Michel Rostain
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Michel Rostain
Michel Rostain
Né en 1942
Né en 1942
Michel Rostain est metteur en scène de théâtre lyrique et musical et un écrivain français.
Il a commencé à étudier la musique, en autodidacte, dès l’âge de 7 ans et a repris assidûment des études musicales au cours des années 1970–1980.
Il a enseigné la philosophie en classes terminales, puis a été chargé de cours au département de psychologie clinique de Paris VII.
Dans le même temps il travaillait dans un laboratoire de recherches en sciences humaines, et à la clinique psychiatrique de Laborde, dirigée par Félix Guattari et Jean Oury.
À ce moment de sa vie Michel Rostain a pu aller vers une des choses qui lui tenait le plus à cœur avec l’écriture, la musique, et en faire son métier.
C’est ainsi qu'il a fondé une compagnie de théâtre lyrique et musical en 1978, et qu'il a pris la direction de la Scène nationale de Quimper en 1995, tout en continuant à faire des mises en scène musicales.
Metteur en scène de théâtre lyrique et musical, Michel Rostain a été directeur du Théâtre de Cornouaille, Scène Nationale de Quimper de 1995 à 2008. Depuis plus de trente ans, il porte à la scène opéras et créations lyriques contemporaines.
En 2008, Michel Rostain a mis en scène la nouvelle production du Château des Carpathhes de Philippe Hersant, à l’Opéra de Rennes.
En 2010, il a écrit et interprété Sept nouvelles de la douleur, commande de l’Orchestre de Bretagne pour les Sept dernières paroles du Christ de Joseph Haydn.
Écrivain, il publie en 2011 son premier roman Le Fils (Prix Goncourt du premier roman 2011).
Michel Rostain vit à Arles.
(source Evene)
Bibliographie:
Le Fils
L'Etoile et la vieille
Ouliposuccion- Messages : 377
Date d'inscription : 14/01/2017
Localisation : ubiquiste
Re: Michel Rostain
Le fils
« Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin.Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier , recondoléances, etc.Débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd. »
C’est un coup de poing que l’on prend en plein cœur, l’auteur, Michel Rostain perd son fils, emmené par une méningite foudroyante. Pour autant, il n’est pas le narrateur de ce livre, c’est bien son fils, la voix qui n’est plus, qui narre son père de la naissance des symptômes jusqu’au désespoir absolu. Commence une réflexion , les remords , les regrets , la douleur, les derniers jours sont passés au peigne fin , un père se raccroche à tout pour continuer à faire vivre un fils , comprendre , mais surtout poursuivre un chemin de vie.
Larmoyant, non. Pourtant l’on se retient bien , non pas par les lignes de Rostain , mais par sa sensibilité qui s’en échappe , par l’humanisme qui en découle.
On rit, oui. Pourtant le thème ne s’y prête pas, l’analyse d’un jeune homme de 21 ans décrivant les tourments et maladresses de son père est parfois risible.
Si la démarche d’un tel livre peut en rebuter quelques-uns, le contenu les réconciliera en vue d’une approche si insolite autour de cette épreuve.
C’est un appel à la volonté, celle d’un père enfermé lui-même dans le cercueil de la souffrance, celle d’un père qui au travers de la philosophie fait subsister son fils, celle d’un père qui à la crainte que toutes parcelles d’existence de son fils partent en fumée.
Je voudrais conclure avec les remerciements de Michel Rostain à la fin de son livre :
« En bon stoïcien moderne, papa croit comme tout le monde probablement aujourd’hui – que le vrai bonheur, c’est l’instant que l’on vit. Ne rien attendre d’espoirs sur l’avenir. Ne pas se cramponner au passé, vivre purement le moment présent, le bonheur serait là. Équation : maintenant que je suis mort, ton vrai bonheur serait donc ta douleur de l’instant présent ?
Tout ce qui éloigne papa de la détresse, occupations professionnelles, coups de téléphone, démarches etc. lui est insupportable. La seule chose à laquelle il aspire vraiment , c'est cette actualité intime , la souffrance que ma mort provoque en lui. Il en a pour un moment avec ce présent. Il le cultive donc. Faire retraite. Pleurer , assis à côté de ma tombe , le ciel de Douarnenez immense tout autour , la mer au fond , ma tombe toute petite devant l'océan , pleurer , ,accueillir cette douleur , l'aimer presque . le maigre bonheur de son présent c'est son malheur. Papa en veut à quiconque l'en éloigne.
mots-clés : #mort
« Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin.Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier , recondoléances, etc.Débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd. »
C’est un coup de poing que l’on prend en plein cœur, l’auteur, Michel Rostain perd son fils, emmené par une méningite foudroyante. Pour autant, il n’est pas le narrateur de ce livre, c’est bien son fils, la voix qui n’est plus, qui narre son père de la naissance des symptômes jusqu’au désespoir absolu. Commence une réflexion , les remords , les regrets , la douleur, les derniers jours sont passés au peigne fin , un père se raccroche à tout pour continuer à faire vivre un fils , comprendre , mais surtout poursuivre un chemin de vie.
« Quand on demandait à papa quel était son signe astral, il ricanait. Il disait qu'il se foutait éperdument de connaître son signe du zodiaque, et encore plus son ascendant. Il ajoutait qu'il ne savait qu'une chose, le nom de son descendant : "Lion", moi. Aujourd'hui où je viens de mourir, papa n'a plus rien, ni ascendant ni descendant »
Larmoyant, non. Pourtant l’on se retient bien , non pas par les lignes de Rostain , mais par sa sensibilité qui s’en échappe , par l’humanisme qui en découle.
On rit, oui. Pourtant le thème ne s’y prête pas, l’analyse d’un jeune homme de 21 ans décrivant les tourments et maladresses de son père est parfois risible.
Si la démarche d’un tel livre peut en rebuter quelques-uns, le contenu les réconciliera en vue d’une approche si insolite autour de cette épreuve.
C’est un appel à la volonté, celle d’un père enfermé lui-même dans le cercueil de la souffrance, celle d’un père qui au travers de la philosophie fait subsister son fils, celle d’un père qui à la crainte que toutes parcelles d’existence de son fils partent en fumée.
Je voudrais conclure avec les remerciements de Michel Rostain à la fin de son livre :
Extrait :Le soir même de la mort de notre fils, Daniel Michel me téléphona « je ne sais pas si un pareil jour tu peux entendre ce que je voudrais te dire, mais j’ai vécu cette horreur il y a quelques années, ce désespoir absolu. Je voudrais te dire qu’on peut vivre avec ça ».
Merci Daniel de m’avoir téléphoné ainsi, merci à toutes celles et ceux qui m’ont ce jour-là et par la suite transmis cette évidence : La mort fait partie de la vie, on peut vivre avec ça. Non pas geindre ni s’apitoyer sur soi et sur les malheurs du monde, ni attendre la fin, mais vivre ! Comment ? je ne sais pas, et je me garderai bien de donner des recettes ou des leçons. A chacun de trouver comment cela lui est possible. A chacun aussi d’aider les autres à trouver. Pour ma part, comme je n’ai pas le goût de me plaindre, ni de leçon à donner sur la vie et la mort, ce livre m’est venu sous la forme d’un récit, mi- réalité mi- fiction. Merci à cette formidable chaine humaine qui m’a donné l’énergie de raconter cette histoire et de transmettre à mon tour le message de Daniel « On peut vivre avec ça »
« En bon stoïcien moderne, papa croit comme tout le monde probablement aujourd’hui – que le vrai bonheur, c’est l’instant que l’on vit. Ne rien attendre d’espoirs sur l’avenir. Ne pas se cramponner au passé, vivre purement le moment présent, le bonheur serait là. Équation : maintenant que je suis mort, ton vrai bonheur serait donc ta douleur de l’instant présent ?
Tout ce qui éloigne papa de la détresse, occupations professionnelles, coups de téléphone, démarches etc. lui est insupportable. La seule chose à laquelle il aspire vraiment , c'est cette actualité intime , la souffrance que ma mort provoque en lui. Il en a pour un moment avec ce présent. Il le cultive donc. Faire retraite. Pleurer , assis à côté de ma tombe , le ciel de Douarnenez immense tout autour , la mer au fond , ma tombe toute petite devant l'océan , pleurer , ,accueillir cette douleur , l'aimer presque . le maigre bonheur de son présent c'est son malheur. Papa en veut à quiconque l'en éloigne.
mots-clés : #mort
Ouliposuccion- Messages : 377
Date d'inscription : 14/01/2017
Localisation : ubiquiste
Re: Michel Rostain
merci Ouli, je vais noter "ce coup de poing"
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Michel Rostain
Le fils
Directeur de la scène nationale de Quimper au moment des faits, retraité depuis, Michel Rostain a écrit de nombreux essais et livrets d’opéra. « Le fils » est à part dans sa production. Il est sous titré récit et c’est bien le récit du décès de son fils de 21 ans en mois de 24 heures , d’une méningite fulminante.
Cependant le prix Goncourt du premier roman lui a été attribué signant un travail de l’écriture tout particulier. « Je voulais que ce soit une aventure littéraire. Ce prix reconnaît cet effort. Aujourd'hui, je suis fier, c'est un moment magique » dit l’auteur.
En effet Michel Rostain a pris le parti de nous faire raconter cette histoire par son fis décédé lui-même, superbement prénommé Lion, depuis le lieu où il observe tout le monde après sa mort (et tout ceci bien que Rostain soit un agnostique convaincu). C’est un acte volontaire qui lui permet de prendre du recul, une distance humoristique qui évite l’apitoiement, car on dirait que par moment le fils se moque de tout cela, essaie de faire reculer une certaine profondeur plombante. Tout en appréciant tous ces efforts désespérés de ses parents et comprenant bien leur douleur cependant.
Cette façon de traiter le sujet est le véritable acte thérapeutique qui clôt ( ?) toute une série de comportements enchaînés qui permettront de « vivre avec ça ».
J’ai peur de mal m’exprimer et de faire croire qu’il y a là une certaine ironie pédante ou malsaine, non, il s’agit d’une tendresse affectueuse du fils, qui n’ a plus rien à voir avec les choses terrestres et est donc apte, lui, à les relativiser.
Le récit de Michel Rostain reste très factuel , il note, il explique, revient sur la dernière semaine de ce fils étudiant qui commençait à prendre les distance avec se parents tout en restant très proche, leur enfant très cher et en même temps méconnu, les heures dramatiques de la montée en puissance de la maladie où le père s’est agité un peu vainement pour masquer son impuissance, les jours qui ont suivi, l’incinération, les rites et comportements institués pour faire face, où la mise en scène , la mise en images et la mise en mots jouaient un rôle crucial dans ce couple de gens du spectacle.
Michel Rostain nous livre un constat, voilà ce que j’ai vécu. Il sait que c’est l’une des choses les plus intolérables, il sait maintenant que c’est une chose avec laquelle il vivra cependant. Il nous fait un point douloureux sur cette situation. S’il l’a écrit puis publié, c’est qu’il pense qu’on doit le lire, et on lui doit cela, nous qui avons échappé à ce genre d’épreuves. Il est difficile de faire cependant en nous la part d’un certain voyeurisme, et d‘une lâcheté (il l’a vécu et j’y ai échappé). J’ai cependant bien aimé ce livre, chaleureux, courageux, drôle dans son désespoir, tourné vers un certain espoir.
(commentaire récupéré)
Directeur de la scène nationale de Quimper au moment des faits, retraité depuis, Michel Rostain a écrit de nombreux essais et livrets d’opéra. « Le fils » est à part dans sa production. Il est sous titré récit et c’est bien le récit du décès de son fils de 21 ans en mois de 24 heures , d’une méningite fulminante.
Cependant le prix Goncourt du premier roman lui a été attribué signant un travail de l’écriture tout particulier. « Je voulais que ce soit une aventure littéraire. Ce prix reconnaît cet effort. Aujourd'hui, je suis fier, c'est un moment magique » dit l’auteur.
En effet Michel Rostain a pris le parti de nous faire raconter cette histoire par son fis décédé lui-même, superbement prénommé Lion, depuis le lieu où il observe tout le monde après sa mort (et tout ceci bien que Rostain soit un agnostique convaincu). C’est un acte volontaire qui lui permet de prendre du recul, une distance humoristique qui évite l’apitoiement, car on dirait que par moment le fils se moque de tout cela, essaie de faire reculer une certaine profondeur plombante. Tout en appréciant tous ces efforts désespérés de ses parents et comprenant bien leur douleur cependant.
Cette façon de traiter le sujet est le véritable acte thérapeutique qui clôt ( ?) toute une série de comportements enchaînés qui permettront de « vivre avec ça ».
J’ai peur de mal m’exprimer et de faire croire qu’il y a là une certaine ironie pédante ou malsaine, non, il s’agit d’une tendresse affectueuse du fils, qui n’ a plus rien à voir avec les choses terrestres et est donc apte, lui, à les relativiser.
Le récit de Michel Rostain reste très factuel , il note, il explique, revient sur la dernière semaine de ce fils étudiant qui commençait à prendre les distance avec se parents tout en restant très proche, leur enfant très cher et en même temps méconnu, les heures dramatiques de la montée en puissance de la maladie où le père s’est agité un peu vainement pour masquer son impuissance, les jours qui ont suivi, l’incinération, les rites et comportements institués pour faire face, où la mise en scène , la mise en images et la mise en mots jouaient un rôle crucial dans ce couple de gens du spectacle.
Michel Rostain nous livre un constat, voilà ce que j’ai vécu. Il sait que c’est l’une des choses les plus intolérables, il sait maintenant que c’est une chose avec laquelle il vivra cependant. Il nous fait un point douloureux sur cette situation. S’il l’a écrit puis publié, c’est qu’il pense qu’on doit le lire, et on lui doit cela, nous qui avons échappé à ce genre d’épreuves. Il est difficile de faire cependant en nous la part d’un certain voyeurisme, et d‘une lâcheté (il l’a vécu et j’y ai échappé). J’ai cependant bien aimé ce livre, chaleureux, courageux, drôle dans son désespoir, tourné vers un certain espoir.
« un jour, la psy lui dira qu’il vaudrait mieux trouver d’autres moyens d’expression que ce corps qui bafouille, ça peut tuer. Papa est un malade psychosomatique. Un corps qui cause violemment contre le désir aura habité toute la vie de papa. Son cancer de la gorge, puis sa thyroïdite, étaient-ce aussi du corps qui parle pour ne rien dire ? Et l’embolie pulmonaire ? Les mots de la psychanalyse de quatre sous faisant maintenant partie de la doxa quotidienne, on n’a jamais manqué une occasion de le lui suggérer, ce seraient des somatisations qu’il aurait faites. Il a trouvé une réponse : Mes guérisons, après tout, c’est du corps qui parle, et merde. Et vive la vie ! »
(commentaire récupéré)
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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