Ngugi wa Thiong'o
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Ngugi wa Thiong'o
biographie plus détaillée ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ngugi_wa_Thiong%27oNgũgĩ wa Thiongʼo, le 5 janvier 1938 à Kamiriithu (près de Nairobi), est un écrivain kényan de langue kikuyu et anglaise. Il est actuellement professeur et directeur de l'International Center for Writing & Translation à l'Université de Californie à Irvine.
Oeuvres traduites en français :
Et le blé jaillira, 1969
La Danseuse d'ivoire et autres nouvelles, 1982
Enfant, ne pleure pas, 1984
Pétales de sang, 1985
La rivière de vie, 1988
Décoloniser l'esprit 2011
Le Procès de Dedan Kimathi, 2017
Cette impitoyable sécheresse et autres nouvelles, 2017
Combattants et Martyrs, 2017
Pour une Afrique libre, 2017
Invité- Invité
Re: Ngugi wa Thiong'o
Pour une Afrique libre :
Recueils de différents essais de l'écrivain, remaniés ou extraits de ses diverses interventions. Et donc pour thème commun l'avenir de l'Afrique. Sa propre prise en mains.
Il est à noter que Ngugi wa Thiong'o s'est d'abord fait remarquer en écrivant en anglais, puis il a décidé de renoncer à cette langue pour écrire kikuyu, sa langue "d'origine".
La question de la réappropriation de la langue est centrale chez lui, c'est uniquement ainsi qu'il voit un avenir libéré du poids du colonialisme pour le continent africain. Réinstaurer les langues locales et détrôner les langues des anciens dominants, il propose de les conserver pour communiquer entre différentes nations, mais dans son idéal elles n'ont plus leur place à l'échelon national. Ça semble logique, tant le passé est douloureux. Il préconise également un travail de mémoire sur la question de l'esclavage, et souhaite que les anciens colonisateurs assument cette part de l'Histoire. Sans travail de mémoire, point de deuil possible.
Vous l'avez compris, il s'agit d'un écrivain engagé, qui lutte contre l'impérialisme occidental, le néocolonialisme capitaliste. Avec sous le coude des réflexions de Frantz Fanon et Cheikh Anta Diop, notamment. Des réflexions également sur la question nucléaire, sur la question carcérale...
mots-clés : #colonisation #devoirdememoire #esclavage #essai
Recueils de différents essais de l'écrivain, remaniés ou extraits de ses diverses interventions. Et donc pour thème commun l'avenir de l'Afrique. Sa propre prise en mains.
Il est à noter que Ngugi wa Thiong'o s'est d'abord fait remarquer en écrivant en anglais, puis il a décidé de renoncer à cette langue pour écrire kikuyu, sa langue "d'origine".
La question de la réappropriation de la langue est centrale chez lui, c'est uniquement ainsi qu'il voit un avenir libéré du poids du colonialisme pour le continent africain. Réinstaurer les langues locales et détrôner les langues des anciens dominants, il propose de les conserver pour communiquer entre différentes nations, mais dans son idéal elles n'ont plus leur place à l'échelon national. Ça semble logique, tant le passé est douloureux. Il préconise également un travail de mémoire sur la question de l'esclavage, et souhaite que les anciens colonisateurs assument cette part de l'Histoire. Sans travail de mémoire, point de deuil possible.
Vous l'avez compris, il s'agit d'un écrivain engagé, qui lutte contre l'impérialisme occidental, le néocolonialisme capitaliste. Avec sous le coude des réflexions de Frantz Fanon et Cheikh Anta Diop, notamment. Des réflexions également sur la question nucléaire, sur la question carcérale...
Il convient de préciser que "tribu", "tribalisme" et "guerres tribales", ces termes si souvent employés pour expliquer les conflits en Afrique, sont des inventions coloniales. La plupart des langues africaines ne possèdent pas l'équivalent du mot anglais "tribe", "tribu", avec ses connotations péjoratives dues à l'évolution du vocabulaire anthropologique de l'aventurisme européen aux XVIIIème et XIXème siècles. Ces mots sont liés à d'autres conceptions coloniales telles que "primitifs", "continent noir", "traces arriérées" ou "clans guerriers".
Un jour, j'ai visité le fort aux esclaves de Cape Coast, au Ghana. L'architecture m'a laissé une impression durable. Le bâtiment comptait trois niveaux. Les niveaux supérieurs abritaient le palais du gouverneur et la chapelle. Il y avait suffisamment de place pour une salle de bal et des réceptions de mariage. Les niveaux inférieurs de la même forteresse étaient l'endroit où les esclaves captifs attendaient d'être embarqués vers l'Amérique. Le palais et l'église étaient bâtis sur les tombes des esclaves. Ainsi, tandis qu'ils esclavageaient, les riches chantaient leur gratitude au Tout-Puissant, puis, tandis qu'ils gémissaient de la joie de l'amour charnel au lit, les esclaves gémissaient en attendant la délivrance. Les cris de plaisir en haut contrastaient avec les cris de douleur en bas, mais les deux n'étaient pas sans rapport. La splendeur d'en haut était bâtie sur la misère d'en bas. Aujourd'hui, le palais mondial est bâti sur une prison mondiale. La splendeur dans la misère - voilà la base de l'instabilité mondiale.
mots-clés : #colonisation #devoirdememoire #esclavage #essai
Invité- Invité
Re: Ngugi wa Thiong'o
Le terme de "tribu" me gêne aussi un peu, mais que conseille-t-il à sa place ?
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
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Re: Ngugi wa Thiong'o
Le mot "peuple". D'ailleurs il s'étonne, à juste raison, que l'on puisse parler de peuple islandais ou danois, par exemple alors qu'on va parler de tribu ou d'ethnie pour des populations africaines qui sont autrement conséquentes que les premières.
Invité- Invité
Re: Ngugi wa Thiong'o
Merci, c'est intéressant ; je viens de lire dans Hillerman que les Navajos s'appellent eux-mêmes "le Peuple" ; d'ailleurs les "tribus" s'auto-appellent souvent les Hommes/ les humains...
Maintenant, le problème c'est que "peuple" fasse un peu "peuple"...
Par ailleurs, les termes de "clan", etc. ont une définition précise en ethnologie _ souvent il est vrai menée par les ex-colonisateurs, mais pas toujours.
Maintenant, le problème c'est que "peuple" fasse un peu "peuple"...
Par ailleurs, les termes de "clan", etc. ont une définition précise en ethnologie _ souvent il est vrai menée par les ex-colonisateurs, mais pas toujours.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
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Re: Ngugi wa Thiong'o
merci pour cet échange !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21745
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