Ivan Gontcharov
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Ivan Gontcharov
Source EvèneEn 1847,Ivan Gontcharov publie son premier roman,Une histoire ordinaire, et commence la rédaction d''Oblomov', son chef d'oeuvre, publié en 1859 et qu'il mettra dix ans à rédiger. En tant que haut fonctionnaire, il travaille pour le Ministère de l'Instruction Publique, puis comme attaché au Ministèe des Finances où lui incombe la tâche d'établir les premières relations commerciales avec le Japon. A cet effet il embarque sur une frégate, relaté dans 'La Frégate Pallas', document sociologique et ethnographique unique pour son temps. Il sera ensuite nommé à la censure et aux affaires de presse. Son oeuvre complète,des essais, des critiques, des portraits, des nouvelles, des contes, de la poésie et des traductions (Schiller, Goethe), des analyses critiques (Balzac, Zola, Flaubert, les Goncourt, Lemontov). Il est l'un des fondateurs du roman réaliste russe, et maître du réalisme positif. Monument de la littérature russe, 'Oblomov' crée un personnage mythique, donnant naissance au concept d'oblomovisme. Son héros ne se bat pas, ne quitte ni sa robe de chambre ni son domicile, passe du canapé au lit et vice versa, n'agit que dans ses rêves, engourdi par une enfance protégée, inapte à la vie. Deux ans après l'abolition du servage par le tsar (1857), ce roman satirique raconte avec humour la disparition des petits propriétaires terriens, face à la nouvelle élite de l'industrialisation. Son dernier livre, le ravin (1869) fait le procès du nihilisme.
Bibliographie en français :
1836 : Nymphodora Ivanovna (publié anonymement, retrouvé en 1959) ; Page 1
1838 : La Terrible Maladie
1847 : Une histoire ordinaire
1856 : La Frégate Pallas
1859 : Oblomov ; Page 1
1869 : Le Ravin
1889 : Mois de mai à Pétersbourg
MAJ de l'index le 28/09/2018
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bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Ivan Gontcharov
Oblomov
ll est temps que je vienne au secours d'Ivan Gontcharov avant qu'on l'oublie...
Oblomov, esprit vide, infantile, passif, régressif ? Voilà ce qu'on reproche à ce personnage de Gontcharov.
A ceux qui l'accusent de rever sa vie, Oblomov pourrait répondre qu'il préfererait vivre son rêve. Mais il ne répond rien. En fait, il défend fermement sa conception à lui de la vie. Contre ses prétendus amis qui cherchent à l'enrégimenter, à le culpabiliser, qui voudraient bien le marier et faire son bonheur malgré lui ; lui donner des ambitions sociales, bref en faire un conformiste bon teint comme euxv
A tous ceux-là, à tous les esprits positifs, Oblomov rappelle que le rêve est supérieur à l'homme, à la réalité, à la vie même. Et que s'il ne la remplace pas, il permet au moins d'échapper à ses aspects les plus sordides, à reculer les limites du possible.
Mais que serions nous donc sans le rêve, sans la possibilté de réinventer le monde, de le réanchanter. De le transcender ?...
Oblomov symbole du naufrage humain et de la régression ? Certainement pas, mais il dit non à la banalité. Aux compromis. C'est un rêveur sensible, et il a gardé de l'enfance le souvenir lumineux et créateur qui lui permet de vivre. Enfin de survivre.
Mais parce qu'il veut que la vie réalise son rêve, Oblomov parvient à opposer sa volonté d'etre comme son moi intime le lui demande. Il réussit à être lui-même en dépit des autres qui n'ont que faire de sa révolte intérieure. Et satisfait au fond d'etre différent d'eux.
Car ce rêveur sensible, finit par s'opposer timidement mais fermement à ses amis. Tout aussi fermement que le Bartleby de Melville à qui il me fait penser.
Que fait il ? Un simple pas de côté.
En tant que personnage romanesque, il s'oppose à tous ces héros positifs qui bombent le torse, et à ceux qui n'ont rien choisi.
A tous ceux que la société étouffe, à force de conseils irréalistes, de sagesse bleme, de moralisme béat ou d'esprit de compétitivité avant de les rejeter usés.
Oblomov est aussi attaché à ses chimères que Don Quichotte, sauf qu'il n'en meurt pas et ne s'en repent pas non plus.
Oblomov, c'est finalement la recherche obstinée, souterraine du bonheur. D'une certaine forme de bonheur en tout cas.
C'est l'histoire d'un rêve exaucé. Ce rêve poétique et nostalgique, Gontcharov le partage sans l'approuver nécessairement. Il laisse simplement son personnage s'exprimer librement. Comme le faisait Dostoievski avec les siens.
Et tout le style de Gontcharov est lié à son projet. Il n'est qu'à voir le célèbre passage intitulé "le rêve d'Oblomov".
Ce personnage, je l'ai inventé ?
Peut-être. Chaque livre publié appartient à celui qui le lit.
mots-clés : #philosophique #xixesiecle
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ivan Gontcharov
merci Bix, j' ai l'impression que c'est le seul livre Oblomov facile à trouver
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Ivan Gontcharov
Je ne sais pas. Je jeterai un coup d' oeil à la médiathèque départementale.
Mais Oblomov est son chef d' oeuvre. En tout cas celui qui le reflète le mieux.
Et il avait eu un impact sur la société de son temps.
Mais Oblomov est son chef d' oeuvre. En tout cas celui qui le reflète le mieux.
Et il avait eu un impact sur la société de son temps.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ivan Gontcharov
Nymphodora Ivanovna
Un récit vraiment marquant. L'histoire d'une jeune femme russe perdant son mari fraîchement épousé.. Il y a beaucoup d'émotion dans cette histoire ce qui est assez déroutant car elle est directe, pure et étrangement simple, accessible. Gontcharov nous aide à la ressentir car il s'adresse directement à nous, joue le médiateur en tant que narrateur pour que nous puissions comprendre ce qui a priori nous est étranger.. Il nous explique la psychologie de l'héroïne et lui donne une véracité, une réalité en se jugeant lui, narrateur et auteur incapable de contrôler ni d'anticiper les actions de son personnage. Mélange des genres, drame réaliste, intrigue policière, le récit est accompagné d'un style précis, efficace, et percutant. Un style presque journalistique mais d'une époque où la presse savait écrire.
Je ressors ravi de cette lecture marquante.
mots-clés : #psychologique
Un récit vraiment marquant. L'histoire d'une jeune femme russe perdant son mari fraîchement épousé.. Il y a beaucoup d'émotion dans cette histoire ce qui est assez déroutant car elle est directe, pure et étrangement simple, accessible. Gontcharov nous aide à la ressentir car il s'adresse directement à nous, joue le médiateur en tant que narrateur pour que nous puissions comprendre ce qui a priori nous est étranger.. Il nous explique la psychologie de l'héroïne et lui donne une véracité, une réalité en se jugeant lui, narrateur et auteur incapable de contrôler ni d'anticiper les actions de son personnage. Mélange des genres, drame réaliste, intrigue policière, le récit est accompagné d'un style précis, efficace, et percutant. Un style presque journalistique mais d'une époque où la presse savait écrire.
Je ressors ravi de cette lecture marquante.
mots-clés : #psychologique
Hanta- Messages : 1597
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 37
Re: Ivan Gontcharov
Le plaisir revient Hanta ?? Chouette !
shanidar- Messages : 1592
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Ivan Gontcharov
Pas vraiment. La lecture me fait tenir et je lis vraiment des oeuvres exceptionnelles en ce moment.
Hanta- Messages : 1597
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 37
Re: Ivan Gontcharov
Oblomov
Lu dans la première traduction française (P. Artamov et C. Deulin), qui a l’avantage d’être presque contemporaine et (donc) d’un français châtié, mais tronque sévèrement l’original : à relire dans la traduction intégrale de Luba Jurgenson !
Ce personnage attachant m’a réjoui, si bien servi par l’humour incessant de son auteur.
D’abord c’est un doux ; il est intéressant d’accoler ce qualificatif à un homme adulte pour percevoir comme il en fait un individu peu viril, pas en phase avec notre société. Pusillanime, velléitaire, procrastinateur, casanier, timoré, incurieux (dans les deux sens du terme) mais soucieux, Elie Oblomov est particulièrement inadapté à notre monde de presse et de célérité, d’activité intense, d’ambition carriériste.
Comme le Bartleby de Melville "would prefer not to", « n’aimerait autant pas », Oblomov répète « n’approchez pas, n’approchez pas ! vous venez du froid »… Sinon, il rêve dans l’expectative de la vie, il est épuisé.
Gontcharov impute le penchant d’Oblomov à l’atavisme, à son enfance paisible, simple (et gâtée) dans une campagne éloignée, où l’engouement pour le labeur et le changement étaient assez limités, les gens sans besoins et assez apathiques dans une société structurée par les coutumes, l’insouciance le disputant à la négligence. La peinture des mœurs rustiques est très pertinente ‒ et vaut pour d’autres contrées…
Les autres personnages sont aussi magistralement dépeints, comme son serviteur, Zakhare, « un chevalier de peur et de reproche », passionnément dévoué et dans le même temps particulièrement désastreux, parfait produit atavique du paternalisme en aigri à cheval sur l’époque du serf et celle du « coquin ».
Satires, y comprise celle des auteurs réalistes ‒ dont Gontcharov fait partie :
« Ils ne représentent que des voleurs, des femmes perdues, exactement comme s’ils les empoignaient dans la rue et les conduisaient au poste. […] Qu’on représente un voleur, une femme perdue, un sot bouffi d’orgueil, mais qu’en eux on n’oublie pas l’homme ! Où donc est l’humanité ? Vous ne voulez écrire qu’avec la tête ! criait presque Oblomoff. Vous croyez que la pensée n’a rien à faire avec le cœur ? »
Dans notre société si attentive (au moins verbalement) aux minorités et si sensible à la défense des faibles (donc démocratique), il me semble que l’on oublie un peu ceux qui ne sont pas taillés pour la foire d’empoigne, pas forcément paresseux, peut-être sujets à la peur, ou peu faits pour le travail et l’effort, ou sensibles justement, ou encore qui prennent le (long) temps de la réflexion…
(France Culture)« Dans une société où règnent compétitivité, performance et puissance, la fragilité n’est pas de mise. Or le déni de fragilité amoindrit notre fraternité et la considérer élargirait notre humanité. »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
Date d'inscription : 09/12/2016
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Localisation : Guyane
Re: Ivan Gontcharov
Tristram a écrit:
Dans notre société si attentive (au moins verbalement) aux minorités et si sensible à la défense des faibles (donc démocratique), il me semble que l’on oublie un peu ceux qui ne sont pas taillés pour la foire d’empoigne, pas forcément paresseux, peut-être sujets à la peur, ou peu faits pour le travail et l’effort, ou sensibles justement, ou encore qui prennent le (long) temps de la réflexion…
Faut absolument que je le lise!
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8560
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Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Ivan Gontcharov
Tristram, tu dirais que c'est un roman "philosophique" (selon le mot-clé si-dessus)?
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8560
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Ivan Gontcharov
Je vais écouter cette conférence avec grand intérêt. Et pessimisme quant à cette question.
Pour Oblomov, j'avais aimé, même si je m'étais au final un peu ennuyé. Je crois que j'en attendais trop. Dans le genre, je préfère les personnages d'Albert Cossery.
Pour Oblomov, j'avais aimé, même si je m'étais au final un peu ennuyé. Je crois que j'en attendais trop. Dans le genre, je préfère les personnages d'Albert Cossery.
Invité- Invité
Re: Ivan Gontcharov
C'est moi qui suis cruche ou ça ne peut pas se podcaster?
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topocl- Messages : 8560
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Ivan Gontcharov
Je viens de relire le commentaire de Bix (où je retrouve notamment la référence à Bartleby), avant de répondre à Topocl : mon commentaire est ma lecture d'Oblomov, orientée par des années de réflexions sur le regard critique qu'on porte sur les "fainéants" sous diverses latitudes, réflexions qui m'ont amené à des points de vue en dehors du consensus général. Ma lecture est donc partiale, et Oblomov n'est pas objectivement un ouvrage philosophique ; on pourrait aussi en faire une lecture politique, à la charnière de la Russie et de l'URSS, ou une étude de la confrontation ville-campagne, ou cultures Est-Ouest, ou encore un regard sur le progrès versus coutumes ancestrales, l'action opposée à la fatalité. C'est en tout cas un roman de mœurs très agréable à lire (ne serait-ce que par son humour) ; bel épisode par exemple des paysans qui regardent pourrir une galerie ou un perron, et se désolent quand ils s'effondrent _ sans pour autant intervenir. Gontcharov ne prend pas partie, juge encore moins : mais on sent son empathie pour ses personnages, qui viennent fort probablement de ses expériences et observations personnelles.Bix a écrit:Ce personnage, je l'ai inventé ?
Peut-être. Chaque livre publié appartient à celui qui le lit.
_________________
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Tristram- Messages : 15964
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ivan Gontcharov
Quand j'ai lu le livre, il était frappant de constater que la critique du personnage se poursuivait encore.
On l'accusait de mille maux et notamment d'aller à l'encontre d'une vie "positive", raisonnable, normative.
Et ça avait provoqué chez moi une explosion de colère.
J'avais mon idée sur le travail salarié et ses séquelles et sur la bienséance des vies dans les rails, axées sur le travail et la morale qui l'accompagne.
De la vie qu'on perd en croyant la gagner.
Bref, une morale d'esclave, content de l'être. Et dont le taylorisme ou le stakahnovisme n'étaient qu'une extension démente de la valeur travail.
J'avais lu Le Droit à la paresse de Lafargue et plus tard André Gorz qui énoncaient clairement l'escroquerie misérabiliste de la valeur travail et sa non nécessité.
Oblomov réconciliait aussi en moi quelque chose du rêve enfantin brutalement interrompu.
On l'accusait de mille maux et notamment d'aller à l'encontre d'une vie "positive", raisonnable, normative.
Et ça avait provoqué chez moi une explosion de colère.
J'avais mon idée sur le travail salarié et ses séquelles et sur la bienséance des vies dans les rails, axées sur le travail et la morale qui l'accompagne.
De la vie qu'on perd en croyant la gagner.
Bref, une morale d'esclave, content de l'être. Et dont le taylorisme ou le stakahnovisme n'étaient qu'une extension démente de la valeur travail.
J'avais lu Le Droit à la paresse de Lafargue et plus tard André Gorz qui énoncaient clairement l'escroquerie misérabiliste de la valeur travail et sa non nécessité.
Oblomov réconciliait aussi en moi quelque chose du rêve enfantin brutalement interrompu.
Dernière édition par Armor le Jeu 15 Fév - 17:00, édité 2 fois (Raison : vvais lu Le Droit à la paresse de Lafargue)
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ivan Gontcharov
D'aucuns liront ce roman qui n'en finit pas de s'étirer dans une lenteur sans égale, si ce n'est celle d'Oblomov justement, comme une satire visant à épingler l'homme paresseux .
D'autres s'attacheront plus volontiers à son aspect socio-historique tant il est vrai qu'Ivan Gontcharov nous décrit avec une grande justesse une Russie déclinante dont les personnages principaux nous livrent les clés pour appréhender ce large virage . Nous sommes à une époque carrefour où s'installe progressivement l'abolition du règne du servage et de la puissance monarchique et patriarcale . Oblomov représentant l'un de ses propriétaires terriens déjà nostalgique d'une époque qui s'efface .
Certes , oui , toutes ces grilles de lectures sont intéressantes mais tellement réductrices face à cette oeuvre majeure de la littérature interprétable à l'infini .
Car nous voilà face à un grand roman , un de ces monuments portés comme tel par des personnages clés , traités en dehors de toute volonté archétypale mais dans toute une profondeur typiquement slave , qui n'a pas son équivalence dans notre littérature française .
Roman où il faut se glisser entre les lignes , pour accéder à sa dimension existentielle .
Tout est dit ."Je n'ai nulle part où me cacher de la vie" .
Oblomov , c'est plus de 500 pages autour de ce constat tragique .
L'homme malade de la vie . Dans la tragédie silencieuse .
Ouvrir un oeil le matin et déjà se dire qu'il faut y aller ...Et Oblomov , ce barine cruellement lucide choisit ( ou subit) le renoncement .
Renoncement face à la vanité du monde .
Et par faiblesse ou courage , Oblomov , dans la toute plénitude et puissance douloureuse de sa lucidité se calfeutrera dans son rôle de Platon en robe de chambre . A l'abri du feu de la vie .
Oblomov "Poète dans la vie parce que la vie c'est de la poésie , libre à eux de la fausser ".
La vie ..."C'est la rançon du feu de Prométhée " luit dit Stolz , son meilleur ami , Stolz plein de fougue , l'homme du devenir , rationnel , dans le mouvement incessant , porté par une ferveur aussi débordante que l'apathie d'Oblomov .
La synthèse de ces deux opposés , c'est Olga . Magnifique personnage féminin à mi chemin d'Oblomov et de Stolz . Lumineuse , elle avance dans la vie avec tout autant de fragilité que de force . Créatrice , entreprenante , actrice de sa vie , moteur un temps pour Oblomov dans la volonté de l'aider à sortir de ses rêveries paralysantes ( il passe son temps non seulement dans la procrastination - quel vilain mot , ça devrait être interdit de l'employer , d'ailleurs il râpe tellement la gorge que je ne parviens pas à l'expulser - mais s'abreuve au sein de projections mémorielles , son enfance constituant le phare de son voyage immobile ) à travers leur amour partagé ( auquel Oblomov renoncera par ...faiblesse ou force ) . Ténébreuse aussi en avançant auprès de Stolz avec lequel elle finira par s'unir , en proie au doute existentiel , rejoignant par là-même l'angoisse Oblomovorienne ...Car tel est pour moi le véritable thème de ce roman ...L'angoisse , le spleen , le coeur de l'homme dans l'horreur de l'être , de la vie , ce que tout être humain peut éprouver le temps d'une fulgurance , dans ses moments de trop grande vérité face à soi .Comment peut-on être heureux dans la conscience de la finitude en dehors de la foi ?
Enfin un dernier personnage , et pas des moindres c'est Zakhar ...Le serf aux ordres d'Oblomov . Le pitre , celui qui interpelle le lecteur par sa bouffonnerie . Celui qui aura le dernier mot à la fin de l'histoire ...Zakhar mendiant , une loque qui va devenir la vérité humaine .
" Et pourtant , ça continue" disait Beckett .
...
A lire .
Pour rire
Pour s'abreuver de Vodka et autres bonheurs platement triviaux parce qu'il n'y a que ça de vrai .
Pour se lover dans l'intimité de l'âme Russe , les portes y sont grandes ouvertes et c'est pur exotisme pour nous français toujours noyés dans notre bienséance proprette .( Heureusement que Houellebecq nous sauve un peu du naufrage quand même ) .
Pour trouver encore un peu de force pour chercher ...Ce qui n'existe pas mais puisque il faut bien passer le temps .
Pour quand même croire en une petite lumière ...Sinon tout cela ne serait que balivernes .
Pour se sentir moins seul peut-être pour certains .
Pour qu'il y ait un avant et un après ...OBLOMOV .
Dernière édition par églantine le Mer 24 Avr - 14:14, édité 3 fois
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Ivan Gontcharov
Merci Églantine ! Ta perception d'Oblomov devrait convaincre qui ne l'a pas encore lu !
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ivan Gontcharov
Superbe interprétation personelle, Eglantine !
ça me touche beaucoup, meme si ma lecture est un peu différente.
Mais comme je le soulignais, chaque livre appartient à celui qui le lit.
Et Oblomov fait partie superlativement de ces livres-là.
Echangeons nos impressions et imaginations !
ça me touche beaucoup, meme si ma lecture est un peu différente.
Mais comme je le soulignais, chaque livre appartient à celui qui le lit.
Et Oblomov fait partie superlativement de ces livres-là.
Echangeons nos impressions et imaginations !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Ivan Gontcharov
Merci, églantine! Superbe commentaire que j'aime beaucoup, et où je me retrouve. C'est trop simple de voir en Oblomov juste un pauvre paresseux... Il y a vraiment une autre dimension - tu la rends si bien. Merci!
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Ivan Gontcharov
Il revient décidément souvent ce bonhomme pour un type qui fatigue vite.
_________________
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