Poésie
Page 27 sur 38 • Partagez
Page 27 sur 38 • 1 ... 15 ... 26, 27, 28 ... 32 ... 38
Re: Poésie
Nous n'avons pas le temps
Nous n'avons pas le temps de creuser nos pensées
Nous n'avons pas le temps de peser nos paroles
Qui trahissent notre destin tortueux
Trop de fruits sont tombés sur notre champ caillouteux
On y glisse
On y tombe
Le surplus nous dévore
Oui, les fleurs sont les mêmes
Et les champs demeurent labourés comme jadis
L'écume du ciel mange l'horizon gris
Et le vert de l'herbe me pénètre jusqu'au cœur
Quand j'oublie qui je suis
Tout est là
Rien ne bouge
Les agneaux paissent dans une blanche prairie
Que le brouillard lèche nuit et jour
Avec sa langue maternelle
Nous n'avons pas le temps d'ouvrir nos paupières
Sur tant de beauté surhumaine
Qui nous fuit
Plus de rire, plus de larmes, plus de chant
Le soleil est trop pâle et mon cœur est trop chaud
Pour la vie
Paul Valet, In Paroles d'assaut, 1968
Né en 1903 en Russie. Résistant. Un homme probe et intransigant.
Nous n'avons pas le temps de creuser nos pensées
Nous n'avons pas le temps de peser nos paroles
Qui trahissent notre destin tortueux
Trop de fruits sont tombés sur notre champ caillouteux
On y glisse
On y tombe
Le surplus nous dévore
Oui, les fleurs sont les mêmes
Et les champs demeurent labourés comme jadis
L'écume du ciel mange l'horizon gris
Et le vert de l'herbe me pénètre jusqu'au cœur
Quand j'oublie qui je suis
Tout est là
Rien ne bouge
Les agneaux paissent dans une blanche prairie
Que le brouillard lèche nuit et jour
Avec sa langue maternelle
Nous n'avons pas le temps d'ouvrir nos paupières
Sur tant de beauté surhumaine
Qui nous fuit
Plus de rire, plus de larmes, plus de chant
Le soleil est trop pâle et mon cœur est trop chaud
Pour la vie
Paul Valet, In Paroles d'assaut, 1968
Né en 1903 en Russie. Résistant. Un homme probe et intransigant.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
oui pas le temps !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21125
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Et c'est beau, non ?Bédoulène a écrit:oui pas le temps !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
ouiiiiiiiiii !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21125
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Pas pu m'empêcher de vous le partager ici.
Épigramme, Jean de Boyssières
A Janneton
Mon chose veut choser votre chose ; mais chose
Gardez que je ne puis enchoser votre chose ;
Ou, si chose à la fin ne nous laisse enchoser,
Je le choserai tant qu'il en ira choser.
Épigramme, Jean de Boyssières
Invité- Invité
Re: Poésie
Pauvre Janneton enjargonnée !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
VALERIO MAGRELLI
Né à Rome en 1957, Valerio Magrelli est professeur de littérature française à l'Université de Cassino, après avoir enseigné à celle de Pise. Il a traduit Valéry, Debussy et Verlaine, publiant plusieurs volumes consacrés à la littérature française, en particulier la monographie Demeure de la pensée. Introduction à l'œuvre de Joseph Joubert (1995). Il dirige, aux éditions Einaudi, une série trilingue au sein de la collection " Scrittori tradotti da scrittori " - Écrivains traduits par des écrivains. Il a publié quatre recueils poétiques : Ora serrata retinæ (1980), Natures et signatures - titre original Nature e venature (1987), Exercices de typtologie (1992) et Notes pour la lecture d'un journal (1999)
[NON AVERE DA SCRIVERE NULLA]
Non avere da scrivere nulla
dà quella pena infantile, infinita,
di chi non trova alloggio
in un paese straniero.
Si cerca ovunque,
ogni posto è già occupato,
provate altrove e intanto
si fa tardi e non c’è verso.
Dove andremo a dormire?
[NE RIEN AVOIR À ÉCRIRE]
Ne rien avoir à écrire
procure cette peine enfantine, infinie,
de qui ne trouve pas à se loger
en terre étrangère.
On cherche partout,
tout est déjà occupé,
essayez ailleurs, cependant
il se fait tard, rien à vers.
Où irons-nous dormir ?
Non avere da scrivere nulla
dà quella pena infantile, infinita,
di chi non trova alloggio
in un paese straniero.
Si cerca ovunque,
ogni posto è già occupato,
provate altrove e intanto
si fa tardi e non c’è verso.
Dove andremo a dormire?
[NE RIEN AVOIR À ÉCRIRE]
Ne rien avoir à écrire
procure cette peine enfantine, infinie,
de qui ne trouve pas à se loger
en terre étrangère.
On cherche partout,
tout est déjà occupé,
essayez ailleurs, cependant
il se fait tard, rien à vers.
Où irons-nous dormir ?
In
Terre des femmes
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Il y avait matière à un fil d'auteur !?
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15625
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Poésie
Je ne sais pas. C'est difficile à juger. Ici, c'est plutot une anthologie spontanée.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Bonjour ! Vous connaissez certainement ce petit poème?
Philis, plus avare que tendre,
Ne gagnant rien à refuser,
Un jour réclama de Lysandre
Trente moutons pour un baiser.
Le lendemain, nouvelle affaire.
Pour le berger, le troc fut bon ;
Car il obtint de la bergère
Trente baisers pour un mouton.
Le lendemain, Philis, plus tendre,
Ne voulant déplaire au berger,
Fut trop heureuse de lui rendre
Trente moutons pour un baiser.
Le lendemain, Philis, peu sage,
Aurait donné moutons et chien
Pour un baiser que le volage
À Lisette donnait pour rien.
Anonyme
d'après Friedrich von Hagedorn
(Cité dans Et toi mon coeur pourquoi bas-tu de Jean d'Ormesson)
Philis, plus avare que tendre,
Ne gagnant rien à refuser,
Un jour réclama de Lysandre
Trente moutons pour un baiser.
Le lendemain, nouvelle affaire.
Pour le berger, le troc fut bon ;
Car il obtint de la bergère
Trente baisers pour un mouton.
Le lendemain, Philis, plus tendre,
Ne voulant déplaire au berger,
Fut trop heureuse de lui rendre
Trente moutons pour un baiser.
Le lendemain, Philis, peu sage,
Aurait donné moutons et chien
Pour un baiser que le volage
À Lisette donnait pour rien.
Anonyme
d'après Friedrich von Hagedorn
(Cité dans Et toi mon coeur pourquoi bas-tu de Jean d'Ormesson)
Plume- Messages : 428
Date d'inscription : 12/12/2016
Age : 55
Re: Poésie
N’étant que des hommes
.
N’étant que des hommes, nous marchions dans les arbres
Effrayés, abandonnant nos syllabes à leur douceur
De peur d’éveiller les freux,
De peur d’arriver
sans bruit dans un monde d’ailes et de cris.
Enfants nous nous serions penchés
Pour attraper les freux endormis, sans briser de brindilles,
Et après une douce ascension,
Élevant nos têtes au-dessus des branches
Nous nous serions émerveillés des étoiles inaltérables.
Loin de la confusion, telle est la voie
Tel est le prodige que l’homme sait
Loin du chaos parviendrait la joie.
Cela est la beauté, disions-nous,
Enfants émerveillés par les étoiles,
Cela est le but, cela est le terme.
N’étant que des hommes, nous marchions dans les arbres.
Dylan Thomas.
Invité- Invité
Re: Poésie
TARD DANS LA VIE, PAR PIERRE REVERDY.
Je suis dur
Je suis tendre
Et j’ai perdu mon temps
À rêver sans dormir
Partout où j’ai passé
J’ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte accroché au plus haut des entrailles
À la place où la foudre a frappé trop souvent
Un cœur où chaque mot a laissé son entaille
Et d’où ma vie s’égoutte au moindre mouvement
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
(j'apprécie Reverdy)
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21125
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
« La vieille »
Sandrine Davin
Elle est ici « La vieille »
Assise sur ce banc
Là, au fond du parc
Comme hier, comme toujours
Comme demain.
Des pigeons pour seuls amis
Lui font la conversation
Comme hier, comme toujours
Comme demain.
Elle est bien seule
« La vieille »,
Personne ne pense à elle
« La vieille ».
Elle pourrait bien
Mourir demain
Qui sera là pour lui tenir
La main ?
Elle est si seule
« La vieille ».
…
Elle pense et repense
Au bon vieux temps
A l’insouciance, aux fleurs des champs
A son enfance,
Comme hier, comme toujours
Comme demain.
Le soleil s’est éteint
Les pigeons se sont fait la malle
Elle n’est plus là
« La vieille »
Elle n’a plus mal…
Sandrine Davin
Trop de "bons sentiments" ? B
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Miguel Torga est un des grands écrivains portugais du 20e siècle.
Courageux, lucide.
A lire son Journal En franchise intérieure. Une grande oeuvre.
Courageux, lucide.
A lire son Journal En franchise intérieure. Une grande oeuvre.
Miguel Torga - Bucolique
La vie est faite de riens;
De grandes forêts immobiles
En attente de mouvement;
De plaines ondulantes
Sous le vent;
De maisons d'habitation
En ruine, avec des restes
De nids qui étaient autrefois
Sous les génoises;
De poussière;
De l'ombre d'un figuier;
Du spectacle de cette merveille :
Mon père entrelaçant une treille
Comme une mère fait une tresse
A sa fille.
C'est un rêve que j'ai fait :
C'était une grande étoile de papier,
Une ficelle
Et un enfant en tablier
L'enfant avait lancé l'étoile
Comme s'il semait une illusion
Et l'étoile montait, bleue et jaune,
Attachée par la ficelle à sa main.
Mais elle est montée si haut
Qu'elle a cessé d'être étoile en papier.
Et l'enfant, en la voyant, a souri
Et coupé la ficelle .
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
merci Bix, je vois bien l'étoile dans le ciel !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21125
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
LA BELLE MORT
Les mains pourries les mains perdues
qui n'ont plus rien à donner à personne
les yeux sans jour les voix sans mots
les bouches qu'un baiser jamais plus ne couronne
Honneur moisi feuilles qui rouillent
Rires éparpillés Tendresse en proie aux vers
Pitié très corrompue Linceul puant que souille
la fatigue d'avoir autrefois existé
Nous finirons bien par nous endormir
Nous finirons bien par tout oublier
Nous serons aveugles et sourds
Nous aurons cannes à la main
pour bâtonner sur le chemin
loin très loin du très joli jour
Nous serons tout entrechoqués
n'ayant plus les idées en place
dans une nuit d'un noir de glace
tâtonnants vides disloqués
Nous traînerons clopin-clopant
dans un pays brumeux de larmes
où le vent gèle les paroles
avant qu'on ne les ait prononcées
Personne ne nous entendra
puisqu'il n'y aura plus personne
Rien que le gel et que l'écho
qui n'aura rien à réfléchir
que le souvenir de l'écho
Nous serons ceux qui ne sont plus
les trébuchants les trépassés
les effacés les confondus
les morts dont on ne parle plus
les morts qui auraient tant à dire.
Claude Roy, Poésies
Invité- Invité
Re: Poésie
J'ai découvert Valérie Rouzeau il y a peu et j'aime !
Je songe à Guillaume à Robert à leurs rimes réelles
autant que d'avoir vécu d'avoir en dix-huit en
quarante-cinq
Leurs rimes qui consolent un peu d'amour de pas
toujours
Leurs rimes leurs mots qui se croisent et s'embrassent et
se font du plat
C'est plus vrai à ma bouche que le rouge des baisers à
mes yeux que bleu ciel à mon oreille qu'une boucle
Je ne peux pas me perdre puisque graine leurs paroles
tout du long et l'air du temps les renouvelle tout le
temps et me pousse et me met au parfum
Je sens leur solitude parmi les pigeons qui ne volent plus
jamais et mes coups de pied
Je sens ma solitude jusqu'aux ailes de mon nez (p. 18)
Va où. - Le temps qu'il fait
Des pages pour ne pas vivre idiote pour m'entraîner
au testament et en même temps purger ma peine
Pour aimer frères et soeurs humains réparer toute ma
méchanceté
Trouver si le silence est d'or avant qu'il devienne de
la boue
La mort ne fait pas mal qu'à l'âme si vous restez assis
longtemps sur le marbre d'un disparu cher
Autant de pensées de jetées dans le vague d'un rêve
éveillé
Un songe à répéter encore ni folle ni sage et ni françoise
Voilà pour m'apprendre à la fin pour m'exercer au jour
le jour au soleil et au jour sans jour
Je songe à Guillaume à Robert à leurs rimes réelles
autant que d'avoir vécu d'avoir en dix-huit en
quarante-cinq
Leurs rimes qui consolent un peu d'amour de pas
toujours
Leurs rimes leurs mots qui se croisent et s'embrassent et
se font du plat
C'est plus vrai à ma bouche que le rouge des baisers à
mes yeux que bleu ciel à mon oreille qu'une boucle
Je ne peux pas me perdre puisque graine leurs paroles
tout du long et l'air du temps les renouvelle tout le
temps et me pousse et me met au parfum
Je sens leur solitude parmi les pigeons qui ne volent plus
jamais et mes coups de pied
Je sens ma solitude jusqu'aux ailes de mon nez (p. 18)
Va où. - Le temps qu'il fait
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
A A
Todo pasa y todo queda,
pero lo nuestro es pasar,
pasar haciendo caminos,
caminos sobre el mar.
Nunca persequí la gloria,
ni dejar en la memoria
de los hombres mi canción;
yo amo los mundos sutiles,
ingrávidos y gentiles,
como pompas de jabón.
Me gusta verlos pintarse
de sol y grana, volar
bajo el cielo azul, temblar
súbitamente y quebrarse…
Nunca perseguí la gloria.
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace camino
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.
Caminante no hay camino
sino estelas en la mar…
Hace algún tiempo en ese lugar
donde hoy los bosques se visten de espinos
se oyó la voz de un poeta gritar
“Caminante no hay camino,
se hace camino al andar…”
Golpe a golpe, verso a verso…
Murió el poeta lejos del hogar.
Le cubre el polvo de un país vecino.
Al alejarse le vieron llorar.
“Caminante no hay camino,
se hace camino al andar…”
Golpe a golpe, verso a verso…
Cuando el jilguero no puede cantar.
Cuando el poeta es un peregrino,
cuando de nada nos sirve rezar.
“Caminante no hay camino,
se hace camino al andar…”
Golpe a golpe, verso a verso.
Publié par tsitpirc le Dim, 23/11/2014 - 06:04
traduction en français
Tout passe et tout reste
Mais notre truc c'est de passer
Passer en créant des chemins
Chemins sur la mer
Je n'ai jamais poursuivi la gloire
Ni laissé dans la mémoire
Des hommes ma chanson ;
Moi j'aime les mondes subtils,
Légers et gentils,
Comme des bulles de savon
J'aime les voir se peindre
De soleil et graine, voler
Sous le ciel bleu, vibrer
Subitement et se briser
Je n'ai jamais poursuivi la gloire
Marcheur, ce sont tes traces
Le chemin et rien de plus ;
Marcheur, il n'y a pas de chemin
Le chemin se crée en marchant
En marchant se crée le chemin
Et en tournant les yeux derrière
On voit le sentier qui jamais
Ne doit de nouveau être foulé
Marcheur, il n'y a pas de chemin
Sinon celui des étoiles dans la mer...
Ça fait un temps que dans ce lieu
Où aujourd'hui les forêts se vêtissent d'aubépines
On a entendu la voix d'un poète crier :
"Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Le chemin se crée en marchant..."
Coup par coup, vers par vers...
Le poète est mort loin du foyer.
Le couvre la poussière d'un pays voisin.
En s'éloignant ils l'ont vu pleurer.
"Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Le chemin se crée en marchant..."
Coup par coup, vers par vers
Quand le chardonneret ne peut chanter.
Quand le poète est un pèlerin,
Quand il ne sert à rien de prier.
"Marcheur il n'y a pas de chemin
Le chemin se crée en marchant..."
Coup par coup, vers par vers
Antonio Machado
Caminante, no hay camino (Cantares)
Todo pasa y todo queda,
pero lo nuestro es pasar,
pasar haciendo caminos,
caminos sobre el mar.
Nunca persequí la gloria,
ni dejar en la memoria
de los hombres mi canción;
yo amo los mundos sutiles,
ingrávidos y gentiles,
como pompas de jabón.
Me gusta verlos pintarse
de sol y grana, volar
bajo el cielo azul, temblar
súbitamente y quebrarse…
Nunca perseguí la gloria.
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace camino
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.
Caminante no hay camino
sino estelas en la mar…
Hace algún tiempo en ese lugar
donde hoy los bosques se visten de espinos
se oyó la voz de un poeta gritar
“Caminante no hay camino,
se hace camino al andar…”
Golpe a golpe, verso a verso…
Murió el poeta lejos del hogar.
Le cubre el polvo de un país vecino.
Al alejarse le vieron llorar.
“Caminante no hay camino,
se hace camino al andar…”
Golpe a golpe, verso a verso…
Cuando el jilguero no puede cantar.
Cuando el poeta es un peregrino,
cuando de nada nos sirve rezar.
“Caminante no hay camino,
se hace camino al andar…”
Golpe a golpe, verso a verso.
Publié par tsitpirc le Dim, 23/11/2014 - 06:04
traduction en français
Marcheur, il n'y a pas de chemin
Tout passe et tout reste
Mais notre truc c'est de passer
Passer en créant des chemins
Chemins sur la mer
Je n'ai jamais poursuivi la gloire
Ni laissé dans la mémoire
Des hommes ma chanson ;
Moi j'aime les mondes subtils,
Légers et gentils,
Comme des bulles de savon
J'aime les voir se peindre
De soleil et graine, voler
Sous le ciel bleu, vibrer
Subitement et se briser
Je n'ai jamais poursuivi la gloire
Marcheur, ce sont tes traces
Le chemin et rien de plus ;
Marcheur, il n'y a pas de chemin
Le chemin se crée en marchant
En marchant se crée le chemin
Et en tournant les yeux derrière
On voit le sentier qui jamais
Ne doit de nouveau être foulé
Marcheur, il n'y a pas de chemin
Sinon celui des étoiles dans la mer...
Ça fait un temps que dans ce lieu
Où aujourd'hui les forêts se vêtissent d'aubépines
On a entendu la voix d'un poète crier :
"Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Le chemin se crée en marchant..."
Coup par coup, vers par vers...
Le poète est mort loin du foyer.
Le couvre la poussière d'un pays voisin.
En s'éloignant ils l'ont vu pleurer.
"Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Le chemin se crée en marchant..."
Coup par coup, vers par vers
Quand le chardonneret ne peut chanter.
Quand le poète est un pèlerin,
Quand il ne sert à rien de prier.
"Marcheur il n'y a pas de chemin
Le chemin se crée en marchant..."
Coup par coup, vers par vers
Antonio Machado
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Page 27 sur 38 • 1 ... 15 ... 26, 27, 28 ... 32 ... 38
Des Choses à lire :: Discussions autour des livres :: Nos lectures
Page 27 sur 38
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|