Vladimir Maïakovski
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Vladimir Maïakovski
Vladimir Maïakovski (1893-1930)
source : wikipédiaVladimir Vladimirovitch Maïakovski né le 19 juillet (7 juillet) 1893 à Baghdati (gouvernement de Koutaïssi, Géorgie, Empire russe) et mort le 14 avril 1930 à Moscou, est un poète, dramaturge et futuriste soviétique.
Issu d’une famille modeste, il s’installe à Moscou en 1906, après la mort de son père. Il adhère au Parti social démocrate (bolchévique) à 15 ans et participe aux manifestations révolutionnaires de 1905. Arrêté trois fois pour conspiration, il s'initie à la poésie alors qu'il est emprisonné à Boutyrskaïa en 1909.
En 1911, il entre à l'École de peinture, sculpture et architecture de Moscou.
Il commence sa carrière littéraire à l'âge de 18 ans par une tragédie provocante intitulée Vladimir Maïakovski, montée au Luna-Park à Saint-Pétersbourg en 1913. Elle sera copieusement sifflée « à y percer des trous », dira-t-il.
Il devient rapidement un des meneurs du mouvement futuriste après sa rencontre avec le poète et peintre David Bourliouk avec lequel il fonde l'association Queue d'Âne. Le premier manifeste du mouvement est publié en 1912.
Tout en exploitant cette nouvelle poésie, il en révolutionne les codes dans La Flûte en colonne vertébrale (aussi connue sous le nom de La Flûte des vertèbres, 1915) ou dans son Nuage en pantalon (1915), véritable manifeste du futurisme, qui est le fruit de sa relation troublée avec Lili Brik qu'il a rencontrée en 1915 alors qu'il entretient une relation avec sa jeune sœur Elsa Triolet.
Il lui écrira et lui dédiera sa vie durant ses plus belles poésies. Lili est déjà mariée avec Ossip Brik qui devient l'ami et l'éditeur du poète. Un ménage complice à trois s'instaure.
De retour à Moscou et après la Révolution d’Octobre de 1917, il utilise sincèrement, son talent au service du pouvoir politique, notamment dans le poème « Lénine ».
Il écrit également deux pièces satiriques. Son Mystère-Bouffe est une pièce qui traite de la Révolution d'une façon épique : « Mystère, c’est ce que la Révolution a de grand. Bouffe, ce qu’elle a de comique ». Il se heurte une fois encore au conformisme des critiques et du Parti.
Il sillonne pourtant l'Europe en ambassadeur et visite Londres et Paris. De 1923 à 1925 il prend les commandes de la revue LEF, à l'avant garde du futurisme et qui influencera toute une génération d'écrivains.
Partout on écoute ce géant à la voix de stentor célébrer la révolution dont il est le chantre. Il se met au service de l'Agence télégraphique russe (ROSTA) et conçoit les images et les textes des posters satiriques. Après une série de ruptures et de réconciliations, il se sépare définitivement de Lili en 1924. A New York, il rencontre Elly Jones, une jeune émigrée russe, et de leur brève passion naît une fille : Patricia Jones Thompson, qu'il ne reverra qu'en 1929.
La famine gronde, le cri torturé du Treizième apôtre plus désespéré que jamais résonne: « À bas votre amour, à bas votre art, à bas votre société, à bas votre religion ».
Le 14 avril 1930 à 10 h 15, le poète harassé, qui par défi jouait aussi à la roulette russe, se tire une balle dans le cœur. La thèse du suicide semble évidente. Le poète qui exhortait la jeunesse à vivre à la mort terrible d'Essenine est lui aussi « reparti vers les étoiles ».
Une certitude, il rédigea sa propre épitaphe deux jours avant sa mort : « Le canot de l'amour s'est fracassé contre la vie (courante). Comme on dit, l'incident est clos. Avec vous, nous sommes quittes. N'accusez personne de ma mort. Le défunt a horreur des cancans. Au diable les douleurs, les angoisses et les torts réciproques !... Soyez Heureux ! ».
On trouvera aussi ce mot : « Maman, mes sœurs, mes amis pardonnez-moi - ce n'est pas la voie ( je ne la recommande à personne ) mais il n'y a pas d'autre chemin possible pour moi. Lili aime-moi ! ».
Staline ordonne des funérailles nationales pour celui qu'il qualifiera plus tard de « poète de la Révolution ».
Il sera après sa mort tour à tour déconsidéré, oublié, réhabilité par Staline sur l'insistance des Brik - « Ils l'ont tué une seconde fois » dira Boris Pasternak, mis à l'index à nouveau et, finalement, redécouvert au fil des révolutions.
Bibliographie sélective en français :
Vers et prose (traduction Elsa Triolet)
Lettres à Lili Brik (1917-1930)
Comment ça va ? Au secours !
Du monde j'ai fait le tour
Le Nuage en pantalon
L'universel reportage
A pleine voix, anthologie poétique
Ecoutez si on allume les étoiles…
De ça
L'amour, la poésie, la révolution
Mots-clés : #poésie
Re: Vladimir Maïakovski
D’un coup j’ai barbouillé la carte du quotidien
en faisant gicler la couleur hors du verre;
j’ai exposé sur un plat de gélatine
les pommettes torves de l’océan.
Sur les écailles de fer-blanc d’un poisson
j’ai lu l’appel de lèvres nouvelles.
Et vous,
vous le pourriez,
jouer un nocturne
sur la flûte de la gouttière ?
en faisant gicler la couleur hors du verre;
j’ai exposé sur un plat de gélatine
les pommettes torves de l’océan.
Sur les écailles de fer-blanc d’un poisson
j’ai lu l’appel de lèvres nouvelles.
Et vous,
vous le pourriez,
jouer un nocturne
sur la flûte de la gouttière ?
Chamaco- Messages : 4528
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : Corse du sud
Re: Vladimir Maïakovski
Écoutez !
Puisqu'on allume les étoiles,
c'est qu'elles sont à
quelqu'un nécessaires?
C'est que quelqu'un désire
qu'elles soient?
C'est que quelqu'un dit perles
ces crachats?
Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,
il fonce jusqu'à Dieu,
craint d'arriver trop tard, pleure,
baise sa main noueuse, implore
il lui faut une étoile!
jure qu'il ne peut supporter
son martyre sans étoiles.
Ensuite,
il promène son angoisse,
il fait semblant d'être calme.
Il dit à quelqu'un :
" Maintenant, tu vas mieux,
n'est-ce pas? T'as plus peur ? Dis ? "
Écoutez !
Puisqu'on allume les étoiles,
c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ?
c'est qu'il est indispensable,
que tous les soirs
au-dessus des toits
se mette à luire seule au moins
une étoile?
Puisqu'on allume les étoiles,
c'est qu'elles sont à
quelqu'un nécessaires?
C'est que quelqu'un désire
qu'elles soient?
C'est que quelqu'un dit perles
ces crachats?
Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,
il fonce jusqu'à Dieu,
craint d'arriver trop tard, pleure,
baise sa main noueuse, implore
il lui faut une étoile!
jure qu'il ne peut supporter
son martyre sans étoiles.
Ensuite,
il promène son angoisse,
il fait semblant d'être calme.
Il dit à quelqu'un :
" Maintenant, tu vas mieux,
n'est-ce pas? T'as plus peur ? Dis ? "
Écoutez !
Puisqu'on allume les étoiles,
c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ?
c'est qu'il est indispensable,
que tous les soirs
au-dessus des toits
se mette à luire seule au moins
une étoile?
- GGG:
- Mon étoile ... Où est mon étoile ? Pas trop polaire si possible ... Du côté de Vénus, que garde l'étoile du berger ?
Re: Vladimir Maïakovski
Choix de textes
Quelques poèmes
Au moment d’illustrer par quelques textes sa force tellurique, peu d’exemples viennent, car comment capter un fleuve charriant autant de boue que de diamants ?
En voici un tout petit exemple glané dans les quelques traductions existantes
****
Mais peut-être
Ne reste-t-il
Au temps caméléon
Plus de couleurs ?
Encore un sursaut
Et il retombera,
Sans souffle et rigide.
Peut - être,
Enivrée de fumées et de combats,
La terre ne relèvera-t-elle jamais la tête ?
Peut être,
Un jour ou l'autre,
Le marais des pensées se fera cristal
Un jour ou l'autre,
La terre verra le pourpre qui jaillit des corps,
Au-dessus des cheveux cabrés d'épouvante
Elle tordra ses bras, gémissante
Peut-être...
Écoutez !
Puisqu'on allume les étoiles,
c'est qu'elles sont à
quelqu'un nécessaires ?
C'est que quelqu'un désire
qu'elles soient ?
C'est que quelqu'un dit perles
ces crachats ?
Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,
il fonce jusqu'à Dieu,
craint d'arriver trop tard, pleure,
baise sa main noueuse, implore
il lui faut une étoile !
jure qu'il ne peut supporter
son martyre sans étoiles.
Ensuite,
il promène son angoisse,
il fait semblant d'être calme.
Il dit à quelqu'un :
" Maintenant, tu vas mieux,
n'est-ce pas ? T'as plus peur ? Dis ? "
Écoutez !
Puisqu'on allume les étoiles,
c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ?
c'est qu'il est indispensable,
que tous les soirs
au-dessus des toits
se mette à luire seule au moins
une étoile?
traduction Simone Pirez et Francis Combes
À vous toutes
que l’on aima et que l’on aime
icône à l’abri dans la grotte de l’âme
comme une coupe de vin
à la table d’un festin
je lève mon crâne rempli de poèmes
Souvent je me dis et si je mettais
le point d’une balle à ma propre fin
Aujourd’hui à tout hasard je donne
mon concert d’adieu
Mémoire !
Rassemble dans la salle du cerveau
les rangs innombrables des bien-aimées
verse le rire d’yeux en yeux
que de noces passées la nuit se pare
de corps et corps versez la joie
que nul ne puisse oublier cette nuit
Aujourd’hui je jouerai de la flûte sur
ma propre colonne vertébrale
Vladimir Maïakovski 1915
extrait de « La flûte des vertèbres »
Copié sur le magnifique site poétique Esprit Nomades
Il y a des doublons, mais tant pis !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Vladimir Maïakovski
Est-ce vous
Qui comprendrez pourquoi,
Serein,
Sous une tempête de sarcasmes,
Au dîner des années futures
J’apporte mon âme sur un plateau ?
Larme inutile coulant
De la joue mal rasée des places,
Je suis peut-être
Le dernier poète.
Vous avez vu
Comme se balance
Entre les allées de briques
Le visage strié de l’ennui pendu,
Tandis que sur le cou écumeux
Des rivières bondissantes,
Les ponts tordent leurs bras de pierre.
Le ciel pleure
Avec bruit,
Sans retenue,
Et le petit nuage
À au coin de la bouche,
Une grimace fripée,
Comme une femme dans l’attente d’un enfant
À qui dieu aurait jeté un idiot bancroche.
De ses doigts enflés couverts de poils roux, le soleil vous a épuisé de caresses, importun comme un bourdon.
Vos âmes sont asservies de baisers.
Moi, intrépide,
je porte aux siècles ma haine des rayons du jour ;
l’âme tendue comme un nerf de cuivre,
je suis l’empereur des lampes.
Venez à moi, vous tous qui avez déchiré le silence,
Qui hurlez,
Le cou serré dans les nœuds coulants de midi.
Mes paroles,
Simples comme un mugissement,
Vous révèleront
Nos âmes nouvelles,
Bourdonnantes
Comme l’arc électrique.
De mes doigts je n’ai qu’à toucher vos têtes,
Et il vous poussera
Des lèvres
Faites pour d’énormes baisers
Et une langue
Que tous les peuples comprendront.
Mais moi, avec mon âme boitillante,
Je m’en irai vers mon trône
Sous les voûtes usées, trouées d’étoiles.
Je m’allongerai,
Lumineux,
Revêtu de paresse,
Sur une couche moelleuse de vrai fumier,
Et doucement,
Baisant les genoux des traverses,
La roue d’une locomotive étreindra ton cou.
Si je croyais à l’outre-tombe…
Une promenade est facile.
Il suffit d’allonger le bras, –
la balle aussitôt
dans l’autre vie
tracera un chemin retentissant.
Que puis-je faire
si moi
de toutes mes forces
de tout mon cœur
en cette vie
en cet
univers
ai cru
crois.
Maïakovski, Cela, 1923
mots-clés : #poésie
Qui comprendrez pourquoi,
Serein,
Sous une tempête de sarcasmes,
Au dîner des années futures
J’apporte mon âme sur un plateau ?
Larme inutile coulant
De la joue mal rasée des places,
Je suis peut-être
Le dernier poète.
Vous avez vu
Comme se balance
Entre les allées de briques
Le visage strié de l’ennui pendu,
Tandis que sur le cou écumeux
Des rivières bondissantes,
Les ponts tordent leurs bras de pierre.
Le ciel pleure
Avec bruit,
Sans retenue,
Et le petit nuage
À au coin de la bouche,
Une grimace fripée,
Comme une femme dans l’attente d’un enfant
À qui dieu aurait jeté un idiot bancroche.
De ses doigts enflés couverts de poils roux, le soleil vous a épuisé de caresses, importun comme un bourdon.
Vos âmes sont asservies de baisers.
Moi, intrépide,
je porte aux siècles ma haine des rayons du jour ;
l’âme tendue comme un nerf de cuivre,
je suis l’empereur des lampes.
Venez à moi, vous tous qui avez déchiré le silence,
Qui hurlez,
Le cou serré dans les nœuds coulants de midi.
Mes paroles,
Simples comme un mugissement,
Vous révèleront
Nos âmes nouvelles,
Bourdonnantes
Comme l’arc électrique.
De mes doigts je n’ai qu’à toucher vos têtes,
Et il vous poussera
Des lèvres
Faites pour d’énormes baisers
Et une langue
Que tous les peuples comprendront.
Mais moi, avec mon âme boitillante,
Je m’en irai vers mon trône
Sous les voûtes usées, trouées d’étoiles.
Je m’allongerai,
Lumineux,
Revêtu de paresse,
Sur une couche moelleuse de vrai fumier,
Et doucement,
Baisant les genoux des traverses,
La roue d’une locomotive étreindra ton cou.
Si je croyais à l’outre-tombe…
Une promenade est facile.
Il suffit d’allonger le bras, –
la balle aussitôt
dans l’autre vie
tracera un chemin retentissant.
Que puis-je faire
si moi
de toutes mes forces
de tout mon cœur
en cette vie
en cet
univers
ai cru
crois.
Maïakovski, Cela, 1923
mots-clés : #poésie
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Vladimir Maïakovski
Les poètes sont chers aux femmes,
avec ça j'ai de l'astuce,
et pour peu qu'elles prêtent l'oreille
je leur conte des merveilles.
Je ne mords pas à l'ordure,
à l'appât de basses fredaines.
Eternel blessé d'amour
c'est à peine si je me trahis.
avec ça j'ai de l'astuce,
et pour peu qu'elles prêtent l'oreille
je leur conte des merveilles.
Je ne mords pas à l'ordure,
à l'appât de basses fredaines.
Eternel blessé d'amour
c'est à peine si je me trahis.
- GGG:
- La séduction selon Maïakovski ... En effet, je retrouve dans ces mots celui que j'ai découvert chez Littel : l'impétuosité, l'importance des idées et des abstractions poussées au bout pour plonger immédiatement dans le sexe, comme pour se décharger de cette énergie qui semble le submerger, qu'il ne peut écrire que par des mots, mais également par son membre en érection ...
Re: Vladimir Maïakovski
Maïakovski a écrit:Avant, je pensais
que les livres se faisaient comme ça :
un poète arrivait,
desserrait légèrement les lèvres,
et de suite le benêt inspiré se mettait à chanter.
Et ça y était !
En fait,
avant que le chant vous vienne,
il faut longtemps déambuler, couvrir ses pieds d'ampoules en
allées et venues,
tandis que dans la vase du cœur doucement barbote
la sotte sardine de l'imagination.
Pendant qu'on fait bouillir, en grinçant de la rime
une sorte de brouet d'amours et de rossignols,
la rue se tord, privée de langue :
elle n'a rien pour crier ni parler.
- GGG:
La création --- âpre, difficile, il y a un peu du bouilleur de cru clandestin dans la poésie de Maïakovski, non ?
Re: Vladimir Maïakovski
Ecoutez : Si on allume les étoiles... de Vladimir Maïakovski a écrit:Le poète est un ouvrier
On gueule au poète :
« On voudrait t’y voir, toi, devant un tour !
C’est quoi les vers ?
Du verbiage !
Mais question travail, des clous ! »
Peut-être bien
en tout cas
que le travail
est ce qu’il y a de plus proche
de notre activité.
Moi aussi je suis une fabrique.
Sans cheminée
peut-être
mais sans cheminée c’est plus dur.
Je sais, vous n’aimez pas les phrases creuses.
Débiter du chêne, ça, c’est du travail.
Mais nous
ne sommes-nous pas aussi des menuisiers ?
Nous façonnons le chêne de la tête humaine.
Bien sûr,
pêcher est chose respectable.
Jeter ses filets
et dans les filets, attraper un esturgeon !
D’autant plus respectable est le travail du poète
qui pêche non pas des poissons
mais des gens vivants.
Dans la chaleur des hauts-fourneaux
chauffer le métal incandescent
c’est un énorme travail !
Mais qui pourrait
nous traiter de fainéants ?
Avec la râpe de la langue, nous polissons les cerveaux.
Qui vaut le plus ?
Le poète
ou le technicien
qui mène les gens vers les biens matériels ?
Tous les deux.
Les cœurs sont comme des moteurs,
l’âme, un subtil moteur à explosion.
Nous sommes égaux,
camarades, dans la masse des travailleurs,
prolétaires du corps et de l’esprit.
Ensemble seulement
nous pouvons embellir l’univers,
le faire aller plus vite, grâce à nos marches.
Contre les tempêtes verbales bâtissons une digue.
Au boulot !
La tâche est neuve et vive.
Au moulin
les creux orateurs !
Au meunier !
Qu’avec l’eau de leurs discours
ils fassent tourner les meules !
1918.
- GGG:
- La poésie confrontée au travail, à la révolution, au réalisme socialiste ... Opposition ou pas ?
Peut-on être poète et technicien à la fois ? Il semble que non selon VM, à chacun son rôle pour parvenir selon ses moyens au même objectif ... Mais les deux sont des travailleurs ...
Re: Vladimir Maïakovski
Votre pensée,
qui rêvasse sur votre cervelle ramollie,
tel un laquais obèse sur sa banquette graisseuse,
je m’en vais l’agacer
d’une loque de mon coeur sanguinolent
et me repaître à vous persifler, insolent et caustique.
Mon âme n’a pas pris un seul cheveu blanc,
et il n’y a en elle aucune tendresse sénile!
En fracassant le monde par le bourdon de ma voix,
je m’avance, beau gosse, mes vingt-deux ans en prime.
Tendres!
Vous couchez l’amour sur les violons.
Les brutaux le flanquent sur des cymbales.
Mais sauriez-vous comme moi vous retourner comme un gant
pour que vous ne soyez plus que des lèvres intégrales?
Venez prendre des leçons
– salonnière de satin,
fonctionnaire formatée de la ligue angélique,
et celle qui feuillette des lèvres sans émoi aucun,
comme si c’étaient les pages d’un livre de cuisine!
Voulez-vous
que je sois un enragé de la viande,
ou bien, changeant de ton comme les couleurs du ciel –
voulez-vous
que je sois impeccablement tendre,
un nuage en pantalon au lieu d’un homme charnel?
Ce n’est pas vrai qu’il y ait une Nice florale!
Voilà que je me remets à chanter vos louanges
– vous, hommes, défraîchis comme un hôpital,
et vous, femmes, rebattues comme un proverbe.
***
Extrait du poème « Le nuage en pantalon » (1915) de Vladimir Maïakovski (1893-1930) – Traduction de Wladimir Berelowitch
qui rêvasse sur votre cervelle ramollie,
tel un laquais obèse sur sa banquette graisseuse,
je m’en vais l’agacer
d’une loque de mon coeur sanguinolent
et me repaître à vous persifler, insolent et caustique.
Mon âme n’a pas pris un seul cheveu blanc,
et il n’y a en elle aucune tendresse sénile!
En fracassant le monde par le bourdon de ma voix,
je m’avance, beau gosse, mes vingt-deux ans en prime.
Tendres!
Vous couchez l’amour sur les violons.
Les brutaux le flanquent sur des cymbales.
Mais sauriez-vous comme moi vous retourner comme un gant
pour que vous ne soyez plus que des lèvres intégrales?
Venez prendre des leçons
– salonnière de satin,
fonctionnaire formatée de la ligue angélique,
et celle qui feuillette des lèvres sans émoi aucun,
comme si c’étaient les pages d’un livre de cuisine!
Voulez-vous
que je sois un enragé de la viande,
ou bien, changeant de ton comme les couleurs du ciel –
voulez-vous
que je sois impeccablement tendre,
un nuage en pantalon au lieu d’un homme charnel?
Ce n’est pas vrai qu’il y ait une Nice florale!
Voilà que je me remets à chanter vos louanges
– vous, hommes, défraîchis comme un hôpital,
et vous, femmes, rebattues comme un proverbe.
***
Extrait du poème « Le nuage en pantalon » (1915) de Vladimir Maïakovski (1893-1930) – Traduction de Wladimir Berelowitch
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Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Vladimir Maïakovski
Il a au moins le mérite d'aborder le sujet !Le poète est un ouvrier
_________________
Keep on keeping on...
Re: Vladimir Maïakovski
Bédoulène a écrit:Votre pensée,
qui rêvasse sur votre cervelle ramollie,
tel un laquais obèse sur sa banquette graisseuse,
je m’en vais l’agacer
d’une loque de mon coeur sanguinolent
et me repaître à vous persifler, insolent et caustique.
Mon âme n’a pas pris un seul cheveu blanc,
et il n’y a en elle aucune tendresse sénile!
En fracassant le monde par le bourdon de ma voix,
je m’avance, beau gosse, mes vingt-deux ans en prime.
Tendres!
Vous couchez l’amour sur les violons.
Les brutaux le flanquent sur des cymbales.
Mais sauriez-vous comme moi vous retourner comme un gant
pour que vous ne soyez plus que des lèvres intégrales?
Venez prendre des leçons
– salonnière de satin,
fonctionnaire formatée de la ligue angélique,
et celle qui feuillette des lèvres sans émoi aucun,
comme si c’étaient les pages d’un livre de cuisine!
Voulez-vous
que je sois un enragé de la viande,
ou bien, changeant de ton comme les couleurs du ciel –
voulez-vous
que je sois impeccablement tendre,
un nuage en pantalon au lieu d’un homme charnel?
Ce n’est pas vrai qu’il y ait une Nice florale!
Voilà que je me remets à chanter vos louanges
– vous, hommes, défraîchis comme un hôpital,
et vous, femmes, rebattues comme un proverbe.
***
Extrait du poème « Le nuage en pantalon » (1915) de Vladimir Maïakovski (1893-1930) – Traduction de Wladimir Berelowitch
Merci Bédou pour cet extrait .. tout en force ou en tours de force
Je reste sur
"Mais sauriez-vous comme moi vous retourner comme un gant
pour que vous ne soyez plus que des lèvres intégrales?" ... et je ne sais que penser si ce n'est que c'est troublant ...
Re: Vladimir Maïakovski
Bon, Maïakovski. Je suis un peu rétif. Qui embrasse trop mal étreint... vous citez de beaux passages. Maïakovski est assez dissert, mais j'ai l'impression de mal respirer dans ses recueils... GGG semble vouloir mettre le paquet sur ce poète, c'est évident et il me fait tendre l'oeil - à défaut de l'oreille - lorsqu'il évoque la déambulation...
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Vladimir Maïakovski
cela ne veut-il pas dire s'offrir totalement à l' amour ? faire le don de soi ?
_________________
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Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Vladimir Maïakovski
Maiakovski est un poete qui se met en scène, qui aimait cela, qui avait me semble t'il un besoin physique de faire parler sa poèsie ... Ne serait elle pas mise en valeur en étant lue à haute voix ? Le récit de Littel est émaillé de nombreux relevés où Maiakovski part dans les usines, les universités ou chez des amis déclamer ses poèmes ... Et il semblait faire corps avec ses paroles, créant une sorte de fascination auprès de son public ...Jack-Hubert Bukowski a écrit:Bon, Maïakovski. Je suis un peu rétif. Qui embrasse trop mal étreint... vous citez de beaux passages. Maïakovski est assez dissert, mais j'ai l'impression de mal respirer dans ses recueils... GGG semble vouloir mettre le paquet sur ce poète, c'est évident et il me fait tendre l'oeil - à défaut de l'oreille - lorsqu'il évoque la déambulation...
Ses poèmes sont empreints d'une certaine violence, force et apparente simplicité qui fait écho me semble t'il à la beauté simple du travail manuel ... Comme un forgeron, il se met sous les charbons ardents et en ressort en feu, à peine martelé de ci de là pour donner une ébauche de forme ... C'est brut et cela parle avec les tripes ...
Avec Maiakovski et sa quête d'absolu, le sens premier n'est jamais à rejeter de prime abord ...Bédoulène a écrit:cela ne veut-il pas dire s'offrir totalement à l' amour ? faire le don de soi ?
Re: Vladimir Maïakovski
Le Nuage en Pantalon a écrit:Si vous voulez,
furieusement ma chair se déchaînera
- ou bien changeant de ton comme le ciel si ça vous chante-
je serai tendre, irréprochablement,
non plus un homme alors, mais un nuage en pantalon.
- GGG:
- J'aime beaucoup cette image de nuage en pantalon ...
Et je m'étonne de ne pas en trouver facilement des représentations picturales ...
En trouvez-vous de votre côté ?
Re: Vladimir Maïakovski
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Vladimir Maïakovski
Jack-Hubert Bukowski a écrit:Bon, Maïakovski. Je suis un peu rétif. Qui embrasse trop mal étreint... vous citez de beaux passages. Maïakovski est assez dissert, mais j'ai l'impression de mal respirer dans ses recueils... GGG semble vouloir mettre le paquet sur ce poète, c'est évident et il me fait tendre l'oeil - à défaut de l'oreille - lorsqu'il évoque la déambulation...
J'apprécie bien, pour ma part, et merci à 3G que je salue .
Mais, il y a un mais: à la différence du roman, j'ai beaucoup de mal avec la poésie traduite, si je ne peux la lire en langue originale, même si je pressens vaguement combien c'est exceptionnel, majeur, dans le cas de Maïakovski.
Autre cas similaire, percevoir combien Dante Alighieri ça doit être génial est dans mes cordes, l'apprécier vraiment ne me paraît pas possible dans la mesure de mes trop faibles moyens.
Je me limite donc aux francophones, anglophones et hispanophones - et rien que là, il y a assez pour occuper plusieurs vies.
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Vladimir Maïakovski
Même pour un poète anglo, il y a des choses qui se perdent dans la traduction, même si nous pouvons parfois avec notre colonialisme intérieur, traduire intégralement à l'anglais, comme filer à l'anglaise... quoi qu'il en soit, je suis a priori sensible aux thèmes que Maïakovski évoque... je suis moi-même «ouvrier», même si lettré... mais bon... traduction... je dois mentionner au passage que j'ai apprécié une traduction des cahiers de voronej d'ossip mandelstam... j'ai eu un peu de difficulté avec la poésie d'un recueil de william carlos williams... sacrilège?
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Vladimir Maïakovski
J'avoue que pour ma part je suis un Béotien du fin fond de la Béotie, la plus crasseuses possible, et me limite à faire part de ce qui me touche d'une manière ou d'une autre. Alors que ce soit dans la langue de Molière, Cervantès, Shakespeare ou Goethe, cela n'est pas primordial au fond selon ma grille d'appréciation ...
Et à l'heure actuelle, j'avoue que Maiakovski me touche par sa rudesse, son artisanat, sa sensualité exacerbée, sa solitude au milieu de ses admirateurs ...
Et à l'heure actuelle, j'avoue que Maiakovski me touche par sa rudesse, son artisanat, sa sensualité exacerbée, sa solitude au milieu de ses admirateurs ...
V Maïakovski a écrit:Les veines et les muscles sont plus sûrs que les prières.
Est-ce à nous d'implorer les grâces du temps ?
Nous, -
chacun de nous, -
nous tenons dans nos cinq doigts
les courroies de transmission du monde !
- GGG:
- Toujours ce réalisme socialiste qui met en valeur le travail manuel et les arts mécaniques, le besoin de créer un monde nouveau à partir de matière, de chair plus que par des idées ...
On peut y ajouter l'idée de diriger le monde comme on dirige un attelage avec des rênes ...
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