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Francis Carco

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social - Francis Carco Empty Francis Carco

Message par ArenSor Mer 21 Aoû - 10:40

Francis Carco
(1886-1958)

social - Francis Carco Franci10

François Carcopino-Tusoli, dit Francis Carco, est un écrivain, poète, journaliste et auteur de chansons français d'origine corse.
Il était connu aussi sous le pseudonyme de Jean d'Aiguières.
Il monte à Paris en janvier 1910 et commence à fréquenter Montmartre. Après avoir poussé avec succès la goualante (chantant des chansons des Bats d'Af) au « Lapin Agile », il est immédiatement accueilli à la grande table où se réunissent les bohèmes de ce temps. Il publie son premier recueil, "La Bohême et mon cœur", en 1912.
En 1914, il publie au Mercure de France, grâce à l'appui de Rachilde, femme d'Alfred Valette, le patron de la revue, "Jésus la Caille", histoire d’un proxénète homosexuel, dont il a écrit la plus grande partie lors de son exil-refuge chez sa grand-mère à Nice. Mobilisé en novembre 1914 à Gray en tant qu'Intendant des Postes, il rejoint, grâce à l'aide de Jean Paulhan, un corps d’aviation à Avord, près de Bourges, puis à Étampes et enfin à Longvic près de Dijon. Il aura très peu l'occasion de voler et de mettre en valeur son brevet d'aviateur.
D'autres livres suivront, notamment "L'Homme traqué" (1922) distingué, grâce au soutien de Paul Bourget, par le Grand Prix du roman de l'Académie française. Viendront ensuite "L’ombre" (1933), "Brumes" (1935) dont il dira à la fin de sa vie que ce fut son meilleur roman.
Francis Carco a aussi écrit ses souvenirs sur Toulet et Katherine Mansfield, son enfance (« Maman Petitdoigt »), la Bohême parisienne ("De Montmartre au Quartier latin"), des reportages sur le Milieu, et des biographies de Villon, Verlaine, Utrillo, et Gérard de Nerval.
Son œuvre est riche d'une centaine de titres, romans, reportages, souvenirs, recueils de poésie, mais aussi pièces de théâtre.

Romans
• « Jésus-la-Caille », 1914
• « Les Innocents », 1916
• « Badigeon aviateur », 1917
• « Les Malheurs de Fernande », 1918
• « Les Mystères de la morgue ou les Fiancés du IVe arrondissement », écrit en collaboration avec Pierre Mac Orlan, 1919
• « Scènes de la vie de Montmartre », 1919
• « Bob et Bobette s'amusent », 1919
• « L’Équipe », 1919
• « Boudebois ou le Roman comique d'un aviateur », 1919
• « Rien qu'une femme », 1921
• « L'Homme traqué », 1922
• « Verotchka l'étrangère ou le Goût du malheur », 1923
• « Perversité », 1925
• « Le Couteau »,1925
• « Rue Pigalle », 1927
• « La Rue », 1930
• « L'Ombre », 1933
• « La Lumière noire », 1934
• « Brumes », 1935
• « Ténèbres », 1935
• « Blümelein 35 », 1937
• « L'Homme de minuit », 1938
• « Surprenant procès d'un bourreau », 1943
• « Les Belles Manières », 1945
• « Morsure », 1949
• « Compagnons de la mauvaise chance », 1954
ArenSor
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Message par ArenSor Mer 21 Aoû - 10:44

L’Homme traqué

social - Francis Carco L_homm12

La rue Saint-Denis à Paris au début des années 20 : François Lampieur, un ouvrier boulanger, vient de trucider une concierge pour lui dérober son argent. Il pense avoir été vu dans son crime par Alphonsine, une jeune prostituée. En effet, cette dernière a l’habitude de jeter une ficelle avec de l’argent par le soupirail de la pièce où travaille Lampieur. En échange, celui-ci attache un morceau de pain à la ficelle. Or, la nuit du forfait, Lampieur retrouve cette ficelle sur le sol…
Lampieur est un être qui se sent traqué, obsédé par le meurtre qu’il a commis, pas tant par le remords d’avoir ôté une vie que par la peur d’être découvert. Alphonsine est fascinée par cet homme dont elle ne sait trop s’il est ou non le meurtrier. Les deux sont aimantés l’un par l’autre dans une sorte de ballet toxique fait d’attirance et répulsion.
Francis Carco se situe dans une tradition réaliste noire qui trouve ses origines chez Zola. Dans ce roman, on peut penser aussi à Dostoïevski pour l’étude psychologique, également à Simenon pour l’atmosphère, mais avec une analyse plus poussée des personnalités.
Une belle découverte.


« A droite, étaient les Halles. Léontine voyait, dans le ciel, le buisson de clartés qu’elles élevaient très haut et que striait la pluie. Par-dessus les maisons noires, une atmosphère enflammée occupait tout l’espace et des vapeurs y couraient et s’y partageaient en lambeaux.
Maintenant, plus elle approchait de l’angle des deux rues et plus l’animation des Halles adaptait à sa vie nocturne cent éléments épars ; des chiffonniers aux voix rauques visitaient les poubelles ; des resserres s’entrouvraient ; des débits obscurs ; de vagues porches humides où des charrettes à bras étaient louées à l’heure et à la nuit, des corridors aux vacillantes lueurs ; des fritureries. »

« Ce bar, où Léontine échouait à présent toutes les nuits, avait pour habitués des débardeurs, des hommes de peine et quelquefois de vieilles femmes sordides qui se régalaient de vin rouge. On n’y menait pas grand tapage. Sur chaque être pesait comme un égal destin auquel nul n’aurait pu se dérober. Nuits des Halles ! Ce buveur accoudé au comptoir y avait l’attitude endormie des bêtes attelées qui attendent dans les rues le coup de fouet qui les réveillera ; cet autre était plus qu’à demi couché en travers de la table et, à deux mains, il se tenait la tête et regardait, sans voir, au tour de lui. Un lourd silence, accumulé par la fatigue, emplissait tout le bar. Il y contenait comme l’atmosphère incohérente d’un cauchemar où la lumière luisait d’une cruelle et maussade fixité. »
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Message par Bédoulène Mer 21 Aoû - 11:02

merci Aren ; je pensais qu'il avait son fil Carco, donc c'est fait !

j'ai lu dans ma jeunesse 2 ou 3 de ses livre, Jésus la caille, sur, puis ?

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par Tristram Mer 11 Sep - 21:58

Jésus-la-Caille

social - Francis Carco Jzosus10

À Montmartre au début des années 1900, Jésus-la-Caille se désole que son compagnon, Bambou, un jeune gigolo (prostitué, « truqueur ») comme lui, ait été arrêté par les bourres. A-t-il été vendu par le retors Pépé-la-Vache, soupçonné d’être une bourrique (mouchard) ? Ou par M. Dominique, le Corse, ancien trompette des Bataillons d’Afrique, souteneur et braqueur ? Jésus-la-Caille (un jésus est un jeune garçon prostitué) séduit Fernande, la gosse de ce dernier, et bientôt les deux vivent en couple. Puis elle le quitte pour la Vache, qui l’a « à la bonne depuis longtemps », et vient de faire prendre le Corse par la police. La Caille se met avec la Puce, lui aussi « mince voyou », et jeune frère de Bambou. Fernande quitte la Vache et son exil à Belleville ; elle est séduite par Loupé, un autre petit môme cambrioleur.
Aperçu de la pègre parisienne, des chanteurs des carrefours, des fiacres, du « Moulin de la Galette, où fréquentent indistinctement trottins et gigolettes, calicots valseurs, barbillons, rapins et curieux. » Un monde foisonnant, profitant des « pantes » ("bourgeois" et autres touristes) mais harcelé par les bourres, inventif et novateur tant pour la langue que pour les mœurs.
Mélange curieux d’argot (aujourd’hui vieilli, comme les savoureuses « doutances », ou moins intelligible, comme « égnollé », une forme d’ennuyé) dans les dialogues, de phrases désarticulées, bizarrement construites, et d’ellipses, qui font qu’on ne saisit pas exactement ces portraits de la Caille et Fernande (topos de la prostituée qui a besoin qu’un homme la domine).
« Il ne pensait point que, rencontrant Pépé-la-Vache, il n’aurait pas pu ne pas se trahir. Au contraire, il pensait que, ne le rencontrant nulle part, c’était lui, la Vache, qui se trahissait. »

« Hélas ! elle savait bien qu’une femme adore toujours celui qui la domine... Il y avait au Moulin-Rouge des amies qui vivaient ensemble. Elles n’étaient pas heureuses. Il y avait des couples étranges qui riaient pour des niaiseries. Ils n’étaient pas heureux... Cela se voyait à l’air soucieux que prenaient leurs visages, par moments. Leurs regards le disaient aux gens qui passaient et qui enviaient leur gaieté factice. Et ceux qui s’accoudent au bar, ceux qui fument et baissent les yeux, ceux qui boivent pour s’étourdir, ceux qui suivent une femme dans le promenoir, ceux qui marchent toute la nuit à travers les rues ? Ils n’étaient pas heureux non plus... Fernande en avait connu qui, dans la chambre où ils se trouvaient ensemble, parlaient de choses mystérieuses et ridicules, ou qui se taisaient, qui la payaient, la regardaient... Sous leurs allures, perçait toujours la même angoisse. Personne n’en était affranchi. Les petites traînées du boulevard cherchaient à noyer leur tristesse dans l’éther. Elles n’avaient pas la force de recommencer, chaque jour, une existence inutile, et les morphinomanes, les opiomanes, chacune avec son vice et ses chagrins, affirmaient leur mépris, toutes les nuits plus amer, du lendemain. »

« Elle l’avait aimé pour sa faiblesse et pour son apparente douceur. Elle l’aima pour sa lâcheté. Il savait la faire odieusement souffrir et quand, à bout de moyens, il en arrivait maintenant à la battre, Fernande montrait une telle passivité qu’il s’acharnait à la rouer de coups. Elle ne se révoltait jamais. Il la quittait ensuite, car il l’aurait tuée. Sa violence l’effrayait. Il redoutait aussi de se laisser emporter par le plaisir de la battre. Plus que l’amour, l’habitude des coups est capable d’enchaîner deux êtres et la Caille voulait pouvoir rompre à son aise. Il se rappelait les propos de Titine et de Gueule d’Amour.
— Ça casse toujours avec une gonzesse... »

\Mots-clés : #criminalite #prostitution #sexualité #social

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Message par Bédoulène Jeu 12 Sep - 8:56

merci Tristram, des souvenirs remontent doucement, de cette lecture ancienne !

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