Jean Malaquais
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Jean Malaquais
Wladimir Jan Pavel Malacki, dit Jean Malaquais, né le 11 avril 1908 à Varsovie et mort le 22 décembre 1998 à Genève, est un romancier et essayiste d'origine polonaise et d'expression française.
De son nom complet Malacki Wladimir Jan Pavel Israël Pinkus, Jean Malaquais est d'origine juive. Il naît en 1908 dans une famille en rupture avec les traditions. Son père enseigne le latin et le grec. Il a un petit frère, Salomon Monniek.
À 17 ans, le bac en poche, il part à la découverte du monde, traverse l'Europe, se rend en Afrique et exerce pour survivre des dizaines de métiers. En France, il se lie avec Marc Chirik, oppositionnel au stalinisme, et devient un compagnon de route de groupes internationalistes. À la fin des années 1920, il se fait embaucher dans la mine de plomb et d'argent de La Londe les Maures. En 1935, il fait la rencontre d'André Gide, avec lequel il entretient une correspondance jusqu'en 1950. Gide l'encourage à écrire, le recommande auprès de directeurs de revues. Malacki fait paraître quelques nouvelles, puis en 1937, il se lance dans la rédaction de L'Île de Java, qui devient Les Javanais en 1939. Ce roman, inspiré de son expérience parmi les mineurs venus des quatre coins du monde, est édité chez les Éditions Denoël sous le pseudonyme de Jean Malaquais. Il obtient le Prix Renaudot en 1939 (face à Sartre pour Le Mur)
Apatride, d'origine juive et « marxien », il est pourtant mobilisé, contre son gré, durant la Seconde Guerre mondiale. Il détaille son expérience dans Journal de guerre. En danger de mort, il fuit à Marseille. En 1943, il part pour le Venezuela, le Mexique, puis pour les États-Unis, où il acquiert la nationalité américaine. En 1947, il publie Planète sans visa, grand roman de la France sous l'occupation.
Il participe en 1942 et après la guerre au groupe de la Gauche communiste de France (GCF) avec Marc Chirik, Clara Geoffroy, Robert Salama dit « Mousso », Serge Bricanier, Louis Évrard, Pierre Bessaignet.
Il traduit Norman Mailer, Les Nus et les Morts et publie, en 1953, un dernier roman Le Gaffeur, qui met en scène un personnage aux prises avec la Cité : celle-ci, après l'avoir privé de son domicile, de sa femme, de son travail, va jusqu'à lui retirer sa propre identité.
Il écrit une pièce de théâtre, La Courte Paille, qui n'est jouée qu'une fois en privé et n'est publiée qu'à titre posthume en 2000.
En 1960, il rencontre Elizabeth Deberdt-Malaquais, puis s'éloigne du roman pour se consacrer à la philosophie. Il s'intéresse notamment à Søren Kierkegaard. À la fin de sa vie, il effectue un grand travail de réécriture de ses romans.
Œuvre
Romans
- Les Javanais, éditions Denoël, 1939 ; Page 1, 2
- Planète sans visa, Le Pré aux Clercs, 1947 ; Page 1
- Le Gaffeur, Buchet-Chastel, 1953
Autres publications
- Journal de guerre, Éditions de la Maison Française, 1943
- « Deux nouvelles de Jean Malaquais », in Les Œuvres nouvelles, Éditions de la Maison Française, 1943.
- Coups de barre, recueil de nouvelles, Éditions de la Maison Française, 1944
- Søren Kierkegaard : Foi et Paradoxe, 1971.
- « Le Nommé Louis Aragon ou le patriote professionnel », « Les Égaux », supplément à Masses, février 1947
- Correspondance (1935-1950) d'André Gide et Jean Malaquais, 2000
- Correspondance 1949-1986 de Norman Mailer et Jean Malaquais, 2008
- La Courte paille, pièce en 4 actes, 1999
(source Wikipedia)
Plus d'infos ici
J'opte pour "écrivain européen francophone" pour ce Polonais, écrivant en français, naturalisé États-unien, mais les modos peuvent changer)
MAJ de l'index le 13/06/2020
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8431
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Re: Jean Malaquais
Merci pour ce fil, Topocl, j' y reviendrai.
Et puis, je signale à Bédou et Shanidar que Malaquais et Victor Serge sont des auteurs de la meme
importance que Orwell et Koestler en tant que grands témoins du siècle.
D' autant plus forts qu' ils sont d' excellents écrivains.
Et que Victor Serge a payé dans sa chair sa lucidité.
Quant à Malaquais, il a écrit une lettre publique à Aragon qui ne manque pas de piment.
Et puis, je signale à Bédou et Shanidar que Malaquais et Victor Serge sont des auteurs de la meme
importance que Orwell et Koestler en tant que grands témoins du siècle.
D' autant plus forts qu' ils sont d' excellents écrivains.
Et que Victor Serge a payé dans sa chair sa lucidité.
Quant à Malaquais, il a écrit une lettre publique à Aragon qui ne manque pas de piment.
Dernière édition par bix_229 le Mer 7 Juin - 19:35, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
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Re: Jean Malaquais
Planète sans visa
Il s'agit d'un roman choral puissant écrit en exil entre 1942 et 1947 par Jean Malaquais, qui ne se fixe rien moins comme objectif que de raconter la France de 1942, juste avant l'invasion de la zone non occupée par les Allemands. Une époque où pour ceux qui n'ont d'autre choix que l'exil, on peut encore espérer passer entre les mailles du filet. Belle ambition, donc, et parfaitement aboutie.
Basé à Marseille, grand port de départ vers l'inconnu et de petites magouilles, avec son satellite le camp des Miles, s'exportant à Paris, Vichy et sur la frontière espagnole, le roman entrecroise de multiples destins, ceux des petits comme des puissants et des profiteurs, des humiliés comme de ceux qui croient être du côté de la victoire, des révoltés comme des collaborateurs, des traqués comme des policiers, mouchards et autres gardes-chiourme, des apatrides comme des nationalistes. Toute l'humanité est là, vit, s'active, se cache, se démène, réfléchit , aime.....
Sans refuser le pathétique et le lyrisme, s'accompagnant d'humour et d 'ironie, empreint d'humanité, Jean Malaquais nous donne à voir tous les membres de cette société déboussolée, leurs petites et grandes vilenies, leurs bonheurs et leurs courages, leurs majestueuses élégances.
Jean Malaquais est un romancier expert, tout à la fois intelligent et bon, maitrisant un récit démultiplié, plein de rebondissements, de digressions, de détours, tout cela sans (trop) perdre son lecteur (à qui je recommande cependant de bien se concentrer dès le début). Il y met une prose éblouissante d'inventivité, unique, splendide. C'est bluffant.
Planète sans visa fait partie de ces rares romans qu'on lit avec ses tripes, son cerveau et son coeur, se demandant perpétuellement comment on a pu ignorer son existence jusque-là, comment il se fait que ce n'est pas un classique. C'est l’œuvre d'un écrivain singulier, fascinant, un roman déchirant de beauté, qu'il serait bien dommage d'ignorer plus longtemps.
mots-clés : #deuxiemeguerre
Il s'agit d'un roman choral puissant écrit en exil entre 1942 et 1947 par Jean Malaquais, qui ne se fixe rien moins comme objectif que de raconter la France de 1942, juste avant l'invasion de la zone non occupée par les Allemands. Une époque où pour ceux qui n'ont d'autre choix que l'exil, on peut encore espérer passer entre les mailles du filet. Belle ambition, donc, et parfaitement aboutie.
Basé à Marseille, grand port de départ vers l'inconnu et de petites magouilles, avec son satellite le camp des Miles, s'exportant à Paris, Vichy et sur la frontière espagnole, le roman entrecroise de multiples destins, ceux des petits comme des puissants et des profiteurs, des humiliés comme de ceux qui croient être du côté de la victoire, des révoltés comme des collaborateurs, des traqués comme des policiers, mouchards et autres gardes-chiourme, des apatrides comme des nationalistes. Toute l'humanité est là, vit, s'active, se cache, se démène, réfléchit , aime.....
Sans refuser le pathétique et le lyrisme, s'accompagnant d'humour et d 'ironie, empreint d'humanité, Jean Malaquais nous donne à voir tous les membres de cette société déboussolée, leurs petites et grandes vilenies, leurs bonheurs et leurs courages, leurs majestueuses élégances.
Jean Malaquais est un romancier expert, tout à la fois intelligent et bon, maitrisant un récit démultiplié, plein de rebondissements, de digressions, de détours, tout cela sans (trop) perdre son lecteur (à qui je recommande cependant de bien se concentrer dès le début). Il y met une prose éblouissante d'inventivité, unique, splendide. C'est bluffant.
Planète sans visa fait partie de ces rares romans qu'on lit avec ses tripes, son cerveau et son coeur, se demandant perpétuellement comment on a pu ignorer son existence jusque-là, comment il se fait que ce n'est pas un classique. C'est l’œuvre d'un écrivain singulier, fascinant, un roman déchirant de beauté, qu'il serait bien dommage d'ignorer plus longtemps.
mots-clés : #deuxiemeguerre
Dernière édition par topocl le Jeu 8 Juin - 14:07, édité 1 fois
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8431
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Re: Jean Malaquais
Merci pour le partage.
Nadine- Messages : 4866
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Re: Jean Malaquais
"Le prototype du patriote professionnel apatride, celui qui atteint une espèce de grandeur dans le maniement du bénitier stalinien, est le nommé Louis Aragon, poète par la grâce des dieux, clarinette par la grâce de saint Joseph ; Louis Aragon, ex-dadaïste, ex-surréaliste, ex-auteur du Con d'Irène, du Paysan de Paris, du Traité du Style, ex-lui-même... Jean Malaquais"
Extraits du livre.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Jean Malaquais
Je vais d'ailleurs essayer de ne pas oublier !Nadine a écrit:Merci pour le partage.
Il y a des explications là-dessus dans ta lecture ?À la fin de sa vie, il effectue un grand travail de réécriture de ses romans.
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Re: Jean Malaquais
Encore que le côté roman choral me fait un peu peur pour toi. Mais peut-être est-ce une bêtise.animal a écrit:
Je vais d'ailleurs essayer de ne pas oublier !
Il y a des explications là-dessus dans ta lecture ?À la fin de sa vie, il effectue un grand travail de réécriture de ses romans.
[/quote]
Rien trouvé. Mais c'est un type qui pouvait passer une journée sur 5 lignes apparemment, donc il devait avoir un souci de perfection difficile à canaliser.
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topocl- Messages : 8431
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Re: Jean Malaquais
le roman choral tu dis ça à cause d'un bouquin comme Le Fils de Philipp Meyer ?
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Re: Jean Malaquais
Non, je n'y pensais plus à celui-là (il ne mérite pas qu'on continue à y penser au fil des années ) . C'est que je t'imagine plus dans des récits plus intimistes. Mais je peux me tromper, c'est pour ça que je disais que c'était peut-être une bêtise.
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topocl- Messages : 8431
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Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Jean Malaquais
merci topocl, pour ton commentaire qui me convainc et vu que Bix en fait aussi signal, c'est noté !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21159
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Localisation : En Provence
Re: Jean Malaquais
Je commence la lecture de Les Javanais. - Phébus, et ça démarre sur les chapeaux de roues avec deux clodos qui se livrent à une pyrotechnie verbale du feu de Dieu, dans la pluie et le froid de l' hiver.
A suivre...
A suivre...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean Malaquais
Ah, je l'ai Les Javanais, il m'attend.
Je regarde par dessus ton épaule, donc!
Je regarde par dessus ton épaule, donc!
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8431
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Re: Jean Malaquais
moi aussi je les ai !
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Bédoulène- Messages : 21159
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jean Malaquais
Les javanais
L'île de Java est un bidonville crade. C'est aussi une mine de plomb et d'argent, quelque part en Provence à la fin des années 3O.
Un bagne légal où bossent des déracinés, des migrants en rupture de démocratie.
Allemands fuyant Hitler, russes allergiques au petit père des peuples, espagnols fatigués des phalangistes, italiens écœurés par Mussolini et quelques autres.
Le travail est très dur, l'installation dangereusement précaire, et la paie ridicule. Immédiatement dépensée en vin et en filles.Selon un principe éprouvé : rien ne se perd, tout se transforme !
"C'était une mine délabrée et mal tenue. La taille s'y faisait au petit bonheur, l'abattage à la va-vite. On perçait, creusait, dynamitait à tort et à travers...
Cuvelages et boisages étaient défectueux, l'aération mauvaise.a C'était une mine mal fichue, on y puisait à meme les richesses sans ordre, sans plan, sans économie."
On écluse chez Mme Michel, épicerie, buvette, où l'iaccorte Ginette accueille les buveurs en souriant et en roulant tout ce que peut rouler une jolie fille.
En tout bien tout honneur. Elle les aime vraiment ses mineurs !
Et puis il y a Estève, le mac et ses dames, bien en cour avecc les notables et qui se prépare à en devenir un.
Le directeur est un aristo anglais manchot. Cynique et glacial.
Il vit dans une sorte de chateau. Loin du populo.
Et pour que le spectacle des taudis n'offense pas sa vue, il les a faits transporter hors de sa vue.
Il y a aussi Carboni, le gendarme, ancien militaire garde chiourme.
Il aboie et mord aux ordres du directeur.
"Les étrangers, laissez Carboni trois jours à la tête du gouvernement et on ne vous en dit pas plus, à la frontière les étrangers ou la Légion, au choix.
On voudrait au moins qu'ils aient la reconnaissance du ventre... pensez-vous, ça mange notre pain, couche avec nos françaises, il n'y en a que pour eux."
Il y a surtout un trio d'allemands particulièrement, lucides et chaleureux.
Les Javanais forment une communauté de Babel, qui jargonnent dans une langue bien à eux. Mais il se comprennent.
Ce ne sont pas des petits saints, mais il sont solidaires et leur misère ne les empêchent pas de rire de bon cœur ni de fêter un évènement.
Et quand à la fin, les choses se gâtent et que la mine va être fermée, ils vont vivre brièvement la joie pure d' une révolte sans lendemains.
Ils n'ont connu que l'errance, la misère et l'exploitation.
Alors ici ou ailleurs...
Voilà un livre tel que je l'attendais depuis longtemps.
Jorge Semprun écrivait lors d'une réédition de l'ouvrage :
"Le retout en fanfare des Javanais... Le roman de malaquais reste d'une actualité renversante. Je dirais meme, si l'on me permet cette boutade, qu'il est encore plus actuel aujourd'hui qu'au moment de sa parution."
Et il l'est toujours !
Pas le moindre dogmatisme chez Malaquais. Pas de bla bla ni de chichis.
Sa langue n'a rien d' académique. Elle est extraordinairement vivante, expressive, créatrice et profondément maîtrisée.
Malaquais a appris le français de fraîche date et, chose stupéfiante, il le réinvente.
Heureusement qu'il est resté chez nous. Déjà qu'on avait laissé partir Joseph Conrad...
mots-clés : #immigration #social
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean Malaquais
Je note cette petite pépite, bix, merci !
Barcarole- Messages : 3019
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : Tours
Re: Jean Malaquais
Moi aussi.
Pia- Messages : 135
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Localisation : Utrecht
Re: Jean Malaquais
Bonjour Pia !
Barcarole- Messages : 3019
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 68
Localisation : Tours
Re: Jean Malaquais
ah ! Pia !
me reste plus qu'à le faire remonter de la PAL, merci Bix !
me reste plus qu'à le faire remonter de la PAL, merci Bix !
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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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Bédoulène- Messages : 21159
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jean Malaquais
Que du bonheur ! Je vous envie !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jean Malaquais
Les Javanais
Java, c'est une espèce de campement où s'est regroupée tout une communauté d'hommes et de familles immigrées, des étrangers sans statut social, fuyant leur misère ou leurs oppresseurs respectifs, chacun baragouinant son jargon approximatif. A côté de Java, il y a la mine, qui éreinte et nourrit vaguement son homme, il y a le village de Vaugelas, où il fait bon boire un coup - ou plusieurs - ou tirer un coup au bordel de M Estève. Ils sont acceptés "ces gens-là" tant qu'ils travaillent et ne bousculent pas, acceptant des tâches et conditions que nul autre ne subirait. Puis viendra le temps de les jeter, M le Directeur, Monsieur le gendarme, M l'adjoint au maire sont là pour protéger les honnêtes gens..
Jean Malaquais dresse un puissant portrait naturaliste de ce ghetto où les hommes vivent en cercle fermé, grandes amitiés, petites bassesses, quotidien où l'on pêche obstinément les moments consolateurs pour tenir. Il distribue son attachement respectueux pour ces êtres déboussolés et sa dérision délicieusement vachard contre les petits et moyens chefs.
Ce qui donne sa grande singularité au récit, c'est une prose d'une richesse, d'une fantaisie, d'une créativité époustouflantes. C'est ciselé, pétillant d'intelligence et d'invention, entre humour et poésie. il y a bien certains moments où cette fécondité passe à la démesure, déborde, déstabilise et fait vaciller la lectrice ("Non mais qu'est-ce qu'il raconte, là, faconde ou divagation?). Il n'en demeure pas moins que c'est brillant, brillantissime.
(je la trouve curieuse, cette couverture qui illustre ton commentaire, bix)
mots-clés : #immigration #social
Java, c'est une espèce de campement où s'est regroupée tout une communauté d'hommes et de familles immigrées, des étrangers sans statut social, fuyant leur misère ou leurs oppresseurs respectifs, chacun baragouinant son jargon approximatif. A côté de Java, il y a la mine, qui éreinte et nourrit vaguement son homme, il y a le village de Vaugelas, où il fait bon boire un coup - ou plusieurs - ou tirer un coup au bordel de M Estève. Ils sont acceptés "ces gens-là" tant qu'ils travaillent et ne bousculent pas, acceptant des tâches et conditions que nul autre ne subirait. Puis viendra le temps de les jeter, M le Directeur, Monsieur le gendarme, M l'adjoint au maire sont là pour protéger les honnêtes gens..
Jean Malaquais dresse un puissant portrait naturaliste de ce ghetto où les hommes vivent en cercle fermé, grandes amitiés, petites bassesses, quotidien où l'on pêche obstinément les moments consolateurs pour tenir. Il distribue son attachement respectueux pour ces êtres déboussolés et sa dérision délicieusement vachard contre les petits et moyens chefs.
Ce qui donne sa grande singularité au récit, c'est une prose d'une richesse, d'une fantaisie, d'une créativité époustouflantes. C'est ciselé, pétillant d'intelligence et d'invention, entre humour et poésie. il y a bien certains moments où cette fécondité passe à la démesure, déborde, déstabilise et fait vaciller la lectrice ("Non mais qu'est-ce qu'il raconte, là, faconde ou divagation?). Il n'en demeure pas moins que c'est brillant, brillantissime.
(je la trouve curieuse, cette couverture qui illustre ton commentaire, bix)
mots-clés : #immigration #social
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8431
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