Camille Bordas
Page 1 sur 1 • Partagez
Camille Bordas
Camille Bordas passe son enfance entre la France et le Mexique puis fait des études d'anthropologie/histoire de l'art à Paris. Elle publie ses deux premiers romans aux éditions Joëlle Losfeld, livres remarqués par la critique, et pour lesquels elle reçoit notamment le prix du deuxième roman pour Partie commune en 2012.
Elle part ensuite s'installer aux États-Unis à Chicago en 2012 avec son mari, un écrivain américain, où elle publie une courte nouvelle, Most Die Young, dans The New Yorker puis son premier roman écrit en anglais en 2017, How to Behave in a Crowd, a Novel (traduit chez Inculte, par l'auteur, sous le titre Isidore et les autres).
Elle est professeure adjointe à l'Université de Floride.
Œuvres
2009 : Les Treize Desserts, Joëlle Losfeld,
2011 : Partie commune, Joëlle Losfeld,
2017 : Isidore et les autres, Inculte
2020 : Faits extraordinaires à propos de la vision des couleurs (nouvelles)
Invité- Invité
Re: Camille Bordas
Isidore et les autres
Un peu dans la lignée de Salinger, donc, ce roman de Camille Bordas sur la préadolescence. Je songe aussi au roman de Adam Levin (Les Instructions) qui utilise comme Camille Bordas des enfants/adolescents surdoués, c'est peut-être là le moyen le plus sûr de parvenir à un roman abouti dans le genre. Car je n'ai jamais vraiment lu de roman pertinent sur l'enfance, sans doute qu'elle nous échappe à tout jamais, et utiliser des enfants surdoués permet de les faire plus ou moins raisonner et parler comme des adultes, ce qui nous donne l'illusion de grands romans sur cette période. Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé celui-ci, l'autrice a un vrai talent d'écriture, et ne manque pas d'humour, ce qui ne gâche rien. Derrière quelques couches de mélancolie, de détachement, d'un certain cynisme, elle parvient à créer des personnages attachants.
Mots-clés : #enfance #famille
Difficile à onze ans de trouver sa place dans une famille de surdoués, surtout lorsqu’on se contente d’être « normal ». Entouré de cinq frères et sœurs qui dissertent à table des mérites comparés de Deleuze et d’Aristote, Isidore est le seul capable d’exprimer des émotions, de poser les questions que les autres n’osent pas formuler. À moins que, épris d’ailleurs, il ne réussisse enfin une énième fugue qui lui ouvrirait un monde de liberté et de légèreté.
Dans Isidore et les autres, écrit initialement en anglais, Camille Bordas brosse avec humour le portrait sensible d’un jeune garçon qui s’affranchit de son enfance sous le regard d’adultes encore plus désorientés que lui. Une fresque familiale tendre et émouvante, un portrait d’adolescent plein de finesse, une voix littéraire qui s’affirme plus que jamais.
Un peu dans la lignée de Salinger, donc, ce roman de Camille Bordas sur la préadolescence. Je songe aussi au roman de Adam Levin (Les Instructions) qui utilise comme Camille Bordas des enfants/adolescents surdoués, c'est peut-être là le moyen le plus sûr de parvenir à un roman abouti dans le genre. Car je n'ai jamais vraiment lu de roman pertinent sur l'enfance, sans doute qu'elle nous échappe à tout jamais, et utiliser des enfants surdoués permet de les faire plus ou moins raisonner et parler comme des adultes, ce qui nous donne l'illusion de grands romans sur cette période. Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé celui-ci, l'autrice a un vrai talent d'écriture, et ne manque pas d'humour, ce qui ne gâche rien. Derrière quelques couches de mélancolie, de détachement, d'un certain cynisme, elle parvient à créer des personnages attachants.
Le père au fond, était un idéaliste. Il disait que dans un monde parfait, il n'y aurait que des bouddhistes. « Et des kinés », il ajoutait, les jours où il avait mal au dos. Il votait toujours pour d'autres idéalistes, des gens qui n'avaient aucune chance, et il était quand même déçu quand ils perdaient, quand il voyait les scores. Léonard lui avait demandé un jour pourquoi il ne voterait pas pour un des partis qui gagnaient à tous les coups, pour changer, juste pour voir ce que ça faisait de pas être du côté des perdants. C'était une blague, bien sûr, mais le père l'avait mal pris, et pendant des semaines il avait à peine adressé la parole à Léonard. Maman nous avait expliqué que le père craignait d'avoir échoué à nous inculquer le sens moral. Je n'arrivais pas à comprendre si le sens moral était un sixième sens, un don essentiel dont on manquerait toute notre vie, ou si c'était juste un truc sans intérêt. Ça avait l'air important pour le père, mais souvent, il focalisait quand même sur les détails.
Et qu'est-ce que tu voudrais que je fasse, maman ? Je veux bien que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, mais s'ils décident de grandir sans ouvrir un bouquin, rien ne m'oblige à subir leur conversation.
Mots-clés : #enfance #famille
Invité- Invité
Re: Camille Bordas
Et qu'est-ce que tu voudrais que je fasse, maman ? Je veux bien que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, mais s'ils décident de grandir sans ouvrir un bouquin, rien ne m'oblige à subir leur conversation.
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 43
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Camille Bordas
merci Arturo, ton commentaire et les extraits sont tentants. (le livre est dans ma pal)
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Camille Bordas
Faits extraordinaires à propos de la vision des couleurs
Il faudrait ajouter ce titre à la biblio de l'auteur, recueil de nouvelles paru à l'automne 2020.
Je poursuis avec Camille Bordas, je prends toujours autant de plaisir à la lire. Plaisir ici peut-être même un peu frustré, tant le format est court. Trois nouvelles sur un format ultra-poche, le livre qui tient vraiment dans une poche !
Camille Bordas a vraiment du talent à mes yeux, son écriture est maîtrisée, ciselée, faussement légère. J'ai parfois des sensations qui me rappellent à des lectures de Roberto Bolano, à d'autres moments de Houellebecq, mais elle a vraiment son style, sa patte. Elle parvient à trouver un équilibre entre narration, détachement, humour, et un poil d'amertume et de désespoir.
Il faudrait ajouter ce titre à la biblio de l'auteur, recueil de nouvelles paru à l'automne 2020.
Une jeune journaliste phobique découvre qu'il existe une tribu perdue quelque part en Malaisie au sein de laquelle la peur est la vertu cardinale, où le courage passe pour de l'idiotie. Une autre jeune femme se demande si la nouvelle compagne de son frère ne feint pas son daltonisme. Le père d'une jeune fille se suicide en se pendant dans le garage le jour où elle s'apprête à faire un exposé sur l'Égypte en classe.
Dans ces trois nouvelles initialement parues en anglais dans le New Yorker et traduites par elle-même, Camille Bordas déploie encore une fois son talent pour la demi-teinte, sa sensibilité, son goût pour les outsiders, pas vraiment perdants mais jamais gagnants. Avec Faits extraordinaires à propos de la vision des couleurs, et ces trois étranges points de départ, l'autrice d'Isidore et les autres avance en funambule sur la mince ligne de crête qui sépare le doux de l'amer, l'humour de la tristesse. Trois textes aussi poignants que drôles.
Je poursuis avec Camille Bordas, je prends toujours autant de plaisir à la lire. Plaisir ici peut-être même un peu frustré, tant le format est court. Trois nouvelles sur un format ultra-poche, le livre qui tient vraiment dans une poche !
Camille Bordas a vraiment du talent à mes yeux, son écriture est maîtrisée, ciselée, faussement légère. J'ai parfois des sensations qui me rappellent à des lectures de Roberto Bolano, à d'autres moments de Houellebecq, mais elle a vraiment son style, sa patte. Elle parvient à trouver un équilibre entre narration, détachement, humour, et un poil d'amertume et de désespoir.
- Tu crois que c'est la fin du monde ? demanda-t-elle, et pas en regardant par la fenêtre ou vers l'horizon, comme j'imaginais qu'une personne qui posait une question aussi dramatique serait encline à le faire, mais en me fixant droit dans les yeux. Glauber m'a expliqué que vous vous étiez mis d'accord sur un endroit où vous pourriez vous retrouver si la fin du monde arrivait et que vous n'étiez pas déjà ensemble pour y faire face.
Glauber n'avait pas menti. Nous avions effectivement soulevé l'idée d'un lieu de rendez-vous en cas d'apocalypse. Nous voulions être ensemble au moment où l'humanité disparaîtrait. Je ne saurais pas bien dire pourquoi.
Invité- Invité
Re: Camille Bordas
merci Arturo ! je re-note
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum