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Georges Limbour

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Message par ArenSor Lun 12 Mar - 18:26

Georges Limbour
1900 - 1970

Georges Limbour Photo_10

Georges Limbour fait ses études au Havre. Il s'y lie à Jean Dubuffet, Armand Salacrou, Pierre Bost, Raymond Queneau et Jean Piel. Il demeurera marqué par la fascination de la mer. Limbour commence à écrire en 1915. En octobre 1918, il vient à Paris avec Jean Dubuffet pour préparer une licence de philosophie, qu'il obtient en octobre 1923. Incorporé entre temps en 1920, il fait à la caserne la Tour-Maubourg la connaissance de Marcel Arland, André Dhôtel, Roger Vitrac et René Crevel. Il noue en 1922 une amitié durable avec le peintre André Masson. Il fréquente assidûment son atelier 45 rue Blomet, où il rencontre Joan Miró, Roland Tual, Michel Leiris, Antonin Artaud. En 1923 ses compagnons de la Tour-Maubourg le conduisent rue Fontaine, chez André Breton, à qui il préfère Louis Aragon. Voulant « sauvegarder la paix miraculeuse de la rue Blomet », Limbour évite la rencontre des deux groupes. Il participe dans les années suivantes au mouvement surréaliste jusqu'à sa rupture avec Breton en 1930, que laissait déjà prévoir sa collaboration à la revue Documents de Georges Bataille avec Leiris et Masson et au tract Un cadavre, dirigé contre Breton, qu'il signe avec Ribemont-Dessaignes, Prévert, Queneau, Desnos, Vitrac et Bataille.

En janvier 1924, Limbour part comme journaliste de l'armée en Rhénanie, où son comportement provocateur le fait jeter en prison. L'intervention de ses amis André Breton et Robert Desnos parvient à le faire libérer. De retour en France, il entretient une liaison avec Bianca Maklès, une juive roumaine comédienne au Théâtre de l'Atelier (sous le pseudonyme de Lucienne Morand), sœur aînée de Sylvia Bataille et épouse du surréaliste Théodore Fraenkel depuis 1922. Belle, talentueuse, engagée, elle va osciller pendant quelques années entre les deux hommes. En 1926, Limbour quitte à nouveau durablement la France pour enseigner la philosophie à Koritza en Albanie, puis en Égypte en 1929 et à Varsovie en 1930. Entre deux missions, il retrouve Paris et ses amours. Mais en 1931, revenue auprès de son mari, Bianca Maklès-Fraenkel trouve prématurément la mort en tombant d'une falaise à Carqueiranne (Var), dans un accident qui peut laisser penser à un suicide.
Nommé enseignant à Parthenay en 1938, Limbour y retrouve ses amis, se lie avec Geneviève et Gaëtan Picon, est mobilisé puis libéré à l'armistice. De retour à Parthenay, il s'en fait expulser par les autorités d'occupation. Il enseigne plus tard à Dieppe (1943-1955), rendant visite à Georges Braque, enfin à Paris, au Lycée Jean-Baptiste-Say (où il vient encore à moto). Il passe fréquemment ses vacances en Espagne, qui constitue la toile de fond de deux de ses romans, La Pie voleuse et La Chasse au mérou, mais effectue aussi deux voyages à Cuba en 1967, avec Maurice Nadeau, Michel Leiris et Cesare Peverelli en 1968.

En 1943, Limbour présente Dubuffet, dont les travaux sont encore confidentiels, à Jean Paulhan, rencontre qui se révélera décisive dans la carrière du peintre. Au-delà de ses textes sur Dubuffet (qui fera maintes fois son portrait en 1946) et sur Masson, Limbour écrit à partir de 1944 de très nombreux articles et préfaces (parfois sous pseudonymes : Garance, Antimoine Chevalet, André Lacombe) sur les peintres, tient des chroniques. Ces textes demeurent encore largement dispersés.
Il meurt en 1970, « tué par le soleil et la mer […], par ces deux forces qu'il vénérait plus que tout au monde » (André Masson).
(d'après Wikipedia)

Bibliographie :

Romans et récits
L'Illustre cheval blanc (récits), Paris, Gallimard, 1930
Les Vanilliers (roman), Paris, Gallimard, 1938 (Prix Rencontre, 1938); Paris, L'Imaginaire, Gallimard, 1978
La Pie voleuse (roman), Paris, Gallimard, 1939; Paris, L'Imaginaire, Gallimard, 1995,
L'Enfant polaire (récit, 1921), Paris, Fontaine, 1945
Le Bridge de Madame Lyane (roman), Paris, Gallimard, 1948
Le Calligraphe (récit), Paris, Galerie Louise Leiris, 1959
La Chasse au mérou (roman), Paris, Gallimard, 1963
Contes et récits, Paris, Gallimard, 1973,
Le Carnaval et les civilisés, préface de Michel Leiris, dessins d'André Masson, Paris, L'Elocoquent, 1986


Dernière édition par ArenSor le Lun 12 Mar - 18:35, édité 1 fois
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Message par ArenSor Lun 12 Mar - 18:33

Les Vanilliers

Georges Limbour Vanill10

C’est une sorte de conte sur la découverte du mode de reproduction des vanilliers. Mais un conte assez noir, parfois cruel, où les enfants peuvent jeter des maléfices sur une île, où un ogre Van Houten rôde nez au vent à la recherche du parfum magique. C’est aussi une fable écologique où le malheur va fondre sur un paradis perdu. J’ai hésité à ouvrir un fil, puis je me dis que si un (e) chosien (ne) croisait un jour ce petit livre à la langue si poétique, qu’il ne le dédaigne surtout pas !  Very Happy

« Elle promenait avec plaisir sous son nez l’extrémité de ses doigts. Que pouvaient bien être ces curieux bâtonnets ? de petits serpents embaumés, de grandes chenilles confites ou de ces longs pleurs qu’on voit mélancoliquement pendre aux arbres. »

« Les feuillages tendres et touffus des acacias dévalaient la pente offerte aux brises en brandissant leurs floraisons rouges avec de larges gestes d’écoliers heureux. Et tout le long du môle, parallèles aux maisons, les aigrettes roses des tamaris en fleurs, pareils à une ceinture de coraux. Le soleil étincelait sur l’eau, devant les pierres du quai auquel n’étaient amarrées que de frêles barques d’or dont les coques creuses étaient chargées seulement d’une ombre dense, de sorte qu’on pouvait croire que les indigènes, qui n’embarquaient apparemment aucune marchandise, allaient vendre aux insulaires du Sud brûlant l’ombre odoriférante de leur île plus légère que des éponges. C’était vraiment leur seul commerce, et au milieu de la petite place ensoleillée et belle comme un atoll dans sa ceinture de coraux légers, sous un bouquet d’arbre dont les fleurs rouges nageaient dans un feuillage d’un vert enfantin, ils restaient accroupis à fumer leur pipe autour du grès rose, un grès de tamaris, toujours mouillé, de la fontaine. »

« Sans qu’elles s’en fussent aperçues, un gros navire, venu non directement de la haute mer mais qui avait probablement contourné la colline, s’était approché du môle, avait replié ses voiles et maintenant jetait l’ancre. Comme une araignée velue et de mauvais présage, la nuit, cette nuit aux imprévisibles desseins, tissait déjà ses toiles entre les mâts et se balançait menaçante au bout d’un fil pour étendre son ouvrage jusqu’aux âmes des arbres. »

« Une main invisible gratta les filaments stellaires d’une mandoline pour donner un grêle concert aux étoiles de dernière grandeur et sous les illuminations, au-dessus des tables de Germina, le rhum sautait de la bouteille dans les verres avec des bonds de petits animaux roux terminés par une longue queue d’écureuil. »
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Message par animal Lun 12 Mar - 22:51

J'aime beaucoup la dernière citation...

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Message par Bédoulène Lun 12 Mar - 23:51

merci Arensor ! la vanille un parfum, un goût !

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Message par Tristram Lun 12 Mar - 23:53

La vanille est une orchidée très répandue ici, mais il n'y a pas la bestiole pour féconder la fleur...

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Message par Quasimodo Mar 13 Mar - 12:17

Oui, la dernière citation est très belle, mais aussi les autres. Ah, ça me plaît beaucoup ! Tu as bien fait, ArenSor Very Happy
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Message par Aventin Mar 13 Mar - 17:19

Merci beaucoup ArenSor, j'ai assez envie de découvrir !
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Message par Tristram Lun 10 Juin - 7:02

Les vanilliers

Georges Limbour Vanill10

Jenny vit dans une île depuis la mort de sa mère emmi les odorants vanilliers au Mexique, avec son père, l’ancien archéologue De Bonald, maintenant au service d’un commerçant européen, le Hollandais van Houten (celui du chocolat). Ce dernier et Guillaume, son jeune fils, obèse, pâle, maladif, qui mourra bientôt, incarnent l’Occident venu accaparer les richesses indigènes et corrompre la nature.
Une épouvantable et mystérieuse « mort rouge » se répand tandis que les vanilliers importés s’étiolent stérilement, jusqu’à ce que le jeune Edmond, esclave noir, découvre incidemment le secret de la fécondation artificielle de leurs fleurs pendant son initiation érotique avec Jeannette, au cours de laquelle il inséminera secrètement Seira, la servante.
« La grosse bête s’éleva lentement de la boue qui submergeait son corps et levant son museau noir et gluant au-dessus des nénuphars pestilentiels qui semblaient vaguer sur la vase comme des crachoirs à bestiaux, elle souffla violemment pour chasser la fange qui lui obstruait les narines. Elle n’était pas noire, son pelage semblait grisonner. Obèse, empâtée, poivre et sel, elle semblait traîner difficilement le souci de l’île, le grand tracas des vanilliers stériles. »

« La grande main de la tristesse semblait presser doucement les arbres comme l’enfant sur la plage, las de bâtir des châteaux, laisse rêveusement couler du sable de son poing fermé. »
Une histoire de l’introduction de la tulipe de Chine met ce récit lui-même en abîme : le thème principal est le désordre cruellement mis dans la nature par l’humanité avec la mondialisation. Cette histoire reprend l’Histoire factuelle en y instillant subtilement les distorsions de l’imaginaire, empreinte de poésie et de drolatique, rappelant un peu les œuvres de Raymond Roussel.

\Mots-clés : #colonisation #nature #poésie

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Message par Bédoulène Lun 10 Juin - 12:54

tentant Tristram en lisant le com

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