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Henri Cueco

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Message par Tristram Jeu 20 Mai - 13:10

Henri Cueco
(1929 – 2017)

Henri Cueco Henri_14

Né de père d'origine espagnole et de mère française à Uzerche (Corrèze) le 19 octobre 1929, Henri Cueco étudie la peinture avec son père Vicente, puis reste autodidacte. Il vient à Paris à partir de 1947, et entre en contact avec les peintres de La Ruche, qui se tournent vers le réalisme. Il commence sa carrière en participant en 1952 au Salon de la Jeune Peinture. À partir de ce groupe et du foisonnement artistique qui verra naître la figuration narrative, il développe une peinture dont la figuration participe à un engagement politique attaché à la nature, aux relations entre hommes et femmes, et au rapport au langage, écrit, parlé ou peint et dessiné.
Henri Cueco est également un écrivain. Dialogue avec mon jardinier est adapté au cinéma par Jean Becker, mais il écrit de nombreux autres ouvrages : Le Journal d’une pomme de terre, Le Collectionneur de collections, L’Été des serpents, Le Chien Boomerang, Cent paysages que je ne peindrai jamais, Passage des astragales. Pendant de longues années, il participe à l'émission littéraire Des Papous dans la tête sur France Culture.
Syndicaliste, engagé à gauche depuis sa jeunesse, il participe à la fondation du Syndicat National des Artistes Plasticiens CGT en 1977 avec Ernest Pignon Ernest notamment. Il est aussi décorateur de théâtre, animateur culturel et enseignant à l’université.

Publications :

• Journal d’atelier 88-91 ou Journal d’une pomme de terre, ÉNSBA, 1993
• Dessine-moi un bouton. L'inventaire des queues de cerises, Le Seuil, 2000
• La Petite Peinture, Éditions Cercle d'Art, coll. « Autoportrait », 2000
• Dialogue avec mon jardinier, Le Seuil, 2004
• Le Collectionneur de collections, Le Seuil, 2005
• L’Été des serpents, JBZ et Cie, 2012
• Passage des astragales, Bayard, 2013

(Wikipédia)


Dernière édition par Tristram le Jeu 20 Mai - 13:32, édité 1 fois

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Jeu 20 Mai - 13:25

Le collectionneur de collections

Henri Cueco Le_col10

Par textes courts, panorama de collections : vieilles chaussures, cailloux, ficelles (y compris la boîte des « petits bouts de ficelle ne pouvant plus servir à rien »), les pommes de terre, les noyaux (et queues de cerise), les éponges, les petits crayons (et leurs copeaux), etc.
Cette collection de collections constitue une autre variation sur la liste, totalisante ou au moins représentative, mais aussi l’affirmation d’une grande réticence à jeter les objets, c'est-à-dire à gaspiller. C’est encore une réflexion sur la série (les éponges), sur la catégorisation et le classement (les cartes postales), également un renvoi en enfance (les images Nestlé, les drapeaux fabriqués à la fin de l’Occupation).
Plus original, il y a les médicaments, les régimes, les maladies :
« Un jour que je me lavais les pieds, je constatai que mon pied gauche n’avait pas la même température que le droit et je fonçai en demander l’explication à mon médecin, qui n’écouta qu’imparfaitement la description de mes symptômes et les circonstances de leur apparition. Elle me trouva une forte hypertension. »
J’ai pensé à Ponge, lorsque Cueco parle des… éponges, notamment. Sinon, c’est le regard du peintre qui prévaut – d’ailleurs il est le plus grand collectionneur de ses propres tableaux (les invendus).
« Jamais deux ciels bleus n’ont été du même bleu deux jours de suite. Il en est des ciels comme des hommes, toujours semblables, jamais pareils. »
Mention spéciale pour sa sensible collection de femmes.
Les observations sont souvent opportunes :
« …] la jouissance distillée par la découverte, cette excitation si proche du vol. »
L’humour est très présent…
« Le face-à-face quotidien avec des pommes de terre n’a pas éclairci les problèmes fondamentaux que se pose tout être humain depuis les origines. Pourtant, à force de regarder les pommes de terre vivre, j’en viens à me poser des questions très intimes dont la moindre n’est pas : "Que fais-je ici à regarder vivre et mourir une pomme de terre ?" »
… mais fait place à une certaine mélancolie vers la fin du livre, comme avec la collection de silences.
« Pendant que je m’abandonnais à cette mélancolie pucière, à cette pauvre mélancolie où le désir reflue devant l’évidence de la mort et l’impuissance de toute collection à lui résister, j’imaginais mes propres dépouilles ici, mes reliques, là, au sol, à même le béton ou sur quelque vieux journal. J’y voyais mes cheveux en touffe, mes dernières dents, mes crayons, mes épluchures, mes cailloux, mes gravillons dans une simple boîte de conserve, toutes mes chaussures vendues à l’unité à des unijambistes, mes éponges, mes "bouts de ficelle ne pouvant plus servir à rien". »

_________________
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Message par Tristram Jeu 20 Mai - 13:28

Plus connu peut-être est son Dialogue avec mon jardinier, qui mérite aussi la lecture.
« ‒ C’est en pagaille.
‒ Sur mon dessin, ce n’est pas en pagaille. Le désordre, c’est quand une chose n’est pas à sa place. Ici, une chose est à la place qu’elle occupe. »

« Il montre les peintures. Tu y crois, toi, c’est du vrai pour toi, plus vrai que vrai on dirait quelquefois, et c’est pourtant que du papier avec du crayon dessus. Tu sais bien que c’est du papier et du crayon, seulement tu as besoin d’y croire pour le faire. »

« ‒ Certains font leur jardin avec des mots. Ils les plantent et récoltent des idées. Ou l’inverse. Parfois, ils récoltent des idées nouvelles avec des mots ordinaires… »

« Mais j’aime bien la pêche, je peux pas dire pourquoi. C’est comme une bagarre, y en a un qui gagne. Peut-être qu’on est entre bêtes à la pêche ou à la chasse. On est préhistoriques. C’est simple. On met un appât et on attend, on sait que la proie attend aussi. Un poisson, un tigre ou un éléphant, pareil. »

« Tu sais, quand tu n’as plus beaucoup de courant dans ta batterie, que tu la sens faiblir, tu t’habitues à l’idée de t’éteindre. Et puis, c’est le même courant qui te fait remuer et qui te donne envie de continuer à remuer.
‒ Tu sens venir la panne…
‒ Non, ce n’est pas la panne, c’est la fin des envies. C’est pas trop pénible. T’as plus vraiment envie et t’es pas triste de pas faire les choses dont t’as plus envie. C’est comme manger sans appétit… Pareil pour le reste… La femme… »

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Message par bix_229 Jeu 20 Mai - 14:01

J'aimais beaucoup Henri Cueco pour l'avoir écouté dans l'émission de F Culture Des papous dans
la tete.
Un esprit curieux, ironique et polyvalent.
Lorsqu'il parlait de la transformation d'une pomme de terre en tant que sujet de peinture, il
parvenait à passionner. C'était un vrai conteur et un créateur de formes et de mots.

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Message par bix_229 Jeu 20 Mai - 15:13

Pour résumer :

«Je me considère comme un animal », confiait-il au réalisateur Pascal Lièvre, qui lui avait consacré en 2010 un Abécédaire. À la lettre C comme couleur, il entend couleuvre. À la lettre S comme série, il préfère disserter avec malice sur le serpent… Ainsi parlait Henri Cueco. Il parlait comme il peignait, avec passion et amusement, avec entêtement et tendresse. Il se fait remarquer en 1952 lors de sa première participation au Salon de la jeune peinture. Il y rencontre Lucien Fleury, Jean-Claude Latil, Michel Parré, Gérard Tisserand et Christian Zeimert. Ensemble, ils fondent la coopérative des Malassis, à Bagnolet, dans la banlieue rouge. Ils la jouent collectif : contre la république pompidolienne, la société de consommation. Ils brocardent joyeusement les préceptes de la Ve République (« le grand méchoui ») et exposent dans des lieux insolites. Expérience éphémère mais dense, suffisamment subversive pour s’attirer la sympathie du néophyte et la censure des autorités. Cueco retourne à son atelier, à ses ateliers, va et vient entre Paris et Pouget-de-Vigeois, entre la capitale et son Limousin natal. Cheveux en broussaille, toujours un crayon au bout des doigts, il entame plusieurs séries : Baignoires et salles de bains (1965-1970) ; Jeux d’adultes (1965-1968) ; les Hommes rouges (1968-1971) ; Paradis perdus (1971-1972), les Claustras (1975-1977) ; Paysages dessinés (1978-1987) ; Paysages peints (1981-1988) ; Pommes de terre (1987) ; Sols d’Afrique (1987-1992) ; les Chiens de Saqqarah (1989-1991) ; les Meutes (1991-1993) et Bestiaire (1991-1994). Cueco s’inscrit et écrit une page singulière de la peinture contemporaine. Collages, découpages, cartes postales ou photos de journaux découpés qu’il « redessine et gratouille », perspectives horizontales pour paysages urbains vertigineux, il peint des prés, des arbres, des feuilles, des branches, des moutons, des cochons, des serpents et des chiens, en meute, muscles saillants, fascinants et terrifiants. Cueco peint le quotidien, les petits objets du quotidien, ceux que l’on a sous la main et qu’on ne remarque pas. Lui s’amuse à les décliner à l’infini, créant un mouvement imperceptible à l’œil nu mais palpable sur la toile. Quand il peint un paysage, seul son regard à travers le cadre de la fenêtre en délimite les contours. Cueco éprouve une admiration pour les maîtres anciens et crée son propre panthéon. Matisse, Cézanne, Ingres mais aussi les maîtres des XVe et XVIIe siècles, Fra Angelico, Vinci, Bellini, Lippi, Van Eyck, Poussin, Champagne. À ceux-là, il consacre Mésanges, un ouvrage magnifique sur les anges, un hommage érudit et facétieux qui revisite l’histoire de l’art.

Un artiste protéiforme
Cueco explore tous les champs et chants du possible. Peintre, il est aussi écrivain, dessinateur, illustrateur, graveur, décorateur pour le théâtre, homme de radio. Il a longtemps participé aux Papous dans la tête sur France Culture, trouve le temps de se consacrer à l’écriture : le Journal d’une pomme de terre, Discours inaugural du Centre national de la faute d’orthographe et du lapsus, l’Inventaire des queues de cerise, Dessine-moi un bouton ou encore son fameux Dialogue avec mon jardinier, adapté et réalisé par Jean Becker en 2007.

Il était un artiste protéiforme. Il laisse une œuvre éclectique, d’une richesse inouïe qui témoigne de son temps. Artiste engagé et engageant, passant de l’intime à l’action syndicale, il participera avec son ami Ernest Pignon-Ernest à la création du Syndicat national des artistes plasticiens CGT (Snap-CGT). « C’est la plus belle rencontre que j’aurai faite dans le milieu de l’art et de la culture », nous a confié, très ému, Pignon-Ernest. Cueco était un homme remarquable, devenu artiste « parce que (je) n’étais pas beau ».

L'Humanité, 15 mars 2017
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Message par Bédoulène Jeu 20 Mai - 18:01

le bonhomme a une bonne bouille et vos commentaires sont incitatifs

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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