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Murielle Magellan

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Message par Bédoulène Jeu 9 Mai - 18:09

Murielle Magellan
Née en 1967

Murielle Magellan Avt_mu10

Murielle Magellan, née Dbjay en 1967 à Limoges (Haute-Vienne), est une écrivaine et réalisatrice française. Elle a grandi à Montauban (Tarn-et-Garonne)

Après une formation de chanson (Studio des Variétés), de comédienne (École du théâtre national de Chaillot), et universitaire (maîtrise de Littérature moderne), Murielle Magellan se consacre à l'écriture sous ses diverses formes, ainsi qu'à la mise en scène de spectacle vivant..
Son livre autobiographique N'oublie pas les oiseaux parle de sa relation avec le metteur en scène Francis Morane.

En janvier 2016 parait son quatrième roman Les Indociles, chez Julliard ; il est sélectionné pour le Prix de La Closerie des Lilas 2016.
En Septembre 2016, sa pièce L'Éveil du chameau est créée au Théâtre de l'Atelier, avec Pascal Elbé, Barbara Shultz, et Valérie Decobert. Mise en scène par Anouche Setbon.
En, 2016, elle participe au recueil de nouvelles Variations autour de Lolita chez Louison Editions, aux côtés d'écrivains comme Philippe Besson, Emmanuelle Richard, Christophe Tison, Nicolas Rey, Catherine Locandro ou Claire Berest.
En février 2017, elle co-organise (avec Agnès Vannouvong et Claire Barré) un événement autour de l'indocilité et la création au Silencio.
En septembre 2017, le spectacle Indociles, co-écrit et mis en scène avec Audrey Dana (avec Audrey Dana et Lucie Antunes) est créé au théâtre des Mathurins. Certains des textes du spectacle sont extraits des romans Les Indociles et Un refrain sur les murs.
En 2018, elle adapte le roman Illettré de Cécile Ladjali, pour le réalisateur Jean-Pierre Améris. Le téléfilm est sélectionné au Festival de la fiction de La Rochelle et diffusé sur France 3.
En 2019, elle réalise son premier téléfilm, Moi, grosse, adapté du livre On ne naît pas grosse de Gabrielle Deydier ; il est diffusé sur France 2 en mai 2019.
En janvier 2019 parait son cinquième roman : Changer le sens des rivières. Il est finaliste du Prix de la Closerie des Lilas et obtient le Prix du Salon du livre de Genève et le Prix Albert Bichot.
En septembre 2021 parait son roman Géantes aux éditions Mialet-Barrault (Flammarion).

Bibliographie

Romans

Le Lendemain Gabrielle, Paris, Éditions Julliard, 2007
Un refrain sur les murs, Paris, Éditions Julliard, 2011
N’oublie pas les oiseaux, Paris, Éditions Julliard, 2014
Les Indociles, Paris, Éditions Julliard, 2015
Changer le sens des rivières, Editions Julliard, 2019
Géantes, Mialet-Barrault Éditeurs, (Flammarion) 2021
Bande dessinée
La Lesbienne invisible (bande dessinée), d'après le spectacle d'Océanerosemarie, dessins de Sandrine Revel, Delcourt, 2013

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Message par Bédoulène Jeu 9 Mai - 20:58

Murielle Magellan Change10

Sujet Marie travaille comme serveuse dans un bar, elle a un bac-pro en chaudronnerie, mais elle a préféré cet emploi. Faut dire qu'elle soutient son père, financièrement et physiquement. Tous les jours elle va s'occuper en partie (avec une bonne) de son père hypocondriague convaincu.

Un jour elle rencontre Alexandre, ils se plaisent,  mais cela ne dure pas car le jeune homme s'aperçoit que le niveau social et surtout intellectuel de Marie n'est pas le sien, lui pense devenir scénariste de cinéma, il ne pense qu'aux films de Truffaut, alors quand il demande à Marie si elle a vu "le dernier métro" devant sa négation, il est sur qu'il ne doit pas continuer leur relation.
Quand Marie lui fait face et demande des explications à son absence, elle se sent humiliée par ses propos et le pousse, mais Marie ne sent pas sa force et Alexandre chute en force et se blesse, sur ce passe des policiers qui interviennent et Marie se défend contre eux qui l'emmènent.
Au tribunal le juge, en qui elle reconnait un client du bar, la condamne à une amende et du sursis.

Marie doit créditer sa banque et quand elle fait ses comptes, elle comprend qu'il lui faut 850 euros, sinon c'est le retrait bancaire et elle ne peut se le permettre. Qui pourrait lui prêter une telle somme ?
Alors elle prend une décision, et ose demander au Juge Gérard Doutremont de lui accorder un prêt. Après réflexion et qu'il ait reconnu "le cas Leroy" le juge accepte ; en contre partie, elle le conduira au tribunal et le raccompagnera chez lui tous les jours jusqu'à épuration de sa dette.

Au fil des jours Marie prend connaissance du caractère du juge, de son quotidien et tous deux s' apprennent. Le juge, aux questions de Marie, sur tout et n'importe quoi lui répond "cherche" ; c'est ainsi que Marie va obtenir des connaissances. Un jour il lui offre "le Code pénal", elle ne sait qu'en faire et ne comprend pas toujours le sens des phrases, mais les sentences que le juge lance souvent font qu'elle se dit que tout doit être dans ce livre.

Après le retour de sa soeur aînée avec une amie et une soirée passée avec elles, Marie est conduite devant Alexandre parce que Victoria sa soeur exige que le jeune homme s'excuse auprès de Marie pour ses propos humiliants ; comme il s'inquiète de l'attitude des deux j. femmes et de Marie donc il connait la vigueur, il s'exécute et Marie lui dit qu'elle a vu "le dernier métro", elle sait qui est Truffaut. Devant cette surprise il lui demande pardon, mais tous deux sont contrevenants vis à vis de la justice car ils ne devaient plus jamais avoir de contacts.
Victoria et Inge décident Marie de tout quitter et de partir avec elles, pour "soi-disant" travailler chez Emmaüs, mais en cours de route Marie fait demi-tour et retourne chez elle, elle arrivera quelques minutes de retard devant la maison du juge. Ce dernier s'aperçoit un jour que les textos que reçoit Marie sont d'Alexandre, il lui fait une scène et lui offre ses derniers jours de chauffeur ; il est très déçu de cette trahison.

Marie a appris par sa soeur que le juge avait eu son permis de conduire retiré pour avoir conduit alcoolisé, elle lui jette à la figure quand il l'insulte. Elle se demande quelques jours après que faire de son temps libéré, après réflexion, certainement pas ce qu'elle faisait dans sa vie d'avant le juge. Elle voit le code pénal toujours sur sa table basse et décide de faire des études, elle se renseigne.
Elle affronte le juge l'obligeant à l'écouter, quand il comprend qu'elle va étudier et qu'elle a choisi le Droit, il pleure. Marie l'inscrit dans une auto-école pour repasser le permis. Ils conviennent que Marie qui travaillera sur un bateau et étudiera par correspondance et lui resteront en contact, qu'il suivra ses études et l'aidera s'il le faut. Elle le raccompagne donc une dernière fois et le serre dans ses bras, il lui a dit qu'elle était "son point d'orgue".

De très intéressants et forts dialogues, de beaux portraits des personnages.

j'ai vraiment beaucoup apprécié ce livre, mais j'ai des soucis d'ordi, donc des extraits plus tard


\Mots-clés : #justice #mondedutravail #social

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Message par Bédoulène Ven 10 Mai - 10:57

extraits

"« Je dois m’excuser, alors ? »
Le jeune cinéphile veut connaître le programme. Il lui manque le mode d’emploi du moment à venir. Quelle scène doit-il jouer ? Inquiet, il considère les deux filles derrière lui.
Marie resplendit. Une lumière enfantine est en train de coloniser ses yeux. Une flammèche simple et sereine qui prend tout son temps pour s’embraser. Ce sentiment de domination si rarement éprouvé, que va-t-elle en faire ? Les minutes peuvent bien s’écouler encore, s’attarder pour une fois sur un cas insignifiant de la ville du Havre.
Marie finit par dire : « J’ai vu Le Dernier Métro. »
Alexandre n’est pas sûr d’avoir bien entendu, alors il lui demande de répéter. Il fait des yeux de merlan frit. « Le Dernier Métro, je l’ai vu. C’est Steiner que j’ai préféré. Il continue de vivre. Il est persécuté mais il continue de vivre. »
Le garçon change de visage. Sa mâchoire se détend, son regard aussi. Étrangement, il semble perdu. Ce n’était pas prévu, cette phrase, là, maintenant.
Marie sourit devant sa tête de mouflet. Et c’est tellement beau ce sourire de plus en plus large, qu’Alexandre se souvient soudain de ce qui lui avait tant plu chez elle. Cette candeur, ce regard franc d’un désir avoué ; son indifférence amusée devant les kilomètres de paroles inutiles qu’il déroule sans cesse pour se sentir exister. Marie ne comprenait pas tout mais elle n’était pas dupe non plus. Il est lucide sur tout cela. Il se souvient dans le même temps de ce qui l’a éloigné : sa méconnaissance crasse de son unique passion, le cinéma, les réalisateurs et François Truffaut, justement. Le déclencheur. Le pauvre déclencheur. Il a un peu honte. Il pourrait s’enfuir mais il est piégé dans ce drôle de scénario. Alors, il sourit. Il sourit à son tour. Il est si jeune tout à coup, en marche vers demain, sans programme et sans certitude. Sans référence ni stratégie. Ce n’est pas un personnage, ni un réalisateur, ni un scénariste, qui lui a soufflé les mots à dire, c’est lui, et lui seul, qui finit par murmurer : « Pardon. »
Victoria ne peut pas avoir entendu, car cela a été prononcé dans un souffle, pour Marie uniquement. Sorcière moderne, elle a dû percevoir la vibration de leur échange car elle a hurlé immédiatement : « Ben voilà ! Ça t’a pas arraché la gueule !! »
Marie n’a pas commenté. Elle a juste renvoyé son sourire à Alexandre. Un fil de connivence s’est tendu entre eux, pour la première fois depuis longtemps.
Puis il a dit tendrement cette phrase : « Je te souhaite bon vent. »"


"Il fallait donc ouvrir les grilles, entrer dans les maisons, prendre les ponts suspendus, passer les contrôles électroniques des tribunaux ; il fallait donc changer d’itinéraire, suivre les GPS autoritaires, désobéir aussi, sans doute. Et puis allumer la radio sans comprendre ce qu’on y raconte, tant de fois la radio, les ondes avec leurs oscillations volubiles, leurs joutes, leurs pontifiants déballages de références ; oublier son père un peu, désaimer sa sœur malgré la trace profonde de sororité, de gémellité même, la trace qui ne disparaîtra jamais, qui se transmettra, peut-être, de génération en génération. Se battre, baiser, ramper de terreur et de désespoir, terrorisée par l’avenir, affronter les courriers des banques, demander aussi, c’est ce qu’il fallait. Demander, et insister. Oser. Chercher. Être au-delà des humiliations. Sans rancune. Sans tenir les comptes. Il fallait donc tout cela pour apercevoir un peu de l’infinie richesse du monde qui semble s’éclairer désormais comme un labyrinthe vu du ciel."

"Marie ne sait pas pourquoi elle veut ce bonsaï, elle qui ne veut rien habituellement. Chaque mot prononcé renforce son désir. Elle regarde Charlie, à l’affût d’un conseil encore, mais la compagne du juge se tait et se déhanche, comme si le galbe de son corps fin pouvait, mieux que le langage, exprimer son sentiment.
La jeune femme finit par murmurer : « Je le prends. »
Pendant que Charlie applaudit, confiante, Lydie enveloppe l’arbuste dans un papier de soie et donne les dernières consignes : l’été, le Hime sekiryu doit être arrosé copieusement. En hiver, il faut le protéger des gelées du soir avec un voile d’hivernage ou le rentrer dans une pièce fraîche. Marie pourra aussi lui parler de temps en temps, aucune école n’y oblige mais Lydie est sûre que le bonsaï n’est pas contre un petit débat d’idées ou quelques mots d’amour.
Quand Lydie lui tend enfin l’arbre empaqueté, Marie a la sensation de s’emparer de la clé d’un coffre-fort dont elle ignore le contenu mais qui lui procure une joie immense.
Elle n’a pas vu que sur la table, la petite étiquette découpée par la fleuriste indique : 420 euros."

"Elle tente d’interrompre le flot verbal du juge. Elle voudrait se justifier. Elle voudrait partager les torts et qu’il mesure aussi d’où elle revient finalement, et que cette infraction n’est rien à côté de celles qu’elle aurait pu commettre si elle avait suivi Victoria et Inge. Mais le juge ne lui en laisse pas la place et continue : elle n’est qu’une ignorante, et il ne parle pas là de culture. Elle est une ignorante au sens de Destouches : « L’ignorante, mon ami, ignore son devoir / et peut s’en écarter sans s’en apercevoir ! » Il parle de science de la vie. Il a cru un instant qu’elle en était dotée mais ce n’est pas le cas. Elle retourne dans son enclos, en bon petit toutou pavlovien ; au nom de quoi ? Au nom du cul, au nom d’une amourette ? C’est bien cela qui la lie à ce garçon. Il rit. Si elle savait à quel point ces mythes de jouvenceaux polluent les vies humaines. Ne vient-elle pas d’en avoir la preuve dans son bureau tout à l’heure ? Et il ne parle pas d’amour, là. Il parle de ces bluettes « Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis », qui remplissent les tribunaux, de posts-adolescents névrosés qui perdent leur temps, leur force, leur élan, dans des stratégies de dépendance et de passion-Prisunic. Ce qu’il lui reproche plus que tout, c’est de l’entraîner là-dedans. De ne pas avoir retenu sa libido, ne serait-ce que par respect pour le service qu’il lui rend. Doutremont s’apprête à poursuivre mais cette fois, Marie l’interrompt. Stop ! Elle ne veut pas de ses leçons. Elle le clame avec ses mots. Qu’il applique la loi. Qu’il la mette en prison si c’est ce que la loi dit pour elle. Pour le reste, il n’y comprend rien. Elle n’a pas envie de fermer la porte aux choses qui arrivent, elle. Oui, c’est interdit. C’est interdit, c’est vrai. Elle piétine autour de ces mots comme si elle ne savait pas comment les contourner alors elle rompt sa promesse : et lui, est-ce qu’il n’a pas conduit avec de l’alcool dans le sang ? Est-ce que ce n’est pas interdit ? Qui décide que « ça oui, ça non » ?! Elle, ce qu’elle croit, c’est qu’il est un vieux soleil éteint. Il a une collection de mots durs, de mots cailloux, coincés au fond de sa bouche souffrante qu’il crache à chaque fois qu’un incident le fait tousser. Il ne voit même pas qu’il a réalisé, lui au moins, ce dont rêvait le gamin qui marchait dans la campagne et voulait rendre justice à ses sœurs et à sa mère. Alors, qu’il la dénonce. Elle, elle ne le dénoncera pas. Elle ne dira pas qu’elle l’a conduit au noir pendant des semaines. Elle est à sa disposition pour sa justice de merde.
Doutremont tremble un peu. Marie ne le voit pas, obnubilée par sa cuisse énervée et incontrôlable. Elle entend néanmoins le grognement inintelligible que son passager finit par laisser échapper. Un son entortillé qui lui permet de prendre son temps pour décider, comme il le fait au tribunal, triant ses arguments, sa « part de juge ». Il finit par lui annoncer d’une voix blanche qu’il lui offre ses dernières heures de voiturage. Qu’elle en profite pour se faire tringler par celui qui l’a méprisée, puisqu’elle est de ces femmes-là. Qui y retournent. Ces femmes martyrisées qui reviennent vers leur bourreau jusqu’à devenir bourreaux elles-mêmes. La justice n’y pourra rien. Les coups et blessures mentaux passent rarement devant les tribunaux. Si elle aime se faire humilier, personne ne pourra l’en empêcher."

"La jeune femme et Doutremont se font face, esseulés dans cette grande salle déserte ce soir. On leur a laissé choisir leur table, en leur conseillant néanmoins celle près de la vitre devant laquelle les voitures n’ont pas le droit de stationner et d’où l’on est sûr de voir la mer. Ils ont suivi le conseil, reconnaissants, ont commandé des pizzas et du rosé, et Marie a annoncé sa décision au juge stupéfait. « Tu veux étudier ?!
— Oui.
— Tu veux partir pour étudier ?
— Oui.
— Le droit… ?
— Oui. On verra mais… je veux commencer par ça. La capacité en droit.
— Bois. Sers-toi à boire. Et sers-moi au passage. Tu me donnes envie de chialer.
— Pardon, mais…
— Quoi ?
— Vous pleurez déjà, en fait. C’est juste ça.
— …
— Pourquoi vous pleurez ?
— Je sais pas. »
Doutremont s’accroche à sa fourchette et c’est vrai qu’il ne sait pas ce qui vient le secouer ainsi et poser, pour la première fois depuis longtemps, des larmes au creux de ses yeux. Peut-être les regrets d’une paternité avortée, de cet enfant qui lui aurait annoncé un jour une grande décision. Peut-être l’importance que lui donne cette jeune femme qu’il connaissait à peine quelques semaines plus tôt, ou peut-être encore le drame de son crépuscule qu’elle lui renvoie en pleine figure. Il le lui avoue : « Tu me fais vieillir. » Et il ajoute qu’il ne veut pas vieillir mais ne veut pas non plus refuser de vieillir.
« Ah oui, c’est compliqué alors…
— Tu sais ce que c’est un point d’orgue ?
— Je chercherai. »
Mais Doutremont dit que non. Ce n’est pas la peine de chercher. Il va le lui expliquer, puisqu’il est là.
« C’est un signe en musique qui permet d’arrêter le comptage régulier du temps. Un ralentissement en quelque sorte. Un dérèglement du métronome… Ça ressemble à un œil, je n’ai jamais compris pourquoi.
Il le dessine sur la serviette en papier qu’il glisse vers Marie :
Illustration
« Tu as été mon point d’orgue. »"

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