Les Arbres

50 millions d'arbres plantés, je suis plus partagé que scié de long.
Certes, c'est spectaculaire et volontariste d'un côté (avec un budget affiché de 200 millions d'€), mais ces futurs arbrisseaux vont-ils cacher la centaine d'emplois supprimés à l'ONF en 2021, cent têtes réclamées par Bercy au nom de la performance budgétaire ?

Et puis les pinailleurs (au nombres desquels je suis) vont arguer qu'une forêt "se compose d’arbres autochtones d’âges divers qui se sont implantés spontanément et de la faune qui leur est associée", sinon ça s'appelle une plantation, par ex. les pins maritimes dans des landes de Gascogne au mitan du XIXème, l'eucalyptus en lieu et place du chêne-liège au Portugal, le sapin en Creuse, etc..

Ce n'est pas du pinaillage, Aventin, mais un définition a minima écologique de la forêt.
Une "vraie" forêt, pour faire bref, c'est là où l'homme ne tient pas plus de place qu'un autre animal. Une forêt, rien ne doit en sortir, et surtout pas du bois, si ce n'est des photos (et quelques champignons peut-être).
Maintenant, les plantations, ça peut exister aussi, mais n'a que peu à voir avec une forêt.

Par définition, une forêt primaire, ou plus couramment une forêt vierge, est une forêt composée d'espèces indigènes où aucune trace d'activité
humaine passée ou présente n'est clairement visible.
L'homme est passé, et les foréts primaires n'existent quasiment plus. Et les ravages ne datent pas d'hier, ni meme d'avant hier.
Juste un exemple, le Liban, très tot défriché de ses forets de cèdres, utilisé pour les mats des navires et pour la construction.
Si on ajoute le pacage des troupeaux, l'érosion des sols, le mal est fait.
Le pays est devenu semi désertique.
Ici comme ailleurs.
Face à l'état actuel des choses, Francis Hallé (pas seul évidemment) a eu l'idée folle de reconstituer une foret primaire.
Il a 82 ans, Hallé, Planter à cet age ?
Il faut bien qu'il y ait de l'espoir et de l'esprit d'entreprise. Faire comme si...

www.foretprimaire-francishalle.org

je crois qu'il ne faut pas rechigner si l'on plante des arbres, la nature se débrouillera ensuite pour la variété dans x années

Intéressant, Bix !
Je note, dans cet article adjacent https://www.foretprimaire-francishalle.org/cest-tres-agreable-dentendre-quelquun-parler-des-arbres-dune-facon-intelligente/ :

Valérie Chansigaud a écrit:J’ai écrit un livre « La nature à l’épreuve de l’homme » dans lequel je me suis intéressée à la circulation des pathogènes favorisée par les activités humaines. J’avais pris l’exemple des ravageurs et des pathogènes qui affectent les arbres depuis un siècle et j’avais avancé que les connaissances ne servent à rien. On a connu depuis 1 siècle beaucoup de crises environnementales et sanitaires graves et le savoir accumulé lors de chaque crise ne sert strictement à rien pour empêcher la crise d’après. Il y a une incapacité non pas à connaître ce que l’on fait, mais à en faire quelque chose qui permette d’avoir des sociétés plus résistantes et adaptatives. C’est absolument fascinant. L’analyse de ces comportements relève sans doute plus de la psychiatrie que de la philosophie. Ces comportements autodestructeurs qui se répètent, en psychiatrie on les appelle réitérations. C’est exactement ce qu’on observe.
La crise actuelle aurait pu être évitée si on avait été un peu vigilants et attentifs aux connaissances dont on disposait largement. Il ne s’agit donc pas d’ignorance, c’est pire : c’est de l’indifférence aux connaissances établies.

(En prime, ça flatte mon obsession pour le REX _ retour d'expérience, toi aussi !)

aaaah le REX... quoique, des fois, un temps on arrive à en faire quelque chose. histoire de confirmer la règle ?

Autre écrivain français à s'interesser aux arbres, le sociologue polyvalent, Alain Corbin.


Alain Corbin
La douceur de l’ombre

L’arbre, source d’émotions, de l’Antiquité à nos jours
L’objet de ce livre est de suivre depuis l’Antiquité gréco-romaine ceux qui ont su « voir l’arbre » : Horace et Virgile, mais aussi Ronsard et La Fontaine.
Par la suite, Rousseau, Goethe, Novalis, Chateaubriand, Hugo, Proust, Yves Bonnefoy et tant d’autres. Il y eut aussi des peintres. S’ étendre sous les ombrages, s’y délasser, y méditer, s’enfouir dans le végétal, s’y réfugier, y grimper... À l’époque contemporaine, certains ont tenté d’incruster leur corps dans l’écorce, en espérant que le végétal ferait croître l’empreinte. Par ailleurs, des moribonds sont allés jusqu’à souhaiter que leur ADN soit transmis à l’arbre planté sur leur tombe.
On le voit, c’est à une longue promenade que ce livre invite, à la rencontre de l’arbre champêtre, de l’arbre haie, de l’arbre isolé et sauvage comme de l’arbre domestique. L’histoire des émotions qu’ils suscitent nous est transmise ici par des individus qui, au fil des siècles, possédaient les mots pour les dire.
Champs histoire

La connaissance approfondie des arbres a abouti à des résultats surprenants et inédits.
Sans doute parce qu'on n'avait pas les instruments adaptés à cette connaissance ni
meme une curiosité suffisante. Attachés  qu'on était à l'ethnocentrisme et aux classifications
simplistes et superficielles

[size=31]Les scientifiques ont établi récemment que les plantes sont capables de percevoir leur environnement, et de s’y situer, et qu’elles ont la capacité de réagir aux modifications de cet environnement[/size]
Arbres :copyright: Getty / SOPA Images / Contributeur
La sélection naturelle depuis la conquête de la terre ferme par les plantes leur a conféré une double capacité : la capacité de sentir les vents un peu inhabituels afin de mesurer son degré d’exposition au vent et le niveau de risque subi, afin le cas échéant de se renforcer : c’est une stratégie de résistance adaptée à la situation et la capacité à sentir des inclinaisons qui durent et à les corriger : c’est une stratégie de contrôle postural et de résilience en cas d’accident de verse . 
Oui les arbres, les plantes sont "sensibles" et réagissent et peuvent se déplacer. Si nous pouvions voir les mouvements des plantes, nous les verrions en permanence maintenir leur équilibre et leur posture. Elles  se déplacent comme les hommes mais à leur vitesse et grâce au contrôle postural. Elles ont la capacité  de sentir leur propre forme.C’est un sens nouveau qui est la proprioception. Elles sont aussi soumises à la gravité, aux vents et ne peuvent rester droites que par un contrôle actif. Les arbres ressentent aussi le vent, ils sentent les coups de vent et s’y habituent. Certains arbres subissent des vents forts et réussissent à se renseigner sur le degré d’exposition. Leurs graines sont  aussi perceptives à ce degré d’exposition et changent donc leur croissance. C’est ce qu’on appelle la thigmomorphogénèse.


France Inter : La Terre au carré

B-A BA chez les arbres ! Actuellement, j'observe comme ils développent des raidisseurs pour combattre un fléchissement prononcé ; quel sens de l'équilibre, et de l'architecture !

ingénieux !

A observer  attentivement les arbres -et notamment les miens- j'ai observé leurs mouvements
dans l'espace et dans le temps, tels ce jeune  pin fortement incliné vers le sol. En quelques mois,
il s'est redressé de façon spectaculaire et harmonieuse.
Et l'harmonie et la beauté sont des qualités frappantes des arbres qui ne peuvent pas échapper
au regard attentif.
Toute règle a ses exceptions.
J'ai planté un cognassier face à la fenetre de ma chambre parce que j'aime beaucoup ses
fleurs, et aussi ses feuilles printanières.
Je l'ai laissé poussé librement sans le tailler. Or cet arbre a une façon bien à lui d'entrelacer
ses branches. Au point qu'elles se sont melées de façon suicidaire au point de s'étrangler
littéralement dans leur croissance vers la lumière.
J'en ai conclu que tous les arbres ou arbustes n'ont pas les memes capacités.
Morphologiquement déjà et cela joue sur leur croissance et leur façon de disposer leur
branchage.
Mais c'est ma faute. J'ai cherché à etre enseigné, mais personne n'a pu m'aiderr sur
place.
Trop tard, beaucoup trop tard.
On en était déjà à arracher les haies restantes et tous les arbres jugés inutiles ou
nuisibles aux cultures.
A labourer tout ce qui pouvait l'etre.
J'ai été choqué et meme scandalisé par ce genre de pratique et la façon absurde  de vouloir
à tout prix faire de la monoculture intensive à coup de labours profonds et de pesticides.
Surtout sur un espace qussi restreint.
Ces gens-là, excusez moi pour le terme, mais ils détestent la terre, les plantes, les animaux,
Parce qu'ils ont cessé de  les connaitre et de les apprécier.
Et ce, depuis le remembrement qui a profité à une poignée de paysans riches et forcément
productivistes et a définitivement défiguré un paysage devenu laid et stérile.
Il s'agissait de rentabiliser l'espace. Une logique de merde qui a largement proliféré.
Logique à court terme. Qui permettait à ces fortunés de bien vivre en travaillant pendant
quelques mois par an et en  exerçant un autre métier.
Et cela grace qux subventons de la Communauté européenne.
Et en vendant leurs terres pendant les boom immobiliers.
Je ne leur veux pas de mal -enfin pas tout le temps- mais ils ont ce qu'ils méritaient à la fin.
A leur décharge, ils ont été tellement mal conseillés par ce lobby qui fait peur à Macron, la FNSEA.

Je vais souvent me promener du coté d' Auriac sur Vendinelle.
C' est un joli village, pas abimé par l' urbanisme et où la municipalité s' occupe des vieilles personnes. En tout cas, c' était comme ça il y a peu.
La Vendinelle est un gros ruisseau qui ne paie pas de mine. Mais lorsqu' il y a des fortes pluies,
elle sort de son lit et inonde les prés et la route.

En sortant du village, en direction de St Felix de Lauragais, il y a un chemin de terre,
sans doute très ancien, et qui file tout droit, au milieu des champs.
Il devait etre bordé d' arbres, mais à présent subsistent quelques rares acacias, chenes et
noyers.

Je crois que c' est la première fois que je l'ai longé que j' ai découvert la tombe.
Après cinq cent metres de marche, ma vue a été attirée par trois cyprès sur ma droite. Après avoir descendu un petit sentier, j' ai vu une tombe au pied des arbres.
Avec cette seule mention : BARRET Elie, 1903 - 1995.
Avec les années, les arbres ont poussé. En plus des cyprès, il y a deux pins sylvestres et de
nombreux arbustes à fleurs, romarins, cytises.
C' est beau comme tout.
La tombe se verrait à peine si les passants ou les amis ne venaient rendre une petite visite
amicale à Elie.
Les abeilles aussi parce qu' il y a aussi des ruches pas très loin.

Je l' imagine Elie Barret, Quatre vint dix et quelques...
Il avait du bien avant y penser et en parler à ses enfants et à ses amis...

Voilà, j' aimerais etre enterré à l' écart pour ne gener personne. Pas très loin du chemin.
Plantez quelques arbres...Je serai bien là.

Les années ont passé, et les arbres, les arbustes, les fleurs ont tout recouvert ou presque.
Les amis, les parents sont sans doute morts.
Mais Elie est toujours là. intégré à cette nature qu'il aimait et dont il fait partie à jamais,
comme il le souhaitajt sans doute.

tu écris une fiction Bix ou bien c'est une histoire vraie ? mais en fait dans les deux cas c'est vrai me répondras-tu certainement !

Bédoulène a écrit:tu écris une fiction Bix ou bien c'est une histoire vraie ? mais en fait dans les deux cas c'est vrai me répondras-tu certainement !

Tout à fait vrai, Bédou !
Je me suis demandé comment il avait fait pour se faire inhumer en pleine campagne et non dans le cimetière communal.
Je sais que les protestants, à une époque, se faisaient enterrer dans leur jardin. Ce qui choquait l'Eglise catholique.
C'était à l'époque où les protestants cévenols étaient pourchassés par les troupes de Louis XIV
.Encore une guerre de religion.

il est costaud !

très belles ces boules !

En hommage à Jaccottet qui célébrait les arbres.

Philippe Jaccottet

https://www.arte.tv/fr/videos/091180-000-A/le-murmure-de-la-foret-quand-les-arbres-parlent/
87', jusqu'au 2 avril : des images fabuleuses, même si on se demande parfois où s'arrête l'artifice.