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SHEN Congwen

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Message par Armor Lun 6 Fév - 22:19

Shen Congwen
(1902-1988)

SHEN Congwen  Shen-c10

Shen Congwen est un écrivain chinois. Écrivain indépendant, il a pris pour thème dans ses nouvelles et ses romans sa province natale du Hunan et en particulier ses minorités nationales.

Shen Congwen est né en 1902 à Fenghuang, dans la province du Hunan, une zone habitée par de nombreuses minorités. De fait, sa mère appartenait à l'ethnie Tujia et sa grand-mère paternelle à l'ethnie Miao. Son véritable nom est Shen Yuehuan. Son nom de plume "Congwen" signifie "celui qui se consacre aux lettres".
Issu d'une famille de tradition militaire, il rentra en 1918 dans la milice locale de Chen Quzhen, le seigneur de guerre qui dominait cette partie de la Chine, devenant même son secrétaire personnel. Il transcrivit des confessions de prisonniers et assista à de nombreuses exécutions et séances de torture. Cette expérience directe de la dureté des milices locales et de la beauté du monde rural chinois se reflète dans son œuvre.

En 1922, il se rend à Pékin dans l'intention d'étudier à l'Université mais ne passe pas l'examen d'entrée. Il commence à écrire dans des revues littéraires, publiant en 1925 son premier récit. Ses œuvres reflètent la vie rurale dans la région du Xiangxi dans un style très différent du cosmopolitisme qui caractérise les autres écrivains de sa génération.
En 1927, Shen Congwen parvient à obtenir un poste de professeur à Shanghaï malgré son manque de formation académique grâce à la médiation de Hu Shih. Il poursuit une activité prolifique d'écrivain. En 1928, il publie dans une revue littéraire Le Journal de voyage d'Alice en Chine, une œuvre satirique qui ridiculise le goût de certains Chinois pour l'étranger. Dans cette œuvre, Shen Congwen manifeste son enracinement dans la culture chinoise ce qui le distingue d'autres auteurs importants de son époque influencés par l'étranger.
En 1934, il publie son œuvre la plus célèbre, Le passeur de Chadong, une des œuvres les plus importantes de la littérature chinoise du xxe siècle, qui raconte l'éveil sexuel d'une adolescente de la Chine rurale.

Durant la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945), il réside à Kunming. En 1943, il publie une autre de ses œuvres célèbres, Le Grand Fleuve. Il dénonce la censure, les arrestations arbitraires, le culte des "héros" sans adhérer pour autant à la Ligue des écrivains de gauche.

Après la guerre contre les Japonais, il s'installe à Pékin où il donne des cours à l'Université. En 1948, il publie son Autobiographie de Shen Congwen. En 1949, son manque d'engagement politique l'expose aux critiques des écrivains membres du Parti communiste chinois, qui lui reprochent sa tiédeur idéologique et l'accusent de faire obstacle à la Révolution. Après avoir tenté de se suicider Shen Congwen reste à Pékin. Le régime communiste de la République populaire de Chine condamne ses œuvres comme étant pornographiques. Il abandonne alors son activité littéraire.

À partir de 1950, il travaille au musée d'histoire de la Chine et se consacre avec passion à l'archéologie. En 1967, au cours de la Révolution culturelle, on l'envoie travailler à la campagne. Il est réhabilité comme de nombreux autres écrivains en 1978 après l'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping. De retour à Pékin, il travaille à l'Académie des Sciences sociales. Il meurt à Pékin en 1988. Son épouse est décédée en 2003 à 92 ans.

Durant les dernières années de sa vie, son œuvre commença à être reconnue dans son propre pays. Il fut ainsi nommé deux fois comme candidat au prix Nobel de littérature.

Ouvrages traduits en français :

Nouvelles
Le Passeur du Chadong
Le Petit Soldat du Hunan, autobiographie
L’eau et les nuages : comment je crée mes histoires et comment mes histoires me créent
Le périple de Xiang et autres nouvelles


Dernière édition par Armor le Sam 1 Juil - 21:12, édité 2 fois
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Message par Armor Lun 6 Fév - 23:28

SHEN Congwen  51g8xc10

Le passeur de Chadong

Aussi sûrement que les fleuves vont à la mer, la conversation, d'aussi loin qu'elle partît, aboutissait toujours au sujet qui faisait rougir Emeraude. Puis, lorsque le mécontentement se peignait sur le visage de la jeune fille ainsi poussée dans ses retranchements, le vieillard, comme pris de panique, se justifiait à la hâte en se contredisant :
"Je ne voulais pas dire ça, je ne voulais pas dire ça ! Grand-père se fait vieux, tu sais, et il ne sait plus trop ce qu'il dit. Des bêtises, tout ça !"


Chine, début du XXème siècle.
Emeraude a été élevée par son grand-père batelier, et un lien indéfectible unis ces deux-là. Chaque jour, ils font traverser la rivière aux passants, secondés par leur fidèle chien jaune. Les jours s'écoulent paisiblement. Et puis, lors de la fête annuelle du double cinq, Emeraude est remarquée par deux jeunes hommes. Tous deux sont issus d'une famille aisée, ils vont s'éprendre d'elle au point de vouloir l'épouser, ce qui pourrait augurer du meilleur. Seulement, tous deux sont frères…

Il suffit de savoir cela pour se douter, sans en être tout à fait certain pour autant, que tous les éléments de la tragédie sont réunis. Il serait pourtant vain de chercher dans ce roman de grandes envolées lyriques ou des colères homériques ; Shen Congwen nous narre le déroulement des évènements avec une apparente nonchalance, une sérénité et une acceptation toute orientale de l'inéluctabilité des choses…

D'emblée, l'auteur nous transporte dans sa province natale, le Xiangzi. Il n'a de cesse de vanter la beauté de ses paysages, la droiture de ses habitants, et de partager avec le lecteur ses coutumes ancestrales. Entre autres, celle des chants d'amour, qui, de collines en collines, de silences en réponses émues, célébraient la beauté des idylles naissantes…
Shen Congewen entremêle les éléments du conte et de la réalité et se fait l'observateur compatissant des tourments humains avec une tendresse jamais démentie, un fatalisme serein et une invitation implicite à célébrer les beautés de la vie. Le style, exempt de fioritures, peut parfois sembler quelque peu naïf dans sa simplicité. Il possède pourtant un charme discret et insidieux qui pourrait bien vous amener, qui sait, à aller méditer sur la colline, en espérant secrètement que s'élèvera soudain le suave chant d'amour d'un(e) prétendant(e) éperdu(e)…

Un grand merci au généreux donateur, qui se reconnaîtra !



mots-clés : #famille #traditions
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