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Ivan Sergueïevitch Tourgueniev

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Message par Aventin Lun 7 Jan - 17:52

Ivan Sergueïevitch Tourgueniev
(1818-1883)

Ivan Sergueïevitch Tourgueniev Tourgu10

Ivan Sergueïevitch Tourgueniev  (en russe : Иван Сергеевич Тургенев) est né le 9 novembre (28 octobre du calendrier grégorien) 1818 à Orel (Russie) et mort le 3 septembre (22 août du calendrier grégorien) 1883 à Bougival (France).
Ivan Sergueïevitch Tourgueniev est issu d'une famille russe aisée. Élevé dans la demeure maternelle de Spasskoje, son éducation est stricte.
À l'âge de quinze ans, il est envoyé en pension à Moscou, puis il poursuit ses études à Saint-Pétersbourg, où il rencontre Pouchkine, et écrit de la poésie.
De 1838 à 1841, il séjourne à Berlin. Il y fréquente les cercles culturels occidentaux. Son retour en Russie est marqué par sa rencontre avec la cantatrice Pauline Viardot, dont il tombe éperdument amoureux. La jeune femme est mariée, mais leur liaison est tolérée par son époux et leur entourage.
En 1843, il écrit pour le théâtre. Il lui faut attendre une dizaine d'années pour que ses écrits soient publiés. C'est avec les Récits d'un chasseur qu'il acquiert un début de notoriété.
En 1847, Tourgueniev quitte la Russie pour Berlin, afin de se rapprocher de sa bien-aimée. Mais, dans les années 1850, elle s'éloigne de lui. Désabusé, il voyage, puis s'installe de nouveau en Russie.
Il se consacre toujours à l'écriture de récits et de romans dont le thème récurrent est la vie russe.
En 1864, contrarié par les critiques de son pays, il s'expatrie définitivement, à Baden (Allemagne), puis à Bougival (France). Il se lie d'amitié avec Gustave Flaubert, Emile Zola, les frères Goncourt.
Élu vice-président au Congrès international de littérature en 1875, aux côtés de Victor Hugo, il conforte sa notoriété, et reçoit un accueil chaleureux lors d'un retour dans son pays d'origine.

Une biographie un petit peu moins aride sur La République des Lettres..

L'écrivain-académicien français Henri Troyat lui a consacré une bio de 250 pages parue en 1992 chez Flammarion sous le titre Tourgueniev.
Diverses sources

Bibliographie :

Nouvelles
- André Kolosov (1844)
- Les Trois Portraits (1846)
- Un bretteur (1847)
- Le Juif (1847)
- Petouchkov (1847)
- Mémoires d'un chasseur (1847), recueil de nouvelles. Édition définitive et augmentée, en 1874:      
Spoiler:
- Le Journal d'un homme de trop (1850)
- Trois rencontres (1852)
- Moumou (1852),
- Les Eaux tranquilles (1854), parfois intitulée Un coin tranquille, ou encore L'antchar. Version définitive en 1856.
- Deux amis (1854)
- L'Auberge de grand chemin (1855)
- Une correspondance (1856)
- Jacques Passinkov (1856)
- Faust (1856)
- Excursion dans les grands-bois (1856)
- Assia (ou Asya) (1858)
- Premier Amour (1860),
- Apparitions (1864),
- Assez ! (1865)
- Le Chien (1866),
- L'Abandonnée, nouvelle aussi connue sous le titre L'Infortunée (1869)
- Étrange Histoire (1870)
- Un roi Lear des steppes (1870)
- Pounine et Babourine (1874)
- La Montre (1875)
- Un rêve (1877)
- Le Chant de l'amour triomphant (1881)
- Clara Militch (1883), aussi connu sous le titre Après la mort.
- La Caille (1883)
- L'Exécution de Troppmann (1870), publiée dans les Souvenirs sur Tourguéneff, d'Isaac Pavlovsky Savine, 1887.

Romans
- Roudine (1856)
- Nid de gentilhomme (1859)
- À la veille (1860)
- Pères et Fils (1862).
- Fumée (1867)
- Eaux printanières (1871)
- Terres vierges (1877)

Théâtre
- L'Imprudence (1843)
- Sans argent (1846)
- Le fil rompt où il est mince (1848)
- Le Pain d'autrui (1848)
- Le Célibataire (1849)
- Un mois à la campagne, écrite en 1850, créée en 1879.
- La Provinciale
- Le Déjeuner chez le maréchal
- Le Pique-assiette
- Conversation sur la grand-route
- Un soir à Sorrente

Poésie
- Senilia, poèmes en prose - en français dans la collection Orphée, Éditions de la Différence, 1990.

Source wikipedia


Dernière édition par Armor le Mar 8 Jan - 16:16, édité 1 fois (Raison : retouches mise en forme)
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Message par Aventin Lun 7 Jan - 17:53

L'Abandonnée
(NB: parfois intitulée L'Infortunée)
Date de parution 1869

Suivi de:

Jacques Passinkov
Date de parution 1856

Et de:

Andreï Kolosov
Date de parution 1844

Ivan Sergueïevitch Tourgueniev L_aban10



L'éditeur n'a pas rassemblé ces trois nouvelles tout à fait au hasard il me semble, bien que parues sur vingt-cinq ans, elles ont des correspondances, des points communs.

En préface, l'écrivain et critique littéraire Edmond Jaloux souligne que "chez Tourgueniev l'unité était grande entre l'homme et l'écrivain", ajoutant un peu plus loin, avec audace si ce n'est avec témérité:
"Je crois que Tourgueniev avait très peu d'imagination. Tout ce qu'il a écrit, il l'a certainement vu; (...)"  

J'aime à croire que ce recueil constitue un petit échantillonnage représentatif œuvre-vie...

______________________________________________________________________________________________________________________

L'Abandonnée

Nouvelle (?) à mon avis plutôt court roman, puisque ça "pèse" tout de même ses 185 pages.
Moscou, 1835. Une amitié naît entre deux étudiants, sages jeunes hommes de bonne éducation, de familles aisées.
L'un est le narrateur, Pierre Gavrilovith, l'autre se nomme Alexandre Davidovitch Fustov.
De bon matin, le narrateur est chez son ami Fustov quand fait irruption un certain Ivan Demïanitch Ratsch, la cinquantaine, physique désavantageux, professeur à peu près universel, Tchèque d'origine, germanophone.

Quelques jours après, les deux amis s'en vont chez ce monsieur Ratsch, ce dernier et Alexandre Davidovitch interprètent un peu de musique, Suzanne, fille de Ratsch, fait une apparition et détonne du reste de la nombreuse famille de Ratsch:
La nature essentiellement aristocratique de celle-ci trahissait par mille symptômes je ne sais quelle mélancolie inquiète

Peu de temps après, le fils cadet de Ratsch, Victor, tendance mauvais garçon, joueur, bambocheur et poches-percées, croise la route de nos deux amis.

Il conte à Alexandre Davidovitch on ne sait quelle histoire, se dernier s'enfuit avec précipitation à la campagne. Suzanne paraît, désespérée, à une heure très tardive chez Pierre Gavrilovith, semblant au comble du malheur. Après une scène tout en attitudes sans postures et demi-mots, où elle enjoint Pierre Gavrilovith d'écrire à Alexandre Davidovitch en urgence, elle disparaît dans la nuit glacée et tempétueuse, après avoir remis à Pierre Gavrilovith un cahier...

Le "je" narratif passe à alors à Suzanne, et le procédé littéraire est assez bien troussé, c'est stylistiquement une réussite. Nous entrons alors dans le cœur de la nouvelle (ou roman), ne dévoilons pas...

Ce "je" narratif reviendra au final à Pierre Gavrilovith pour ce qui est, vous l'aurez deviné, un drame.  

Quelques, sinon longueurs, du moins temps faibles peut-être, mon ressenti est que 185 pages, on peut douter que ce soit la distance de prédilection de l'auteur: aussi peuplé de personnages qu'un roman plus long, certains sont restés à l'état esquissé (Michel, le "jeune premier") d'autres à peine crayonnés (la mère de Suzanne) alors que la "matière" promettait...

Tourgueniev joue beaucoup de l'extranéité afin d'obtenir du relief dans les caractères, et aussi dans les relations entre les caractères (remarque valable aussi pour les deux nouvelles ci-dessous), le résultat est plaisant, c'est vraiment réussi.

On peut se demander, dans cet ordre d'idée, si ce que je viens de qualifier de temps faibles ou longueurs n'appartient pas à un même procédé, qui consiste à mettre les faits saillants bien en relief, entourés d'étendues de texte plus aplaties: que le candidat à la lecture de L'Abandonnée soit rassuré, il s'agit d'assez brèves, somme toutes, sautes de rythme -à l'échelle de la nouvelle- que d'intempestives  tartines de remplissage !

Il s'ajoute aujourd'hui et ici ce quasi-exotisme, sociétal, temporal et de mœurs, de la Russie des années 1830, nécessairement imprévu lors de la parution:
L'intérêt en est accru, là où d'autres ouvrages, peut-être portés par un moindre talent, seraient ( et sont, sans nul doute) tombés en désuétude.


______________________________________________________________________________________________________________________

Jacques Passinkov

Une amitié entre deux jeunes hommes toujours, épris de la même jeune fille, qui ouvrira son cœur à un troisième.

La nouvelle commence à Pétersbourg, l'hiver, "le premier jour du carnaval". Le narrateur dîne chez un ami, en compagnie d'un certain Constantin Alexandrovitch Assonov, d'un "petit monsieur aux cheveux blonds, un de ces éternels convives, comme il y en a tant à Pétersbourg, qu'on n'invite jamais et qu'on rencontre partout" , remplaçant au pied levé "un écrivain qui jouissait alors d'une certaine célébrité" (évocation de Lermontov  -cité dans la nouvelle- ?).

Assanov, après boire, se vante d'avoir un oncle éminent en ce sens qu'il est aimé d'une de ses filles, et jette, fanfaron, sur la table une collection de lettres de cette jeune fille: il se trouve que le narrateur la connaît d'autant mieux qu'il croyait, jusqu'à cet instant, en être aimé...

Quant au troisième, Jacques Ivanitch Passinkov, c'est sur son lit de mort qu'il révèlera au narrateur cet amour pour Sophie, la jeune fille en question, amour jamais déclaré, tenu hermétiquement secret...

Cette excellente nouvelle évite tous les écueils du mélo-pathos, ce qui constitue une gageure vu le thème, et permet une évocation, qu'on devine bienveillante et tendre mais sans réelle complaisance, du Romantisme via le personnage de Passinkov.  

______________________________________________________________________________________________________________________


Andreï Kolosov

Celle des trois nouvelles dont le narrateur est le moins identifiable à Tourgueniev lui-même.

Cela commence par:
"Dans un petit salon meublé assez joliment, quelques jeunes gens se trouvaient assis autour de la cheminée. La soirée -une soirée d'hiver- commençait à peine; le samovar bouillait sur la table; (...)"
Intervient un homme petit, pâle, lassé des conversations, qui propose que chaque convive décrive une personne remarquable qu'il a rencontrée.

Le narrateur, qui le restera jusqu'au terme de la nouvelle, raconte alors son amitié pour un certain Andreï Kolosov, amitié qu'il a recherchée, puis le fait de tomber amoureux de la bonne amie de ce dernier, dès que celui-ci eut rompu, mais...

On ne voit pas très bien excepté un trait ou deux, surlignés d'abondance au reste, ce qu'il y a de remarquable en Kolosov: nouvelle qui détonne un peu, en-deça des deux précédentes, du moins est-ce mon ressenti.


mots-clés : #nouvelle #xixesiecle
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Message par ArenSor Lun 7 Jan - 18:53

Des éternités que je dois lire les "Mémoires d'un chasseur" ; occasion de les faire remonter dans la PAL Very Happy
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Message par Invité Lun 7 Jan - 19:11

Merci pour le fil.

ArenSor a écrit:Des éternités que je dois lire les "Mémoires d'un chasseur" ; occasion de les faire remonter dans la PAL Very Happy
+1, j'ai aussi Eaux printanières.

Je n'ai rien lu de l'auteur depuis Premier amour, et ça date de mes années lycée ... Rolling Eyes

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Message par Quasimodo Lun 7 Jan - 20:09

Arturo a écrit:Je n'ai rien lu de l'auteur depuis Premier amour, et ça date de mes années lycée ... Rolling Eyes
Pareil…
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Message par Tristram Lun 7 Jan - 21:28

« Quelque part, très loin, une petite feuille immobile prolonge un rameau effilé sur un lambeau d’azur ; à côté, une autre s’agite d’un mouvement qui semble spontané et rappelle le jeu d’une nageoire. Pareils à de féeriques îles sous-marines, de blancs nuages voguent et disparaissent lentement. Et soudain, cette mer, cet éther radieux, ces feuilles et ces branches inondées de soleil, tout ruisselle, tout frissonne d’un éclat fugitif ; un bruissement frais s’élève, semblable au léger clapotis d’une houle subite. »
Ivan Tourgueniev, « Mémoires d’un chasseur », IX
Veinards aux belles heures de lecture devant eux !

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Message par églantine Lun 7 Jan - 21:53

Quasimodo a écrit:
Arturo a écrit:Je n'ai rien lu de l'auteur depuis Premier amour, et ça date de mes années lycée ... Rolling Eyes
Pareil…
Idem . Inutile de vous dire que ça date .Misère . Rolling Eyes
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Message par Tristram Lun 7 Jan - 21:59

Moi je ne m'en souviens même pas de mon premier amour, alors, ma première lecture...

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Message par Bédoulène Mar 8 Jan - 0:01

Ivan Sergueïevitch Tourgueniev 1390083676

moi aussi c'est loin, loin...............

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Message par bix_229 Mar 8 Jan - 16:00

Tourgueniev est un auteur russe mineur. Ceci dit sans que le terme soit péjoratif.
Mais il a laissé de très bons livres comme Mémoires d'un chasseur ou Journal d'un
homme de trop.
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Message par Aventin Mar 8 Jan - 21:22

Et bien tu vois Bix, à l'aune des deux premières nouvelles ci-dessus, bien fraîches dans ma mémoire (la troisième est une nouvelle de commençant -histoire de ne pas dire débutant, je ne l'ai pas dit en commentaire mais au vu des dates vous l'avez compris-), je tiens Tourgueniev pour un fort nouvelliste, avec une technicité d'écriture, couplée à un style littéraire identifiable, loin d'être de second plan.
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Message par bix_229 Mar 8 Jan - 21:56

C'est exact, Tourgeniev est un excellent nouvelliste. C'est sa force et sa limite
si on le compare aux Gogol, Dostoievski, Pouchkine, Tolstoi.
Il manque de souffle et de passion extreme.
En revanche, il a le sens de la nuance et il est beaucoup plus familier qu'eux
et sa maitrise est parfaite, sa délicatesse surprenante.
Il n'est pas abstrait et il a le sens de la vie et de l'art.
Il a eu le tort de s'avancer sur le terrain politque et Pères et fils est un plantage.
Connaissait-il cette Russie qu'il avait quitté tot et longtemps ?
Il le croyait.
Il reste à déouvrir.
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Message par Tristram Lun 23 Mar - 12:39

Journal d'un homme de trop

Ivan Sergueïevitch Tourgueniev Journa11


Tchoulkatourine, l’homme « superflu, ou être surnuméraire » ‒ « de trop » ‒ commence un journal tandis que ses jours sont comptés (la scène finale, de l’agonie, sera poignante). Il se remémore une enfance morose, tôt orphelin d’un père aimant mais joueur, et ruiné ; il évoque surtout son seul amour, non partagé sans même qu’il s’en doute, situation qui l’humilie dans une médiocre ville de province.
Typiquement slave et XIXe (lors d’un bal, Tchoulkatourine provoque en duel le prince dont Lise est tombée amoureuse) :
« J’avoue franchement qu’il y avait une solution, une seule, qui ne me vînt jamais en tête : je ne songeai pas une seule fois à m’ôter la vie. Je ne saurais dire pourquoi cette pensée ne se présenta jamais à mon esprit… »
C’est aussi (et surtout ?) une satire de la société russe ; les descriptions des personnages sont tout sauf flatteuses ; le trait est vif, facilement acerbe !
« …] je jetai tranquillement les yeux autour de moi et les arrêtai sur une demoiselle qui avait une figure allongée, un nez rouge et luisant, une bouche qui s’ouvrait si disgracieusement qu’on l’aurait crue déboutonnée, et un cou veineux qui rappelait l’archet d’une contrebasse. Je m’approchai froidement d’elle et l’invitai d’un air dégagé en faisant sèchement frapper mes talons l’un contre l’autre. Elle portait une robe rose qui paraissait relever de maladie et entrer à peine en convalescence ; une espèce de mouche déteinte et mélancolique tremblait sur sa tête et se balançait sur un gros ressort en cuivre. Elle semblait en général pénétrée d’outre en outre, si l’on peut s’exprimer ainsi, d’une sorte d’ennui aigre et d’infortune moisie. »

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Message par animal Lun 23 Mar - 12:57

Ah c'est mignon comme extrait dis-donc Ivan Sergueïevitch Tourgueniev 3866672782

A faire passer Montherlant pour un type sympa ?

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Message par Tristram Lun 23 Mar - 13:03

Il est bien placé pour le Guiness des dents dures...

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Message par Bédoulène Lun 23 Mar - 13:11

l'auteur est ainsi avec toutes les femmes ? dans d'autres lectures ?

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Message par Quasimodo Lun 23 Mar - 13:27

Un portrait à faire pâlir d'envie Thackeray !
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Message par bix_229 Lun 23 Mar - 14:42

Toute lecture est évidemment subjective, dans le cas précedemment cité, elle est carrément
réductrice et meme tendancieuse.
Voilà l'histoire d'un homme qui a tout raté jusqu'à son premier et dernier amour et qui, à trente ans va mourir.
Son échec sentimental est son ultime échec. Et d'une certaine façon, sa vision rejoint celle d'un
Cioran. Sauf que le pessimisme de Cioran l'aidait à vivre.
Alors que le narrateur de Un homme en trop n'a désormais plus d'espoir, plus d'avenir, plus d'ilusions et que son seul recours -très provisoire- consiste pour lui à valoriser son échec.
Et son échec amoureux est un prétexte à l'affirmation douloureuse de vivre, au non sens de la vie meme.
Et c'est ce qui rend poignant ce témoignage. Parce que, à la fin, tout homme, quel que soit son passé ou sa valeur, est confronté à la vanité de la vie meme, de ses promesses fallacieuses.
A la vérité sans masque ni prétexte.

Lorsqu’un homme heureux est complètement sain d’esprit et de cœur, on sait que son cerveau travaille peu. Un sentiment calme et serein, le sentiment de la satisfaction s’empare de tout son être, il en est envahi, la conscience de sa personnalité lui échappe. “Il nage dans la béatitude”, disent les mauvais poètes, mais lorsque ce “charme” s’évanouit enfin, l’homme éprouve quelquefois un certain dépit, presque un regret de s’être si peu observé au milieu de son bonheur, de n’avoir point appelé la réflexion et le souvenir à son aide pour prolonger et doubler ses jouissances, comme si “dans la béatitude” l’homme pouvait trouver qu’il valût la peine de réfléchir sur ses sentiments ! L’homme heureux est comme une mouche au soleil.


Dernière édition par bix_229 le Lun 23 Mar - 16:11, édité 1 fois
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Message par Tristram Lun 23 Mar - 16:07

Bix a écrit:Toute lecture est évidemment subjective, dans le cas précedemment cité, elle est carrément réductrice et meme tendancieuse.
Je réfute. La description parodique de la bonne société autour de Tchoulkatourine dans la "ville de district O…" occupe la moitié de la novella, toute la partie centrale ; mais ce regard acerbe ne concerne pas que les femmes, comme l'extrait que j'ai cité a semblé le faire croire.
Le préfet de la ville, homme d’une obésité peu commune et qui semblait avoir été taillé dans un ballot avarié, se rendait chez lui dans un large drochki à deux chevaux. Il recevait aussi les autres employés : le procureur, créature bilieuse et méchante ; l’arpenteur, grand diseur de bons mots, d’origine allemande et à figure tartare ; l’officier des ponts et chaussées, âme tendre, bon chanteur, mais mauvaise langue ; l’ex-chef du district, individu à cheveux teints, à chemise fripée et à pantalon étroit. Celui-ci était doué de cette expression grandiose de physionomie particulière aux gens qu’un jugement a convaincus de péculat.
On remarquera que certains défauts des invités pourraient être reprochés au narrateur...
J'y ai vu l'aspect grincheux et acariâtre d'un exclus de cette société, de plus malade condamné à mourir à brève échéance.
Mais on peut bien sûr tirer une leçon philosophique de ce texte, qui a d'ailleurs plusieurs niveaux de lecture, dont la reprise du type (assez russe je crois) de "l'homme de trop", et la satire burlesque du milieu provincial aisé.

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Ivan Sergueïevitch Tourgueniev Empty Re: Ivan Sergueïevitch Tourgueniev

Message par Dreep Mar 18 Aoû - 12:12

L'exécution de Troppmann et autres nouvelles

Ivan Sergueïevitch Tourgueniev L_exec10

Dans ces cinq nouvelles, Tourgueniev s’interroge sur son époque, sur l’être humain (parfois sur lui-même) alors que la société s’apprête à vivre certains changements (révolution de 1848 à Paris, disparition progressive de l’aristocratie telle qu’il a connue). Certaines de ces nouvelles ont été dictées à Pauline Viardot, notamment Un incendie en mer, quelques jours avant la mort de l’écrivain russe. L’auteur rend compte d’attitudes qu’il a pu observer, comportements révélateurs des grands bouleversements qui s’annoncent. On reste dans la petite touche, dans l’anecdote, où Tourgueniev a parfois mélangé réalité et fiction dans un subtil dosage, par exemple dans le curieux personnage de la première nouvelle, Monsieur François. « Monsieur François » n’a rien d’un personnage Dostoïevskien, au côté « fou qui voit plus loin que les autres » près ; ses prédictions et ses visions sur l’art et sur la philosophie font une sorte de portrait mental qui, à la veille de 1848, est malgré tout plus amusant que réellement frappant. Tourgueniev est peut-être plus intéressant, plus palpitant lorsque il parle de choses qu’il a vécu de l’intérieur : dans L’exécution de Troppmann auquel il a participé en tant que spectateur, dans Un incendie en mer, épisode de sa jeunesse, où il s’est sauvé d’un bateau qui prenait feu sur la mer Baltique. Il analyse, au rythme de l’événement (étape par étape, dans L’exécution de Troppmann) ses peurs, sa honte, l’état de fébrilité irrationnelle qui le poussait à se fondre dans la foule en liesse.

Tourgueniev a écrit:On a bien raison de dire que rien n'égale le tragique, si ce n'est le comique, d'un naufrage en mer.


Mots-clés : #nouvelle
Dreep
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