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Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime

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Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime Empty Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime

Message par Bédoulène Dim 15 Jan - 15:38

Emile Témime (1926-2008)

Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime Tymime10


Émile Temime (né le 2 octobre 1926 à Bayonne et décédé à Marseille le 18 novembre 2008) est un historien français.

Ilest né à Bayonne d'un père juif Kabyle et d'une mère Basque, elle-même descendant d'une famille de notables juifs bayonnais. Il s'établit à Marseille en 1964.

Spécialiste de la guerre civile espagnole, et plus largement de l'histoire de l'Espagne contemporaine, il est recruté comme enseignant-chercheur à l'université d'Aix-Marseille , où il fait toute sa carrière. Il est aussi nommé directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales ; il y enseigne dans son centre régional de Marseille, où il fonde un groupe de recherche sur l'histoire des migrations, dont la production majeure, Migrance (1898-1991) est l'histoire de la population marseillaise analysée au prisme des migrations.

Historien très attentif aux questions citoyennes, il fut des fondateurs à Marseille de la Maison de l'Étranger, dont il a assuré la direction durant de nombreuses années.

Dans les années 1990, il créée avec Pierre Milza une collection auprès de l'éditeur Autrement, consacrée à l'histoire de la France comme une société façonnée par des immigrations d'origines multiples (Français d'ailleurs, peuple d'ici), qui compte à ce jour près d'une vingtaine de volumes.

Publications

La Révolution et la guerre d'Espagne
Histoire de l'Espagne contemporaine
1936, La Guerre d'Espagne commence, Complexe
Migrance. Histoire des migrations à Marseille
Marseille transit : les passagers de Belsunce
Les camps sur la plage, un exil espagnol (avec Geneviève Dreyfus-Armand)
Voyages en Provence
Histoire de Marseille: De la Révolution à nos jours
France, terre d'immigration
Le camp du Grand Arénas : Marseille, 1944-1966 (avec Nathalie Deguigné)
Les Hommes de Renault Billancourt






Geneviève Dreyfus-Armand

Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime Genevi10


Geneviève Dreyfus-Armand est une historienne française, ancienne directrice de la bibliothèque de documentation internationale contemporaine et du musée d'histoire contemporaine.

Geneviève Dreyfus-Armand, conservateur général des bibliothèques, est l'auteur de plusieurs ouvrages, de nombreux articles et a dirigé diverses publications. Elle a notamment publié L'exil des républicains espagnols en France : de la Guerre civile à la mort de Franco (Albin Michel, 1999). Elle a fait partie du conseil scientifique de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration dont elle a démissionné le 18 mai 2007, pour protester contre l'instauration du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. Elle a dirigé la BDIC de 1998 à 2009.

Travaux

L'exil des républicains espagnols en France. De la Guerre civile à la mort de Franco
Les Années 68 : le temps de la contestation

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime Empty Re: Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime

Message par Bédoulène Dim 15 Jan - 15:56

cette lecture était une lecture commune mais il me semble essentiel de ne pas perdre le ressenti, donc le commentaire est atypique


Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime Les-ca10


"Les camps sur la plage, un exil Espagnol"

Préambule : je retiens "la mémoire par définition est sélective"
Témime étant un Enseignant de l'Université de Provence à Marseille cite les camps qui y étaient établis et dont la disparition (aucune trace) conforte la phrase

photo du camp Oddo où sont rassemblés les Arméniens 1923

Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime Camp_o10

le grand camp Arenas, successivement renommé "camp Vietnam" fermé en 1948, "Enclave juive"  selon les nationalités y résidant (sic)

Geneviève Dreyfus-Armand et Emile Témime Camp_c10

Ceci est un rappel de la France terre d'accueil.

Les auteurs précisent que l'émigration politique d'Espagne est récurrente depuis l'invasion Napoléonienne.

La guerre civile Espagnole est avant tout la guerre sociale (le pronunciamento) et une révolution. Cette situation amena Franco à se soulever et s'en suivi la guerre civile, les Républicains en lutte contre le fascisme représenté par Franco et ses alliés Allemands et Italiens.

"explosion révolutionnaire ; elle s'accompagne de violences aveugles, d'exécutions sommaires, de massacres incontrôlés. Il faudra des années pour effacer les traces"

Je pense que l'on peut mettre au compte de ces exactions l' assassinat des ecclésiastiques et la destruction des monuments religieux.

La France n'était pas préparée à recevoir la masse des réfugiés Espagnols, que ce soit financièrement et matériellement. Donc le gouvernement n'offre qu' une solution inadaptée et inhumaine : les camps et les centres d'internement. Certains ne proposent aucun abri, aucune hygiène, aucun soin, ni nourriture, comme celui d'Argelès sur mer où les réfugiés Espagnols survivent sur la plage.

Dans les premiers jours, mois de nombreux Espagnols meurent, de froid, de faim, minés par les maladies.

La frontière de fils barbelés est gardée par des Spahis et des Sénégalais. Après ouverture de la frontière les réfugiés sont expédiés dans les divers camps du sud.
Certaines organisations issues du Front Populaire et certaines religieuses apportent leur aide, la majorité des français n'accueillent pas les réfugiés Espagnols selon la devise française : "liberté, Egalité, Fraternité". Ils sont méprisés, insultés, humiliés, notamment par une certaine presse et plus que les difficultés rencontrées durant l'exode ce sont les mots qui les atteignent plus durablement.

Après quelques mois, le gouvernement Français, attisé par les préfets (mandataires de la population) souhaitent que le retour des Espagnols dans leur pays soit actif, même si dans un premier temps, il interdit la force. Mais peu de pays se proposent d'accueillir les réfugiés, à part le Mexique qui ouvre largement ses frontières ; cependant la majorité des Espagnols préfèrent rester en France pour ne pas s'éloigner de leur pays, même si beaucoup ne peuvent et ne veulent vivre sous le régime franquiste.

De son côté le gouvernement de Madrid, connait aussi des difficultés matérielles à assumer un retour massif des Espagnols et de plus craint de voir le retour de trop nombreux "opposants". Il tergiverse donc.

A l'aube de la seconde guerre mondiale, la France raisonne autrement, elle voit là la possibilité de remplacement des soldats qui partent sur le front par les réfugiés ; certains seront d'ailleurs volontaires pour continuer la lutte contre le fascisme.

Outre les photos très révélatrices sur la situation des réfugiés, c'est leurs regards qui m'impressionnent.

Les Espagnols considérés indésirables ou dangereux par leur activités politiques font l'objet de mesures rigoureuses dans des camps disciplinaires, les brigadistes qui ne se sont pas vu accorder le statut de réfugié politique, se retrouvent dans ces camps (le camp du Vernet où nous retrouvons Koestler) en compagnie des Communistes Allemands et Français.

Les auteurs rappellent que les Espagnols déportés dans les camps Africains (Algérie et Tunisie) doivent supporter comme souffrance supplémentaire "le climat". Certains internés seront aussi utilisés pour main-d'oeuvre par le gouvernement de Vichy. Ces camps sont de véritables "bagnes". Ce n'est qu'avec le débarquement des Alliés que la situation s'améliorera.

Les nombreux chants et Poèmes écrits à cette période évoquent crument le quotidien des réfugiés. Je suis interpellée par celui intitulé "Dolor" "Rivesaltes (revoltijo de mujeres hispanas para pasto de Senegales) traduit par (ramassis de femmes espagnoles, pâture pour Sénégalais) ??

doit-on comprendre que les femmes sont agressées sexuellement ? (dans ce cas cela rappellerait les maroquinades en Italie)

Lors de leur arrivée à la frontière les Républicains ont été désarmés, si l'on peut comprendre que le gouvernement français ait jugé obligatoire ce retrait pour la sécurité, pour les combattants Espagnols c'était l'abandon d'un symbole, celui de leur lutte.

Les autorités françaises scandaient un "allez, allez" comminatoire et une phrase tranchante "ici vous êtes en France" !

Petit à petit, les camps sont organisés, par les soldats Espagnols sous l'autorité d'officiers Français, des ilots de personnes sont créés, des baraquements s'élèvent (construits par les soins des Espagnols), des sanitaires primitifs sont installés, mais malgré ces améliorations les maladies minent le physique et le moral des réfugiés.

Le désespoir, l'ennui sont les chemins de la folie, du suicide. Certains conscients du danger organisent des jeux, des compétitions pour occuper les internés.

Dans leur exode les Espagnols n'ont pu emporter leurs affaires, ils doivent donc se procurer le nécessaire pour survivre (produits d'hygiène, nourriture pour compléter l'insuffisance de celle accordée, vêtements...)

Des profiteurs, installent un marché noir au sein même des camps, cet endroit devient dangereux.



Même si des violences sont rapportées, il ne s'agit pas d'un fait majoritaire.

Il semble que l'ironie et l'humour que ce soit dans les "chants et poèmes" ou sur les faits, soient aussi une protection contre le désespoir.

le local disciplinaire installé à Barcarès est appelé "hippodrome" par les internés. Les "punis" sont le plus souvent accusés de propagande politique ou d'évasion, même si parfois à l'appréciation du chef de camp, des actes insignifiants sont punissables.

Toute expression politique leur étant refusée officiellement, mais l'idéal pour lequel ils ont combattu pendant 3 ans étant toujours vivace c'est grâce à la Culture qu'ils parviennent à s'exprimer.
Les intellectuels et artistes qui se retrouvent aux côtés des soldats entreprennent la conception et la diffusion de "bulletins".
On peut dire qu'un véritable service d'enseignement est mis en place. Les créations littéraires et artistiques s'expriment ouvertement ; c'est leur façon de dire, l'Espagne c'est nous !

Un réseau clandestin politique reliant les communistes internés et les communistes Français déjouent la surveillance des gardiens ; des réunions ont lieu dans les baraquements permettant de diffuser les informations extérieures, notamment une certaine presse qui leur est favorable.

La vie dans les camps exacerbe les divergences existant entre les diverses tendances politiques.

Peu à peu la vie dans les camps s'améliorent et les hommes qui sont engagés par des employeurs apprécient de sortir des camps et de gagner un peu d'argent.

Les auteurs analyse les raisons de l'oubli de ces réfugiés

Tout d'abord le désintérêt de la presse, passés les premiers jours de l'exode, puis le fait que pour le gouvernement français l'urgence c'est l'avance des troupes allemandes.

Le journal Voz de Madrid publié en france est interdit en avril 39 par les autorités françaises suite à leurs articles sur les camps et le sort des réfugiés Espagnols.

Les auteurs sont très lucides sur les raisons qui ont contribué à l'oubli des réfugiés, même après la seconde guerre mondiale alors même que nombreux sont les Espagnols qui y ont participé et ont perdu la vie.

"pour la France de la libération il y a beaucoup de honte à effacer, non seulement la défaite et la collaboration, mais tout ce qui peut ternir ou affaiblir l'image retrouvée de la France combattante et généreuse."

"La célébration de la victoire sur le fascisme, qui s'accompagne d'une sévère condamnation du régime de Franco, s'accommode mal d'un rappel trop insistant des faiblesses et des abandons de la IIIème République à l'égard de la République Espagnole et des exilés de 1939."

C'est par un décret de 1945 que la France accorde la qualité de réfugié politique aux Républicains Espagnols, leur permettant ainsi de retrouver leur liberté et leurs droits.

Le journal "l'Espagne Républicaine" fait porté la responsabilité des souffrances subies par les réfugiés sur les Franquistes ( leur ignoble propagande en France notamment qui avait signalé les Républicains comme des bandits). On ne peut pourtant pas exclure, à mon sens, la responsabilité de la majorité des Français, par indifférence, voire rejet. Même si les auteurs mentionnent pour la population française, le souvenir les luttes du Front Populaire et les conséquences de la 1ère guerre mondiale.

Suit une analyse étonnante, mais très juste de l'ouvrage de Federica Montseny qui emploie un vocabulaire d'inspiration religieuse. Ces termes se justifient dans la connaissance des terribles souffrances subies par les Républicains Espagnols.

Le retour dans leur pays est impensable : comment les Républicains se soumettraient-ils à un régime honni sans risquer de perdre leur idéal, de renier ceux qui sont tombés en son nom, de se renier, de perdre leur dignité ?

Combattre contre les Allemands c'était continuer la lutte commencée en Espagne et retrouver leur dignité.

J'aime beaucoup cette assertion :

"L'ombre de Don Quichotte flotte assurément sur l'exil Espagnol"

Je ne connaissais pas l'existence de ces camps en Afrique du nord et le peu qui nous en ai dit fait frémir. Comme fait frémir l'idée des autorités françaises de mettre, pour garder les prisonniers, des Sénégalais avec lesquels les Espagnols ne peuvent pas parler et qui n'ont aucune idée de ce que ces réfugiés ont vécu en Espagne avant d'arrivée sur les plages françaises. Perversion d'autant plus efficace que la plupart des troupes de Franco étaient composées de 'maures'... Lesquels ne rappellent donc pas de bons souvenirs aux réfugiés.

Je ne savais pas non plus, mais pour le choix des Sénégalais et des Spahis, cette explication :

" une prison à laquelle on donne quelque temps des gardiens difficilement corruptibles et totalement incompréhensifs, les troupes sénégalaises ou marocaines, plus sûres en la circonstance que n'importe quel régiment français. "


Complément trouvé sur le net à propos des Camps d'Afrique du Nord : (Université de Paris I)

" Parmi ces 10 000 exilés, débarqués en Tunisie, au Maroc et en Algérie, les trois départements français d'Alger, Constantine et Oran accueillirent 7 000 réfugiés, Oran recueillant de loin le plus grand nombre d'entre eux[[Il est intéressant de noter que dans les dossiers de l'administration française consultés aux archives le traitement des exilés espagnols s'effectue avec pour référent géographique l'Afrique du Nord bien plus souvent que l'Algérie, le Maroc ou la Tunisie."

" Peut-être plus dures qu'en France métropolitaine, les autorités d'Algérie freinent la possibilité pour les exilés de s'intégrer et de participer à la vie économique. De même, la reconnaissance de leur statut d'exilé tarde. Jusqu'en 1954, ils seront considérés comme apatrides. De fait, les autorités françaises espèrent toujours leur départ."




mots-clés : #guerredespagne #immigration

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