Henri Bosco
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Re: Henri Bosco
Si Bosco a pu évoquer pour moi quelques réminiscences d''écolière , c'est bien pour son roman "L'enfant et la rivière" , support incontournable des enseignants de l'époque ! J'ai souvenir de quelque chose de languissant donnant à bayer aux corneilles , malgré ce titre faussement prometteur ! Je me sentais flouée !
Il faudra que je le relise avec mes yeux d'adulte et surtout après cette réconciliation effective à travers la lecture de roman époustouflant qu'est "Le mas Théotime" !
Quelle frustration lorsque je me suis aperçue qu'il fut l'objet d'une LC il ya quelques années sur le forum ! Les échanges furent nombreux ( au vu du nombre de pages ) et j'imagine le plaisir de cette rencontre au sein d'un ....chef d'oeuvre oublié !
Si l'histoire se passe dans le Lubéron et qu'on entend les cigales chanter et que le soleil nous aveugle dès les premiers pages , ce serait une grossière erreur d'en faire un roman de terroir ! D'ailleurs je pourrais transposer cette histoire n'importe où : c'est un roman universel qui parle avant tout des hommes .....
Des hommes reliés à cette terre qui leur caresse ou leur brûle les pieds selon leur attitude .... Dans toutes les sociétés "primitives" , le langage entre les hommes s'établit par rapport à l'appartenance du milieu : et des codes sociaux s'en dégagent imprégnant les hommes au fil des générations et s'inscrivant dans la génétique ....
Et c'est à travers Pascal Dérivat et son histoire que Bosco dépeint avec une finesse descriptive rare , la psychologie de ces gens de la terre façonnés par l'histoire presque "clanique" sur leur tertre !
La conscience collective prime et la notion d'égo n'a guère de place dans ce contexte : face à Mère nature un seul homme ne suffit pas et la cohésion sociale est la seule issue !
Mais Pascal Désirat dès son enfance se démarque au sein de sa grande famille : un galopin déjà tourné vers l'introspection , sauvage et personnel . Adulte il ne saura adopter l'esprit grégaire et continuera farouchement à nourrir sa solitude et sa sensibilité malgré un retour sur les terres .....Néanmoins l'impact génétique est là , puissant et c'est dans ses racines qu'il trouvera la force pour continuer à faire vivre les terres ....
La trame romanesque est certes plaisante , mais au delà de ce fil directeur , ce sont les descriptions de Bosco pour dépeindre une psychologie de profondeur entièrement tournée vers la terre et le ciel , qui rendent ce roman puissant ....Une plume extrêmement légère , aérienne , pour retranscrire un monde rude , tourmenté et violent : c'est de là que tient toute la magie de ce roman !
Si Giono nous emporte avec une puissance sensuelle étonnante et exulte dans ses descriptions , Bosco nous entraine avec plus de douceur au sein d'une même nature ....
Si Giono réveille en nous l'animalité primitive , Bosco témoigne d'une volonté de canaliser les forces obscures en lui et autour de lui par l'esprit ....
J'ai été quasiment foudroyée par l'intensité cette oeuvre à multiples dimensions : un commentaire réducteur que celui-ci , j'en suis consciente mais je souhaitais juste insister sur quelques aspects qui m'ont touchée plus personnellement !
Le mas Théotime ? Un des plus beaux romans de ma vie de lectrice , à lire et à relire !
Message rapatrié
églantine- Messages : 4431
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Re: Henri Bosco
Je l'adore, il est très joli, en plus, l'objet.
Nadine- Messages : 4882
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Age : 49
Re: Henri Bosco
Depuis dix ans, Pascal habite le mas Théotime, un grand domaine agricole au coeur du Luberon.
C'est un solitaire, misanthrope, sauvage. Il a pratiquement toujours été ainsi.
Même enfant quand il avait pour voisins une famille très liée à la sienne. Et qui voyait en lui le futur époux de leur fille Geneviève.
Mais Pascal refuse de la rencontrer et de la fréquenter. Il prétend qu'elle est trop "vive" pour lui.
Pourtant il ne peut s' empecher de l' admirer et plus sans aucun doute.
Mais un jour, lors d'un mariage, il la gifle publiquemment. Et dans cet incident, Pascal voit l'origine de tous ses malheurs.
Il n' a pas tort.
Au cours des années les deux familles seront frappées par la maladie et la mort.
Dix ans plus tard, sans s' annoncer, Geneviève se rend au mas Théotime. Elle a manqué sa vie et cherche l'apaisement.
Elle le trouvera au mas, dans l'environnment, et auprès de Pascal.
Il est terrien, ancré, taciturne, un peu solennel.
Elle est légère, vive, mobile, imaginative.
Leurs différences se complètent et Pascal, donne enfin libre cours à ses sentiments.
La voir lui procure "une extraordinaire adoration" pense -t-il un jour où il fait présent d'une petite demeure secrète.
C'est le meilleur moment de sa vie.
Et tout irait pour le mieux si...
Mais non !
Geneviève a un passé orageux, aventureux, contraire, dont elle n' est pas déttachée.
Un jour, elle part.
Je vous dirai pas la suite.
J'ai aimé ce roman tout comme vous et comme je suis sentimental, je me suis impliqué un peu trop dans ce drame intime !
Je réagis toujours un peu comme le lecteur enfant que je fus. Que je suis encore...
Et qui, quand le conte est trop beau, ne peut que souhaiter une fin heureuse...
Mais voilà !
Ce livre m'a envoûté parce que le style est souverain.
"Depuis son départ, il flottait un malaise, comme si quelqu' un eut guetté ma vie dans la solitude. Et la masse de Théotime me semblait si mystérieuse que j' en redoutais la présence non loin de moi.
Je me disais, entre ces pensées, déjà incertaines et le demi sommeil, que j'étais mieux placé ici, près de la source que dans cette maison si sombre où si quelqu'un s'introduisait, il me chercherait vainement .
Qui pouvait s'imaginer que je reposais là en pleine nuit ?
Moi-même j'y songeai à peine.
Tout était devenu si opaque, si noir et d'un tel silence que je n'étais plus attaché au monde. Je ne me tenais en l'air que par deux cordes invisibles, tendues je ne savais plus où, et qui me suspendaient non pas entre ciel et terre mais au dessus d' un élément immatériel issu de ces ténèbres inconnaissables."
P. 237
bix_229- Messages : 15439
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Re: Henri Bosco
Wikipédia a écrit:Dans un petit village de Provence, un jeune garçon, Constantin Gloriot, est fasciné par un âne étrange dit "l'âne Culotte" nommé ainsi parce qu'il porte des pantalons par devant. Cet âne savant vient régulièrement et seul au village pour faire le ravitaillement d'un vieil homme solitaire, ancien marin, établi depuis peu dans un mas isolé situé au loin dans les collines. Un jour, Constantin désobéit à la consigne donnée par ses grands-parents qui l'élèvent de ne pas s'aventurer au-delà d'un pont et suit l'âne jusqu'à sa destination dans la montagne, au cœur d'un domaine secret fait d'un beau jardin où des animaux sauvages vivent en paix auprès du vieil homme mystérieux.
Outre une belle illustration de la sagesse paysanne pleine d’amour et de respect pour la nature, cet ouvrage présente progressivement un aspect mystérieux, mystique, voire mythique et fantastique, baignant dans l'immanence d'un panthéisme de la Terre entre religion chrétienne et antique, avec comme focales la Présence cachée d’une ombre inquiétante et le Paradis, plus un insistant accent mis sur l’impératif de respecter les animaux, y compris sauvages. Senteurs méridionales, omniprésents regards qui épient.
Mr Cyprien, « le vieil homme de la mer » qui a appris outremer la puissance des mots occultes, entrepris de créer « le jardin de montagne » ou « d’Innocence », Fleuriade, où les animaux se réunissent ‒ mais le renard tue toujours, le mortel cobra des Caraques (gitans) vient s’y installer…
« Nous voulons tous le paradis sur terre, et l’homme se croit né pour le bonheur. »
« ‒ On ne s’étonne pas assez de vivre.
Il m’a répondu :
‒ Vous avez raison, et le plus étrange, c’est qu’on s’étonne ensuite de mourir. »
Les cinq parties du livre correspondent aux récits de Constantin, qui encadrent et présentent le journal de Mr Cyprien et les notes du curé du village (l’abbé Chichambre).
Ce roman (1937) constitue le premier volet du cycle d'Hyacinthe, suivi de Hyacinthe (1940), Le Jardin d’Hyacinthe (1945) (et de L’Enfant et la Rivière, 1945, Bargabot, 1958, Mon compagnon de songes, 1967 ?)
Entr’autres, cet ouvrage m’a ramentu Le mage, de John Fowles ; mais le thème de l’initiation naturaliste se retrouve souvent en littérature (Naturphilosophie et idéalisme romantique allemand par exemple), sans parler du traitement de l’enchantement magique (on pensera notamment au joueur de flûte de Hamelin), ou de ses commensaux des belles-lettres provençales.
L’édition de 1950 fut illustrée de 40 pointes sèches originales par Nicolas Eekman :
Bosco parle de la sallestre du mas, et je n’ai trouvé comme référence que, justement, la salle d’apparat du château de Lourmarin : un-e Provençal-e/ Luberonnais-e pourrait-il m’en dire plus ?
NB : la rassade évoquée est le lézard ocellé.[/i]
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15935
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Re: Henri Bosco
pas trouvé non plus sallestre dans le dictionnaire provençal ; estre = verbe être mais comme salle se dit salo ?
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21652
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ArenSor- Messages : 3428
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Re: Henri Bosco
(La couverture de mon édition est plus cadrée)
« Consorti dilectissimae amicus amicae »
En ce qui concerne cette dédicace, j’ai trouvé cette traduction : « L'ami à son amie, sa compagne très chère » ici
Grand merci à Bix de nous avoir présenté ce livre, et son intrigue vague ‒ effectivement, avoir lu L’âne culotte avant est préférable, mais peut-être pas nécessaire. Juste quelques impressions donc (je ne suis pas tenté par une analyse rationnelle, symboliste, ou même psychanalytique, de cette œuvre) :
Mystère, et même suspense, avec peu d’évènements, et peu de personnages ou même de paysages. Rédaction soigneusement fouillée d’une expérience peu dicible, une attente indéfinie, une sorte de « dédoublement » chez ce narrateur d’une grande sensibilité, qui subodore d’énigmatiques forces telluriques sous le plateau et les étangs. Ensorcellement assuré du lecteur, grâce à une prose très précise, fort maîtrisée. J’ai pensé à la manière dont Henry James traite ses sujets fantastiques. Et la rêverie devant la lampe, le feu, m’a rappelé Bachelard ; renseignements pris, Bosco est au cœur de l’œuvre de Bachelard, notamment Hyacinthe, et les deux étaient même amis. Curieux paradoxe, que de reconnaître l’exégète dans le sujet exemplaire ! Décidément, il reste quelque chose alors qu’on oublie ses lectures… Et dans la foulée de cette songerie, je me demande ce que peuvent ressentir ceux qui n’ont pas connu la lampe carcel, le feu de cheminée ; je me ramentois les feux de camp en forêt (équatoriale, pas en Provence !), les lampes à pétrole des nuits africaines, et regrette moins les coupures de courant fréquentes dans ces contrées exotiques, qui m’ont bien souvent réduit à la chandelle pour lire…
Quelques citations, des extraits qui saillent à peine dans ce continuum, si bien qu’on ne sait où les commencer et les finir :
« On sentait bien qu’elle n’était pas morte. Les maisons mortes n’ont jamais cet aspect de repos et d’attente, de méfiance et de soumission. Désormais, délivrées de l’homme, elles ne sont que carcasses de pierre offertes aux vents, à la pluie. Mais dès qu’une chaleur humaine tiédit les quatre murs d’un abri, il reprend cet air de pensée domestique, cette figure de destin. » (Le plateau de Saint-Gabriel)
« Maintenant l’hiver me donnait un pur paysage moral détaché de la terre ; la moindre branche s’y dessinait, grêle et précise ; et j’avais un plan de candeur où tracer les figures de l’âme. Sur cette surface à peu près irréelle, j’imaginais à mon usage, une géométrie sentimentale, où les courbes du souvenir, du regret, de l’espoir, semblaient formulées par une intelligence tendre. » (Le feu)
« J’attendis un moment… je voulais m’assurer que j’étais seul. Je l’étais bien. Hors de moi et en moi s’étendait ce nouveau silence… et j’étais tellement identique à moi-même que par moments je ne sentais plus que j’étais seul. » (Hyacinthe elle-même)
« J’ai dû perdre une grande étendue de mémoire. » (Convalescence)
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Tristram- Messages : 15935
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Re: Henri Bosco
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Henri Bosco
bix_229- Messages : 15439
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Re: Henri Bosco
Est -ce un roman ? Un conte , Un récit initiatique ?
Peu importe à dire vrai , l'essentiel c'est de trouver la ou les petites clés pour pénétrer l'univers ténébreux de Bosco et d'y prendre ses aises et ses malaises !
L'histoire ?
Le narrateur est un homme venu habiter une immense demeure dans un pays perdu nommé "le plateau de Gabriel " ( tiens pas innocent déjà la référence à Gabriel ) .En quête d'une vérité , à la recherche de quelque "soi suprême"......
Plus que jamais , je voulais vivre , jouir de moi , me poursuivre , m'atteindre , me saisir à pleins bras , me serrer durement contre moi et m'immobiliser , ne fut-ce qu'un instant , pour me voir , et peut-être pour me hair ; mais aussi , peut-être , pour m'aimer .
L'athmosphère est lourde , pesante , évanescente quelquefois , on plonge dans les ténébres du temps et de l'espace , on émerge , on s'accroche à un bout de lumière pour repartir sur quelques lisières obscures et dangereuses , bizarrement si rassurantes .....
Une lampe comme unique constance , en guise de phare presque pour laisser un seul repère au lecteur et nourrir l'âme de l'homme , chercheur de vérité ....
C'était certainement une simple petite lampe comme on en voit dans les cuisines de campagne ; une lampe de cuivre posée sur le coin d'une table et qui fournit une lumière médiocre ; la lampe des travaux domestiques et des prières bien dites , la lampe habituelle de l'hiver ; et , dans les métairies où l'on veille un peu , celle qu'on pend à un crochet , au dessus de l'âtre , quand on veut jouir à la fois de la chaleur du foyer et de la lumière . C'était bien celle-là qu'il me fallait .Sans éclat , elle m'enseignait l'attention , la tranquillité .Dès lors ce n'était plus , pour moi , simplement une lampe rustique , mais un état d'âme modeste. Toute une religion familière et patiente vivait dans le rond de la clarté . Là on ne cherchait plus son âme : elle y était car les âmes aiment ces simples lampes sous lesquelles l'on sait souffrir , regretter et attendre .
Autour tout n'est que mouvance ,à travers ces forces cosmiques et terrestres , le temps lui même n'existe plus , les limites sont abolies , et l'identité recherchée au départ par le narrateur semble multiple et par là même chimère .........
Jouissance de l'instant où la conscience flirte avec le rêve ,ou l 'irréel ,
Plénitude dans l'inconfort de l'inquiétude ,
Recherche kaleidoscopique de la perception pour le plaisir de se perdre ...
Désir de vie et de mort atteignant des sommets paroxystiques pour replonger dans l'entre-deux de l'état de convalescence libérant l'âme et promesses de félicités hallucinatoires ......
A travers Hyacinthe , Bosco ne s'adresse qu'au lecteur en partance pour ce voyage vers d'autres paysages intérieurs et extérieurs , dans l'abstraction de toutes formes de repères créés par l'homme .......Libre à nous de nous glisser entre les lignes , dans l'abandon , avec quelques petites références mythologiques et bibliques ou pas et de se laisser emporter par la prose magique de Bosco d'un onirisme puissant ! Un texte rythmé , musical , dense et sec , d'un souffle ravageur et imposant des images à jamais inscrites dans l'imaginaire du lecteur !
Bref : j'ai adoré , j'adore et j'adorerai car une lecture ne suffit pas : une oeuvre aux richesses infinies , aux messages sans cesse renouvelés , aux voiles suffisamment nombreux pour laisser une grande place aux mystères et offrir au lecteur un grand espace de liberté et de rêverie , une oeuvre obsédante et envoûtante : voilà le genre de littérature qui possède multiples clés et qui n'abandonne pas son lecteur une fois la dernière page refermée ....
Commentaire rapatrié
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Henri Bosco
Tiens je ne connaissais pas du tout cette expression !Tristram a écrit: je me ramentois les feux de camp en forêt (équatoriale, pas en Provence !), les lampes à pétrole des nuits africaines, et regrette moins les coupures de courant fréquentes dans ces contrées exotiques, qui m’ont bien souvent réduit à la chandelle pour lire…
C'est magique la lueur du feu et j'ai du mal à vivre sans ....Mais vivre sans électricité pendant des années et persister à vouloir lire uniquement avec cette flamme du feu au milieu de la case , ça a des conséquences sur les yeux à terme .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Henri Bosco
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Tristram- Messages : 15935
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Re: Henri Bosco
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Bédoulène- Messages : 21652
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Henri Bosco
C' est quand que Gallimard réédite Bosco ?
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Henri Bosco
Pas vendeur, Bosco ?
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Tristram- Messages : 15935
Date d'inscription : 09/12/2016
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Localisation : Guyane
Re: Henri Bosco
bix_229 a écrit:Impossible de mettre la main sur Le Jardin de Hyacinthe !
C' est quand que Gallimard réédite Bosco ?
Bix, je partage tout à fait ton sentiment. Figure toi que j'ai trouvé il y a quelques mois "Une ombre", le dernier livre de Bosco, (déclassé d'une bibliothèque des PTT !) à Emmaüs. Je l'ai ressorti suite au dernier post de Trsitram pour constater que ce livre n'avait jamais été réédité par Gallimard depuis 1978 et que les vautours du net ne le proposaient pas en dessous de 53 € . C'est totalement incompréhensible alors qu'on réédite quantité de navets ! Pour ma part, j'ai toujours considéré que Bosco méritait la Pléiade ou tout du moins une édition Quarto
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Henri Bosco
D'occasion - Bon
Attention ! Ancien support de bibliothèque, plastifié, étiquettes...
J'avais tort : c'est vendeur, Bosco ! Prends une assurance et un coffre en banque pour ton exemplaire !
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Tristram- Messages : 15935
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Henri Bosco
Et comment !ArenSor a écrit:Pour ma part, j'ai toujours considéré que Bosco méritait la Pléiade ou tout du moins une édition Quarto
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Henri Bosco
C'est une oeuvre tellement dense qu'il faudrait y consacrer une étude complète pour en souligner chaque strate .
Pas vraiment un roman , ni un conte, ....à mi chemin entre les deux avec une forme poétique puissante qui ne faiblit à aucun moment tout le long du livre ! Et qui a le goût des mots n'aura de cesse de souligner , voire de procéder à quelques lectures à voix haute pour en tirer toute la saveur littéraire !
Malicroix ?
Bosco y aborde tous les thèmes récurrents dans l'ensemble de ses écrits mais cette fois ci , il semble au plus près de lui-même et à travers Martial , personnage principal , il emportera son lecteur dans les mouvances intérieures d'un homme à la recherche de lui-même s'appuyant sur ces racines terriennes et claniques pour trouver l'harmonie .
Dans une dualité omniprésente entre deux liens de sang puissants ,entre une envie de prendre racine et une soif d'élévation spirituelle , entre un caractère puissamment doux et enclin à la joie de vivre et une force ténébreuse violente s'opposant avec vigueur et danger , Martial traversera une incontournable période probatoire tourmentée , en proie aux forces occultes les plus redoutables incarnés par quelques personnages clés , pour enfin ressurgir des entrailles de la terre et se relier au ciel et aux hommes !
Bosco nous livre ici un récit introspectif qui rejoindrait presque les les grands écrits spirituels des plus grands mystiques : la dimension la plus profonde de cette oeuvre ....
Mais en deçà , c'est aussi une analyse psychologique d'une subitilité sans contexte , c'est aussi un regard sociologique sur les grandes lignées de terroirs , c'est une réflexion sur l'héritage culturel et la transmission génétique , c'est la description saisissante d'un chemin initiatique , et plus légèrement c'est un hymne à la nature d'un lyrisme envoûtant ....
Mais Une lecture qui pourrait être vécue comme oppressante , sous tension , destabilisante pour qui refuse de se laisser guider vers l'inconnu , l'insaisissable , le magique ; une lecture agaçante pour ceux à qui insupportent les ruminations introspectives et l'absence d'action ....Mais accepter de se laisser porter dans l'univers unique de ce magicien des mots , c'est partir pour un voyage intérieur d'une rare intensité !
Quel écrivain : porté par une flamme incandescente ( d'ailleurs on retrouve ici encore cette lampe , objet symbolique déjà présent et rythmant le roman Hyacinthe ) qui semble orienter l'ensemble de son oeuvre vers des profondeurs rarement atteintes dans l'histoire littéraire ....
Je suis subjuguée !
commentaire rapatrié
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Henri Bosco
C'est le second Bosco que je lis après Le mas Théotime, et c'est du 2/2.
Deux fois conquis.
Cet homme-là avait une plume de poète.
Un peu comme dans Le rivage des Syrtes de Gracq, je me dis au bout de quelques pages : "ce n'est pas possible qu'il tienne tout le roman à ce niveau", et si !
Intense, puissant.
Je ne sais pas pour ses autres titres, mais Bosco est définitivement à déterrer.
Invité- Invité
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