Ota Pavel
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Ota Pavel
Ota Pavel
(1930-1973)
(1930-1973)
Ota Pavel est né en Tchécoslovaquie, à Prague, le 2 juillet 1930. Fils d’un père juif, Leo Popper, représentant de commerce, et d’une mère chrétienne, Hermina Popper, il avait deux frères, Jiri et Hugo.
C’est la guerre qui a directement bouleversé la vie heureuse de la famille Popper. À partir de 1939, les enfants ne peuvent plus aller à l’école et la famille est contrainte au déménagement, car les juifs doivent laisser la place aux allemands qui envahissent Prague. Les Popper s’installent dans la maison des grands-parents, à Busterhrad, en Bohème. Mais comme la famille a tout abandonné derrière elle, la vie est difficile. En 1943, ses deux frères sont envoyés dans le camp de concentration de Terezin, puis son père au début de l’année 1945. Ota, lui, reste avec sa mère.
Après la guerre, Leo et ses deux fils reviennent de captivité. La famille change alors son nom pour Pavel. En 1949, grâce à son ami, l’écrivain Arnošt Lustig, Ota trouve une place de journaliste sportif à la radio nationale. Dans sa carrière, il a écrit beaucoup d’histoires sur les sportifs qu’il a connus et les évènements auxquels il a assisté.
C’est au cours de l’un d’eux qu’il a eu sa première attaque maniaco-dépressive, maladie qui l’affectera le reste de sa vie. Elle survient en 1964, au moment des Jeux olympiques d’hiver, à Innsbruck, en Autriche.
Son frère Hugo a raconté ce qui s’était passé : « En 1964, Ota était reporter sportif. À Innsbruck, il y a eu un cafouillage et l’équipe tchèque de hockey sur glace a terminé avec la médaille de bronze. Ota a rejoint les joueurs dans les vestiaires et quand il a dit que la troisième place, ce n’était pas si mal, un des joueurs a hurlé “Toi, le Juif, va te faire gazer !” Cela a vraiment touché Ota, qui a commencé à voir Hitler, Eichmann et Kaltenbrunner. Les horreurs de son enfance sont remontées à la surface. Ota a quitté les vestiaires et il a eu sa première attaque. Parti dans les collines, il a mis le feu à une grange en sauvant tous les animaux. Les Autrichiens l’ont trouvé et l’ont transporté dans un établissement psychiatrique. »
Jusqu’à sa mort par crise cardiaque, neuf ans plus tard, le 31 mars 1973, Ota Pavel sera hospitalisé seize fois pour sa dépression. Pendant cette période, il écrivit tous ses livres, salués tant par le public que par la critique.
Pêcher était un passe-temps de sa jeunesse. Et, à la fin de sa vie, les promenades qu’il fait dans les rivières où il allait enfant prendront une signification nouvelle, comme s’il y trouvait une paix véritable.
Bibliographie française :
Comment j'ai rencontré les poissons
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Ota Pavel
Comment j'ai rencontré les poissons
Récit en partie autobiographique, puisque les personnages sont les membres de sa famille et les événements sont historiques. Il n'y a pourtant jamais la sensation que l'auteur veut parler de lui malgré la première personne du singulier utilisée pour narrer l'histoire, on ressent un détachement qui laisse penser à une fiction.
D'ailleurs l'histoire ne perd aucunement en valeur selon qu'on la considère comme une fiction ou une autobiographie.
Ota Pavel nous trace donc des événements marquants de sa jeunesse, des péripéties de sa famille avant pendant et après la seconde guerre mondiale. L'originalité réside dans la place de la pêche comme activité de découverte de la nature, de la vie et demeurant comme creuset de lien social puis de Résistance. Il est agréable de lire un Roman portant sur des drames utiliser un ton si détaché et si fluide, si "global". s'il existe un focus sur la famille toute la Bohème est décrite et la richesse des psychologies des personnages, des détails des paysages, des faits de chaque situation tend à nous faire connaître et nous immerger en République Tchèque. J'ai beaucoup pensé à Bozena Nemcova en lisant ce livre ainsi qu'à certains romans naturalistes américains.
Le style est beau, typiquement tchèque si je puis dire, avec une belle fluidité de phrases et un vocabulaire simple, une exigence d'une ponctuation harmonieuse. L'humour caustique est aussi omniprésent ce qui permet de gagner en légèreté au fur et à mesure que le ciel s'assombrit.
On a beaucoup parlé en France de la Résistance française, et pour cause, mais on parle peu de ce qu'ont vécu les Tchèques. Il est intéressant de le découvrir grâce à Bor, Lustig, Weil, Hrabal et Pavel entre autres.
Un livre à lire absolument.
mots-clés : #famille #regimeautoritaire
Récit en partie autobiographique, puisque les personnages sont les membres de sa famille et les événements sont historiques. Il n'y a pourtant jamais la sensation que l'auteur veut parler de lui malgré la première personne du singulier utilisée pour narrer l'histoire, on ressent un détachement qui laisse penser à une fiction.
D'ailleurs l'histoire ne perd aucunement en valeur selon qu'on la considère comme une fiction ou une autobiographie.
Ota Pavel nous trace donc des événements marquants de sa jeunesse, des péripéties de sa famille avant pendant et après la seconde guerre mondiale. L'originalité réside dans la place de la pêche comme activité de découverte de la nature, de la vie et demeurant comme creuset de lien social puis de Résistance. Il est agréable de lire un Roman portant sur des drames utiliser un ton si détaché et si fluide, si "global". s'il existe un focus sur la famille toute la Bohème est décrite et la richesse des psychologies des personnages, des détails des paysages, des faits de chaque situation tend à nous faire connaître et nous immerger en République Tchèque. J'ai beaucoup pensé à Bozena Nemcova en lisant ce livre ainsi qu'à certains romans naturalistes américains.
Le style est beau, typiquement tchèque si je puis dire, avec une belle fluidité de phrases et un vocabulaire simple, une exigence d'une ponctuation harmonieuse. L'humour caustique est aussi omniprésent ce qui permet de gagner en légèreté au fur et à mesure que le ciel s'assombrit.
On a beaucoup parlé en France de la Résistance française, et pour cause, mais on parle peu de ce qu'ont vécu les Tchèques. Il est intéressant de le découvrir grâce à Bor, Lustig, Weil, Hrabal et Pavel entre autres.
Un livre à lire absolument.
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Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Ota Pavel
merci Hanta, je note
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21645
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Ota Pavel
Hanta a écrit:
On a beaucoup parlé en France de la Résistance française, et pour cause, mais on parle peu de ce qu'ont vécu les Tchèques. Il est intéressant de le découvrir grâce à Bor, Lustig, Weil, Hrabal et Pavel entre autres.
Je suppose qu'en République Tchèque on en parle plus, et moins des français.
Cependant on a parlé des assassins de Heydrich, il n'y a pas si longtemps, c'était bien des Tchèques. Mais c'est parcellaire, je te 'l’accorde.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8548
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Ota Pavel
Non on parle beaucoup e la France sur cette période en République tchèque. Déjà de la trahison de Dalladier au sujet des Sudètes, y a même un poème de Vladimir Holan dessus, et de la Résistance française orchestrée par de Gaulle.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Ota Pavel
eh bien à toi de nous la faire connaître à travers les livres
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Bédoulène- Messages : 21645
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Ota Pavel
Comment j'ai rencontré les poissons:
Récit autobiographique en 26 histoires présentées chronologiquement et 1 épilogue. Chaque histoire est un souvenir d'enfance. Au début, les années prospères en famille, ensuite la guerre et le départ du père et des frères, l'après-guerre avec des années difficiles et la désillusion.
Le dénominateur commun dans toutes ses petites anecdotes, ce sont les poissons et la rivière (ou l'étang).
On comprend très vite qu'Ota Pavel a une grande admiration pour son “génial papa”, passionné de pêche et un peu aussi de braconnage. Ota Pavel suit l'exemple de son père en pêchant; ensuite, la pêche lui permettra d'atténuer l'absence paternelle, enfin la pêche sera un témoignage d'amour filial, mais surtout son attirance pour les ruisseaux vient du fait qu'il les associe à la liberté.
L'écriture chez Pavel est un remède à son état dépressif, se plonger dans ses souvenirs d'enfance l'aide à retrouver une stabilité perdue, la présence rassurante du père. Il nous relate ses souvenirs avec beaucoup de candeur et nous lisons avec nos yeux d'enfants. Lorsqu'il écrit sur les choses et les gens, le ton est emprunt de dérision tandis qu'au sujet des rivières et des poissons, il attachera énormément d'importance aux odeurs qui font resurgir du passé les souvenirs précieux et préservés.
Raconté avec des phrases simples, ce sont les choses de la vie qui coulent comme un ruisseau frais avec ses courants et contre-courants dans une famille où l'amour et la confiance ont permis de toujours avancer et de se relever.
Agréable découverte que cet auteur, agréable lecture toute en pudeur. J'en ressors toute nostalgique car, le livre fermé, mes propres souvenirs d'enfance sont à leur tour revenus et que mes êtres chers me manquent.....
“L'île était couverte d'herbes aquatiques vertes, longues, d'une beauté magique, qui faisaient penser à la chevelure dénouée d'Oskar, l'ondin de la rivière. Ces cheveux flottaient au gré du courant, comme s'il gisait là, noyé dans les sables jaunes.
Puis papa et mes frères durent travailler à la mine de Kladno, papa s'y rendait sur son vélo qui grinçait le long du chemin en psalmodiant un drôle d'air, on n'en comprenait pas les paroles, mais c'était vraiment particulier. Ce vélo parlait sans doute de l'humiliation et de la révolte d'un homme, il racontait peut-être ce qui advenait dans l'âme de papa.
J'aimais cette rivière plus que tout au monde et à l'époque j'en avais honte. Et jene savais pas pourquoi je l'aimais tant. Peut-être parce qu'elle abrite des poissons, ou parce qu'elle est libre, sans entraves? Parce qu'elle nes'arrête jamais? Parce qu'elle bruisse en vous empêchant de dormir? Parce qu'elle existe depuis toujours et que ses eaux meurent chaque jour quelque part au loin? Ou qu'on peut y naviguer ou s'y noyer ?
Plus haut, la rivière ne fait plus qu'embaumer. Comme un myosotis. Comme un nénuphar jaune. Comme la racine sauvage de l'acore. Comme la saulaie. Parfum d'eau.
On allait danser dans les bars Belvédère ou Barbarina. Le vin coulait à flots, comme sion voulait rattraper les années de misère, de disette, d'humiliation. Nous fréquentions alors Arnost Lustig qui faisait ses études et allait enboîte avec mons frangin Jirka. Lustig aimait plus que tout danser avec maman, c'était un bon danseur, on aurait dit une brise flottant au-dessus du parquet, et maman aimait vlaser avec lui parce que papa piétinait et soufflait comme un éléphant.
Dernière édition par Armor le Sam 21 Déc - 19:47, édité 2 fois (Raison : coquilles saint-jacques)
Cliniou- Messages : 916
Date d'inscription : 06/12/2016
Age : 54
Re: Ota Pavel
Merci Cliniou !
J'ai le livre et je le irai un de ces quatre...
J'ai le livre et je le irai un de ces quatre...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ota Pavel
Merci, je rejoins totalement ton commentaire.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Ota Pavel
merci Cliniou, je vais regarder cet auteur que je ne connais pas encore.
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Bédoulène- Messages : 21645
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
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