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Jens Peter Jacobsen

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Message par Bédoulène Sam 9 Jan - 11:11

Jens Peter Jacobsen

1847-1885

Jens Peter Jacobsen Jens_p10

Jens Peter Jacobsen ou J. P. Jacobsen (7 avril 1847 – 30 avril 1885) est un écrivain, poète et botaniste danois.
Né dans la petite ville de Thisted, située dans le Jutland, il est le fils d'un père commerçant. Il est un élève brillant, ce qui lui permet de fréquenter l'université de Copenhague, où il obtient un diplôme en biologie. Il traduit les œuvres de Charles Darwin en danois, dont L'Origine des espèces, aidant ainsi à populariser la théorie de l'évolution en Scandinavie. Il participe également à des expéditions scientifiques de collecte de spécimens botaniques dans les îles d'Anholt et de Leæsø, financées par le gouvernement danois. Cependant, c'est la littérature qui est sa véritable passion.
Sa première œuvre publiée est la nouvelle Mogens, en 1872. Elle sera suivie en 1876 d'un roman historique, Madame Marie Grubbe, situé au xviie siècle. Il raconte la vie d'un personnage réel, fille d'un membre de la petite aristocratie danoise, qui épouse le fils bâtard du roi, mais qui divorce et se lie avec des hommes situés de plus en plus bas dans l'échelle sociale afin d'achever sa libération personnelle et sexuelle. Le roman constitue une étude psychologique remarquable d'un personnage féminin et a été largement traduit, y compris en français. Il est d'ailleurs salué comme une étape majeure dans le développement de la littérature scandinave, entre autres par le critique Georg Brandes, autant pour son sujet que pour son style très recherché et personnel. Ce premier roman est suivi en 1880 de Niels Lyhne, roman sur le développement d'un personnage qui finit par embrasser l'athéisme et sur les tribulations qu'il subit dans la société contemporaine.
En 1873 il entreprend un long voyage en Allemagne et en Italie. C'est au milieu des merveilles de Florence qu'il est terrassé par l'hémoptysie (dans son cas, la tuberculose) qui va l'emporter. Il regagne en toute hâte le Danemark, s'installe à Thisted chez ses parents, face au grand fjord de son enfance. Il n'a que vingt-six ans mais sait qu'il lui reste peu de temps pour parachever une œuvre qu'il veut comme un hymne à la vie des sens et de l'esprit.
En 1882, Jacobsen rassemble les différentes nouvelles qu'il a publiées dans un seul recueil, regroupant, outre Mogens, sa première œuvre, les nouvelles de La Peste à Bergame et Madame Fons, elles aussi restées célèbres. De temps à autre il se rend à Copenhague pour retrouver ses rares amis Edvard Brandes et Vilhelm Mœller. Sur le conseil des médecins, il entreprend encore un voyage au lac Léman, puis vers les lacs italiens en remontant par le sud de la France.
À bout de forces, à l'aube du 30 avril 1885, il se redresse dans son fauteuil de malade pour mourir debout, à l'instar de son héros Niels Lyhne. Ses amis publieront ses poèmes de manière posthume l'année suivante, y compris le cycle des chants de Gurre.

Biblographie traduite en français

Mogens, 1872, nouvelle
Madame Marie Grubbe 1876)
Niels Lyhne : entre la vie et le rêve Stock, 1928
Mogens et autres nouvelles
On aurait dû y avoir roses , nouvelle
La Peste de Bergame : nouvelle 1882 (inclut les Gurre-Lieder)
Les nouvelles : Mogens, Un coup de feu dans la brume, Deux mondes, Là eussent dû être des roses, La Peste à Bergame, Madame Fønss, Le Docteur Faust. 1965

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Message par Bédoulène Sam 9 Jan - 11:24

Niels Lyhne

Jens Peter Jacobsen 414hq810

Les parents de Niels, dont il perçoit très jeune les caractères différents ; son père : » Il ne concevait pas l’amour comme une flamme sans cesse renaissante […]mais comme un feu tranquille couvant sous la cendre […]qui rapproche davantage et rend plus familière toute chose proche et connue. »

Sa mère : « Avec un redoublement d’ardeur, elle se lança à la poursuite de l’idéal, elle anéantit son mari sous l’averse de ses poétiques imaginations et de ses enthousiasmes. Elle chercha l’isolement pour y pleurer ses illusions perdues. »

Niels est confronté à la mort alors que sa tante Edel meurt, malgré ses prières.

« […]il n’avait vu en Jésus que le fils de Dieu, non un Dieu, et c’est pourquoi il avait adressé sa prière à Dieu le Père. Or Dieu le Père l’avait abandonné dans sa détresse. Si Dieu n’avait pas d’oreilles, il n’avait, lui pas de lèvres ; si Dieu n’avait pas de pitié, il n’avait pas d’adoration. Il bravait Dieu et le bannissait de son cœur. »

« Ce fut ainsi toute sa vie. Il rompit par bravade avec les croyances que l’éducation lui avait inculquées, il passa du côté des révoltés qui usent leurs forces dans la lutte. »


Niels part à Copenhague faire ses études ; il décide qu’il doit devenir poète, son ami Erik devient lui peintre ; il l’introduit dans le cercle d’une veuve, Madame Boye dont Niels devient amoureux.

« Mais lorsque la victoire lui fut acquise et qu’il l’eut rendue telle qu’il la voulait, il vit qu’il avait trop bien travaillé, qu’il l’avait aimée avec ses illusions, ses préjugés, ses rêves et ses erreurs, non telle qu’elle était maintenant. »

Celle-ci  commençait à l’aimer, mais lui « Mécontent de lui, d’elle de ses compatriotes, il partit et ne revint pas. »

Niels avait pour Idéal l’athéisme, il le brandissait comme un drapeau.

Après le décès de son père, il s’occupe de sa mère malade, il voyage avec elle mais celle-ci toujours portée par ses rêves n’apprécie pas la réelle beauté des paysages, des choses, elle meurt. Niels repart à Copenhague retrouver Madame Boye, laquelle lui annonce son prochain mariage. Niels perd donc la femme qu’il aimait ; ce sera ainsi toute sa vie. Amoureux d’une cousine, Fennimore, celle-ci lui préfère son ami Erik.

Niels continue à avancer, travaille mais poursuit en vain et son ideal et la position de poète qu’il désire. Rappelé par Erik qui n’arrive plus à créer, il retombe amoureux de Fennimore, et consomme avec elle l’amour adultère. Lorsqu’ Erik meurt brutalement dans un accident, Fennimore rongée par les remords chasse haineuse Niels. Il l’a perd donc une seconde fois.
Après avoir voyager pendant 2 ans, il décide de regagner la maison paternelle et ses terres, les valorise avec son jardinier et reprend une vie de simplicité. Une famille qui était amie de son père s’installe dans une ville voisine, la jeune Gerda attire son attention, ils se marient et ont un enfant. Serait-ce enfin le bonheur ? Niels convainc Gerda à son Ideal, à l’athéisme, elle devient fanatique. Une grave maladie atteint Gerda et au seuil de la mort, alors que Niels ne pouvait l’imaginer, elle réclame le secours du Pasteur.

A son tour l’enfant tombe gravement malade, il n’y a pas de médecin qui puisse venir rapidement, il meurt malgré que
: « Oh alors ! il menaça le ciel de ses poings fermés, il fit le geste d’éteindre son enfant, pour l’emporter, bien loin, et puis il se jeta à genoux et il pria Dieu, ce Dieu qui est au ciel, qui tient le monde sous l’empire de la terreur en lui infligeant la misère, la maladie, la souffrance et la mort, qui veut que tous les genoux fléchissent et au regard de qui l’on ne peut échapper, pas plus à l’extrémité des mers qu’au fond des abîmes ; ce Dieu qui, si telle est sa volonté, écrasera sous son pied l’être que tu chéris le plus au monde et, en le torturant, le fera retourner à la poussière dont il le crea.. »

« Dans son désespoir il savait ce qu’il faisait. Il avait été tenté et il avait succombé. C’était une chute, une défection ; il avait renié ses principes et trahi son idéal. Sans doute il avait la tradition dans le sang ; depuis des milliers d’années l’humanité s’adressait au ciel dans sa détresse. Il savait pourtant que les dieux sont des chimères, et qu’en priant il s’adressait à une chimère […] »

« En effet, ces grands mots, athéisme et sainte cause de la vérité, n’étaient que des noms pompeux décernés à cette chose si simple : accepter la vie comme elle est avec ses inéluctables lois »


Anéanti Niels s’engage dans l’armée alors que meurt le roi Frédéric VII, il est rapidement touché par une balle , il se meurt, son ami et médecin Hjerrild lui demande s’il veut voir un prêtre. Niels s’insurge mais à force de souffrance il arrive à penser : « C’eut été une bonne chose, tout de même, d’avoir un Dieu à qui adresser des plaintes et des prières. Il s’éteint deux jours après.

***

Donc Niels toute sa vie porta le drapeau d’un Idéal qui lui échappa, il perdit les femmes qu’il aimait et sa vie pour son pays. Nul ne peut lutter contre les lois de la vie, contre la réalité de la vie. Si les dieux sont des chimères, les idéaux aussi, hélas pour Niels (et pour nous ?)
Le poids de l'héritage religieux est aussi évoqué, dans l'enfance de Niels, puis lors des tristes épisodes où la mort surgit.

Très belle écriture, qu’elle évoque la réalité ou la poésie. C’est un livre qui ne délivre pas du bonheur, plutôt une attente vaine. Telle la vie de l’auteur à ce que j’ai pu comprendre dans la préface de Rilke.


Mots-clés : #jeunesse #portrait #psychologique #reve

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Message par Tristram Sam 9 Jan - 13:56

Oui, je crois que Rilke en parle dans Lettres à un jeune poète _ quelle recommandation !

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Message par Tristram Sam 9 Jan - 14:18

Je me procurerais bien La Peste à Bergame pour l'épisode covidien qui commence ici...

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Message par bix_229 Sam 9 Jan - 14:40

Comment ?  Jacobsen n'avait pas de fil ?  Shocked

Toute son oeuvre est digne d'interet, riche d'un style qui n'a pas d'équivalent à l'époque.
Par exemple Mogens.

Une prose souple, musicale, nuancée, d' une grande beauté. Une approche de la nature très visuelle,
picturale ou meme photographique et cinématographique.
Le ton de ces nouvelles n' est pas franchement gai, mais la subtilité de certains personnages et de
certaines histoires, celle intitulée Madame Fonss, notamment, est digne de Henry James...
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Message par bix_229 Sam 9 Jan - 14:48

La chaleur était accablante ; torride, l' air vibrait et tout était si calme : les feuilles pendantes dormaient sur les arbres et rien ne bougeait si ce n' est les coccinelles là bas sur les lamiers et sur quelques feuilles mortes qui se recroquevillaient dans l' herbe avec des petits spasmes soudains comme si elles se contractaient aux rayons du soleil..
Brusquement apparut sur le gris lumineux de la terre une petite tache ronde et sombre, puis encore une,une troisème, une quatrième et d' autres toujours plus nombreuses : toute la motte était maintenant d' un gris très sombre, l' air strié de longues bandes sombres, les feuilles ployaient et oscillaient, un frémissement passa pour se perdre vers le Sud : la pluie tombait à torrents.
Tout brillait, étincelait, éclaboussait. Feuilles, branches et troncs, tout luisait sous l' averse ; chaque petite goutte qui tombait sur le sol, sur l' herbe, sur l' échalier, sur nimporte quoi, éclatait et rejaillissait en mille perles fines...

Mogens, p. 14
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Message par Bédoulène Dim 10 Jan - 0:10

merci Tristram (toujours à propos) Wink

et Bix, je le lirai si je tombe sur un autre de ses livres.

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