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Message par bix_229 Ven 9 Déc - 20:13

John Cowper Powys (1872-1963)

John Cowper Powys  Powys110

John Cowper Powys, 1872 - 1963, est un grand écrivain anglais, mais aussi un être humain d' une étrangeté et d' une complexité qui dépassent toute description.

Il est issu d'une famille de 11 enfants, tous très doués. Deux deviendront des écrivain réputés, Theodore Francis et Llewellyn.

John s'installera aux Etats Unis de 1905 à 1934, et il parcourt le pays en donnant des conférences pour une Association consacrée à la propagation de la culture, sur des sujets divers mais qui passionnaient littéralement son auditoire grâce à son talent de comédien et conteur.

Ouvrages traduits en français :

Autobiographie : Pages 1
Les sables de la mer
Les Enchantements de Glastonbury
Jugement suspendu sur Oscar Wilde
Spectres réels
Le Hibou, le canard et Miss Rowe ! Miss Rowe !
Rabelais
Givre et sang : Pages 1
L'Art d'oublier le déplaisir
La Religion d'un sceptique ; suivi de Anatole France
L'Art de vieillir
Esprits-frères, lettres choisies
Petrouchka et la danseuse : journal, 1929-1939
Owen Glendower
L'Art du bonheur
Les Plaisirs de la littérature
avec Llewelyn Powys et Philippa Powys, Scènes de chasse en famille : Pages 1

màj le 19/10/2018




Il faudrait des pages et des pages pour essayer de parler de Powys, de son oeuvre, de ses obsessions, de ses hantises, de ses rituels, de sa sexualité, de sa spiritualité, de ses "illusions vitales", de sa thématique. Il est certain en tout cas, que l'écriture fut pour lui une sorte d'exorcisme et d'échappatoire à la folie.

Ce serait très ennuyeux de vouloir en dire plus. Et j' ai toujours pensé que le meilleur accès à une oeuvre, c'est l'oeuvre elle-même.
Et elle est variée. Powys a écrit des poèmes, des romans, des confessions, des essais littéraires et moraux.

Je pense personnellement que le meilleur moyen de le connaître est encore de lire son Autobiographie, que j'ai lue très jeune et relue et qui m'a beaucoup appris.
Un livre de vie un peu comme les Essais de Montaigne.

Son oeuvre est trop copieuse pour être également intéressante,  mais sa correspondance avec Henry Miller est très passionnante ainsi que celle avec ses frères.
Je crois qu' il y a 4 romans qui dominent son oeuvre romanesque, Les Sables de la mer, Wolf Solent, Givre et sang, Camp retranché. Auxquels j'ajouterais Les Enchantements de Glastonburry et Owen Glendower.
Son autobiographie est pour moi un livre que je feuillette de temps en temps avec l'envie constante de la relire.

Vous n'aimerez peut-être pas Powys. Mais si vous l'aimez, je peux  vous assurer que vous n'en aurez jamais fini avec lui.

Je suppose que pour moi l'existence idéale, en dehors des limites humaines, serait celle d' une méduse heureuse, irrisée, épanouissant son corps ensoleillé par une tiédeur placide au fond d' un bassin de pierre, ne blessant personne et n' étant blessé par rien et vivant entièrement pour la sensation.
A part l'existence de la méduse, j'envie celle du bison des prairies. Les lézards du désert me paraissent aussi enviables, et il y a beaucoup à dire, à mon sens, du role innocent joué dans la confusion de la vie par le lichen sur un pommier ou par la mousse sur les racines d' un orme.


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Message par bix_229 Lun 12 Déc - 16:54

"Je crois que notre sentiment de loin le plus important est l'indescriptible frisson qui nous saisit au hasard de certains spectacles de la vie, de certains assemblages de choses et de gens, pas nécessairement les plus beaux, mais qui donnent à notre existence soudain, une intensité magique.
Cette intensité s'accompagne souvent de l'étrange sensation que nous avons déjà été émus par ces choses dans une autre vie.

Obligez les objets qui vous entourent, même hostiles, à céder à votre résolution et à votre défi : vous affirmer à travers eux et contre eux. Saisissez l'instant à la gorge. Ne cédez pas à la faiblesse d'attendre que cela change.
Créez le changement en mobilisant les forces spirituelles du fin fond de votre être. C'est une attitude d'esprit que l'habitude peut rendre automatique si vous la répétez constamment. Violez l'instant au passage, il ne se représentera peut-être plus jamais.

La technique du bonheur véritable a beaucoup plus à voir avec ce qu' on appelle à tort la vie quotidienne et banale qu' avec les grandes crises de l'existence."


extrait de Autobiographie

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Message par Invité Jeu 11 Jan - 16:58

Suite à l'alléchant prosélytisme de Bix, je me suis lancé dans L'autobiographie, de Cower Powys. Un gros pavé, écrit tout petit, chez Gallimard en Broché.


John Cowper Powys  Bm_cvt10

Une belle écriture, et c'est prenant.

J'ai tendance à le rejoindre sur les extraits ci-dessous :

Chaque être humain doit en somme inventer son propre destin en partant du chaos, et c'est parce que nous mettons tellement de temps à orienter l'invention de notre destin qu'au cours de notre vie se succèdent des épisodes superflus, vides de sens, dénués de tout rapport avec une tendance générale, venus de rien, retournant à rien. Le Hasard et non la destinée règne sur nous. Il souffle sur les débris et les déchets pour les assembler, en faire des dessins incohérents qui ne se forment et se déforment que pour mieux s'effacer à l'instant même où nous les regardions de tous nos yeux.

Un poil plus loin :

L'intérêt, la valeur tragique, la signification sont attribués aux évènements par l'individu. Nous sommes nous-mêmes les dieux qui créent la valeur de notre vie,
sa valeur essentielle et sa valeur symbolique, et c'est au hasard qu'est laissé le soin de fournir des occasions révélatrices.

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Message par Bédoulène Jeu 11 Jan - 17:18

je suppose que ce n'est que le début de la lecture Arturo ?

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Message par Invité Jeu 11 Jan - 18:35

pages 51-52, sur les quelques 600 du livre !

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Message par Bédoulène Jeu 11 Jan - 18:49

bonne continuation (écrit tout petit c'est pour les jeunes ! ) Smile

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Message par églantine Jeu 11 Jan - 19:01

Ces extraits me plaisent beaucoup et je suis totalement en accord avec cette pensée .
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Message par Avadoro Ven 12 Jan - 14:02

Je conseille aussi Givre et sang et Wolf Solent pour débuter avec la matière romanesque de John Cowper Powys. Son style est fascinant par sa beauté lyrique et poétique, entre pessimisme et soif d'absolu.

Il faut parvenir à se plonger dans un univers atypique nourri par la flamboyance de l'imagination et la démesure d'une sensibilité...mais comme le souligne Bix, la récompense est au bout et Powys est un auteur à redécouvrir.
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Message par bix_229 Ven 12 Jan - 15:31

Avadoro a raison, Powys a produit quelques romans qui comptent parmi mes préférés dans la littérature anglaise.
Mais pas tous.
Givre et sang, Wolf Solent sont les plus beaux, les plus lyriques.
Mais je rajoute Les Sables de la mer, Camp retranché, Owen Glendower. Des essais comme L'Art de vieillir. 
Et peut-être surtout, Esprits frères, une correspondance entre les frères Powys. Et Petrouchka et la danseuse,  cansacré à sa vie intime, à ses amours.

Pour revenir à Esprits frères, il faut ajouter que sur la famille Powys, l'esprit de la littérature a soufflé avec générosité et que les frères, Théodore et Llwelyn
furent des écrivains connus et originaux.
Tandis qu'une soeur, Gertrude, manifestait aussi des vélléités littéraires.
Une famille étonnante !
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Message par bix_229 Ven 12 Jan - 16:28

Le critique suédois Crister Erlander définit bien ce qui fascine dans l'Autobiographie, confession sans contrainte et même plutôt autocritique sur l'homme Powys.
D'autres sont allés ailleurs ou plus loin dans l'approche de l'homme et de l'oeuvre.

"Autobiographie, j’ose m’en porter garant, est un livre qui se dérobe à toute tentative  de  le  résumer.  Franchement  pantagruélique, complètement  débridé, obsédé de façon désarmante  par  son  sujet, il déborde par-dessus  toutes  les digues, fait sauter tous les remparts et les cadres de narration, qui fument comme
un pin torturé par le vent qui passe dans la déchiqueteuse. Le style, la langue, la vigueur et la vitalité  presque  physiques,  garantissent  la  stabilité  du  livre  et  font
qu’on a  du mal à résister à son attrait. De la façon la plus  insaisissable il devient une  sorte  d’œuvre  de  fiction.  La lecture  d’Autobiographie vous donne le sentiment de lire le récit le plus vrai, le plus sincère et en tout point véritable de la vie et  du comportement  d’un  personnage  de roman exceptionnellement haut en couleur et captivant.


Autobiographie est  à  tous  égards une œuvre  séduisante.  Le  lecteur est absorbé par le texte, il est fasciné, ensorcelé, émerveillé. Certes, on pourrait dire que Powys est anormal, sans doute repoussant à plusieurs titres, monomaniaque et à tout moment au bord d’une folie galopante. Mais il est avant tout un superbe écrivain qui, avec une précision souveraine, traite sa matière de façon élégante et adroite.
Autobiographie —je   n’exagère   pas— montre   que   la   mémoire   de   John Cowper Powys est aussi prodigieuse  que  celle de Proust, la  prolixité affectée  en moins, a le  franc-parler  du  marquis  de  Sade  sans  ses  préjugés  obsessionnels, offre l’intimité des Confessions de   Jean-Jacques   Rousseau  sans  son  auto-justification sententieuse et sa sentimentalité, et a la richesse détaillée de Poésie et vérité de  Goethe  sans son  côté  assommant  et  sans  une  trace  de  la  suffisance."


Publié dans la lettrEtude powysienne, numéro 5, printemps 2003. Voir : http://www.powys-lannion.net/Powys/LettrePowysienne/number5.htm
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Message par Bédoulène Jeu 17 Mai - 9:17

Avadoro a écrit:Je conseille aussi Givre et sang et Wolf Solent pour débuter avec la matière romanesque de John Cowper Powys. Son style est fascinant par sa beauté lyrique et poétique, entre pessimisme et soif d'absolu.

Il faut parvenir à se plonger dans un univers atypique nourri par la flamboyance de l'imagination et la démesure d'une sensibilité...mais comme le souligne Bix, la récompense est au bout et Powys est un auteur à redécouvrir.

j'ai terminé "Givre et sang" et je ne saurais mieux dire en quelques mots !


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Message par colimasson Jeu 17 Mai - 9:25

J'ai lu dans le passé Scènes de chasse en famille, un recueil qui réunit des textes de John Cowper Powys mais aussi de ses frangins et de sa frangine.

Je vous copie ce que j'avais écrit à l'époque :

John Cowper Powys  51papf10

Les Powys. Ce n'est pas parce qu'ils portent le même nom qu'ils n'ont pas de prénom. Déclinons-les.

John Cowper est le plus connu d'entre tous. Je n'en sais foutrement rien de savoir si c'était déjà le cas à l'époque, ou si cette gloire relève de celles, injustifiées, qui s'acquièrent au hasard des élections temporelles. On lit ici ses poèmes, mais sachez qu'il n'a pas écrit que cela. Eh bien, c'est du bon morceau. C'est de l'ordre du ratage (« Chaque enfant de la planète / Depuis la naissance a en tête /Une pauvre chanson qui bégaie »), de la fin du monde (« Sous la falaise croulante nous mangions notre repas / le soleil desséchait l'herbe du terrain, / de vagues brises d'avril soufflaient. Nous ne savions pas / Combien proche était la fin ») et pourtant de la dérision (« La Vie et la Réalité / Sont choses très évasives / Qui sur les ailes des aigles dérivent – / Tout le reste est poussière, boue et simagrées / Tout le reste est pure nullité. / Trouve une fille –crétin- et fiche-moi la paix ! »), savant mélange aboutissant à cette poésie qu'on appelle aujourd'hui houellebecquienne, et qui trouve toujours ses disciples.

Llewelyn témoigne aussi de cet indistinct mélange d'influences. Question de type peut-être, là où John s'exprime intuitivement par le poème, Llewelyn cherche à mettre au point, à justifier, à expliciter, à entrer dans le détail de ses petites idées, comme si elles venaient d'ailleurs que de lui-même. C'est ainsi qu'il nous fait marrer avec ses conneries à prétention scientifique (« L'avenir est peut-être entre les mains de la science, dans ce type de pensée entièrement libérée des émotions et des préjugés éthiques, une pensée prête à soumettre chaque question à l'arbitrage des faits »), à recourir à un darwinisme déjà périmé en même temps qu'il répudie l'église pour jouer parfaitement le rôle du bon petit homme moderne rationnel. Et pourtant, qu'il ne le cache à personne, dans le fond, Llewelyn est païen. Ce qu'il aime vraiment, c'est la force et la robustesse des antiques. Disciple du soleil, il se moque de l'inutilité de la condition humaine (« Ils s'échinent à se rassurer en s'inventant des tâches domestiques et ne tiennent aucun compte du message éclatant du soleil non mystique ») et en appelle aussi aux forces chtoniennes pour croître d'en haut et d'en bas (« Que la force de la terre et du soleil infuse mes entrailles »).

Philippa, la seule meuf du clan, m'a laissée indifférente. Ses poèmes un brin pleurnichards se réfugient souvent dans les images stéréotypées de la poésie lyrique. Cela peut quand même plaire pour le classicisme de forme et de fond.

Theodore Francis écrit surtout des nouvelles. Elles ne sont pas passionnantes non plus mais, disons, il a voulu jouer le rôle du trickster dans la fratrie, alors il n'hésite pas à graillonner du fond de la gorge avec des histoires légèrement pornographiques –comme ça pouvait l'être dans les années 30 dans le Yorkshire.

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Message par Tristram Jeu 17 Mai - 9:38

Bédoulène a écrit:j'ai terminé "Givre et sang" et je ne saurais mieux dire en quelques mots !
Peut-être en entrant quand même un peu plus dans le détail ? Ce livre me tente comme porte d'entrée dans les romans de ce Powys.

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Message par Tristram Jeu 17 Mai - 9:56

J'ai lu (en français) Apologie des sens (In Defence of Sensuality), qui n'est pas dans sa bibliographie ci-dessus.
« Le premier-né de la Vie, c’est la solitude ; et la tâche la plus malaisée de la vie, c’est d’arriver à un juste compromis entre elle et son frère puîné l’Amour. »

« La solitude est d’ores et déjà la condition favorite de cet individu, et qu’est-ce que la mort, sinon l’aboutissement extrême de la solitude ? »

C'est Henry Miller qui m'avait amené à cet auteur (et à Hamsun, +++)

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Message par bix_229 Jeu 17 Mai - 16:14

Oui, Miller est un grand dévoreur de livres et Dans les livres de ma vie, il parle
abondamment de ceux qui l' ont passionné.
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Message par Bédoulène Ven 18 Mai - 18:05

Givre et sang

John Cowper Powys  Givre_11

Le sujet : Rook est le fils d’une grande famille dont le village porte le nom, Ashover. Le fils cadet Lexie étant malade et sa vie risquant d’en être écourtée la mère, veuve,  souhaite vivement que Rook se marie afin d’assurer la lignée de la famille, mais ce dernier ne voit pas la nécessité, pour sa part, d’engendrer ; sa vie le mérite-t-elle cet accomplissement ? mérite-t-il sa vie ?

Givre et sang, la mort et la vie sont comme lune et soleil, jour et nuit. Rook est givre, il ne trouve pas de raison de se féliciter de la vie alors que son cadet dont les jours sont comptés a faim de vie, son sang bouillonne. Sa mère et sa cousine Ann invoque les ancêtres dont les tombes sont abritées dans l’église.

« Rook percevait la menace furieuse s’élevant de cette poussière humaine enterrée, qui allait le maudire s’il n’ouvrait pas à leur lignée les portes du futur, et le damner s’il verrouillait ces portes dans la jouissance égoïste du plaisir stérile… »

Conscient de sa personnalité insatisfaite par la vie, n’ayant d’attachement  sincère que pour son frère, il ne veut assumer que ses « illusions vitales » essentiellement fixées sur sa liberté.

Son besoin d’absolu couplé à un pessimisme prégnant perturbe non seulement sa personnalité, mais aussi ses rapports avec les autres.

« Quelle destinée d’être ainsi fait, avec ce détachement inhumain toujours prêt à s’abattre sur lui, comme l’écran ruisselant d’une eau glauque et glacée ! »

« Il était dégoûté de lui-même et de son sort désormais familier, mais il demeurait incapable de s’inventer un autre destin. »

Cette ambiguité d’esprit se révèle tout particulièrement dans son besoin des femmes, car leur irrésistible attrait ne s’accompagnait d’aucune passion. Et les femmes qui lui sont proches sont sous son charme : sa maîtresse Netta qu’il a ramenée de la ville, Nell Hashting la femme du pasteur et sa cousine Ann Gore.

Un homme, le Pasteur Hashting, aigri, envieux pense savoir comment maîtriser la vie au profit de la mort. Il révèle dans un livre ses réflexions et ses pensées sur sa découverte maléfique qui changera la destinée des hommes.

« Mais j’ai tout écrit point par point, j’ai tout expliqué. Chaque page est animée par le souffle de Démogorgon ! Et quand je serai mort et qu’ils auront compris ce que j’ai découvert, quel pouvoir j’aurai donné à l’âme des hommes ! J’aurai livré à l’homme le secret d’annuler le pouvoir créateur de Dieu. Et l’homme dira : « Que l’obscurité soit !  Et l’obscurité sera ! »

Husting passe ses journées à écrire et à médire sur l’inconscience de la race humaine et en particulier sur Rook qu’il déteste car il est le Maître et aussi pour les sentiments que lui porte Nell sa femme.

« oui, elle était sûre à présent d’entendre la plume, qui lui parut le bec d’un oiseau obscène attaquant la gorge de la vie. Seule cette monstrueuse machine à penser était vivante dans ce matin pétrifié. A la lumière mortuaire et glacée  de ce soleil dont l’or pâle rendait les feuilles si jaunes et l’air si brumeux, cette vrille cérébrale infernale se forait un chemin au centre d’une crevasse vulnérable, jusque dans les soubassements de la raison humaine. »

Mme Ashover, Ann peuvent se réjouir l’enfant fruit d'une nuit est né, la porte sur le futur est ouverte par le « nouveau César », le sang des ancêtres revit dans cet être ; oubliée la lourde hérédité du père, du grand-père.

Dans la nuit de cette délivrance aura lieu la dernière rencontre entre Rook et Hashting.


J'ai aimé ce livre  pour l'écriture poétique, l'ambiance clair-obscur, les descriptions des paysages eux aussi de givre et de sang sous les pas de Rook, la fraternelle opposition des deux frères,  les portraits de femmes et la psychologie des êtres !.  En fait Powys va encore m'accompagner.

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Message par bix_229 Ven 18 Mai - 18:33

Je l' ai lu chez le meme éditeur, mais la couverture en couleurs était différente,
elle m' avait fait rever.

John Cowper Powys  Givre-10

Content que tu sois entrée dans cet univers, Bédou !


Dernière édition par bix_229 le Sam 19 Mai - 0:06, édité 1 fois
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Message par Avadoro Ven 18 Mai - 23:38

Un beau commentaire, Bédoulène : Givre et sang est une porte d'entrée idéale dans l'univers de Cowper Powys, entre démesure poétique et richesse expressive.
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Message par Bédoulène Sam 19 Mai - 0:35

merci Bix et Avadoro !

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Message par Tristram Sam 19 Mai - 1:09

Merci Bédoulène, ton commentaire renforce mon envie de lire Givre et sang !

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