluvial", "Journal irlandais"...).

En France, il reçoit le prix du Meilleur Livre étranger en 1955 pour "Les Enfants des morts". En Allemagne, il reçoit le prix Georg Büchner en 1967 pour l’ensemble de son œuvre et le Prix Nobel 1972 "pour son écriture qui, par sa combinaison d'une large perspective sur son temps et un savoir-faire sensible à la caractérisation a contribué à un renouvellement de la littérature allemande".


   

Oeuvres

Le train était à l'heure, 1949
Le Legs , 1948
La Mort de Lohengrin , 1950
Les Brebis galeuse, 1951
Où étais-tu, Adam ? , 1951
Pas seulement à Noël , 1952
Rentrez chez vous, Bogner ! ,1955 : Page 1
Les Enfants des morts ,1955
Le Pain des jeunes années ,1955
Journal irlandais , 1957
Ceux qui ne laissent pas de traces ,1957
La Balance de Balek , 1958
Le Silence concentré du Dr Murke ,1958
Les Deux Sacrements, 1961 : Page 1
Un peu de terre , 1962
La Grimace , 1964
Loin de la troupe , 1964
Fin de mission , 1966
Portrait de groupe avec dame , 1971
L'Honneur perdu de Katharina Blum , 1974 : Page 1
Protection encombrante , 1979
Le Destin d'une tasse sans anse, 1988
Mais que va-t-il devenir ce garçon ? 1988
Terrain miné , 1982
La Blessure , 1983
Un esprit radical au service de Dieu, 1983
Femmes devant un paysage fluvial, 1987
Le Silence de l'ange, 1995 : Page 1
Le Chien blême, 2001
Le Testament, suivi de : Croix sans amour, 2010


màj le 7/03/2019


Adaptations cinématographiques

Volker Schlöndorff a adapté en 1975 L'Honneur perdu de Katharina Blum.
Aleksandar Petrović a adapté en 1976 Portrait de groupe avec dame, avec Romy Schneider.
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Message par églantine Mar 25 Juil - 8:52

L'honneur perdu de Katharina Blum


viequotidienne - Heinrich Böll  L_honn10


Après quelques semaines d'errance dans le monde du polar aboutissant à plus de déceptions que de satisfactions littéraires , ce court récit s'impose avec une force tonique et puissante .
Quand on sait que Heinrich Boll l'écrivit en réaction épidermique face à une presse à scandale dont il fut victime dans une allemagne des années 70 confrontée à la terreur face aux des méthodes employées par la fraction armée rouge , cette histoire prend un accent presque pamphlétaire ,d'une virulence ironisante douloureuse .
C'est par une forme dépouillée , journalistique , chroniqueuse , sans état d'âme apparent que Heinrich Boll choisit de raconter l'histoire de Katharina , tristement banale , calomniée par une presse à scandales en totale accointance avec les pouvoirs économiques et politiques en place . Ecriture scalpel , avec force minutie dans les moindres détails pour relater la descente aux enfers d'une patriote allemande lambda offerte en pâture à l'opinion publique manipulée par la presse charognarde et sans scrupules .

Ecriture caustique et douloureusement jubilatoire en réponse indirect aux diffamations auxquelless l'écrivain fut confronté dans sa vie personnelle .
Ecriture coup de poing avec un direct imparable , loin de toutes fioritures diluantes , clouant son lecteur dans la brûlante douleur de la diffamation universelle et intemporelle , cette crasse de l'humanité .
Plus brûlante d'actualité que jamais à l'heure des dérives affolantes sur les réseaux qui font font chou gras de la moindre rumeur , des "fake news "qui envahissent l'information , de la surmédiatisation nourrissant le goût jamais assouvi des hommes pour les histoires à sensations , "L'honneur perdu de Katharina Blum"devrait figurer dans les ouvrages obligatoires des programmes scolaires .
Il y a urgence à découvrir cet auteur qui sut s'engager et défendre les valeurs morales universelles .
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Message par Bédoulène Mar 25 Juil - 9:56

merci églantine !

ton commentaire me dit que c'est un livre pour moi ! c'est noté !

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Message par églantine Mar 25 Juil - 10:06

Bédoulène a écrit:merci églantine !

ton commentaire me dit que c'est un livre pour moi ! c'est noté !
Sans conteste !
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Message par Hanta Mar 25 Juil - 11:17

Eh ben cela ne va pas calmer mon envie de le lire...
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Message par animal Mar 25 Juil - 12:37

ouh, je vais rapatrier deux trois choses sur ce fil. cat

même pas vu le film de Katharina Blum ! de quoi faire remonter vers la surface de la mémoire.

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Message par animal Mar 25 Juil - 22:58

Je crois que je mélange ce qui me reste de La mort de Lohengrin et Le silence de l'ange, même après guerre côté allemand, au milieu des ruines. Un sentiment d'isolement mais aussi une tendance contemplative douce qui arrive à faire passer ce qu'il y a de dur sans l'occulter. Les personnages se situent potentiellement à la marge, ou dans une marge aux frontières floues, un déserteur par exemple. Il y a une beauté certaine à l'écriture par les sens pour raconter ces moments.

Je vous recolle un extrait de la nouvelle Il y eut un soir et un matin dans La mort de Lohengrin :

Il aimait par dessus tout cette heure, avant le moment où il s'endormait. Mais depuis qu'Anna ne lui parlait plus, son mutisme pesait sur lui comme un poids. N'eût-elle dit que : "Il fait plus froid... " ou : "Il va pleuvoir... ", il aurait été délivré... N'eût-elle dit que : "Oui, oui" ou : "Non, non", n'importe quoi de bien plus bête encore que ça, il aurait été heureux et la pensée du retour à la maison n'aurait plus été redoutable. Mais depuis longtemps son visage était comme de pierre et en ces moments il savait soudain quel aspect elle aurait lorsqu'elle serait une vieille femme; il eut peur, se vit tout à coup projeté trente ans en avant, dans l'avenir, comme dans une plaine de pierre ; il se vit aussi, vieux, avec un visage comme en ont les hommes qu'il connaissait : ridé par l'amertume, crispé de douleur rentrée et légèrement teinté de bile jusqu'aux ailes du nez ; des masques semés dans la vie quotidienne, comme des têtes de morts...
Parfois aussi, bien qu'il ne la connût que depuis trois ans, il avait su quel air elle avait eu lorsqu'elle était petite fille ; il la voyait, fillette de dix ans, rêvant sur un livre, à la clarté d'une lampe, grave, les yeux sombres sous les cils clairs, clignotant sur sa lecture, bouche ouverte... Souvent, quand pendant le repas il était assis en face d'elle, le visage d'Anna se transformait comme ces images qui se transforment quand on les secoue, et il savait soudain qu'étant enfant, déjà elle avait été assise ainsi, qu'elle avait coupé précautionneusement les pommes de terre en petits morceaux avec sa fourchette et lentement fait goutter la sauce par dessus...

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Message par animal Mar 25 Juil - 23:01

Solution de facilité pour Le silence de l'ange (récup) :

viequotidienne - Heinrich Böll  19703_10

Un homme entre dans un hôpital dévasté, il est affamé. il recherche une femme. C'est un déserteur de retour dans une grande ville allemande, la fin de la guerre est très proche. Puis la guerre se termine...

Son histoire, celle d'une jeune femme, un prêtre, une autre femme, un bonhomme qui fait des affaires... une galerie assez ramassée et qui se rencontre au travers de hasards un peu brusque dus semble-t-il en partie au côté non finalisé de ce livre. Les relations et les contrastes y gagnent encore en mystère.

Les points de vue alternent mais le déroulement est majoritairement chronologique. On est rapidement pris dans un monde très sensitif (comme on retrouve en fait ? chez des auteurs comme Stifter ou Musil pour le peu que j'en connais). L'impression est à la fois très concrète et un début d'abstraction. Une lassitude infinie et de multiples expressions de la faim habitent les personnages qui se coupent, sont coupés de leurs semblables et un peu d'eux-mêmes. De longues phases de silence, une sorte de convalescence aveugle et terrible. Leur état et leur monde de ruines mais quotidiens se superposent et ainsi une réalité plus large se diffuse.

Les considérations matérielles sont naturellement nombreuses mais ne prennent pas le pas sur l'aspect humain dans lequel se recroisent l'avant et l'après, avec quelque chose d'une mécanique vaine et irrationnelle. Alors apparaissent de grands moments de beauté et d'incertitude dans la cohabitation des êtres qui se redécouvrent et se réapprennent. Des histoires en silences et en impressions d'une beauté glissante... une lumière immédiate et vers laquelle semble se tourner la construction du livre. Le "final", plus sombre apparait alors plus complexe.

Très très beau livre qui exprime à la fois une très dure réalité (sur plusieurs niveaux) et un choix moral en somme. Il arrive assez parfaitement à démontrer un oubli de l'individualité dans une manière de sensualité sublimée. Un entre deux entre deux états opposés, sublimation ?

Il y a des passages qui peuvent à juste titre approcher le malaise, l'ensemble restant réconfortant par ses qualités.

Je recommande...

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Message par ArenSor Mar 25 Juil - 23:38

J'ai eu une période Böll dans une autre vie et j'en garde un excellent souvenir. Je me souviens surtout de "Portrait de groupe avec dame", "La Grimace", "Femmes devant un paysage fluvial", "Les Deux sacrements" et "Le Train était à l'heure" qui m'avait fait une impression extraordinaire. C'est un immense écrivain, malheureusement un peu moins lu à présent Smile
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Message par topocl Sam 29 Juil - 10:22

je l'avais vu le film , de Volker Schlöndorff et Margarethe von Trotta (à l'époque où Schlôndorf ne faisait pas dans la bleuette de quinqua intello) et ça pourrait être une bien bonne idée de lire le livre (d'autant que je crois bien qu'animal m'avait parlé de Böll, fut un temps)

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Message par animal Sam 29 Juil - 13:17

à cause des Deux sacrements ?

viequotidienne - Heinrich Böll  41a8il10

Les deux sacrements

Récit éclaté de trois générations d'allemands. Principalement trois hommes d'une famille d'architectes, mais pas seulement. Le même ton, la même écriture pour transcrire une vision complémentaire. Le récit gravite autour d'une abbaye sa construction par le grand-père, sa destruction par le fils mais ce n'est pas pour autant ce qui retient. Il y a les deux grandes guerres mondiales qui impriment leur marque durable, cependant ce n'est pas encore tout à fait ça qui maintient le livre.

La famille, la success story familiale à la fois contrariée et réussie ? ça compte mais n'en fera pas le total. Il va donc falloir prendre en compte ce qui n'est pas tant un suspens qu'un décalage. Les personnages sont mystérieux à leurs manières faites d'habitudes ne devant être changées mais ils sont surtout en décalage. Version facile ce décalage au passé et au présent est le décalage du choix du bien.

Il manquerait le cœur du problème. On ne peut pas penser que Böll n'a pas d'objectifs précis, de cibles pourrait-on se risquer à dire : des lois du sang, du pouvoir, du passé, mais le dessin est minutieux et complexe. Il ne délivre jamais ses personnages de leur apparence, de l'image qu'ils donnent ou doivent donner, ou ont donné. Il interroge du même coup l'accomplissement personnel, la réussite vis à vis de soi et de ceux qui comptent. ça devient compliqué et jamais trop dilué.

Et c'est là qu'interviennent la gamme des choix, des compromis, des aléas... et la coexistence des moments. En d'autres termes il y met les mains pour affronter l'histoire, la culture, l'individu et tout en même temps. On sent un profond dépit, un dégoût du passé proche mais encore des images qui l'ont révélé et de celles de la reconstruction aussi, car différentes mais semblables.

Spirale sombre et tourmentée, mais toujours précise, qui n'est pas qu'un règlement de compte avec le nazisme ou le pouvoir en général. C'est très gris et la lumière qui vient de personnes, sourires, attitudes irréalistes mais justes, de pur affect est la fondation du livre.

Si l'écriture en elle-même m'a moins séduit que lors de mes deux précédentes lectures de Böll, j'aurais été bien incapable de lâcher ce livre. On sent une omniprésence de la vie de l'auteur derrière et le contexte n'est évidemment pas qu'allemand, nous vivons certainement encore des mêmes légendes et des mêmes contraintes. Et l'interrogation est puissante chez Böll, remise en question ou rappel plutôt qu'interrogation. On ne voit pas de recherche de conclusion de boîte à cauchemars à refermer, de résolution, il cherche à tout prix, c'est possible, à esquiver, à refuser cette "petite histoire".

En plus de tout ce que les méandres du texte peut révéler et de ce que peut transmettre son atmosphère il y a de très pertinentes réflexions merveilleusement limpides. Une faculté à exprimer clairement une chose. Au nombre de celles qui m'ont marqué je retiens sa défiance vis à vis d'une grandeur morbide très 20ème, grandeur de la ruine ou du sacrifice, je ne sais trop comment le dire (ma compréhension n'est pas si précise elle !). Celle-là même que je peux admirer et dont le peux me régaler par ailleurs (Malraux ?).

Concret, clair (faux paradoxe pour la construction narrative du roman), édifiant ? mesuré, précautionneux, déterminé... très belle et très pertinente lecture. Grande lecture dont on ne sait trop comment elle se passe mais dont on sait que ça ne s'oubliera pas et que peut-être, souhaitons le, ça saura revenir en face ou venir peser et infléchir des comportements trop immédiats.

Peut-être faudrait il parler aussi de l'ancrage historique nommé à avant le nazisme, avec lequel la distance entretenue est remarquable, sans oubli possible...

Un extrait, il ne faut pas trop se fier à son aspect de fragment autonome, en extrait ça doit avoir l'air trop fait, trop définitif. A noter aussi que beaucoup d'éléments comme l'apprenti menuisier, le billard, les ouvrières, la promenade même, se retrouvent à plusieurs reprises dans le livre et de différentes manières : en motif plus ou moins proche ou plus développés, explicités, narrés...


A cinq heures, me mêlant au flot des ouvrières, je franchissais la porte cochère pour faire ma promenade systématique du samedi soir. J'apercevais des beautés voilées se rendant en fiacre à leur rendez-vous, des officiers attablés au café Fuhl devant des alcools violents au son d'une douce musique. Je faisais tous les jours quatre kilomètres, soixante minutes de marche, empruntant toujours le même itinéraire et toujours à la même heure. Car il fallait qu'on me vît toujours au même endroit à la même heure, vendeuses, banquiers, joaillers, prostituées, receveurs de tramway, commis, garçons de café et ménagères ; il fallait qu'ils me vissent, et ils me voyaient ; de cinq à six, le cigare à la bouche ; incongru, je le sais bien, mais je suis un artiste donc astreint au non-conformisme ; je peux même me permettre de m'arrêter auprès des joueurs d'orgue de Barbarie qui monnaient la mélancolie des jours fériés. Route de rêve passant par le PC de mes rêves ; mus par des fils invisibles, mes figurants aux articulations bien huilées ouvraient la bouche pour me donner la réplique que je leur consentais. Froide mélopée des boules de billard à l'Hôtel du Prince Henri ; blanc sur fond vert, rouge sur fond vert ; des mannequins arquaient les bras pour manier la queue, marquaient des points, réussissaient des séries, me tapaient fraternellement sur l'épaule : Ah oui ! oh non ! ah ! éblouissant ! oh ! pas de chance ! Et pendant ce temps, j'entendais les mottes de terre tomber sur mon cercueil, j'attendais déjà le cri que pousserait Edith au moment de mourir, devinais déjà le dernier regard que l'apprenti menuisier jetterait à l'aube sur les murs de sa prison.

(Récup').

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Message par Bédoulène Sam 29 Juil - 14:25

j' ai "L'honneur perdu de Katharina Blum" dans ma PAL numérique donc bientôt

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Message par topocl Sam 29 Juil - 17:36

animal a écrit:à cause des Deux sacrements ?

je ne sais plus. Peut-être quand je cherchais des auteurs allemands. Comme dit quelqu'un que je connais, piqure de rappel!

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Message par églantine Sam 29 Juil - 17:42

J'ai Les deux sacrements dans ma Pal Ardéchoise , il faut juste que cette Pal devienne Savoyarde pour que je m'y mette et c'est vrai que je n'ai qu'une envie , continuer avec cet auteur après Katharina .
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Message par topocl Mar 26 Déc - 10:30

J'ai lu L'honneur perdu de Katharina Blum, et j'ai été moins enthousiaste que toi églantine. j'ai trouvé ça très démonstratif, priorisant la cause par rapport à la psychologie crédible. Assez brouillon, aussi, voire confus, parfois. Pas emballée, en somme viequotidienne - Heinrich Böll  2441072346 .

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Message par tom léo Ven 5 Jan - 10:51

topocl a écrit:J'ai lu L'honneur perdu de Katharina Blum, et j'ai été moins enthousiaste que toi églantine. j'ai trouvé ça très démonstratif, priorisant la cause par rapport à la psychologie crédible. Assez brouillon, aussi, voire confus, parfois. Pas emballée, en somme  viequotidienne - Heinrich Böll  2441072346 .

Je partage ton ressenti, topocl. En général on parle presque de son oeuvre le plus important. Parce que le plus critique, politique ou demonstratif? Je ne sais pas, mais cela me semble aussi trop intentionnel.

J'ai toujours énormement apprécié ses toutes premières nouvelles, de retour de la guerre... Extra. Lucide, réaliste, mais si humain.
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Message par Quasimodo Ven 5 Jan - 11:06

Eh bien moi je l'ai beaucoup aimé, Katharina Blum. Je n'ai rien à ajouter au commentaire d'églantine (et d'ailleurs il me prend l'envie de relire des passages du roman drunken)
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Message par Quasimodo Ven 5 Jan - 11:08

J'ai encore La grimace et Rentrez chez vous, Bogner ! dans ma PAL. À suivre !
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Message par animal Jeu 7 Mar - 13:32

viequotidienne - Heinrich Böll  Cvt_re10

Rentrez chez vous Bogner !

Bogner ère dans la ville. Leçons, petit boulot à l’évêché et chercher à emprunter de l'argent, et un endroit pour dormir. Un verre de temps à autres.

Käte, sa femme, s'occupe des enfants. Deux sont décédés pendant la guerre, deux sont vivants, peut-être en attend-t-elle un autre. Elle rumine et attend son mari.

Pas d'argent. Promiscuité, société qui se reconstruit sur des ruines. Les chapitres alternent le temps d'une grande journée la vie de l'un et de l'autre qui se retrouveront dans un hôtel miteux.

Énormément de choses et d'observations passent au fil des pages. Un regard triste et mélancolique qui n'est pas qu'introspectif mais se situe aussi en retrait de son environnement.

Beaucoup de choses vont mal et sont irréparables, beaucoup de choses sont fausses ou évoluent dans l'indifférence et pourtant c'est apaisant. Les tourments et la tendresse sourde, enfermée de ces personnages abîmés ça fait un peu de lumière dans tout ce qui va de travers.

Famille, alcool, apparences, blessures,... ce n'est pas très joyeux mais c'est un beau livre.

Quelques pages plus envolées qui ne sont pas forcément mais préférées mais un bien beau livre et le réconfort de retrouver le ton de l'auteur.


Mots-clés : #addiction #deuxiemeguerre #famille #viequotidienne

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Message par bix_229 Jeu 7 Mar - 13:48

J'ai lu L'honneur perdu de Katharina Blum et vu le film qui l'a adapté. Mais il y a bien longtemps.
Je crains que Topocl n'ait raison quant au livre, Boll était un auteur militant avec les défauts que cela comporte.
Mais d'un courage et d'une honneteté remarquables dans un pays qui n'acceptait pas de se remettre en cause.

viequotidienne - Heinrich Böll  Boll10


Dernière édition par bix_229 le Jeu 7 Mar - 13:55, édité 1 fois (Raison : aage)
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