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Elsa Morante

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Message par Bédoulène Lun 24 Sep - 18:34

Elsa Morante
1912-1985

Elsa Morante Elsa-m11

Elsa Morante, née le 18 août 19121 à Rome et morte le 25 novembre 1985 dans cette même ville, est une romancière, nouvelliste, poétesse et essayiste italienne.
Elle passe son enfance dans le quartier populaire du Testaccio, à Rome. Fille d'une institutrice de confession juive et d'un employé des postes, elle est en fait reconnue par Augusto Morante, surveillant dans une maison de correction.

Dès l'âge de treize ans, elle publie des récits dans plusieurs journaux pour enfants et, à dix-huit ans, elle décide de se consacrer à l'écriture, quittant famille et études. Elle collabore à l'hebdomadaire Oggi, de 1939 à 1941.

Elle épouse l'écrivain Alberto Moravia en 1941 (le couple se séparera en 1962, sans jamais divorcer). Elle le suit dans l'exil décrété par les fascistes de 1943 à 1944.

Elsa Morante publie son roman Mensonge et sortilège (Menzogna e sortilegio) en 1948, qui lui vaut le prix Viareggio. En 1957, elle est lauréate du prix Strega grâce à son deuxième roman L'Île d'Arturo (L'isola di Arturo).

Elle voyage en Espagne, en URSS, en Chine et, en 1960, aux États-Unis, où elle se lie avec un jeune peintre, Bill Morrow, qui se suicide en 1962. L'année suivante, elle publie le recueil de nouvelles Le châle andalou (Lo scialle andaluso). Elle participe ensuite à la préparation du film de Pier Paolo Pasolini L'Évangile selon saint Matthieu, sorti en 1964.

Après un silence d'une décennie, elle publie en 1974 La storia, gros roman qui suscite la polémique et devient un best-seller mondial avant d'être adapté à la télévision italienne en 1986 par Luigi Comencini.

Avec Aracoeli, paru en 1982, elle reçoit en France le prix Médicis étranger 1984.

Malade des suites d'une fracture du fémur, elle tente de se suicider en 1983. Elle meurt en 1985.

En 2018, René de Ceccatty lui consacre la première biographie en français : Elsa Morante. Une vie pour la littérature (Tallandier).
source wikipedia

Oeuvres traduites en français

Romans
1948 - Mensonge et Sortilège
1957 - L'île d'Arturo
1974 - La storia
1982 - Aracoeli

Recueils de nouvelles
1963 -  Le châle andalou
2002 -  Récits oubliés
2013 - Anecdotes enfantines

Poésie
1958 -  Alibi
1968 - 2012 -  Le Monde sauvé par les gamins

Autres publications
1938 - Territoire de rêve
1987 - Pour ou contre la bombe atomique
2004 -  Petit manifeste des communistes

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Bédoulène Lun 24 Sep - 18:45

L'île d'Arturo

Elsa Morante Arturo11

Le narrateur est Arturo qui se souvient de son enfance et son adolescence sur l’île de Procida, une petite île à proximité de Naples, connue pour son pénitencier.

« Les Procidains sont revêches et taciturnes. Leurs portes sont toutes closes, rares ceux qui se mettent à la fenêtre, chaque famille vit entre ses quatre murs, sans se mêler aux autres familles. Chez nous l’amitié n’a pas bonne presse. Et l’arrivée d’un étranger éveille non pas la curiosité, mais plutôt la méfiance. »

Elsa Morante Procid12


C’est  une histoire d’amours, celui  d’ Arturo  pour  son île dans toutes ses saisons,  l’ amour qu’il porte à son père qu’il adule (le plus beau !) et l’envie d’aimer et d’être aimé.

« Le fait est que, en général, j’étais trop amoureux de l’amour : c’est là ce qui a toujours été ma vraie passion ! »

La mère d’Arturo étant morte en lui donnant naissance celui-ci a vécu le plus souvent dans la solitude, son père Wilhelm  étant très souvent absent de l’île, alors quel plaisir pour l’enfant quand il peut avoir la compagnie de Wilhelm pour lui, aussi Arturo l’imagine t-il en héros, comme dans ses lectures,  sa beauté seule l’auréole de qualités.

Wilhelm, jeune homme arrogant, cynique, indépendant, macho,  laisse son fils grandir à son gré jusqu’au jour où à l’étonnement de l’enfant il lui annonce une nouvelle mère, l’épouse a tout juste 2 ou 3 ans de plus qu’Arturo. Ses sentiments passeront  par toutes les nuances : mépris, méchanceté, amitié, amour….

Le passage de l’enfance à l’adolescence est pour tous les enfants une période délicate, découverte de son nouveau corps, du premier baiser, de  la sexualité,   mais chez Arturo  elle correspond aussi à la découverte de son père,  à la chute du « héros ».

Repoussé  par sa belle-mère, trahi par son père, Arturo quitte son île pour s’engager dans l’armée. Il sait qu’il ne retournera plus sur l’île, les champs, les rues, la mer et le ciel étoilé de son enfance. Le ciel où brille l’étoile rouge « Arcturus ».

« Le feu de cette saison infinie de mon enfance me fouetta au sang avec une violence terrible et qui me faisait presque défaillir. Et mon unique amour de ces années-là revint me saluer. Je lui dis à haute voix, comme si vraiment il avait été là tout près :
- Adieu, papa


L’adulte Arturo qui raconte revient sur l’image de son père :

« Et je voudrais lui faire savoir : peu importe même que tu sois vieux. Pour moi, tu resteras toujours le plus beau. »

Autres extraits :
Arturo : « Maintenant, je lui pardonnais tout. Même son départ avec un autre. Et même son sévère discours final, au cours duquel, en présence de Stella, il m’avait appelé, en plus du reste, « bourreau des cœurs et Don Juan », et qui, sur le moment, ne m’avait pas peu offensé. »

« Le fait est que, en général, j’étais trop amoureux de l’amour : c’est là ce qui a toujours été ma vraie passion ! »

Arturo à son père :  «  - Tu es un homme sans foi ! continuais-je de crier. Tu ne tiens ni tes promesses, ni même les serments ! tu as trahi jusqu’à l’amitié ! A présent, je sais qui tu es ! tu es un traitre ! »

« Maintenant, au contraire, pour la première fois, je connaissais cette violence inhumaine : avoir pitié de son propre sang ! «

« Or, évidemment, le Prisonnier avait dû être mis au courant par mon père de cet alphabet mystérieux que je croyais notre propriété à nous deux seulement : la mienne et celle de Wilhelm Gerace ! »

Wilhelm à sa femme : « - Je fais toujours ce qui me plait. Quand me prend l’envie de partir, je pars. Et quand me prend l’envie de rentrer, je rentre ici et, toi, tu dois faire ce que bon me semble.



J’ ai vraiment beaucoup aimé l’histoire, cette enfance d’un garçon livré à la vie sans contraintes d’autres que celles des saisons, de la mer,  sans souci du gite et du couvert, dont l’imagination accorde à l’homme qui est son père tout crédit, une  admiration sans défaut, se contentant de ce qu’il lui accorde comme sa compagnie, un regard, un sourire, voire même une critique.

La psychologie des personnages me parait très fine et juste.

Je note aussi la mentalité des hommes et des femmes Italiens à cette époque, notamment les femmes qui acceptent et même revendiquent, telle Nunziata l'épouse, leur soumission au mari. De même Arturo reconnait le droit à son père à le frapper.

L’écriture est belle, voire poétique par moment, elle dessine ce récit.


mots-clés : #enfance #lieu #relationenfantparent


Dernière édition par Bédoulène le Mar 25 Sep - 13:54, édité 3 fois

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Message par Tristram Lun 24 Sep - 20:08

Je n'ai pas lu L'Île d'Arturo, mais particulièrement apprécié La Storia.

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Message par Bédoulène Lun 24 Sep - 23:43

je lirai ce livre plus tard !

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Message par Nadine Mar 25 Sep - 12:28

Merçi pour çe retour Bédoulène !
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Message par bix_229 Mar 25 Sep - 16:18

J' étais ado quand j' ai lu L' Ile d' Arturo, et j' ai du trouver des correspondances
secrètes avec le personnage : l' amour pour son ile, les saisons, le besoin éperdu
d' etre aimé et reconnu....
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