Meša Selimović
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Meša Selimović
Meša Selimović fait ses études à la Faculté de philosophie de l'université de Belgrade. Il participe, dès 1941, au comité national de Libération. Son œuvre comporte des romans, un essai, des recueils de nouvelles et de souvenirs et lui a valu les plus hautes récompenses littéraires. Il est lauréat du prix NIN 1966 pour Le Derviche et la Mort.
Il a été membre des académies des sciences et des arts de Serbie et de Bosnie-Herzégovine et docteur honoris causa de l'université de Sarajevo.
Il est enterré dans le Nouveau cimetière de Belgrade.
Ouvrages traduits en français :
- Le Derviche et la mort (Derviš i smrt, 1966), Gallimard, 1977
- La Forteresse (Tvrđava, 1970), Gallimard, 1981
- L'île (Ostrvo, 1974), Phébus, 2013
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Meša Selimović
Le Derviche et la Mort
Si le climat politique ― règne de l'arbitraire, arrestation basée sur des rumeurs ― révélé par Meša Selimović est inquiétant, la noirceur qui s'insinue comme une coulée d'encre dans Le Derviche et la Mort, provient des affres d'une conscience. Celle d'un derviche qui se livre par écrit, remontant aux causes de sa prudence excessive (pour ne pas dire couardise) et de cette tendance, de tout le vilayet, à se montrer impénétrable face à l'injustice, tout aussi impénétrable qu'elle (et tout aussi injuste en fin de compte). Les questions vitales, les problèmes concrets se dissolvent en termes généraux ou spirituels, tandis qu'en ce personnage s'amorce un rapport à la réalité différent. Cette réalité, les objets et les visages qui la composent deviennent aussi tangibles, et finement tracés, qu'une menace qu'on ne peut plus faire semblant de ne pas voir. Les personnages sont très humains, on noue de plus en plus de liens dans ce récit fait de détails et d'intentions généreuses ; mais on noue aussi de plus en plus d'intrigues, et les fils de cette trame se mêlent bientôt de façon inextricable. Tout se corse, tout se pervertit, le récit gagne en complexité tandis que par fatalisme, les personnages déçoivent.
\Mots-clés : #justice #regimeautoritaire #spiritualité
Si le climat politique ― règne de l'arbitraire, arrestation basée sur des rumeurs ― révélé par Meša Selimović est inquiétant, la noirceur qui s'insinue comme une coulée d'encre dans Le Derviche et la Mort, provient des affres d'une conscience. Celle d'un derviche qui se livre par écrit, remontant aux causes de sa prudence excessive (pour ne pas dire couardise) et de cette tendance, de tout le vilayet, à se montrer impénétrable face à l'injustice, tout aussi impénétrable qu'elle (et tout aussi injuste en fin de compte). Les questions vitales, les problèmes concrets se dissolvent en termes généraux ou spirituels, tandis qu'en ce personnage s'amorce un rapport à la réalité différent. Cette réalité, les objets et les visages qui la composent deviennent aussi tangibles, et finement tracés, qu'une menace qu'on ne peut plus faire semblant de ne pas voir. Les personnages sont très humains, on noue de plus en plus de liens dans ce récit fait de détails et d'intentions généreuses ; mais on noue aussi de plus en plus d'intrigues, et les fils de cette trame se mêlent bientôt de façon inextricable. Tout se corse, tout se pervertit, le récit gagne en complexité tandis que par fatalisme, les personnages déçoivent.
\Mots-clés : #justice #regimeautoritaire #spiritualité
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Meša Selimović
Merci Dreep !
Tu devrais aussi apprécier La Forteresse.
Il faudrait que je le relise pour comparer avec Ivo Andric.
On retrouve ici aussi Sarajevo et la Bosnie musulmane du 17e siècle, occupée par les Turcs.
Andric était bosniaque, Selimovic serbe et c'est interessant de confronter des points de vue
de nationalités différentes mais surtout d'écrivains, moins impliqués dans les conflits.
Tu devrais aussi apprécier La Forteresse.
Il faudrait que je le relise pour comparer avec Ivo Andric.
On retrouve ici aussi Sarajevo et la Bosnie musulmane du 17e siècle, occupée par les Turcs.
Andric était bosniaque, Selimovic serbe et c'est interessant de confronter des points de vue
de nationalités différentes mais surtout d'écrivains, moins impliqués dans les conflits.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Meša Selimović
Petit complément à Le derviche et la mort:
Meša Selimović a écrit:« Ma main s’est engourdie, la chandelle crachote, se refusant à mourir, je considère mes pensées à travers ces longues rangées de signes, et je ne sais si je les ai tuées ou ranimées. »
« Bien que vivant côte à côte, nous ne savions pas grand-chose l’un de l’autre, et c’était bien, ainsi nous ne parlions jamais de nous-mêmes. Les choses personnelles sont trop subtiles, troubles, inutiles, aussi faut-il les laisser à elles-mêmes si nous ne pouvons pas les étouffer. Nous nous bornions à échanger des lieux communs qui protègent des surprises et des malentendus. Le ton personnel, c’est de la poésie, une déviation possible, la porte ouverte à l’imagination. S’évader du cercle des généralités, c’est douter de celles-ci. C’est pourquoi nous ne nous connaissions qu’au travers de faits anodins ou qui nous étaient communs. En d’autres termes, nous ne nous connaissions pas, ce qui n’était pas nécessaire. Se connaître voudrait dire savoir ce qu’il ne faut pas. »
« La vie dépasse tout précepte. La morale est une idée, la vie une réalité. Comment la faire cadrer avec l’idée sans l’abîmer ? On a fait plus de mal à la vie en empêchant le péché qu’en le commettant. »
« Ne pas trouver le temps long, cela peut être mauvais signe. À la guerre, on ne s’ennuie jamais, ni dans l’adversité, ni dans la souffrance. Lorsqu’on souffre, l’ennui n’existe pas. »
« J’avais touché la corde sensible. Il faudrait ordonner à tout le monde de voyager de temps en temps, dit-il avec fougue, et même de ne jamais s’arrêter plus longtemps qu’il n’est nécessaire. L’homme n’est pas un arbre, ce qui fait son malheur ce sont ses attaches, il perd son courage, sa confiance en lui-même, il est prêt à tout accepter. Changer, c’est pour lui, abandonner, perdre ce qu’il a déjà investi, permettre à un autre de prendre l’espace qu’il a conquis. L’enracinement est le vrai commencement de la vieillesse, tant que l’on ne craint pas d’entreprendre on reste jeune. Partir, c’est préserver sa liberté, refuser le lieu et les conditions imposées ! Ne souris pas, je sais que nous n’avons pas où aller. Mais nous pouvons parfois nous créer une apparence de liberté. Nous feignons de partir, nous feignons de changer. Et puis nous revenons, apaisés, leurrés. »
« Et ces incessants voyages, autour d’un point fixe qui leur donnait un sens, en faisait des départs et des retours, et non des vagabondages, représentaient pour lui la liberté, réelle ou imaginaire _ ce qui finalement revient au même. _ Sans ce port d’attache , tu n’aurais pas d’endroit qui te fût cher, tu n’aurais pas de point départ, tu ne serais nulle part. »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 16020
Date d'inscription : 09/12/2016
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Localisation : Guyane
Re: Meša Selimović
Ca m'a l'air bigrement tentant. D'autant que l'auteur évoque l'occupation ottomane de la Bosnie, un sujet qui m'intéresse bien.
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 43
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Meša Selimović
As-tu lu les livres d'Andric ? C'est superbe.Armor a écrit:Ca m'a l'air bigrement tentant. D'autant que l'auteur évoque l'occupation ottomane de la Bosnie, un sujet qui m'intéresse bien.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Meša Selimović
bix_229 a écrit:As-tu lu les livres d'Andric ? C'est superbe.Armor a écrit:Ca m'a l'air bigrement tentant. D'autant que l'auteur évoque l'occupation ottomane de la Bosnie, un sujet qui m'intéresse bien.
Pas encore, mais j'ai l'éléphant du vizir sur ma PAL (depuis des lustres hélas).
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Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 43
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Meša Selimović
@Armor Pas encore, mais j'ai l'éléphant du vizir sur ma PAL (depuis des lustres hélas).
Tu as de la chance, il est excellent, j'en ai parlé.
Tu as de la chance, il est excellent, j'en ai parlé.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Meša Selimović
Armor a écrit:Pas encore, mais j'ai l'éléphant du vizir sur ma PAL (depuis des lustres hélas).
L'ayant acheté il y a pas longtemps je suppose que je le lirai bientôt moi aussi. Mais je ne parlerai pas de PAL qui est l'un des supplices les plus horribles qui aient été inventés.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Meša Selimović
bix_229 a écrit: @Armor Pas encore, mais j'ai l'éléphant du vizir sur ma PAL (depuis des lustres hélas).
Tu as de la chance, il est excellent, j'en ai parlé.
Si je me souviens bien, c'est toi et le Panda qui m'avez donné envie de lire l'auteur.
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Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 43
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Meša Selimović
L'île
Roman diffracté (ou mosaïqué) en dix-neuf "nouvelles" autonomes ayant plus ou moins en commun une île où vit un couple vieillissant, de revenu modeste, et dont la vie aura été très ordinaire.
Le seul aspect original concernant la région est constitué par les croyances superstitieuses concernant la mort.
Le nom de famille Ružić apparaît plusieurs fois, et au centre du livre (dans le treizième texte) apparaît ladite famille (et disparaît aussitôt après) (pas compris pour le coup).
Le style est fort simple, le récit teinté de tristesse et d’absurde existentialiste.
Ce texte m’a moins intéressé que Le derviche.
\Mots-clés : #solitude
Roman diffracté (ou mosaïqué) en dix-neuf "nouvelles" autonomes ayant plus ou moins en commun une île où vit un couple vieillissant, de revenu modeste, et dont la vie aura été très ordinaire.
Le seul aspect original concernant la région est constitué par les croyances superstitieuses concernant la mort.
Le nom de famille Ružić apparaît plusieurs fois, et au centre du livre (dans le treizième texte) apparaît ladite famille (et disparaît aussitôt après) (pas compris pour le coup).
Le style est fort simple, le récit teinté de tristesse et d’absurde existentialiste.
Ce texte m’a moins intéressé que Le derviche.
\Mots-clés : #solitude
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 16020
Date d'inscription : 09/12/2016
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