Poésie
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Re: Poésie
Merci, Jack-Hubert !
Aventin- Messages : 1985
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Re: Poésie
Comme si j’étais mort récemment et j’ai vu la maison sous un angle nouveau.
Elle a résisté pendant plus de quatre-vingts étés. Son bois a été imprégné, quatre fois avec joie et trois fois avec tristesse.
Quand quelqu’un qui a vécu dans la maison meurt, elle est repeinte.
La personne morte peint elle-même, sans brosse, de l’intérieur.
De l’autre côté est un terrain ouvert. Autrefois un jardin, maintenant déserté. Un ressac encore de mauvaises herbes,
des pagodes de mauvaises herbes, un texte qui jaillit, un mouvement vers le bas des mauvaises herbes,
une flotte viking de mauvaises herbes, des têtes de dragon, des lances, un empire de mauvaises herbes !
Au-dessus des flottements du jardin l’ombre d’un boomerang plane, jeté, encore et encore.
Il est lié à quelqu’un qui a vécu dans la maison bien avant mon temps. Presque un enfant.
Une question, une impulsion émane de lui, une pensée, une pensée de volonté: «créer. . . dessiner. . »,
pour échapper à son destin inscrit dans le temps.
La maison ressemble à un dessin d’enfant. Un enfantillage fugace qui a grandi de suite parce que quelqu’un
a prématurément renoncé à l’accusation d’être un enfant. Ouvrez les portes, entrez ! À l’intérieur de la maison,
des troubles habitent dans le plafond et la paix dans les murs. Au-dessus du lit, est accrochée une peinture
représentant un navire amateur de dix-sept voiles, une mer agitée et un vent que le cadre doré ne peut pas maîtriser.
Il est toujours si tôt ici, c’est juste avant le carrefour, avant les choix irrévocables. Je suis reconnaissant pour cette vie !
Et pourtant, je manque de solutions de rechange. Tous les croquis voudraient être réalité.
Un moteur sur l’eau, au lointain, étend l’horizon de la nuit d’été. La joie et la tristesse s’élargissent ensemble dans le verre
grossissant de la rosée. Nous n’avons pas vraiment à le savoir, mais nous le pressentons : notre vie a un navire-jumeau
qui vogue sur une voie entièrement différente.
Alors que le soleil brûle derrière les îles.
Baltiques, Oeuvres compètes, 1954-2004 - Poésie/Gallimard
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Voyez combien elle reste efficace,
combien elle se porte bien
en notre siècle, la haine.
Avec quel naturel elle prend les plus hauts obstacles.
Combien il lui est facile : sauter, saisir.
Elle n’est pas comme les autres sentiments.
Leur aînée, et pourtant leur cadette.
Elle sait engendrer toute seule
ce qu’il lui faut pour vivre.
Si elle dort, ce n’est pas d’un sommeil éternel.
L’insomnie ne lui ôte pas ses forces, au contraire.
Peu lui chaut, religion ou pas,
pourvu qu’on soit dans les starting blocks.
Peu lui chaut, patrie ou pas,
pourvu qu’on soit dans la course.
La justice n’est pas mal, au départ.
Ensuite, elle court toute seule.
La haine. La haine.
Le visage tordu
par l’amoureuse extase.
Pouah ! les autres sentiments
chétifs et avachis.
Depuis quand la fraternité
attire –t-elle les foules ?
A-t-on vu la miséricorde
arriver la première ?
Le scrupule soulève combien de prosélytes?
Elle seule sait soulever, on ne la lui fait pas.
Douée, réceptive, extrêmement bosseuse.
Nul besoin d’aligner les chants qu’elle composa.
Toutes ces pages d’histoire numérotées par elle.
Tous les tapis humains qu’elle a su déployer
sur combien de places et de stades.
Inutile de se leurrer :
elle sait aussi faire du beau.
Splendide ses lueurs d’incendie dans la nuit noire.
Admirables les déflagrations au petit matin rose.
Ses ruines possèdent une majesté indéniable
et la colonne robuste qui s’y dresse
n’est pas dénuée d’un humour gaillard.
En grande virtuose, elle joue du contraste
entre le vacarme et le silence
entre le vermeil du sang et la blancheur de la neige.
Mais s’il est un motif dont elle ne se lasse jamais,
c’est bien celui du bourreau propre sur lui
penché sur la victime flétrie.
Toujours prête à entreprendre un nouvel ouvrage.
S’il faut attendre, elle attendra.
On la dit aveugle. Elle ?
Avec ces yeux de sniper ?
Intrépide, elle regarde l’avenir en face.
Elle seule.
Wislawa Szymborska
Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
In, « Wistawa Szymborska : De la mort sans exagérer /
O smierci bez presady »
Wydawnictwo literackie, Krakow, 1997
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Poésie
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21643
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Wislawa Szymborska, plus je la lis et plus je l'apprécie. Ses poèmes sont extraordinairement émouvants et leur qualité poétique toujours au plusBédoulène a écrit:toujours d'actualité ! très beau poème
haut niveau sans jamais quitter l'humain.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Poésie
«Oignon»
L’oignon c’est pas pareil.
Il n’a pas d’intestins.
L’oignon n’est que lui-même
foncièrement oignonien.
Oignonesque dehors,
oignoniste jusqu’au cœur
il peut se regarder,
notre oignon, sans frayeur.
Nous : étranges et sauvages
à peine de peau couverts,
enfer tout enfermé,
anatomie ardente,
et l’oignon n’est qu’oignon,
sans serpentins viscères.
Nudité multitude,
toute en et caetera.
Entité souveraine
et chef d’œuvre fini.
L’un mène toujours à l’autre
le grand au plus petit,
celui-ci au prochain,
et puis à l’ultérieur.
C’est une fugue concentrique
l’écho plié en chœur.
L’oignon, ça s’applaudit :
le plus beau ventre sur terre
s’enveloppant lui-même
d’auréoles altières.
En nous : nerfs, graisses et veines
mucus et sécrétions.
On nous a refusé
La perfection tout con.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
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Re: Poésie
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Bédoulène- Messages : 21643
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Poésie
Que tout au bout de cette vie il n'y a rien
Que c'est comme le dos du mur de l'hospice
Des détritus
Ou trois cents mètres de précipice
Dans la glaise du temps difficile à manier
L'âme fait un tout petit peu de fumée
Il y a l'herbe l'os blanchi et le vieux casque
La cinquième roue d'une destinée restée en panne
Dressé sur le hors-bord qui fourrage la nuit
Il reste malgré tout l'espoir d'une aventure
Le goût sur et salé d'un matin de printemps
Quand dans le soubresaut de la voilure
S'insinue la caresse du vent
On est porté plus loin que son épaule même
Immergé comme un bœuf au beau milieu des eaux
On a soudain du caractère et l'on s'élève
Miraculeusement à son propre niveau.
(Guy Cadou, L'aventure n'attend pas le destin)
anagramme- Messages : 1367
Date d'inscription : 12/12/2016
Re: Poésie
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Poésie
Quand je te vois oh! ma blonde creole!
Sur ton balcon,
Oh! je crois voir une vive aureole
Orner ton front
Divine enfant chaque jour je t'implore
Avec ardeur
De partager la flame qui dévore
Mon pauvre coeur.
Si tu voulais malgré ton Opulence,
N'aimer que moi:
Tu me dirais pour calmer ma souffrance
Je suis à toi
Ecoute moi charmante et chère idole,
écoute moi
Quand je te dis que mon âme s'envole
Toujours vers toi!
Toujours vers toi!
J'ai trop souffert, je n'ai plus d'espérance
Dans l'avenir
J'ai trop souffert, dan ma courte existence
Je veux mourir
Après ma mort viens ma douce colombe
Sur mes malheurs
Viens quelques fois sur ma fosse ou ma tombe
Verser des pleurs!
Verser des pleurs!
Edmond Dédé (1827-1903)
Chamaco- Messages : 4510
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : Corse du sud
Re: Poésie
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque nœud du bois renferme davantage
De cris d’oiseaux que tout le cœur de la forêt
Il suffit qu’une lampe pose son cou de femme
À la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d’abeilles
Et l’odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu’une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d’un arbre dans le matin
(In Hélène ou le Règne Végétal, Guy Cadou)
J'aime beaucoup Cadou...
anagramme- Messages : 1367
Date d'inscription : 12/12/2016
Re: Poésie
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Bédoulène- Messages : 21643
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Re: Poésie
bix_229- Messages : 15439
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Re: Poésie
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Bédoulène- Messages : 21643
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Re: Poésie
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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Re: Poésie
Tout d'abord, je m'en voudrais de ne pas dire de lire le merveilleux poème d'Andrei Biely que Bix nous a posté à la page précédente. Et donc, si j'ai bien compté, Paul Éluard a été cité 4 fois jusqu'à maintenant sur ce fil. Un disparu du forum lui a fait honneur de date encore récente.
Paul Éluard est un peu de ces élus de la poésie à qui on se refuse de s'attaquer. Quand même, je l'ai déjà cité brièvement ici une fois. Je vais vous présenter un autre poème de lui à la démarche un peu plus ample :
«Son avidité n'a d'égal que moi»
Donneuse monde en mouvement
Cernée de plaisir comme un feu
Dans l'ombre tu te diriges mieux qu'une ombre
Tête accordée
Mon cœur bat dans tout ton corps
Dans tes retraites préférées
Sur l'herbe blanche de la nuit
Sous les arbres noyés
Nous passons notre vie
A renverser les heures
Nous inventons le temps
Et d'un seul coup comme toujours
Des verdures et des oiseaux
Où sommes-nous
Soufflent sur tes regards
Se posent sur tes paupières
Garde-toi de bouger
Les guirlandes de tes membres
Sont pour des fêtes moins subtiles
// p. 175
Pas un geste apparent
On nous croit immobiles
Tant nous sommes secrets
Donne ton juste poids à l'aube
A l'horizon le nerf de la balance
Le cratère d'une couronne d'air pur
Sur ta chevelure folle
Mille bouffées d'écume entre les lèvres du soleil
Ou l'aile battante de ton sang
Donne ta force ta chaleur
L'été massif brutal amer
De tes paumes et de ta bouche
Donne ta fatigue limpide
Donne ta douceur ta confiance
Dans l'étendue de tes yeux
Il y a tantôt un château charmant
Ouvert comme un papillon à tous les vents
Tantôt une masure terrible
Une dernière caresse
Destinée à nous séparer
Tantôt le vin tantôt une rivière
Close comme un essaim d'abeilles
Viens là docile viens oublier
Pour que tout recommence.
// p. 176
C'est tiré de La Rose publique.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Poésie
Eluard. Tu as ben fait d'ajouter, ce fil est est aussi fait pour cela.
Et ça m'arrive aussi de revenir sur le fil et de relire. On oublie si vite...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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Re: Poésie
Il y a tant d'autres choses dans le monde ;
Un instant quelconque est plus profond
Et divers que la mer. La vie est brève
Et même si les heures sont très longues, une
Obscure merveille nous guette,
La mort, cette autre mer, cette autre flèche
Qui nous libère du soleil et de la lune
Et de l'amour. Le bonheur que tu m'offris
Et que tu repris doit s'effacer ;
Ce qui était tout doit devenir rien.
Il ne me reste que le goût d'être triste,
Cette vaine habitude qui me conduit
Au Sud, à certaine porte, à certaine rue.
Jorge Luis Borges
bix_229- Messages : 15439
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Re: Poésie
Victor Hugo
"TE DESEO".
Te deseo primero que ames,
y que amando, también seas amado.
Y que, de no ser así, seas breve en olvidar
y que después de olvidar, no guardes rencores.
Deseo, pues, que no sea así, pero que si es,
sepas ser sin desesperar.
Te deseo también que tengas amigos,
y que, incluso malos e inconsecuentes
sean valientes y fieles, y que por lo menos
haya uno en quien confiar sin dudar.
Y porque la vida es así,
te deseo también que tengas enemigos.
Ni muchos ni pocos, en la medida exacta,
para que, algunas veces, te cuestiones
tus propias certezas. Y que entre ellos,
haya por lo menos uno que sea justo,
para que no te sientas demasiado seguro.
Te deseo además que seas útil,
más no insustituible.
Y que en los momentos malos,
cuando no quede más nada,
esa utilidad sea suficiente
para mantenerte en pie.
Igualmente, te deseo que seas tolerante,
no con los que se equivocan poco,
porque eso es fácil, sino con los que
se equivocan mucho e irremediablemente,
y que haciendo buen uso de esa tolerancia,
sirvas de ejemplo a otros.
Te deseo que siendo joven no
madures demasiado de prisa,
y que ya maduro, no insistas en rejuvenecer,
y que siendo viejo no te dediques al desespero.
Porque cada edad tiene su placer
y su dolor y es necesario dejar
que fluyan entre nosotros.
Te deseo de paso que seas triste.
No todo el año, sino apenas un día.
Pero que en ese día descubras
que la risa diaria es buena, que la risa
habitual es sosa y la risa constante es malsana.
Te deseo que descubras,
con urgencia máxima, por encima
y a pesar de todo, que existen,
y que te rodean, seres oprimidos,
tratados con injusticia y personas infelices.
Te deseo que acaricies un perro,
alimentes a un pájaro y oigas a un jilguero
erguir triunfante su canto matinal,
porque de esta manera,
sentirás bien por nada.
Deseo también que plantes una semilla,
por más minúscula que sea, y la
acompañes en su crecimiento,
para que descubras de cuantas vidas
está hecho un árbol.
Te deseo, además, que tengas dinero,
porque es necesario ser práctico,
Y que por lo menos una vez
por año pongas algo de ese dinero
frente a ti y digas: "Esto es mío".
sólo para que quede claro
quién es el dueño de quién.
Te deseo también que ninguno
de tus afectos muera, pero que si
muere alguno, puedas llorar
sin lamentarte y sufrir sin sentirte culpable.
Te deseo por fin que, siendo hombre,
tengas una buena mujer, y que siendo
mujer, tengas un buen hombre,
mañana y al día siguiente, y que cuando
estén exhaustos y sonrientes,
hablen sobre amor para recomenzar.
Si todas estas cosas llegaran a pasar,
no tengo más nada que desearte. Feliz Navidad...!!!
Victor Hugo, Je te souhaite
Je te souhaite d'abord que tu aimes
Et qu'en aimant, tu sois à ton tour aimé.
Et, si ce n'est pas le cas, que tu puisses vite oublier
Et qu’après avoir oublié, tu ne gardes aucune rancune.
Je ne souhaite pas que cela en soit ainsi, mais si c’est le cas
Que tu saches « être » sans désespérer.
Je te souhaite aussi que tu aies des amis,
Et même s'ils sont mauvais et inconséquents,
Qu'ils soient vaillants et fidèles.
Et qu’entre eux, il y ait au moins un,
À qui tu puisses te confier sans crainte.
Et parce que la vie est ainsi faite,
Je te souhaite aussi que tu aies des ennemis.
Ni trop, ni trop peu, juste la bonne mesure, pour que parfois,
Tu puisses questionner tes propres certitudes.
Et que parmi eux, il y ait au moins un qui soit juste,
Pour que tu ne te sentes pas trop sûr de toi...
Je te souhaite aussi que tu sois utile,
Mais point irremplaçable. Et que dans les mauvais moments,
Quand il ne te restera plus rien,
Que cette utilité t’aide à te maintenir debout.
De la même manière, je te souhaite aussi que tu sois tolérant.
Pas avec ceux qui se trompent peu, parce que cela est facile,
Sinon avec ceux qui se trompent beaucoup et inévitablement.
Et que faisant bon usage de cette tolérance,
Que tu serves d’exemple à d’autres.
Je te souhaite qu’étant jeune, tu ne mûrisses point trop vite
Et qu’une fois mûr, que tu n’insistes pas à rajeunir,
Et qu’étant vieux, que tu ne te laisses pas au désespoir.
Parce que chaque âge à son plaisir et sa douleur
Et il est nécessaire de les laisser couler entre nous.
Je te souhaite de ce pas, que tu sois triste.
Pas toute l’année sinon à peine un jour.
Mais que ce jour, tu découvres que le rire journalier est bon,
Que le rire habituel est ennuyeux et que le rire constant est malsain.
Je te souhaite que tu découvres, urgemment, au-delà et malgré tout,
Qu’il existe et t’entourent des êtres opprimés,
Traités avec injustice et des personnes malheureuses.
Je te souhaite que tu caresses un chat,
Que tu donnes à manger à un oiseau
Et que tu écoutes le chardonneret se dresser
Triomphant avec son chant matinal,
Parce que de cette manière, tu pourras te sentir bien pour un rien.
Je souhaite que tu plantes une graine,
Pour plus petite qu’elle soit et que tu l’accompagne dans sa croissance.
Pour que tu puisses découvrir de combien de vies est fait un arbre.
Je te souhaite en plus que tu aies de l’argent,
Parce qu’il est nécessaire d’être pratique.
Et qu’au moins une fois par an,
Tu mettes une partie de cet argent devant toi
Et que tu dises "Ceci est à moi",
Seulement pour tirer au clair qui est maître de qui.
Je te souhaite qu’aucun de tes affectionnés ne meurt.
Mais si l’un d’eux arrive à mourir, que tu puisses pleurer
Sans te lamenter et souffrir sans te sentir coupable.
Je te souhaite enfin qu’étant homme, tu aies une bonne femme.
Et qu’étant femme, tu aies un bon mari.
Demain et après-demain et quand vous soyez épuisés et souriants, Que vous puissiez parler d’amour pour recommencer.
Et si toutes ces choses viennent à t’arriver,
Je n’ai plus rien d’autre à te souhaiter.
Dernière édition par Chamaco le Sam 8 Jan - 22:43, édité 1 fois
Chamaco- Messages : 4510
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