Naguib Mahfouz
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Naguib Mahfouz
Né le 11 décembre 1911 dans une famille de la petite bourgeoisie cairote, dans le quartier populaire de Gamaliyya à Khân al-Khalili et mort le 30 août 2006 dans la même ville, écrivain égyptien de langue arabe et intellectuel réputé d’Égypte, ayant reçu le prix Nobel de littérature en 1988.
Œuvres
• 'Abath al-aqdâr, roman 1939 (trad. française La Malédiction de Râ, 1998)
• Radôbîs, roman 1943 (trad. française L'Amante du pharaon, 2005)
• Kifâh Tîba (Le Combat de Thèbes), roman 1944
• Al-Qâhira al-jadîda, roman 1945 (trad. française La Belle du Caire, 2000)
• Khân al-Khalîlî, roman 1946 (trad. française Le Cortège des vivants : Khan al-Khalili, 1999)
• Zuqâq al-midaqq, roman 1947 (trad. française Passage des Miracles, 1970)
• Hams al-junûn, nouvelles 1947 (trad. française Le Murmure de la folie)
• Al-Sarâb, roman 1948 (trad. française Chimères, 1992)
• Bidâya wa-nihâya, roman 1949 (trad. française Vienne la nuit, 1996)
• La Trilogie du Caire :
Volume I : Bayn al-Qasrayn, roman 1956 (trad. française Impasse des deux palais, 1987)
Volume II : Qasr al-Chawq, roman 1957 (trad. française Le Palais du désir, 1987)
Volume III : Al-Sukkariyya, roman 1957 (trad. française Le Jardin du passé, 1989)
• Awlâd hâratinâ, roman 1959 (trad. française Les Fils de la médina, 1991)
• Al-Liss wa-l-kilâb, roman 1961 (trad. française Le Voleur et les Chiens, 1985)
• Al-Simmân wa-l-Kharîf, roman 1962 (trad. française Les Cailles et l'Automne)
• Dunya Allâh, nouvelles 1962 (trad. française Le Monde de Dieu, 2000)
• Al-Tarîq, roman 1964 (trad. française La Quête, 1997)
• Bayt sayyi' al-sum'a, nouvelles 1965 (trad. française Une maison mal famée)
• Al-Chahhâdh, roman 1965 (trad. française Le Mendiant, 1997)
• Tharthara fawq al-Nîl, roman 1966 (trad. française Dérives sur le Nil, 1989), adapté au cinéma sous le titre Chichat sur le Nile
• Mîrâmâr, roman 1967 (trad. française Miramar, 1990)
• Khammârat al-Qitt al-Aswad, nouvelles 1969 (trad. française Le Cabaret du Chat Noir)
• Tahta al-Midhalla, nouvelles 1969 (trad. française Sous l'abri)
• Hikâya bi-lâ bidâya wa-lâ nihâya, nouvelles 1971 (trad. française Histoire sans commencement ni fin)
• Chahr al-'asal, nouvelles 1971 (trad. française La Lune de miel)
• Al-Marâyâ, roman 1972 (trad. française Miroirs, 2001)
• Al-Hubb taht al-matar (L'Amour sous la pluie), roman 1973
• Al-Jarîma (Le Crime), nouvelles 1973
• Al-Karnak (trad. française Karnak Café), roman court 1974
• Hikayât hârati-nâ, récits 1975 (trad. française Récits de notre quartier, 1988)
• Qalb al-Layl (Au cœur de la nuit), nouvelles 1975
• Hadrat al-muhtaram, roman 1975 (trad. française Son Excellence, 2008)
• Malhamat al-harafîch, roman 1977 (trad. française La Chanson des gueux, 1989)
• Al-Hubb fawq hadabat al-haram, nouvelles 1979 (trad. française L'Amour au pied des pyramides, 1997), 1979
• Al-Chaytan ya'izh (Satan prêche), nouvelles 1979
• 'Asr al-hubb (Le Temps de l'amour), 1980
• Afrah al-Qubba (Les Noces de Qobba), 1981
• Layâli Alf Layla (trad. française Les Mille et Une Nuits, 1997), roman 1982
• Ra'aytu fi-mâ yarâ al-nâ'im (J'ai vu dans mon sommeil), nouvelles 1982
• Al-Bâqi min al-zaman Sâ'a (Heure H-1), nouvelles 1982
• Amâm al-'arch (Devant le trône), roman 1983
• Rihlat Ibn Fattouma (Le Voyage d'Ibn Fattouma), roman 1983
• Al-Tanzhîm al-sirrî (L'Organisation secrète), nouvelles 1984
• Al-'A'ich fî l-haqîqa, roman 1985 (trad. française Akhénaton le Renégat, 1998)
• Yawma qutil al-za'îm, roman 1985 (trad. française Le Jour de l'assassinat du leader, 1989)
• Hadîth al-sabâh wa-l-masâ', roman 1987 (trad. française Propos du matin et du soir, 2002),
• Sabâh al-ward, nouvelles 1987 (trad. française Matin de roses, 1998)
• Quchtumar, roman 1988
• Al-Fajr al-kâdhib (L'Aube trompeuse), nouvelles 1989
• Asdâ' al-sîra al-dhâtiyya, récits 1996 (trad. française Échos d'une autobiographie, 2004)
(Wikipédia)
J’ai vérifié, par de fil Mahfouz sur notre forum, alors que c’est un écrivain incontournable en Égypte, et bien diffusé en France !
Outre sa fameuse trilogie, je recommande particulièrement La Chanson des gueux : pour avoir vécu près de dix ans au Caire et fréquenté assidûment Khan al-Khalili au point de passablement connaître son univers, ce dernier ouvrage me paraît rendre fidèlement le milieu populaire cairote. À l’époque, je me suis lassé du réalisme un peu simpliste de Mahfouz, mais ai décidé de retourner visiter son œuvre…
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Re: Naguib Mahfouz
Dérives sur le Nil
Anis Zaki, petit fonctionnaire au ministère de la Santé, est le « maître à bord » d’une péniche sur le Nil où une assemblée réduite d’habitués vient partager le narguilé de haschisch (l’omniprésente chicha égyptienne, d’ailleurs pas forcément garnie de « kif », comme improprement désigné dans cette traduction) : un fonctionnaire aisé, marié et croyant, un avocat, un critique d’art issu d’Al-Azhar, un héritier débauché, un célèbre acteur et séducteur, le mutique Anis, « moitié fou, moitié mort », et quelques femmes, dont Sana, jeune conquête de l’acteur. Am Abdu, un vieux colosse imam et proxénète, s’occupe des lieux. Anis est presque toujours dans un rêve hallucinatoire décousu, nourri de références littéraires (Al-Ma'arri, Omar Al-Khayyam, etc.) et historiques.
Les dialogues des amis sont typiques de la conversation égyptienne, riche en humour et en critique.
Ce roman m’a fait songer plus à Cossery qu’aux autres que j’ai lu de Mahfouz.
\Mots-clés : #addiction #amitié #humour
Anis Zaki, petit fonctionnaire au ministère de la Santé, est le « maître à bord » d’une péniche sur le Nil où une assemblée réduite d’habitués vient partager le narguilé de haschisch (l’omniprésente chicha égyptienne, d’ailleurs pas forcément garnie de « kif », comme improprement désigné dans cette traduction) : un fonctionnaire aisé, marié et croyant, un avocat, un critique d’art issu d’Al-Azhar, un héritier débauché, un célèbre acteur et séducteur, le mutique Anis, « moitié fou, moitié mort », et quelques femmes, dont Sana, jeune conquête de l’acteur. Am Abdu, un vieux colosse imam et proxénète, s’occupe des lieux. Anis est presque toujours dans un rêve hallucinatoire décousu, nourri de références littéraires (Al-Ma'arri, Omar Al-Khayyam, etc.) et historiques.
Une journaliste, Samara Bahgat, est introduite dans leur cercle. Elle médite une pièce de théâtre abordant « l'utilisation du sérieux face à l'absurde » avec triomphe en amour de l’héroïne (elle), dont les commensaux seraient les autres personnages, partagés entre l’accoutumance, le libertinage et la fuite du réel ; Anis prend connaissance de ses notes, qui constituent une sorte de mise en abyme du roman, cette manière de comédie.« Bien que le directeur général possède les pleins pouvoirs prévus par la loi des finances et de l'administration, sa compétence ne s'étend pas aux entrées et aux sorties ; en outre, il y a des milliers d'étoiles filantes qui fusent au-dessus des planètes, avant de se consumer et de se disperser dans l'atmosphère, sans passer par les archives ni être enregistrées dans le classeur des entrées et des sorties ! Quant à la souffrance, seul le cœur la connaît. »
Les dialogues des amis sont typiques de la conversation égyptienne, riche en humour et en critique.
L’action se passe essentiellement sur la péniche, à part une excursion nocturne à Saqqara, au cours de laquelle un piéton est tué par leur voiture : le drame se déclenche...« "Nous travaillons pour gagner notre vie la première moitié de la journée ; ensuite, nous nous réunissons sur cette péniche pour qu'elle nous emmène dans l'au-delà !"
Elle demanda, avec un intérêt non dissimulé :
"Vous vous désintéressez vraiment de ce qui se passe autour de vous ?
— Nous l'utilisons parfois comme matière à plaisanterie !" »
« Il n'y a aucun rapport entre les choses… »
« "Soit ! la vérité, c'est que je crois au sérieux !" Les questions fusèrent : Quel sérieux ? Le sérieux au profit de quoi ? Est-il possible de croire à l'absurde avec sérieux ? Et si le sérieux implique que la vie ait un sens, quel est-il ? »
« Celui-là, c'est une autre histoire, il est musulman ! il prie et il jeûne ; c'est un mari exemplaire qui reste aussi indifférent aux femmes de la péniche que les Égyptiens aux événements. Peut-être bien que son premier souci est de marier sa fille ! »
« "C'est aussi le secret de la réussite des comédies qui nous montrent dans notre vérité…
— Pourquoi ne reconnais-tu pas cela dans tes articles ?
— Parce que je suis un hypocrite… Je visai par là les comédies étrangères… Les comédies locales finissent généralement par la métamorphose subite de l'acteur comique en un prédicateur imbécile… C'est pour cela que le troisième acte est d'ordinaire le plus mauvais puisqu'il est écrit en réalité pour la censure…"
Khalid se tourna vers Samara et déclara :
"Si tu pensais un jour écrire une pièce sur des gens comme nous, je te conseille, en collègue, de choisir la comédie, je veux dire la farce, ou l'irrationnel, les deux revenant au même…"
— Une idée qui mérite d'être étudiée ! s'écria-t-elle, en ignorant les regards d'Anis.
— Évite les héros engagés qui ne sourient pas, ne parlent que d'idéal, exhortent les gens à faire ceci ou cela, aiment sincèrement, se sacrifient, ânonnent des slogans, et ruinent le spectacle en fin de compte tant ils sont antipathiques…
— Je suivrai ton conseil et écrirai pour les autres, ceux qui ruinent le spectacle tant ils sont sympathiques !
— Mais ceux-là aussi ont un problème artistique ; ils vivent sans foi ; ils passent leur temps dans l'absurdité pour oublier qu'ils seront bientôt changés en cendres, os, limaille, azote, nitrogène et eau… En même temps, ils se tourmentent à l'idée que la vie quotidienne leur impose les variations d'un sérieux acéré, insensé, et que les fous autour d'eux les menacent de destruction à chaque instant. De telles personnes ne travaillent ni n'évoluent… »
Ce roman m’a fait songer plus à Cossery qu’aux autres que j’ai lu de Mahfouz.
\Mots-clés : #addiction #amitié #humour
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
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Re: Naguib Mahfouz
Et donc, tu retrouves ton idée de réalisme un peu simpliste, ou pas?
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8560
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Re: Naguib Mahfouz
Non, là c'est plus une méditation entre métaphysique et théâtrale !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
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