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Dorothy Parker

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poésie - Dorothy Parker  Empty Dorothy Parker

Message par Cliniou Mer 7 Déc - 8:26

Dorothy Parker (1893-1967)

poésie - Dorothy Parker  0oo10

“I like to have a martini,
Two at the very most.
After three I’m under the table,
after four I’m under my host.”

Espèce rare de femme d'esprit américaine, au même titre que Louise Brooks et Zsa Zsa Gabor, la plume assassine, le verbe qui claque comme un coup de trique, l'ironie sans concession, l'humour ravageur... Dorothy Parker réunissait tout ce que l'on peut attendre d'une journaliste renommée.

La vie commence mal pour la jeune Dorothy Rothschild : orpheline à 20 ans, elle rencontre le courtier en bourse Edwin Pont Parker II qu'elle finit par épouser. Plus pour échapper à son nom de famille, lui rappelant sans cesse son absence de filiation avec la dynastie de banquiers richissimes, que par amour.
Le destin se charge vite de régler ce mariage encombrant avec une première guerre mondiale soldée par un divorce. Libre mais sans le sou, Dorothy Parker survit en donnant des cours de piano.

Bâillant devant son pupitre, elle se met à écrire et envoie ses premiers poèmes à Vanity Fair, et ne tarde pas à rejoindre l'équipe rédactionnelle du magazine pour exercer en tant que critique théâtrale.
Mais elle va payer cher sa tendance à caresser constamment les pièces à rebrousse-poil. Renvoyée, cette jeune femme de 24 ans a eu le temps de se faire un nom et intègre immédiatement un nouveau journal : le New Yorker, où elle inventera le journalisme vachard.
Bientôt, ses poèmes courts et caustiques sur la bonne société, comme 'Hymnes à la haine', bâtissent sa notoriété.

Snob dans son exécration de l’ennui, de la routine amoureuse, du conformisme intellectuel, elle pratique la nouvelle comme d'autres le tricot, elle détruit le couple dans 'La Vie à deux', ou glane des conversations de ses contemporaines qu'elle croque méchamment dans 'Mauvaise journée demain'.
Proche de Scott Fitzgerald, Robert Benchley, Dashiell Hamett et des Marx Brothers, experte en lâchers de reparties mortelles – ses amis la surnomment The Wit : l’esprit-, elle écrit comme elle boit, sec, et fréquente chaque jour la célèbre Table Ronde de l’hôtel Algonquin où se réunissent des esprits les plus brillants de cette époque.
Auteur de poèmes, de nouvelles, de pièces de théâtre pour Broadway, elle écrit aussi des scripts pour Hollywood dont celui de Une étoile est née recevra l’Oscar du meilleur scénario.

En 1934, elle tente à nouveau la vie conjugale avec Alan Campbell à Hollywood. Mais, rattrapée par le maccarthysme des fifties, elle doit partir. Elle écrit alors à l'Esquire.
Alcoolique depuis longtemps, elle fait plusieurs tentatives de suicide. Désormais veuve, elle revient à Manhattan. Ruinée et oubliée de tous, elle meurt d'une attaque cardiaque en 1967,légant son compte en banque à Martin Luther King et laissant cette épitaphe : « Excusez-moi pour la poussière ». Quant à ses cendres, confiées par Lilian Hellman à une étude notariale qui ne savait qu'en faire, elles patientèrent vingt et un ans dans un tiroir.
(Sources diverses: Evene, Denoël, Fabrice Gaignault)

Un quatrain pour résumer Miss Parker:

"Voyage, ennuis, musique, art
Un baiser, une robe, une rime,
je n'ai jamais dit qu'ils comblent mon coeur
Mais au moins ils me passent le temps."

Bibliographie en français :

Comme ils sont (nouvelles), réédité sous le titre La vie à deux
Comme une valse (nouvelles)
Mauvaise journée, demain
Articles et critiques
Hymnes à la haine
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Message par Cliniou Mer 7 Déc - 8:30

Une idée du style:Ce qu'on en dit

La vie de Dorothy Parker a ceci d’émouvant qu’elle ressemble étrangement à ses personnages.
Dans l’édition de poche de ses œuvres complètes, parue à New York en 1944, son préfacier Brendan Gill écrivait :
« Comme tas de personnes qui ont perdu leur mère en bas âge, elle avait l’imagination du malheur et elle cultivait cette tendance. Son don pour que les choses tournent mal confinait au génie. »

Ce n’est pas un auteur charmant de saynètes de la vie américaine,
bien qu’elle ait surtout écrit des nouvelles, des épigrammes et
des poèmes. Son sujet de prédilection reste l’incommunicabilité,
la solitude à deux des couples, la recherche désespérée de l’amour. Dorothy Parker est une humoriste implacable face à l’absurdité
des passions non partagées, des bonnes manières qui dissimulent
les mauvais sentiments.
Féministe aussi, elle dénonce l’impossibilité d’un rapport vrai entre
ces sexes dont chacun se croit tenu, par la morale et les usages,
de se conformer à une sorte de caricature de lui-même.
Ses jeunes filles puériles, frivoles et mesquines, dont on voit d’avance
les épouses frustrées, bornées et invivables qu’elles deviendront,
sont parmi les personnages les plus tragi-comiques de la galerie de portraits proposée par Dorothy Parker.
Le fait que ses personnages n’aient pas pris une ride avec l’âge témoigne qu’elle est parvenue à ce niveau profond des êtres
où les comportements échappent aux modes pour révéler ce qu’il y a de pathétique, de dérisoire et d’immuable dans la condition humaine.

Conclusion de Benoîte Groult (traductrice de ‘la vie à deux’) :
Il est parfois difficile de juger un auteur qui a été porté au pinacle
par un milieu privilégié ou une tendance de mode. Mais l’humour, le vrai, ne se démode pas.
Quand on relit, 50 ans plus tard, les nouvelles de Dorothy Parker, elles vous frappent au cœur avec cette vérité acérée qui est le signe de ce qui dure.
Cette fois, il n’y a plus d’erreur possible :
nous sommes en présence d’un véritable écrivain.

(tiré d'une préface de Benoîte Groult)

Extrait de Hymnes à la haine (Hate Verses), ici dans la traduction de Patrick Reumaux.

   Je hais les Femmes :
   Elles me portent sur les nerfs.

   Il y a les femmes d'Intérieur...
   Ce sont les pires.
   Chaque instant est ficelé de Bonheur.
   Elles respirent avec méthode
   Et pour l'éternité se hâtent à grand pas vers la maison
   Où il faut surveiller le dîner...
   Il y a aussi les douces
   Qui disent avec un tendre sourire « L'argent ne fait pas le bonheur »
   Et ne cessent de me faire admirer leur robe
   En me confiant : « Je l'ai faite moi-même »...
   Et vont épluchant les pages féminines des magazines ;
   Toujours à essayer de nouvelles recettes...
   Ah, que je les hais, ces sortes de femmes !

   Et puis il y a les Petites Fleurs Sensibles.
   Les Pelotes de Nerfs...
   Elles ne ressemblent pas aux autres et ne se privent pas
   De vous le rappeler.
   Il y a toujours quelqu'un pour froisser leurs sentiments,
   Tout les blesse... très profondément,
   Elles ont toujours la larme à l'œil...
   Ce qu'elles peuvent m'enquiquiner, celles-là, à ne parler jamais
   Que des Choses Réelles,
   Des choses qui Importent Vraiment.
   Oui, elles savent qu'elles aussi pourraient écrire...
   Les conventions les étouffent :
   Elles n'ont qu'une seule idée, partir...partir Loin de Tout !
   Et moi je prie le Ciel : oui, qu'elles foutent le camp !

   Et puis, il y a celles qui ont toujours des Ennuis.
   Toujours.
   En général avec leur Mari...
   On est injuste avec elles,
   Personne jamais ne les comprend, ces femmes.
   Elles arborent un petit sourire désenchanté
   Et quand on leur parle elles sursautent.
   Elles commencent par vous dire que leur lot est de souffrir
   En silence :
   Personne ne saura jamais...
   Et en avant le déballage...

   Et puis, il y a les Madame-Je- Sais-Tout.
   Elles sont la peste !
   Elles savent tout ce qui de par le monde arrive
   Et sont au régal de vous en informer.
   Il est de leur devoir de corriger les impressions fausses,
   Elles connaissent les Dates de Naissance, les Second Prénoms
   De tout un chacun
   Et leur être sue la Banalité Factuelle.
   Pour moi, elles sont l'Ennui !

   Il y a aussi celles qui s'avouent Incapables de Deviner
   Pourquoi tant d'hommes sont fous d'elles !
   Elles vous disent qu'elles ont essayé mais en vain.
   Elles vous parlent du mari d'une telle :
   Ce qu'il a dit
   Et sur quel ton...
   Ensuite elles soupirent et demandent :
   « Chérie, en quoi cela d'ailleurs me concerne-t-il ? »
   Ne les détestez-vous pas, celles-là, vous aussi ?

   Il y a enfin celles qui ont toujours le Sourire aux Lèvres.
   Elles ne sont pas mariées,
   Passent leur temps à distribuer de menus cadeaux,
   A préparer de petites surprises,
   Elles me conseillent de prendre, comme elles, les choses
   Du Bon Côté.
   Ah, que deviendraient elles si elles venaient à perdre leur sens
   De l'humour ?...
   Et moi qui brûle de les étrangler !...
   N'importe quel jury m'acquitterait.

   Je hais les femmes :
   Elles me portent sur les nerfs.



mots-clés : #poésie
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