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François Caradec

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Message par ArenSor Mer 15 Avr 2020 - 13:28

François Caradec
(1924 – 2008)

François Caradec Photo_13

François Caradec est un écrivain et biographe français.
Membre de L’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), Régent du Collège de Pataphysique, il est auteur de biographies de référence de Lautréamont, d’Alfred Jarry, de Raymond Roussel, d’Alphonse Allais, de Willy et de Jane Avril.
Il fut l’un des spécialistes français de la bande dessinée, et cultivait les pastiches et mystifications de tout ordre. Il suivit de près la création de l’Ouvroir de Bande dessinée Potentielle (Oubapo).
Il a beaucoup fait pour la diffusion et la publication rationnelle des œuvres d'Alphonse Allais, dont il est le grand spécialiste.
Il fut avec Jacques Jouet, Paul Fournel et Hervé Le Tellier, de l'Oulipo, l’un des protagonistes de l'émission de radio "Des Papous dans la tête", créée en 1984 sur France-Culture.
Son dernier livre, un roman noir intitulé "Le doigt coupé de la rue du Bison", est paru chez Fayard en 2008.
(Source wikipédia)

Bibliographie :

• Christophe Colomb, Essai de biographie d'après les remarques et observations de l'auteur, agrémenté d'un fragment de citation latine
       tiré de L'Imitation et suivi de notes et d'une bibliographie, préface de Raymond Queneau, Grasset, 1956
• L' Affaire de la Gazette de Lausanne, Collège de pataphysique, 1958
• Joyeux Noël, préface d'Isidore Bernhart, bois d'Henri Boulage, éd. Lachenal frères, Paris, 1959
• Monsieur Tristecon, Temps Mêlés, 1960
• Encyclopédie des farces et attrapes, avec Noël Arnaud, Jean-Jacques Pauvert, 1964
• La Vie exemplaire de la femme à barbe, avec Jean Nohain, éditions La jeune Parque, Paris, 1969
• Littérature illettrée ou la littérature à la lettre, avec Noël Arnaud, Bizarre, no 32, 1964
• Trésors du rire, Pierre Horay, 1970
• Trésors du pastiche, Pierre Horay, 1971
• Vies de Raymond Roussel : 1877- 1933, Jean-Jacques Pauvert, 1972
• Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, avec Albano Rodriguez, La Table Ronde, 1970 - édition revue et augmentée, Gallimard,
       1975.
• Le Cadeau, un conte de François Caradec, Balland, 1973.
• À la recherche d’Alfred Jarry, Seghers, 1974.
• Guide de Versailles mystérieux, avec Jean-Robert Masson, Presses Pocket, 1975.
• Guide du Val-de-Loire mystérieux, avec Jean-Robert Masson, Presses Pocket, 1975.
• Histoire de la littérature enfantine en France, éditions Albin Michel, 1977.
• La Farce et le sacré : fêtes et farceurs, mythes et mystificateurs, Casterman, 1977.
• Dictionnaire du français argotique et populaire, Larousse, 1977, réédité sous le titre N’ayons pas peur des mots en 1988.
• Guide de Paris mystérieux, avec Jean-Robert Masson, Tchou, collection Les Guides Noirs, 1978.
• Le Café-Concert, avec Alain Weill, Hachette, 1980.
• Christophe, le génial auteur d’immortels chefs-d’œuvre : le Sapeur Camember, la Famille Fenouillard, le Savant Cosinus, Pierre Horay,
       1981.
• Nous deux mon chien: portrait d’artiste, Pierre Horay, 1983.
• Calembour, Éditions du Fourneau, 1983.
• Feu Willy : avec et sans Colette, Carrere-Editions 13, 1984.
• Petite encyclopédie du dessin drôle en France, Le Cherche midi, 1985.
• La Compagnie des zincs, avec Robert Doisneau, Ramsay, 1986
• Raymond Roussel 1877-1933: biographie d’un écrivain excentrique et génial, Fayard, 1997.
• Alphonse Allais, Belfond, réédité par Fayard en 1997.
• Craquements (doux), Plurielle, Les guère épais, 1997.
• Catalogue d’autographes rares et curieux, Éditions du Limon, 1998.
• Paul Allais, Œuvres complètes, 70 exemplaires hors commerce (épuisé), 1999.
• Le Porc, le Coq et le Serpent, Maurice Nadeau, 1999. (Quelques extraits étaient parus dans « Craquements doux » en 1997.
• Le Pétomane, avec Jean Nohain, Éditions Pauvert, 1965
• Dictionnaire du français argotique et populaire, nouvelle édition mise à jour, Larousse, 2001.
• Jane Avril, Au moulin rouge avec Toulouse-Lautrec, Fayard, 2001.
• Willy, le père des Claudine, Fayard, 2004.
• Dictionnaire des gestes. Attitudes et mouvements expressifs en usage dans le monde entier, Fayard, 2005.
• La Café Concert, 1848-1914, avec Alain Weill, Fayard, 2007.
• Le Doigt coupé de la rue du Bison, Fayard Noir, 2008.
• Entrez donc, je vous attendais, Fayard, 2009.
• Entre miens. D'Alphonse Allais à Boris Vian, Flammarion, 2010.
• Poésies, Maurice Nadeau, 2013
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Message par ArenSor Mer 15 Avr 2020 - 13:37

La Compagnie des zincs

François Caradec La_com10

Frnçois Caradec évoque avec nostalgie ses souvenirs et anecdotes des lieux de convivialité appelés bistrots, cafés, brasseries.
Il a connu leur rapide transformation d’après guerre puis leur disparition progressive du paysage urbain

« Antonin Artaud écrit au crayon en buvant un café au Dupont-Latin. Dans un bar de la rue Monsieur-le-Prince, Henri Michaux commande un alexandra. Jacques Prévert me fait signe à la terrasse des Deux Magots. André Frédérique prend son whisky au bar du Montana. Gabriel Pomerand me donne rendez-vous au Flore, Maximilien Vox m’accueille chez Fraysse à bras ouverts. Je fais connaissance de Marcel Aymé sur un tabouret du Décaméron. Dominguez prend son premier pastis à la Guérite, Eric Losfeld m’entraîne au Courrier de Lyon.
Je prends une bière au Dupont-Latin, un alexandra rue Monsieur-le-Prince, un perroquet aux Deux-Magots, un whisky au Montana, un café au Flore, un sauvignon chez Fraysse, une flûte au Décaméron, un rince-cochon à la Guérite, un cognac au Courrier de Lyon.
Le Dupont-Latin et le bar de la rue Monsieur-le-Prince ont disparu. Les Deux Magots n’ont pas changé. Je ne vais plus au Montana. Gabriel a quitté le Flore, Vox n’est plus au Fraysse, Marcel Aymé au Décaméron, Dominguez à la Guérite, ni Eric au Courrier de Lyon.
Si vous voulez mon avis, le ver doit être mort. »

« Au commencement était le zinc.
Puis vint le formica.
Des entrepreneurs malins sont arrivés avec de nouveaux plans : mon café n’avait pas bougé depuis les années 30. Ils ont emporté le percolateur, qui est parti à la ferraille ; et le zinc, directement rue de Lappe, vendu bon poids. Ils ont déplacé le nouveau comptoir, artistement couvert de formica jaune. Au mur, une machine italienne à expresso, au plafond des tubes fluorescents… »

« - Je comprends pas pourquoi tu fais tous ces frais, dit Léon en se penchant sur son verre ballon.
- Faut changer avec la clientèle, répond le patron. Faut du nouveau, avec tous ces jeunes, qui jouent au flipper. Les tables en bois, le comptoir en bois, tout ça, tu comprends ?... Ca fait « peube » anglais.
- Et alors ?... T’as besoin d’un « peube » anglais pour me servir une « côte » ? »

Ce sont les histoires, les anecdotes, les blagues, plus ou moins potaches, les lieux communs qu’on débite accoudés au zinc. Caradec, grand oulipien, ami de Queneau et spécialiste de l’argot parisien nous les restitue dans toute leur spontanéité, leur fraîcheur

« - Alors, j’ui dis, qu’est-ce que ça va changer, après cette réunion ?
Rien, qu’ème répond, la secrétaire du patron.
Alors, j’ui dis, à quoi ça sert la réunion ?
A rien, qu’ème fait.
Alors ? (j’ui demande).
Faut bien changer, qu’ème fait.
Changer quoi ?
Rien.
Alors, tu penses, j’ai pus rien dit.
- T’as bien fait. »


« .. Ca n’a pas duré longtemps. Un matin, crac ! le chien de l’épicier a bondi sur Coco. Fallait entendre l’autre qui gueulait :
- Tiens, voilà l’facteur ! Tiens, voilà l’facteur !
Je suis arrivé trop tard : le cador avait tortoré Coco. Des plumes j’ai vu. C’est tout.
Les gosses pleuraient. Je les ai consolés :
- Allez, allez, j’ai dit. C’est triste, bien sûr. C’est pas une fin pour un perroquet. Mais c’était le plus con. Heureusement qu’il nous reste celui qui parle.
Celui qui parle ? Tu parles, oui ! Il n’ouvrait plus le bec.  Il disait plus pouic. J’ai cru d’abord que c’était l’émotion, que ça lui passerait, que ça lui reviendrait. Eh bin, ça ne lui est pas revenu. Non. Pour une bonne raison, c’est qu’il savait pas parler. Ca vous étonne ?
- Un peu, mon neveu.
Il vide son verre :
- c’était le premier perroquet, qui l’était, ventriloque.
Et il se marre. »

« - Les bêtes, elle sont bien comme toi, va : il leur manque que la parole.
- Eh ben, les bêtes, elles te disent « Merde » ! »

« N’y a plus de pastis.
- N’y a plus de pastis ?
- Non, les livreurs sont en grève.
- En grève ? … Qu’est-ce qu’on va boire, alors ?
- T’as qu’à boire l’eau du pastis : c’est gratuit !
- Ca va pas ? Tu me vois boire six verres d’eau à l’apéritif ? »


« Ben, dis donc ! c’est pas trop tôt que tu rouvres…
-  Que veux-tu, c’est les vacances. Les congés annuels.
- Ben, dis donc, Pierrot il m’avait dit que tu rouvrais le 16.
- Et alors ? On est pas le 16 ?
- Si, bien sûr… Mais, je suis venu le 14… Des fois que tu rouvrirais avant ?... »

« Au Philo’s bar.
- Heidegger, un beau salaud ! dit madame Josette en rendant la monnaie sur une soucoupe.
- Holà, fait René. Faut pas cracher sur Sein und Zeit. Y a des choses.
- Un beau salaud tout de même. Hein ? son Discours du Rectorat, qu’est-ce que t’en dis ? ajoute le garçon en rinçant les tasses.
René hausse les épaules et mire son verre de blanc :
- N’empêche. »

Le café parisien était alors un lieu de rencontres des écrivains

« On estimait dans ma famille qu’Alphonse Allais était un écrivain de bonne compagnie. Pourtant je peux vous témoigner que Le Captain Cap est le livre le plus destructeur que j’aie lu.
J’avais seize ans. Quand j’ai découvert la liste des cocktails à la fin du livre, j’ai pris la décision, je ne sais plus pourquoi (geste), de tous les goûter. J’allais au Harry’s Bar, rue Daunou, et je les essayais tous les jours, systématiquement.
Et, il y en a… qui … sont violents.
Alphonse Allais  a eu à cette époque de ma vie une très mauvaise influence sur moi. Oui, Le Captain Cap est un livre dangereux.
Me disait Michel Leiris. »

Institution déjà mal en point au moment où Caradec écrivait son livre (1986) le café avait pourtant encore des beaux restes

«Je dois me rendre aujourd’hui, 27 février 1982, à la réunion du Conseil d’Administration de la Société des Amis d’Alfred Jarry, qui se tient dans la petite salle du premier étage du Cluny, à l’angle du boulevard Saint-Michel et du boulevard Saint-Germain, à 17h. 30. J’emprunterai le 21, mon autobus quotidien.
Sur le parcours, j’ai dénombré treize stations, de la porte de Gentilly à la rue des Ecoles.
Mais il y a aussi quelques débits de boisson que je n’avais jamais eu la curiosité de compter.
Tiens, tiens. Ce sont :
[suit une liste de trente-neuf noms]
Trente-neuf débits de boisson de qualité variable et de confort divers, soit une moyenne de trois cafés entre deux stations.
Tout compte fait, mieux vaut prendre l’autobus à l’aller, je reviendrai à pied. »

Combien en subsiste-t-il de nos jours ? En tout cas le Cluny a cédé la place à une pizzeria d’une grande chaîne…

La sortie, le soir, est parfois hasardeuse

« Dans le métro, à peu près vide à cette heure et silencieux, Bébert se cramponne à la barre. Et il lâche d’une voix tonitruante :
Hips ! … J’ai envie d’dé dégueuler !
Une légère inquiétude parcourt le wagon.
- C’est c’café, qu’jai bu… Hips !
Bébert oscille d’avant en arrière.
- C’est pas qu’ça m’embête, d’dégueler…
J’ai l’habitude. Un coup j’bois, un coup j’dégueule.
J’ai l’habitude. Hips ! … mais c’est s’café ! Saloperie…
Saloperie d’café … Ca vaut pas un coup d’rouge.
»

Ne reste alors sur place qu’une étrange faune

« Ce sont les buveurs de la nuit, parfois un peu ivres et bavards, mais plus souvent silencieux et maussades. Ceux-là n’ont rien à perdre. Ils n’entendent pas les rires et les éclats des voix. Ils savent que tout a une fin, et l’ont déjà franchie. Ils boivent pour tuer le temps en attendant que le temps les tue.
Ils attendent la fermeture »
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Message par bix_229 Mer 15 Avr 2020 - 15:17

Un auteur de la bande des Papous dans la tete.
Pour Tristram.
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Message par Bédoulène Mer 15 Avr 2020 - 16:13

ça a l'air sympa !

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
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Message par Tristram Mer 15 Avr 2020 - 16:51

Encore la clique à Giraud, Blondin et compagnie : tous des pochtrons d'avant la socialisation virtuelle propre sur soi.
(Et encore un auteur apparemment difficile à trouver.)

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
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