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Petina Gappah

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Message par Avadoro Mar 27 Déc - 20:19

Petina Gappah
Née en 1971



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Petina Gappah, née au Zimbabwe en 1971, a fait des études de droit à Cambridge. Son premier recueil de nouvelles, Les Racines déchirées, lui a valu le Guardian  First Book Prize en 2009. Elle est avocate à Genève.
(Source : Editions Jean-Claude Lattès)


Oeuvres traduites en français

Roman
2016 : Le livre de Memory

Recueil de nouvelles
2010 : Les racines déchirées
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Message par Avadoro Mar 27 Déc - 21:58

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Le livre de Memory

L'ouvrage prend la forme du témoignage d'une femme albinos, incarcérée pour un crime qu'elle nie avoir commis et dans l'attente de la révision de son jugement. Les souvenirs d'enfance se mêlent au quotidien vécu en prison, pour composer un récit complexe qui devient le miroir d'un pays bouleversé.

Pettina Gappah explore à travers un portrait individuel la tumultueuse histoire contemporaine du Zimbabwe, ancienne Rhodésie. Un conflit intérieur, une impossibilité à trouver sa place symbolisée par le regard porté sur sa peau font écho à un malaise plus large et plus insidieux. Si les rebondissements semblent parfois trop nombreux et précipités, la vivacité et la ferveur de l'écriture sont un moyen éloquent pour affronter la violence d'un passé et se réapproprier une mémoire enfouie.


mots-clés : #discrimination #identite #pathologie #segregation
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Message par Armor Mer 28 Déc - 0:10

J'ai lu et entendu que dans certains coins d'Afrique, les albinos sont pourchassés et martyrisés ; voire assassinés car on estime que leurs organes détiennent des pouvoirs surnaturels…
Est-ce aussi le cas au Zimbabwe ?
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Message par Avadoro Mer 28 Déc - 11:54

C'était moins dramatique au Zimbabwe mais leur condition restait marginale, liée aux superstitions et à la crainte d'une malédiction. Il y a eu une évolution positive notamment en matière d'accès au soins. Le sujet permet en tout à Gappah de développer une réflexion pertinente sur des dynamiques d'exclusion.
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Message par Armor Mer 28 Déc - 12:20

Merci !
On ne trouve pas grand-chose sur le Zimbabwe, c'est d'autant plus tentant.

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Message par Bédoulène Mer 28 Déc - 14:13

j'ai appris cela en écoutant la médaillée Olympique qui est justement Albinos

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Message par shanidar Mer 28 Déc - 14:23

Ça me fait penser au livre de René Girard, La violence et le sacré dans lequel il explore le lien entre le pharmakos et le bouc émissaire, l'autre qui par sa différence apporte le soin est en même temps celui que la société chasse parce qu'elle en a peur. Ainsi des albinos mais aussi des jumeaux et de tous ceux dont les déformations évoquent la monstruosité...
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Message par topocl Sam 25 Fév - 14:21

Le livre de Memory

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Le livre de Memory, qui se déroule au Zimbabwe, se présente sous forme d'une confession, écrite par une jeune femme albinos emprisonnée, accusée à tort du meurtre du blanc qui l'a protégée depuis l'enfance, après l'avoir achetée à ses parents.
Beaucoup de thèmes donc, parmi lesquels le mieux exploité est celui des croyances animistes qui sous tendent tous les moments de la vie. Par contre on n'apprendra rien que d'allusif sur l'histoire du Zimbabwe qui est là en arrière plan, sauf de  recourir en parallèle à Wikipedia. La place  des albinos,  si elle est l'un des éléments cruciaux du récit,  est à de grands moments laissée de côté ce qui m'a valu une certaine frustration.

Pour l'aspect romanesque  c'est une histoire d'une grande richesse, grâce à l’exploitation simultanée de ces différents thèmes. Seulement cela met très longtemps à ce mettre en place avec des considérations assez banales sur la vie en prison et celle dans le township d'enfance. Ce sont surtout les trente dernières pages de révélations qui donnent toute sa puissance au récit, et là, ma foi, c'est un peu tard, et beaucoup trop concis. Il y a un réel déséquilibre dans ce récit rétrospectif.

Je n'ai donc pas été emportée par ce livre, aux intentions louables certes, intéressant, mais qui aurait mérité, à mon sens, des choix narratifs plus courageux.

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Message par Bédoulène Sam 25 Fév - 15:21

je me fie à toi............................en attente !

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Message par Armor Dim 26 Fév - 21:46

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Le livre de Memory

La semaine dernière, à la lune de la Financial Gazette, on pouvait lire : « Il n'y a plus de bourreau dans le pays. » Il semblerait que, en plus de la pénurie de docteurs, d'infirmières, d'instituteurs, du manque de livres, de démocratie et de bon sens, nous manquions de façon chronique de gens désireux de serrer un nœud coulant autour du cou de leurs semblables, de bien fixer la corde et d'ouvrir la trappe qui va les précipiter vers leur trépas.
« La sévère crise économique que connaît le pays a un effet sur l'exécution de la justice » était censé avoir déclaré un fonctionnaire du ministère de la Justice. J'ai éclaté de rire, un grand rire saccadé qui a failli m'étrangler. J'avais les yeux remplis de larmes et la Financial Gazette, au-dessous de moi, est devenue un film transparent de couleur rose.


Accusée à tort d'avoir assassiné l'homme qui l'a élevée, Memory s'est mise à rédiger le récit de sa vie, du fin fond de sa prison zimbabwéenne. Une vie peu banale puisque Memory fut vendue à l'âge de 11 ans à un "Blanc" qui l'éleva alors comme sa fille. Mais cette transaction initiale, cet arrachement incompris à une famille bancale mais aimée qu'elle ne reverra plus, ont rendu les sentiments de la fillette envers son protecteur très ambigus…

ll faut dire qu'en plus de cet élément fondateur et traumatisant, Memory porte le fardeau d'être albinos. Considérée comme une monstruosité par les Noirs, comme une noire par les Blancs. Jamais vraiment à sa place. Sans ostentation, par petites touches, elle dit les brimades quotidiennes, les souffrances physiques et morales, l'impossibilité d'être simplement au monde.
Il semble qu'avant d'avoir été enfermée physiquement, Memory l'était déjà psychologiquement, comme murée en elle-même. Se refusant à affronter les traumatismes de l'enfance, s'interdisant d'avoir une relation tendre et filiale avec son père de substitution… Une forme de passivité, d'incapacité à être actrice de sa vie. Tout paraît glisser sur elle, y compris, étonnamment, les évènements nationaux les plus dramatiques de cette époque troublée.
Paradoxalement, c'est son séjour en prison qui lui ouvre les yeux. Coucher son histoire sur le papier la force à oublier les faux semblants, et quelque part, la rend à elle-même.

Le livre de Memory (prénom symbolique s'il en est…) est un texte morcellé, parcellaire, alternant souvenirs et présent carcéral, avec une verve attachante mais inégale. Il faut reconnaître que le récit est long à démarrer. Expurgé de quelques dizaines de pages, il aurait gagné en rythme et en force. Du coup, tout comme topocl, l'avalanche de révélations finale m'a semblé précipitée, laissant des pistes inexplorées et un lecteur quelque peu frustré.
Pourtant, j'ai apprécié ce livre, tout en étant parfaitement consciente de ses défauts. J'ai aimé rechercher les indices semés le long du chemin comme autant de petits cailloux (peut-être la raison du comportement maternel était-elle d'ailleurs un peu trop évidente ?), et j'ai aimé cette voix singulière, qui s'interdit la révolte et l'amour et qui en parle sans cesse malgré elle…


Dernière édition par Armor le Dim 19 Nov - 11:36, édité 5 fois
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Message par Armor Mar 28 Fév - 11:26

Petit extrait. La vie dans le township, avec des passages en langue locale volontairement non traduits. C'est un peu déroutant au départ, mais on s'y fait très vite, le contexte parlant de lui-même.
(Le préfixe Mai signifique mère : MaiPrincess est donc la mère de Princess.)

Quand elles n'échangeaient pas des commérages en lavant leur linge, les femmes du township déchiraient l'atmosphère en criant les noms de leurs enfants.
– Nhau ! Princess ! Never !
– Promise ! Providence ! Progress ! Imi ! Chiuyai mugeze !
_  Whizi ! Nhai iwe Wisdom ! Urimatsisu ?
– Cours chez MaiNever et donne lui cette casserole.
– Cours chez MaiPrincess et demande-lui du sucre.
– Cours chez MaiWhizi y est dit lui qu'elle est en retard.
– Cours chez MaiGhivi et donne-lui cette poudre.
– Cours à l'épicerie utenge un demi-pain.
– Cours à l'épicerie acheter sept bougies.
– Cours et ne m'ennuie plus.
– Cours et ne pose plus tant de questions.
– Cour avant que je t'en je t'en colle une.
Cours-là, cours là-bas, cours devant, cours derrière. Les enfants du township étaient des dynamos en mouvement constant, pourvus de jambes rapides, mais la tête souvent ailleurs, faisant les corvées avec une partie de leur tête au jeu. Les récriminations qui s'ensuivaient fusaient  à travers la rue.
– Tu as renversé tout le sucre !
– Espèce d'idiot, tu as écrasé les tomates !
_ Mazizheve anenge ababa !  Tu as oublié le pain !
– Qu'est-ce que tu dis, tu as laissé tomber l'argent ?
Puis, le son d'une gifle ou d'une correction avec l'instrument favori de la maison en question – une ceinture, un sjambok ou la longue branche mince d'un pêcher. Ce qui était accompagné de hurlements et de lamentations, ndagura, ndagura kani chai Mhai, avant l'admonestation de sortir et d'aller jouer.
Les larmes séchaient rapidement et la douleur était oubliée en poursuivant Snowman, le marchand de glaces, aux cris de paribe musevenzo, paribe muzevenzo, poussés en dansant derrière SekuruAlexio et avec la ronde vertigineuse des jeux, rakaraka et nhodo, dunhu et pada, les jeux auxquels je ne jouais pas dans le township où nous vivions.
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Message par topocl Mar 28 Fév - 11:30

Armor a écrit:avec des passages en langue locale volontairement non traduits. C'est un peu déroutant au départ, mais on s'y fait très vite, le contexte parlant de lui-même.

Moi, ça m'a vite énervée Petina Gappah 1390083676 !

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