William Gibson
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William Gibson
Écrivain américain (Myrtle Beach, Caroline du Sud, 1948).
Figure de proue avec Bruce Sterling du mouvement Cyberpunk, il s'attache à dépeindre un avenir proche envahi par les technologies de l'information dans un style sombre, proche du roman noir, qui permet la description critique d'une société duale et mondialisée. Après son premier roman, Neuromancien (1984), qui a accumulé les récompenses, ont suivi Compte zéro (1986), Mona Lisa s'éclate (1990), puis Idoru (1998) et Tomorrow's Parties (2001), où il aborde le thème de la vie par procuration dans des réalités virtuelles. Ses nouvelles sont rassemblées dans Gravé sur chrome (1987) et dans l'anthologie Mozart en verres miroirs (1986) de Bruce Sterling, avec lequel il signe la Machine à différences (1996). Ce dernier titre s'inscrit dans le courant Steampunk, variante proche de l'uchronie du Cyberpunk.
larousse.fr
Plus détaillé et allant plus loin vers l'oeuvre et ses évolutions : wikipedia.org
Bibliographie :
Romans
Trilogie de la Conurb (Sprawl Trilogy)
1984 Neuromancien : Page 2
1986 Comte Zéro : Page 2
1988 Mona Lisa s'éclate
Trilogie du pont (Bridge Trilogy)
1993 Lumière virtuelle : Page 1
1996 Idoru
1999 Tomorrow's Parties
Romans mettant en scène Hubertus Bigend
2003 Identification des schémas : Page 1
2007 Code source
2013 Histoire zéro
Romans indépendants
1990 La Machine à différences - Coécrit avec Bruce Sterling
Série Périphérique
2014 The Peripheral
2020 Agency Page 2
Autres
1992 Agrippa (A Book of the Dead)
2012 Distrust That Particular Flavor (articles et autres textes)
Nouvelles (publiées dans le recueil Gravé sur chrome, 1986) :
1977 Fragments de rose en hologramme
1981 Johnny Mnemonic
1981 Le Continuum Gernsback
1981 Le Genre intégré - Coécrit avec John Shirley.
1981 Hinterlands
1981 Hôtel New Rose : Page 1
1982 Gravé sur chrome : Page 1
1983 Étoile rouge, blanche orbite/Étoile rouge, orbite gelée - Coécrit avec Bruce Sterling.
1985 Duel aérien - Coécrit avec Michael Swanwick.
1986 Le Marché d'hiver
1990 Skinner's Room (non traduit)
màj le 06/04/2024
Dernière édition par animal le Mer 10 Fév - 19:46, édité 2 fois
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Re: William Gibson
Relecture :
Gravé sur chrome
Commencé par là ou recommencé par là ? Question intéressante. Dans le recueil les deux titres adaptés au cinéma Johnny Mnemonic et New Rose Hotel, des incontournables de son univers avec des consoles Ono-Sendai, des bars louches, des magouilles par cable et des femmes énigmatiques et fortes.
D'abord c'est la manière à la roman noir, un goût de la formule synthétique... et son bric à brac, le genre de bazar qui vous a perdu avant même que vous ne commenciez à le cerner mais que pour l'essentiel il prendra soin de vous éclaircir quelques pages plus loin. Dans l'espace avec des astronautes russes ou à boire un verre au comptoir vous êtes facilement sur le qui-vive et en quête de repères. Lecture stimulante ?
Question suivante, Gibson le prophète ? Je l'avais lu il y a un bail ce livre et une des surprises c'est la touche "datée" de plusieurs éléments : bandes magnétiques, échos de guerre froide, ... dans les repères envahissants de notre société de consommation ça l'est nettement moins. Qu'est-ce qu'on en tire ? Pour ma part que son côté à la pointe, et sa gadgetomanie est en fait un accessoire ou un pivot si on prend le temps de s'arrêter. Ca compte dans la dynamique et dans le décor mais le feeling s'avère plus durable, feeling "humain", ce qui est identique entre votre ici et leur maintenant.
L'ensemble des nouvelles est assez varié et représentatif car on y retrouve des éléments présents dans ces romans et sa chaleur, la poésie de son bric-à-brac attentif, son romantisme aussi avec son histoire d'icône pop camée et malade (et pas seulement).
Je ne le conseillerais pas forcément non plus à tout le monde comme premier contact avec l'auteur mais j'ai pris beaucoup de plaisir à cette relecture. Et je reviens avec des extraits et quelques mots encore ?
En amuse bouche cet extrait déjà posté :
Fragments de rose en hologramme a écrit:Trois heures du mat'.
Se faire un café dans le noir, juste un coup de lampe-torche pour verser l'eau bouillante.
Le rêve matinal enregistré qui s'efface derrière d'autres paupières, panache sombre d'un cargo cubain - qui s'efface avec l'horizon qu'il parcourt sur l'horizon gris de l'esprit.
Trois heures du mat'.
Laisse hier se redisposer autour de toi en images plates et schématiques. Ce que t'as dit, ce qu'elle a dit, pendant que tu la regardais remballer, appeler le taxi.
T'as beau les retourner dans tous les sens, elles recomposent le même circuit imprimé, convergence d'hiéroglyphes vers un même composant central : toi, debout sous la pluie, et qui gueules après le taxi.
La pluie était acide et âcre, couleur de pisse, presque. Le chauffeur t'as traité de connard ; t'as dû en plus payer double tarif. Elle avait trois valises. Derrière son respirateur et ses lunettes, le type avait l'air d'une fourmi. Il est parti sous la pluie en pédalant comme un malade. Elle ne s'est pas retournée.
La dernière vision que tu gardes d'elle, c'est cette fourmi géante, qui t'adresse un geste obscène.
Mots-clés : #nouvelle #sciencefiction
Dernière édition par animal le Dim 24 Sep - 21:51, édité 1 fois
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Re: William Gibson
Présenté ainsi , une visite dans son monde ne serait pas totalement inenvisageable .animal a écrit:Histoire de me répéter j'aime bien William Gibson, la SF ne me branche pas plus que ça mais Gisbon c'est de la SF "par en bas". Pas d'univers énorme qui doit signifier quelque chose pas d'idées plus grandes que l'homme. Son ambiance c'est notre monde après ou en plein dérapage dans un tourbillon de technologies et d'images du quotidien. Et puis son goût pour des gens "simples", ses héros en manque de contrôle et en recherche d'une sorte de confort ou de repos, au fond ?
églantine- Messages : 4431
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Re: William Gibson
Les parasites de l'ostéophone créaient une tempête de sable subliminale. L'ascenseur glissa vers le haut et traversa dans sa cage étroite le plancher du Paradis. Je comptai les lampes bleues espacées de deux mètres. Après la cinquième, ce furent les ténèbres et l'immobilité.
Dissimulé dans la console de commande vide du vaisseau d'Autoroute factice, j'attendais dans l'ascenseur, tel le secret dissimulé derrière la bibliothèque truquée des histoires policières enfantines. Le vaisseau était bidon, un décor, au même titre que les chalets bavarois collés sur leurs Alpes de plâtre dans certains parcs d'attraction - un détail sympa mais pas franchement nécessaire. Si les revenants daignent admettre notre présence, ils la considèrent comme allant de soi; nos décors et nos histoires montées de toutes pièces ne semblent guère faire de différence.
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Re: William Gibson
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Armor- Messages : 4589
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Re: William Gibson
New Rose Hotel
(et devinez qui me l'avait conseillé ?!?)
Honnêtement, c'était quand même naïf : je ne peux pas dire que j'ai tout compris. C'est une espèce de James Bond au pays des multinationales spécialisées en génie biologique, avec ce que cela implique d'allusions scientifiques, de barbouzes, de flingues, de suspense et de belle nana.
Mais qu'importe. Parce que la nana en question, si étrange, je ne sais pas ce qu'elle vaut, mais le sentiment nostalgique qu'en exprime le héros, la douceur qui frise le désespoir, la beauté des passages où il exprime ça, dans sa petite boite en plastique du New Rose Hotel, ça, ça m'a parlé
.
(récup)
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topocl- Messages : 8551
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Re: William Gibson
Le marché d'hiver a écrit:Il pleut beaucoup, ici ; il y a des jours d'hiver où l'on ne voit pas vraiment la lumière, juste un gris lumineux, indéterminé. Mais d'un autre côté, il y a des jours où c'est comme si l'on arrachait un rideau pour vous balancer trois minutes de montagnes suspendues en plein soleil, emblème au générique d'un film signé par Dieu en personne. C'était comme ça le jour où ses agents appelèrent, du tréfonds de leur pyramide-miroir sur Beverly Boulevard, pour m'annoncer qu'elle avait fusionné avec le réseau, traversé pour de bon, que Kings of Sleep était parti pour le triple album de platine. J'avais mixé la plus grande partie de Kings, effectué le travail de cartographie cérébrale, et révisé le tout avec le module de balayage accéléré, alors j'étais sur les rangs pour ramasser une part de droits.
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Re: William Gibson
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Re: William Gibson
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Re: William Gibson
La non SF d'Identification des schémas est paradoxale, c'est quinze ans après que ça fait vraiment moins SF ?
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Re: William Gibson
Lumière virtuelle de William Gibson, bon conseil d'animal
Animal a décidé de me faire découvrir un univers nouveau, en l’occurrence le cyberspace de William Gibson, ce monde tellement comme le nôtre, quoique juste un peu outré et décalé.
J'ai donc relevé le défi : pourquoi réfuter d'entrée de jeu ce qui me rebute ? Bon, ça n'a pas été facile, je dois dire que sur bien 150 pages, j'étais complètement larguée ; mais mon objectif était de tenir . Pour me récupérer, j'ai lu divers commentaires sur le net, j'ai repris le quatrième de couverture. Après, c'est allé mieux : je me suis mise à comprendre grosso modo l'intrigue, mais pour être vraiment honnête, je ne peux pas dire que je comprenais tout. J'étais quand même bien perdue dans cette foultitude d'informations mêlées de références, d'ellipses, de détails et d'allusions, dans cet éclatement des horizons, dans ces néologismes, dans ces technologies foldingues. Débordée, j'avais dû manquer quelques infos cruciales : cela part dans tous les sens, dans un bouillonement d'inventivité délirante, il me manquait des clés.
Ah ! Quand même, des choses m'ont accrochée. Ce pont squatté par des hommes perdus qui me rappelait Le lointain souvenir de la peau de Russell Banks ou Les saisons de la nuit de Colum McCann. Ces paysages urbains délabrés, cette boutique de tatouage, ces bars glauques, cette galerie désaffectée, Jean Rolin aurait bien pu y rôder. Ce mal qui rôde à travers les sectes et le sida, avec l'intolérance comme mode de vie, c'est d'une actualité brûlante. Et cet humour, oui, souvent un peu trop déjanté, mais parfois léger et poétique dans son regard sur chacun et notre monde. Ce roman noir haletant mettant en scène des personnages archétypaux, flics, privés, paumés, virant au final à la parodie de film d'action où les héros naïfs triomphent à grands coups d'effets spéciaux..
Mais bon, quand même, je me suis sentie bien petite dans un monde qui m'était trop étranger , un truc trop rapide, trop fourmillant, trop loufoque. Ce feu d'artifice de Réalité Virtuelle est un truc que j'ai été contente d'effleurer, mais contente de laisser, aussi :dérangée, sans doute. Il y a lieu à reconnaître de nombreux parallèles constructifs avec notre monde, (shanidar en a parlé) car, oui, les délires ont toujours un sens, mais je n'avais plus la force.
Mais bon c'était assez flatteur, au final, cette proposition , mais quand même, animal a un peu surestimé ma plasticité !! Ca m'a filé comme un coup de vieux, mais comme on dit, tout ce qui ne te tue pas te grandit !
Au final,malgré le stress et la sueur sur mon front, je te remercie, animal!
(récupération)
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Re: William Gibson
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Re: William Gibson
Ce qui me fait penser que je n'ai pas rappelé explicitement les points de rapprochement avec Kate Atkinson.
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Re: William Gibson
Oui, bosse la question s'il te plait!!Ce qui me fait penser que je n'ai pas rappelé explicitement les points de rapprochement avec Kate Atkinson.
Marie- Messages : 653
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Re: William Gibson
Kate Atkinson une vision du quotidien rendu palpable par des détails en intermédiaire, des objets, marques ou situations pas forcément hyper littéraires comme faire les courses ou le shopping ou un bout d'autoroute en pensant au plat du soir. Une façon de nous faire accompagner comme des petites souris des gens normaux en décalage ou au bord du décalage ou se sentant simplement isolés ou en rupture avec leur milieu, contexte. Et une pointe d'extraordinaire qui ne vaut pas par elle même (apocalypse ou pas ce n'est pas ce qu'on retient) mais par le fait qu'elle extraordinarise des gens normaux pour le lecteur et pour eux-mêmes (empathie !).
William Gibson si on met de côté la sauce polar noir (qu'on peut goûter au passage) et ses embrouillaminis gadgéto-science-fictionnels (qu'on peut goûter aussi d'ailleurs, au moins quand on recolle certains wagons) il nous reste quoi ? Des gens normaux extraordinarisés pour les circonstances avec des repères de quotidien : objets, marques, boulot, amis ou famille.
Ma-thé-ma-ti-que, ce qui n'est pas une insulte. Huhu. Et cet aspect des choses n'est-il pas stimulant ?
En plus elle se marre un peu Atkinson à lister des trucs comme de l'arsenal qui passe dans les films, les infos ou les jeux vidéos, des trucs pas très normaux anormalement banalisés ? Le gros 4x4 "sécurisé" que vous découvrirez peut-être dans votre lecture a de ça. Il est non fictionnel et tout à la fois connu et anormal.
Et puis c'est un gars curieux, je vous reprends ceci que j'avais posté dans notre ailleurs à la suite d'une relecture de Lumière virtuelle justement :
On va remettre une petite couche avec un large extrait des "remerciements" :
Hodgetts + Fung pour l'exposition Visionary San Francisco
Ce livre doit beaucoup à Paolo Polledri, conservateur et fondateur du département d'architecture et de décoration du Musée d'Art Moderne de San Francisco. Mr Polledri avait commandé, pour l'exposition de 1990 intitulée "Visionnaires de San Francisco", une œuvre écrite qui prit corps sous la forme d'une nouvelle intitulée Skinner's Room (La chambre de Skinner). Il m'a facilité la collaboration avec les architectes Ming Fung et Craig Hodgetts, dont la carte redessinée de la cité (bien que je l'aie transformée par la suite) m'a fourni l'idée de Skywalker Park, du Piège et des tours Sunflower. Un autre écrit commandé à l'occasion de cette exposition, le puissant Sodom Reflections on a Stereotype), de Richard Rodriguez, m'a inspiré le caractère victorien et le côté mélancolique du personnage de Yamazaki.
L'expression "lumière virtuelle" a été forgée par un scientifique, Stephen Beck, pour décrire un dispositif capable de produire "des sensations optiques directement au niveau de l'œil, sans passer par les photons" (Mondo 2000).
Le Los Angeles de Rydell doit beaucoup au City of Quartz de Mike Davis, plus particulièrement, je pense, en ce qui concerne ses observations sur la privatisation des espaces publics.
J'ai une dette envers Markus, alias "Fur", l'un des rédacteurs du Mercury Rising, publication de l'Association des Coursiers Cyclistes de San Francisco, qui a eu la gentillesse de me fournir tout un lot d'anciens numéros et n'a plus entendu parler de moi pendant un an ou plus (pardon). Le Mercury Rising a pour devise d' "informer, amuser, agacer et renforcer" la corporation des coursiers. Il m'a fourni le cadre de travail de Chevette Washington ainsi qu'une bonne partie de son personnage. Déproje !
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Re: William Gibson
Identification des schémas
Cayce déteste les marques, à tel point qu'elle les fait toutes soigneusement limer de ses vêtements. Pour autant, ses habits sont invariablement choisis parmi le top du top du rare et du pointu. Hors de question de porter, par exemple, du Tommy Hilfiger, "un ersatz dilué de Ralph Lauren, déjà reliquat de la gloire passée des Brooks Brothers, eux-même tout juste à la hauteur de Jermyn Street et de Savile Row.". D’ailleurs c’est bien simple, dès qu'elle se trouve face au stand d'une enseigne honnie, elle déclenche une crise de panique dont elle ne peut se sortir qu’en psalmodiant son mantra fétiche : "Il a pris un canard dans la tête à deux-cent cinquante noeuds."
Donc Cayce est une fille un peu perchée qui porte des vêtements très sélectifs et sans logos. Hors, dans la vie, elle travaille comme consultante pour... des marques. L’auteur va même jusqu’à nous préciser, dans une analyse psychologique de très haute volée (ou pas, vous jugerez), que c’est au contact répété de ces marques qu’elle en est venue à détester tout signe distinctif. (Il n’est d’ailleurs pas exclu que sa démarche radicale n’en vienne à créer elle-même une nouvelle tendance, et ne croyez surtout pas que ses employeurs ne soient pas vigilants à ce sujet...)
Son travail est simple : on lui montre des logos, on lui demande ce qu’elle pense d’une mode, et elle répond oui ou non. C’est tout. "Le contrat de Cayce pour une consultation de ce type stipule qu’on ne lui demandera en aucun cas de critiquer, ou de donner le moindre conseil créatif, le moindre apport que ce soit. Elle n’est là que pour servir de réactif humain très spécialisé. »
Est-ce que ça la dérange ? "La question n’est pas de savoir si j’aime. (…) C’est comme la moquette roulée, là-bas. Soit elle est bleue, soit elle ne l’est pas. Je n’investis aucune émotion dans son éventuelle bleuité…"
A côté de ça, dans la vie de Cayce, il y a un forum. Et là, pour quelques petites phrases, je me suis senti des affinités avec elle. "En fait, c’est une autre façon d’être chez elle. Le forum est devenu l’un des lieux les plus importants de sa vie, comme un café familier qui existerait en dehors de la géographie, au-delà des fuseaux horaires."
Ce forum réunit des détectives amateurs, tous accros aux extraits d'un film inédit diffusés régulièrement sur le net par un inconnu. On en est au 135ème fragment, et chacun s’escrime à chercher qui peut bien se cacher derrière. Un jeu en apparence anodin, mais qui ne l’est peut-être pas tant que ça. Parce qu’en vérifiant l'historique de son ordinateur, Cayce s’aperçoit que quelqu’un s'introduit chez elle pour consulter un site pornographique. Et donc, de suite, elle soupçonne un danger, un complot, un crime, que sais-je, en rapport avec le fameux film. Logique, n'est-il pas ?
De là, on apprend que son père, un haut responsable de la sécurité, s'est volatilisé au moment du 11 septembre, sans que l'on sache s’il est mort ou vif. Et je vois arriver gros comme une maison que cette information ne nous est pas distillée au hasard.
Mais je n’en saurai pas plus.
Parce que j’ai passé 90 pages à voir Cayce aller sur son forum, psalmodier des histoires de canard supersonique, parler avec des amateurs de vieilles calculatrices russes, jouer à la poupée qui fait non... et je ne sais toujours pas où cela nous mène. Et en toute franchise, je crois que je n’ai pas vraiment envie de le savoir. C’est lent, décousu, les faits comme les dialogues sont volontairement embrouillés, et il faut me rendre à l'évidence, ça n’est tout simplement pas pour moi.
Dernière édition par Armor le Lun 19 Fév - 9:42, édité 3 fois
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Armor- Messages : 4589
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Re: William Gibson
Ben nous, si !...Armor a écrit:je crois que je n’ai pas vraiment envie de le savoir
90 pages lues sur 440... Tu fais ton commentaire en 5 épisodes ?
Parce que je ne peux croire que tu puisses soit commenter un ouvrage non intégralement lu soit ne pas donner suite à un début de commentaire aussi passionnant !...
De plus, elle est attachante, cette habituée de forum sans étiquettes... En prime, il y a un super suspense (film anonyme + pornophile non identifié + pression d'un "on" indistinct + un disparu le 11 septembre) !
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