Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Jeu 9 Mai - 21:18

23 résultats trouvés pour merlacriviere

Élisée Reclus

Histoire d'un ruisseau

Tag merlacriviere sur Des Choses à lire - Page 2 97827411

En omettant quelques digressions, tout le texte d’Élisée Reclus se concentre sur le seul mouvement de l’eau : ruisseau, rivière, cascade, fleuve etc… descriptions minutieuses mais dynamiques de chaque rides, courbures et éclaboussures… cette prose nécessite du lecteur une attention constante, intense, puisque Élisée Reclus tente en définitive d’aller aussi vite que l’eau !

Élisée Reclus a écrit:Irrésistible, implacable, comme si elle était elle-même poussée par le destin, l’eau qui s’écoule est animée d’une telle vitesse que la pensée ne peut la suivre : on croirait avoir sous les yeux la moitié visible d’une large roue tournant incessamment autour du rocher : à regarder cette nappe, toujours la même et toujours renouvelée, on perd graduellement la notion des choses réelles.


S’il évoque au besoin les grands fleuves, les molécules, le géographe raconte sans carte, ni microscope, sans survol ni exigence très scientifique : j’apprécie la gageure poétique qu’implique cette Histoire d’un ruisseau. La représentation des cours d’eau chez Élisée Reclus prend parfois une dimension spirituelle (presque panthéiste) le poussant à transformer le récit en essai dans d’autres matières, socio-politiques par exemple, avec l’intrusion d’arguments non-étayé : on s’écarte quelque peu du sujet. Du reste, plus on s’approche de la ville plus Reclus construit un raisonnement de façon plus convaincante et résolument optimiste.


\Mots-clés : #merlacriviere #science
par Dreep
le Jeu 6 Jan - 11:48
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Élisée Reclus
Réponses: 12
Vues: 422

Loys Masson

Les Tortues

Tag merlacriviere sur Des Choses à lire - Page 2 Les_to10

Le narrateur raconte son passé, lorsque « les Seychelles sont à la variole » comme y relâche la Rose de Mahé en 1904, en attente d’une cargaison fournie par le stevedore Léonis Barclay : des tortues géantes. Son capitaine, Eckardt, navigue en marge des lois, et s’apprête en fait à récupérer le butin dérobé par un de ses complices, Juste Vahély, lors du naufrage du Glen Moor de l’Iman de Mascate vingt-deux ans plus tôt…
Le bateau part avec Vahély prisonnier à bord ; l’équipage comprend douze membres, dont Bazire qui est attiré par les tortues, alors que le narrateur les a en horreur. Le voyage est lourd de sombres pressentiments et signes prémonitoires, avec notamment l’apparition répétée d’un énigmatique chandelier à sept branches (la menorah judaïque ?).
L’atmosphère de malédiction laisse le lecteur en suspens, et le ton est dramatique, d’un mystérieux qui peut rappeler Bosco ou Ramuz ; une nuance de créolité est perceptible dans le style. Avec une certaine emphase, le récit plonge dans un délire empreint de folie, peut-être la fièvre variolique, ou la divagation éthylique.
Les métaphores sont parfois déroutantes, teintées de poésie, comme « ces anges-plantes les vanilliers ».
« Blé charançonné de l’espérance… »

Image obsédante des tortues parquées sur le pont :
« J’étais dans les vergues, loin de cette dunette, de quelque chose de mouvant à mes pieds. Loin d’un chuchotement qui se faisait dans l’enclos des tortues et qui est, je l’ai su depuis, le frottement doux, pressant, amoureux, des coques entre elles quand le temps de la pariade approche. […]
Dans l’enclos le bruit s’amplifiait. Il s’y mêlait le loc-bloc, loc-bloc, loc-bloc cadencé, comme éternel dans sa lenteur, des monstres changeant de place, se formant en couples au gré des affinités. »

Importance des sons, comme des odeurs (volontiers répugnants) :
« J’entendais le cœur de l’odeur. »

Dans la veine du récit-type de malédiction marine, superstitieuse et obscure peur, mais il me semble plus près de B. Traven ou Jean Ray que de Conrad ou Melville.

\Mots-clés : #fantastique #merlacriviere
par Tristram
le Ven 19 Nov - 12:18
 
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Sujet: Loys Masson
Réponses: 4
Vues: 249

Peter Heller

La Rivière

Tag merlacriviere sur Des Choses à lire - Page 2 La_riv10

Wynn et Jack font une expédition dans le Grand Nord, la descente en canoé d’une rivière qui traverse cinq lacs. Mais voilà : après avoir dépassé le campement de deux ivrognes et aperçu un méga-feu qui sévit près de leur destination, ils ont entendu un couple se disputer dans le brouillard au bord d’un lac ; sur le point d’aborder une descente rapide (et sans retour possible), ils retournent essayer vainement de retrouver le couple, repartent et sont rejoints par un homme commotionné, qui leur dit que sa femme vient de disparaître. Ils décident de retourner de nouveau en arrière, et trouvent une femme en état de choc : a-t-elle été victime d’un ours, des deux ivrognes, ou de son mari, au comportement plutôt louche ? Ah ! j’oubliais : ils se trouvent privés de leur nourriture, et le froid commence à s’installer…
J’ai été sensible à l’atmosphère pesante des allers-retours entre la rive du lac et l’entonnoir où s’engouffre la rivière (avec référence explicite à Arthur Gordon Pym de Poe), comme s’ils étaient englués dans un tourbillon du temps-rivière en amont du premier portage :
« Jack se dit que s’il ne revoyait plus jamais cette rive, ou une autre lui ressemblant, il ne s’en porterait pas plus mal. Elle était une espèce de vortex qui n’arrêtait pas de les rappeler, ou plutôt, c’étaient les voix, le vortex, celles du couple. S’ils ne les avaient pas entendues dans le brouillard étrange, ils seraient déjà loin. Il aurait bien aimé que ce soit le cas. Il leur fallait quitter ce satané lac une bonne fois pour toutes, descendre la rivière, gagner le village et trouver un téléphone, se casser de ce coin du monde qui commençait à sentir la poisse. »

C’est un beau suspense, bien entretenu (mais un peu à la limite du plausible). C’est aussi à recommander aux amateurs de nature writing, avec cette wilderness du bouclier canadien en fin d’été, et ces deux super céistes et pêcheurs à la truite à la mouche ; c’est même assez technique (tel le ressac de rappel).
« Tous les deux avaient vu et entendu le grincement d’un grand mouvement hydraulique quasiment au niveau de la proue, un mamelon pâle qui enflait, cognait et sifflait dans un registre grave – le creux arriverait derrière –, et les garçons se lancèrent dans un sprint, Wynn les orientant vers la gauche, chacun pagayant comme un fou à un rythme désynchronisé pour avoir assez de vitesse et ne pas être aspirés dans le siphon. »

Le point de vue alterne habilement de Wynn à Jack ; ce dernier culpabilise à cause de la mort de sa mère, lorsqu’il avait douze ans.
Fuite devant l’incendie des oiseaux, mais aussi des mammifères :
« D’autres avaient également compris. En pagayant dans l’après-midi, ils virent un premier élan. Deux. Une grosse femelle avec un petit. Elle trottina vers la percée sur la rive gauche, jambes raides, ses sabots claquèrent sur le schiste et elle entra dans l’eau sans s’arrêter, tendit le cou et laissa l’eau l’emporter sans s’inquiéter, pivota pour traverser et nagea jusqu’à l’autre rive. Le petit imita sa mère. Les garçons entendirent le souffle de leur respiration. Ils n’avaient que quelques mètres d’avance sur eux. Ensuite vinrent le mâle, puis un ours noir avec deux oursons. Les petits hésitèrent au bord de l’eau, ils semblaient effrayés, alors la maman ourse s’ébroua et sortit de la rivière pour se mettre derrière eux et les faire avancer. Ils nagèrent. Le plus petit perdit pied dans le courant et Wynn crut qu’il serait emporté, mais la mère passa sous lui, donna de petits coups, des mouvements d’épaules et le poussa jusqu’à la berge. Bon sang. Ils entendirent le premier ourson arrivé hurler sans fin. Des visons traversèrent aussi, des écureuils. En fin d’après-midi, Jack avait la tête baissée, pagayait dur pour essayer de garder le rythme, et quand Wynn siffla, il leva les yeux et vit au moins une centaine de souris. Ils n’avaient jamais rien entendu de tel. On aurait dit un troupeau miniature. Elles envahirent un pan de berge érodé et pentu, et tombèrent, sautèrent ou glissèrent au goutte-à-goutte dans l’eau et nagèrent. Dieu sait comment elles arrivaient à garder le cap, mais elles y arrivaient. Elles parvinrent de l’autre côté dans la plus grande confusion.
[…] Ils virent des caribous des bois, une petite harde de mâles d’abord, trois plus jeunes et deux avec d’énormes bois, qui s’engagèrent dans la rivière sans aucune hésitation, comme l’élan avant eux. Vers la fin de l’après-midi, ils crièrent en même temps : ils passaient une série de petites vagues et devant eux se trouvait un groupe de caribous qui nageaient en file indienne. Ils en comptèrent vingt-trois. »

Les trois personnages ne peuvent éviter le feu qui approche, comme vivant, d’abord superbement décrit par sa "voix", puis par sa furie où les arbres explosent, tandis qu’ils sont pris dans un rapide…

Voilà un page-turner qui devrait plaire à nombre d’entre nous !

\Mots-clés : #merlacriviere #nature #thriller
par Tristram
le Lun 15 Nov - 11:58
 
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Sujet: Peter Heller
Réponses: 7
Vues: 851

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