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123 résultats trouvés pour violence

Jaume Cabré

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 7 51qlyx10

Confiteor

Avec quelle habileté l'auteur lie les évènements du passé et du présent, interférant dans la lettre testament du narrateur(Adrià) à son fils.

Dans ce récit le destin des personnages est dévoilé grâce à l'âme des objets, textes anciens, dont la rareté les rend unique,   arrachés, pas toujours honnêtement par les protagonistes, et récupérés par Félix Averdol le père d'Adria.

Deux phrases illustrent la situation de l'enfant Adrià : " Ce n'est que hier soir, alors que je marchais dans les rues trempées de Vallcarca, que j'ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable. "

"Ce qui me pesait chez papa c'est qu'il savait seulement que j'étais son fils. Il n'avait pas encore compris que j'étais un enfant."

Pas étonnant que cet enfant, aussi doué fut-il et il l' était, ait choisi pour soutiens et  confidents deux jouets : le chef indien Aigle-Noir et le Shériff Carson (bravoure et sagesse)

En exergue de ce premier chapitre, ce pourrait-être le sentiment de l'enfant : "Je sera rien" Carles Camps Mundo

C'est le père d'Adria qui choisit l'éducation qui convient à son fils (lequel doit faire mieux que tous parce qu'il le peut et que son père le veut) effacement de la mère qui doit s'incliner.

Au fil des études d'Adria, de ses sentiments se révèle une vérité pas toujours comprise par l'enfant mais qui découvre l'homme qu'est Félix Ardèvol, le père. Un homme qui a épousé par intérêt la fille d' un paléographe, qui dans sa jeunesse a été indigne, adulte ignoble et dont la veuve demandera des années durant, la tête de l'homme qui l'a assassiné en le décapitant  (a capite)

Adrià apprend aussi le violon, mais ce n'est qu'à l'adolescence qu'il consentira à jouer devant un public.

j'ai dressé la chronologie de certains faits qui facilitent le suivi des choses et personnages

vers 1400 frère Julia de Sau (ex Fra Miquel moine hérétique  dernier vivant du monastère Sant Pere del Burgal (assassiné) avait en sa possession l'acte fondateur du monastère que récupèrera des siècles plus tard Félix Ardèvol

1690 Jachiam Mureda de Pardac tue Bulchanij Brocia incendiaire de la forêt et s'enfuit emportant le médaillon que lui donne sa petite soeur Bettina (médaillon de leur mère, représentant Santa maria dai Ciüf (médaille de Pardac)

Quelques années après Jachiam retourne à Pardac portant un chargement de bois d'érable et d'un autre bois noble, dans lesquels Lorenzo Storioni confectionnera son premier violon dénommé Vial (c'est une autre histoire d'assassinat) qui sera plusieurs siècles plus tard l'une des pièces de Félix Ardèvol

en 1918 alors qu'il est étudiant à Rome (ecclésiastique) Félix tombe amoureux de Carolina qui lui offre la médaille de Pardac héritée de son oncle (nous saurons certainement plus tard ce qu'il est advenu de Carolina)

à l'âge de 40 ans Félix Ardèvol se marie avec Carme Bosh ils ont un enfant, le narrateur Adria. J'ai aussi relevé dans l'écriture une récurrence ; il fait une description (n'importe le sujet) en tant que spectateur  aussitôt suivie d'une en tant qu'acteur (j'espère que vous me comprendrez avec cet exemple)

"Adrià était très content de connaître le cadre de vie de cette fille qui lui entrait dans la peau........"Et la chambre de Sara était plus grande que la mienne..."

une autre manière de liaison.

Après la disparition du père d'Adrià, une jeune femme (Danièla) se présente au domicile de la famille Averdol, elle revendique une part d'héritage, c'est la fille que Carolina a eu de Félix Averdol alors qu'il étudiait à Rome, et qu'il a lâchement abandonnée.

Adrià à présent âgé de 20 ans ne souhaite pas exercer en tant que violoniste, au grand dam de sa mère, il veut continuer à étudier et devenir "philosophe de la culture" comme il l'avait annoncé à l'un de ses camarades. Son amitié avec Bernat se poursuit, ils ont besoin l'un de l'autre, une amitié orageuse certes, mais quoi de plus beau quand l'un console l'autre en lui jouant un morceau au violon ?

Par sa demi-soeur, Adrià prend connaissance d'une personnalité de son père qui lui était inconnue, toute la part d'ombres. Il s'est aussi rendu compte du poids négatif que son père faisait peser sur sa mère, laquelle se révèle habile, autoritaire, gérant le magasin de façon utile. Mais leur relation restera ce qu'elle était, sans tendresse, dialogue restreint au minimum.

Les  plus belles pièces de la collection privée de Félix Ardevol ont été acquises en spoliant les Juifs pendant la seconde guerre mondiale ; le sang d'une victime signe d'ailleurs l'étui du violon Storioni le Vial. (après l'assassinat du violoniste Leclaire par Vial, le violon était donc en la  possession de cette vieille femme Juive)

Ce livre demande a être écouté pour la musique du rythme et des richesses.
Alors il m'apparait que le narrateur n'écrit pas à son fils, non, je pense à celle qu'il a aimée, Sara et que c'est son autoportrait dont il est question, à plusieurs reprises, et qui se trouve dans le bureau d'Adrià ! D'ailleurs il dit suite à une dispute avec sa mère : "Si un enfant m'avait répondu comme je répondais à maman, je lui aurais donné une claque mais je n'ai pas d'enfant."

Par contre, malgré des hauts et des bas dans leur relation il gardera l'amitié de Bernat  et c'est d'ailleurs à lui qu'il confiera le récit de sa vie alors qu'il se sait malade.

Sara sa bien-aimée s'enfuit à Paris, le laissant abattu devant cet acte incompréhensible pour lui ; il part pour l'Allemagne étudier et sa présence dans ce pays est l'occasion d'en connaître plus sur certains personnages. La mort d'un SS nommé Grübbe Franz atteint par les balles d'un ami étudiant de Félix Ardèvol à la Gregoria et qui pour défendre sa patrie a quitté la soutane, Drago Gradnik.

Adrià lit dans la presse qu'un psychiatre a été assassiné, il s'agit du Dr Voigt, alias Zimmermann, alias Falegnani, à qui Félix Ardèvol a acheté le violon Vial ; souvenons nous que cet ignoble docteur qui faisait des "expériences" sur les prisonnières des camps de concentration, avait lui-même volé ledit violon à une vieille Juive après l'avoir abattue. Adria à ce moment là ignore les faits qui le relient à ce docteur.

On apprend aussi la raison de l'assassinat de Frau Julia de Sau (ex Fra Miquel), il avait refusé de couper la langue à un Juif accusé à tort par l'Inquisiteur Nicolau Eimeric.

A travers les siècles  l'Inquisiteur et  l'Obersturmbannfürher Rudolf Hoss révèlent les mêmes exactions sur des victimes , cette alternance de l'un à l'autre  simule un échange entre ces deux personnages ignobles.


j'ai terminé ce livre  de passions,  de toutes les passions humaines les plus ignobles comme les plus belles, physiques, morales ou spirituelles.

En suivant le destin de ces objets, animés dans ces pages  ;  violons, médaille, tableaux, tissu, manuscrits et incunables le lecteur suit celui de l'humanité, en Europe notamment sur des siècles. Ces objets sont des témoins de l'histoire, du Mal qui a sévit dans ces siècles et jusqu'au dernier jour d'Adria spolié par son ami.

J'ai bien apprécié l' "échange" entre les trois illustres du nouvel essai d'Adria : Lull, Berlin et Vico sur l'attentat de l'immeuble d'Oklahoma city.
Egalement "les gardiens" d'Adria qui dialoguent aussi, Aigle-Noir et le shériff Carson.

La métaphore faite par Adria avec la création du monde quand il emménage son appartement avec Benart.

Ce livre m'a passionnée, avec quelle maîtrise, quelle recherche l'auteur l'a composé, construit pour rendre crédibles tous les évènements, les personnages et que l'ensemble de ces morceaux d'histoire s'imbrique dans un tout harmonieux.

un violon Storioni

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 7 Violon10

Cloitre de Bebenhausen  
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l'Urgell  
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sant pere del Burgat  

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Mots-clés : #Amitié, #Amour, #Creationartistique, #Culpabilité, #Relationenfantparent, #Romanchoral, #Violence
par Bédoulène
le Lun 5 Déc 2016 - 23:33
 
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Sujet: Jaume Cabré
Réponses: 62
Vues: 7007

Lola Lafon

Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 7 513ojn10



Elles ressemblent à deux filles un peu fofolles avec leurs tresses en chignon et leurs collant à losanges. L'une a vu son cœur brusquement s'arrêter, et pendant qu’elle sort peu à peu de cette mort temporaire, l'autre raconte.
Elles se sont connues au groupe de parole pour femmes violées.


 
« Toutes ces années, nous nous sommes tirées chacune par la main. Nous avons partagé l'expérience de la vie morte. Nos peurs, nous les guettions l'une l'autre, laisser un de nos corps en arrière aurait fait tomber toute la chaîne de nos nuits sans vie, un boucan terrible. Et peut-être que nous avons fini par les additionner et les mélanger, nos peurs, pour former ce magma pesant de frayeurs enchevêtrées. »



Elles essaient assez lamentablement de s'en sortir, d’autant que le viol n'est jamais que le reflet d'une société  répressive, basée sur le rapport de force et l'exclusion, sous la férule d'un président démocratiquement élu par une Election (tableau terrorisant  semi-uchronique [notre avenir réel peut-être] qui ne nomme personne,  avec juste ce qu'il faut de décalage, de soulignage pour se faire poser la question : on est en France ou dans un pays fictif, elle invente, elle en rajoute ???), une société du sexe-roi et de la normalité-reine. Et que la narratrice est réfugiée de la Roumanie de Ceaușescu, danseuse professionnelle soumise depuis l'enfance aux diktats de ses maîtres , de ses idoles, mais aussi de son propre plaisir.
Elles croisent une fille encore plus bizarre, sans doute psychotique, La Petite Fille au bout du Chemin, disciple de toute une collection d'anarchistes,  qui va les faire passer de la révolte à la Révolution, des larmes à d'autres larmes.


   « Mais voilà que je ne veux pas être réparée. Sauvegardée. Rafistolée pour continuer à avancer. Je ne veux pas qu'on colmate ce que je m'acharne à défaire, découdre. (…)
   Songe qu'on affirme fièrement, je suis raisonnable, cet aveu qui dit en vérité je me laisserai raisonner par Vous.»



Je vous passe les détails, ce livre est d'une richesse incroyable... Ca fourmille de thèmes, de pistes, d'inventivité. C'est un livre incongru et généreux, qui part dans plein de directions sans jamais se perdre, une observation psychologique pointue, un pamphlet pour quelque chose qui ne serait pas que de la vigilance, mais une riposte . Il y a un mélange assez jouissif de tristesse, de douceur, de rage et de gaîté, qui m'a un peu fait penser à La guerre est déclaré dans la première partie, pour évoluer ensuite vers un discours beaucoup plus large, partir de la douleur intime pour avoir un regard et un rôle dans le monde.


   « Peur de finir par ne plus chercher que de jolis refuges de campagne où être bien, des terriers ou des nids à construire, m'appliquer à les border de couvertures et prendre bien garde à n'y installer  que des lumières indirectes, apaisantes. Finir par s'y installer, dans l'oasis, dans la pause,et oublier qu’on ne faisait que passer avant de repartir. Finir par ne plus s’occuper que  de son propre corps à sauvegarder, une jolie plante fraîche à arranger, soigner, nourrir. Se suffire de à peu près et presque. Et ne plus savoir comment commence, mais qu'est ce qu'une tempête. La craindre, la conspuer même, la moquer, cette tempête, dès qu'on en renifle les débuts, en répétant, mauvais et  frileux, « ça ne changera rien », se prendre à souhaiter qu'il n'y en ait plus jamais des tempêtes parce qu'on s'y est fait à ces journées, finalement . »



Je ne peux pas dire que je partage toutes les convictions de Lola Lafon alias Voltairine, peut-être suis je trop timorée, ou pas assez lucide, certaines choses m'ont même gênée,  mais  ce fut un moment à la fois instructif et réjoui, de partager cet arrachement face à l'agression quotidienne d'un monde trop dur, trop impitoyable, trop sûr de lui. Il y a là une réflexion sur la normalité, sur la révolte, sur le droit d'être autre et de le dire. Sur le droit de ne pas être rien, des filles de rien.

C'est un livre irrévérencieux, qui crie et hurle une rage, revendique le droit de savoir dire non. Un livre jeté dans une mer d’indifférence avec l'espoir d’allumer des étincelles, et que ces étincelles , de proche en proche allument un grand feu salvateur autour duquel se réchauffent toutes les Petites Filles au bout du Chemin.



(commentaire rapatrié)
mots-clés : #violence
par topocl
le Sam 3 Déc 2016 - 14:46
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Lola Lafon
Réponses: 29
Vues: 2322

Jean Giono

Que ma joie demeure est une des grandes lectures de ma jeunesse!

Un roi sans divertissement

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 7 Images72

Je suis partie comme dans une ballade fabuleuse en pleine nature, simplement envahie par la beauté du site et la rencontre d’hommes simples, totalement intégrés dans ce paysage majestueux, cette époque, cette ruralité à la fois rude et bienheureuse. L’œil de Giono, sa verve à la fois tranquille et pateline, c'était une grande jouissance de lecture. La peur régnait, certes, mais tout était en place. Le récit généreux, la phrase savoureuse.. Tout baignait.

Et puis, petit à petit , tout cela m'est parti dans les doigts. Le récit est passé du nous au je, le texte en a perdu en richesse et en vivacité. Langlois, revenu, victorieux du monstre et des loups est devenu « austère et cassant », fascinant, certes, mais tellement lointain, tellement insaisissable, personne n'y comprenait plus rien... et si cela ne gênait guère les villageois ensorcelés par cet homme hautain, pour moi j'avançais précautionneusement, comptant sur un dénouement qui me rendrait à mon bonheur. .. Et ce ne fut vraiment pas le cas : mon encombrante rationalité a été déstabilisée par tout ce mystère, cet homme pour lequel on n'a au final aucune clé (sont elles restées dans la poche de Giono, ou n'ai-je pas su les trouver ?).

Je me demande si , une fois n’est pas coutume, le film ne m'irait pas mieux.

Il n'en demeure pas moins que Giono me convainc, une fois de plus, par son écriture magique, sa proximité des hommes et des paysages.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #nature #violence
par topocl
le Ven 2 Déc 2016 - 17:25
 
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Sujet: Jean Giono
Réponses: 188
Vues: 18687

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