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John Millington Synge

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Message par ArenSor Jeu 25 Avr - 19:17

John Millington Synge
(1871 – 1909)

identite - John Millington Synge Portra11

Né dans une famille protestante conservatrice, Synge témoigne dans ses années de formation sa grande curiosité intellectuelle qui déborde des frontières de son Irlande natale pour embrasser toute la culture européenne. Après avoir étudié l’irlandais et l’hébreu au Trinity College de Dublin et la musique à l’Académie royale, Synge se rend en Allemagne en 1893 pour approfondir sa pratique musicale mais décide finalement de se consacrer à la littérature. Il aura entre-temps découvert le théâtre grâce aux œuvres de Schiller, Goethe et Ibsen. À son retour d’Italie, en 1896, Synge rencontre un auteur irlandais déjà célèbre, William Butler Yeats, qui lui conseille de se tourner vers son Irlande natale afin de se débarrasser de ce qui appauvrit son écriture balbutiante. Ce conseil encourage peut-être Synge à suivre le cours en civilisations irlandaise et homérique comparées d’Henri d’Arbois de Jubainville en 1898, puis celui d’ancien irlandais en 1902.

Cette année est par ailleurs particulièrement prolifique puisque Synge écrit trois de ses pièces, Riders to the Sea (Cavaliers à la mer), The Shadow of the Glen (L’Ombre de la vallée) et une première version de The Tinker’s Wedding (Les Noces du rétameur), après que Yeats a refusé de produire sa première pièce écrite en 1901, When the Moon Has Set (Quand la lune s’est couchée). The Well of the Saints (La Source des saints) voit le jour en 1905, deux ans avant que The Playboy of the Western World (Le Baladin du monde occidental), considérée comme le chef-d’œuvre de Synge, ne provoque protestations et émeutes. Sa dernière pièce, Deirdre of the Sorrows (Deirdre des douleurs), a été mise en scène en 1910, l’année suivant son décès de la maladie de Hodgkin à l’âge de 38 ans. Outre son œuvre dramatique, Synge est l’auteur de nombreux textes en prose et de poèmes qui illustrent l’étendue de ses talents : récits de voyages, essais, articles mais aussi traductions (Synge était polyglotte) et nombreuses photographies du paysage et des habitants des îles d’Aran.

(source : éditions Théâtrales)

Bibliographie succincte

Synge a bien rempli sa courte vie par quantité d’écrits. Ne sont citées ici que ses principales pièces de théâtre)
- When the moon has set (Quand la lune s’est couchée), 1901
- Riders to the sea (Cavaliers à la mer), 1902
- The shadow of the glen (L’Ombre de la vallée), 1902
- The Tinker’s wedding  (Les noces du rétameur), 1902
- The Well of the saints (La Source des saints), 1905
- The Playboy of the western world (Le Baladin du monde occidental), 1907
- Deirdre of the sorrows (Deirdre des douleurs), 1910

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Message par bix_229 Jeu 25 Avr - 19:43

Merci Aren !
Moi j'ai envie de lire Les Iles d'Aran, ne serait-ce que pour comparer avec les
impressions de Bouvier.
Tu savais qu'il avait inspiré Beckett ?


identite - John Millington Synge Synge10

"Présenté par Pierre Leyris.
"J'ai rencontré John Synge pour la première fois pendant l'automne de 1896, alors que j'avais trente et un ans et lui vingt-quatre." (…) Quelqu'un dont j'oublie le nom m'annonça qu'il y avait un Irlandais pauvre sous les toits de l'hôtel et nous présenta l'un à l'autre. Synge était venu récemment d'Italie, il avait joué du violon pour les paysans de la Forêt Noire —six mois de voyage à raison de cinquante livres— et il étudiait à présent la littérature française tout en écrivant des poèmes morbides et mélancoliques. Il me dit qu'il avait appris l'irlandais à Trinity College, sur quoi je le pressai d'aller aux îles d'Aran pour y trouver une vie qui n'eût pas été exprimée en littérature, au lieu d'une vie où tout avait été exprimé. (…) Plus d'une année devait s’écouler avant qu'il n'allât s'établir pour un temps dans une chaumière d'Aran et ne trouvât le bonheur, ayant enfin échappé, comme il l'écrivit, à la sordidité des pauvres et à la nullité des riches". William Butler Yeats. Le poète et dramaturge irlandais John Millington Synge (1871 - 1909) voyagea très tôt à travers l'Europe et fit de longs séjours à Paris, où il se lia avec Yeats."
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Message par ArenSor Jeu 25 Avr - 19:57

La Source des saints

identite - John Millington Synge La_sou11

Il a fallu que j’aille voir dernièrement la pièce « La Source des saints », mise en scène par Michel Cerda, excellente au demeurant, pour que j’entende parler de John Millington Synge. Pourtant, c’est un auteur qui tient une place  importante dans les pays anglo-saxons, mais qui reste pratiquement inconnu en France. L’une des raisons est probablement la difficulté de traduction de ses pièces, écrites dans un mélange d’anglais et de gaélique.
Noëlle Renaude s’est donc efforcée de donner une nouvelle traduction de « La Source des saints » (dite aussi « La Fontaine des saints ») en essayant de respecter au mieux le phrasé particulier de l’auteur :

« Les croisements illimités des mots très concrets, je jeu de combinaisons des phonèmes, pris dans une syntaxe déréglée, créent une matière illicite : rien ne s’énonce comme il faut, chez Synge. On ne parle pas droit. On se débrouille avec le peu de moyens dont on dispose…
Faire entendre la langue de Synge dans la nôtre, c’est ce que j’ai tenté, cherchant à reproduire ces petits sons, monosyllabiques souvent, onomatopées, cris de bêtes, sifflement de vents, molécules de matière, les pulsant en respectant trous d’air, hiatus, apnées, souffles, allitérations… »
Le résultat est probant à la lecture, un peu moins à la représentation lorsqu’on n’est pas averti de la particularité de la langue (certaines personnes sont parties au cours de la représentation, alors qu’il aurait suffi d’un mot d’explication au préalable).

« La Source des saints » est l’histoire d’un couple d’aveugles, Mary et Martin Doul, vieux et moches, qui vivent de mendicité en occupant un croisement de routes. On pense tout de suite à Godot ; rapprochement tout à fait pertinent puisque Synge a été une des principales sources d’inspiration pour le jeune Beckett ! Un jour arrive dans ce coin perdu d’Irlande, un « saint homme », personne ambigu, entre illuminé ravi et faux prophète. Il apporte une fiole d’eau récoltée à la fontaine des saints, eau miraculeuse ayant le pouvoir de guérir quantité d’infirmités dont la cécité.
Mary et Martin retrouvent la vue ; mais c’est pour se voir comme ils sont, eux qui se croyaient jeunes et beaux. Du coup, ils ne se supportent plus, se battent et se séparent.
Ils vont être également confrontés à la dure loi du travail, allant de désillusions en désillusions. Martin va nourrir de vains rêves de bonheur en courtisant la jeune et belle Molly, promise au maréchal-ferrant.

« Il est âpre, brutal le jour qu’on a chaque jour, au point que j’y songe oui pour l’aveugle c’est un bien de ne pas voir ça ces nuages là qui roulent sur le mont, puis de ne pas tomber sur les gens avec leurs rouges nez, ton nez à toi tiens, mon Dieu, toi le maréchal. »

« Un homme ça lui est rude d’avoir sa vue, si vit près d’un comme toi, ou époux d’une épouse, puis ça doit lui être rude j’y songe oui au bon Dieu tout puissant de regarder le monde aux mauvais jours, puis les hommes comme toi qui vont qui viennent sur lui, puis qui dérapent tout partout dans la boue. »

Rapidement le jour s’obscurcit, Mary et Martin reviennent à leur cécité. Mais le saint homme repasse dans la région et  leur propose une seconde onction qui celle-là sera définitive.
Martin refuse de retrouver la vue et jette au loin la fiole d’eau miraculeuse. Le couple, revendiquant la cécité, part vers le sud

« On y va c’est sûr, car si pour certains de vous c’est bien d’être là à travailler puis à suer comme lui le maréchal, et puis certains de vous d’être là et à faire maigre puis oraisons puis discours sacrés comme vous, c’est bien aussi mon avis d’être là accroupi, aveugle à écouter un vent doux retourner ci là les petites feuilles de printemps puis sentir le soleil, puis pas se tourmenter nos âmes à la vue des jours gris, puis des saints hommes, puis des pieds crasseux que ça piétine le monde. »

« Poussez-vous là vous les chiennants, ou plus d’un y aura sait-on qu’aura sa tête en sang de la tannée de mon bâton. Poussez-vous là, puis ne soyez pas apeurés allez ; on s’en va nous deux aux villes du sud, où les gens ils auront bonnes voix sait-on, puis leurs sales têtes ou leur infamie on n’en saura rien de rien. »
Ce court texte à l’humour grinçant, en dehors de ses qualités de langue, dont les extraits ci-dessus peuvent peut-être donner une idée, aborde un nombre important de questions fondamentales : la normalité et le handicap, plus largement la normalité et la marginalité, le réel et l’imaginaire, la société avec ses contraintes et la liberté, la vieillesse /laideur et la jeunesse/beauté, le rôle de la religion, de la fausse-religion…
Au sortir de la représentation, un ami, prof de Lettres, m’a dit que c’était un étrange mélange de Claudel et de Beckett. Ce n’est pas faux ! Very Happy


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Message par Tristram Jeu 25 Avr - 21:00

ArenSor a écrit:(certaines personnes sont parties au cours de la représentation, alors qu’il aurait suffi d’un mot d’explication au préalable)
Discutable...
Le phrasé, ça fait pas un peu flux de conscience, la pensée à la façon dont elle caracole ?
Mais quelle est la source du spoiler pète-sec pouet-pouet dans la présentation de l'auteur et de son oeuvre ?

_________________
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Message par églantine Jeu 25 Avr - 22:04

Eh bien , c'est tentant ...
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Message par ArenSor Ven 26 Avr - 7:03

Tristram a écrit: Mais quelle est la source du spoiler pète-sec pouet-pouet dans la présentation de l'auteur et de son oeuvre ?  

Influence macronienne peut-être ? Very Happy
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