Gérard Noiriel
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Gérard Noiriel
Gérard Noiriel
Né en 1950
Né en 1950
source : wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Gérard_NoirielGérard Noiriel, né le 11 juillet 1950 à Nancy, est un historien français, l'un des pionniers de l'histoire de l'immigration en France. Il s'est également intéressé à l'histoire de la classe ouvrière, et aux questions interdisciplinaires et épistémologiques en histoire. À ce titre, il a participé activement au développement des études socio-historiques. Issu d’un milieu modeste, il est aujourd'hui directeur d’études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Jeunesse et engagements politiques
Il grandit au sein d'une famille à problèmes, dans un quartier de HLM à la périphérie de Mirecourt ; il déménage à Molsheim, en Alsace, alors qu'il a six ans. Son adolescence est marquée par des problèmes sociaux et un parcours scolaire chaotique. À la fin de la troisième, souhaitant quitter l'Alsace, il intègre l’école normale d’instituteurs des Vosges après un concours d'entrée, et y étudie pendant cinq ans. Il ne supporte pas les conditions d'études et ne décroche pas son certificat de fin d'école normale en raison de son indiscipline.
Il se voit alors attribuer un poste d'« instituteur remplaçant » dans une commune reculée des Vosges. Ayant par ailleurs décroché grâce au télé-enseignement sa première année de DEUG en histoire, il dmissionne pour pouvoir poursuivre des études à la faculté de lettres de Nancy.
Il découvre au début des années 1970 le militantisme politique, via les syndicats étudiants très présents sur le campus après mai 1968, comme l'UNEF et l'UEC, où il milite successivement. Son militantisme très lié au marxisme lui permet de découvrir des sciences humaines et sociales comme la psychanalyse, l'anthropologie et la linguistique.
Après sa maîtrise, il décide de passer l'agrégation d'histoire; il devient alors enseignant dans le secondaire, puis effectue son service militaire comme coopérant en République populaire du Congo, pendant deux ans.
Il est ensuite envoyé par l'éducation nationale à Longwy pour enseigner dans un collège de banlieue, pendant les conflits sociaux de la fin des années 1970. Membre d'une cellule communiste locale, il anime, sur la radio Lorraine Cœur d'Acier, une émission consacrée à l'histoire.
En 1980, il quitte le Parti communiste français (PCF) à la suite de la publication de Vivre et lutter à Longwy, écrit avec le syndicaliste de la CGT Benaceur Azzaoui. L'ouvrage, s'inscrivant dans une critique du manque de démocratie des structures du PCF face aux mouvements sociaux, avait entrainé de très vives réactions au sein du Parti. Cette séparation du Parti développe son intérêt pour les travaux de Pierre Bourdieu et de Michel Foucault6.
En mai 2012, il signe une pétition appelant à voter pour François Hollande.
En 2015, il défend les projets de programmes d'histoire du collège émanant du Conseil supérieur des programmes en signant avec d'autres historiens une tribune dans Le Monde.
Carrière
En 1982, il rédige, sous la direction de Madeleine Rebérioux, une thèse de doctorat sur Les Ouvriers sidérurgistes et les mineurs de fer du bassin de Longwy-Villerupt (1919–1939). Il doit son recrutement dans l’enseignement supérieur à un poste de professeur agrégé (PRAG) à l’École normale supérieure où il coordonne à partir de 1985 le diplôme d’études approfondies (DEA) de sciences sociales coorganisé avec l’EHESS, une formation pluridisciplinaire.
Parallèlement à sa carrière universitaire, il participe à l'élaboration d'une série d'une quarantaine de documentaires historiques (« Racines ») diffusée sur FR3 en 1990-19919, et évoquant l'apport des immigrés à l'histoire de France.
Directeur d’études à l’EHESS depuis 1994, il est aussi codirecteur de la collection « Socio-histoires » des éditions Belin, cofondateur de la revue de sciences sociales Genèses et de la revue Histoire et Sociétés.
Il est également membre associé de l’Institute for Advanced Study de Princeton, participe à plusieurs revues (outre sa participation à la revue Genèses, il est membre de l'International Editorial Board de la revue Social Identities et fait partie du comité de rédaction de la revue électronique Histoire de l'immigration) et fait partie de plusieurs commissions universitaires (commission spécialiste d’histoire moderne et contemporaine de l’université de Valenciennes, membre suppléant de la commission spécialiste d’histoire moderne et contemporaine de l’université de Lille III et de l’université Paris-VII).
Il a également été membre du conseil scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, avant d'en démissionner en mai 2007 avec 7 autres universitaires, pour protester contre la création par Nicolas Sarkozy d'un ministère associant la question de l'immigration et de l'identité nationale12. Peu après sa démission, il fait paraître un essai, À quoi sert l'« identité nationale » (Agone, 2007).
Bibliographie sélective :
Vivre et lutter à Longwy (avec Benaceur Azzaoui) 1980.
Longwy, Immigrés et prolétaires (1880-1980) 1984.
Les Ouvriers dans la société française (xixe – xxe siècle) 1986.
Le Creuset français. Histoire de l'immigration (xixe – xxe siècle)1988
La Tyrannie du national. Le droit d'asile en Europe (1793-1993)
Population, immigration et identité nationale en France (xixe – xxe siècle)1992.
Sur la « crise de l'histoire », Paris, Belin, coll. « Socio-Histoires », 1996
Construction des nationalités et immigration dans la France contemporaine (ouvrage collectif dirigé avec Éric Guichard)1997
Qu'est-ce que l'histoire contemporaine ?1998.
Les Origines républicaines de Vichy1999.
État, nation et immigration. Vers une histoire du pouvoir 2001
Atlas de l’immigration en France 2002.
Penser avec, penser contre. Itinéraire d'un historien 2003
Gens d’ici venus d’ailleurs. La France de l’immigration de 1900 à nos jours 2004.
Les Fils maudits de la République. L’avenir des intellectuels en France 2005
Introduction à la socio-histoire 2006.
Immigration, antisémitisme et racisme en France (xixe – xxe siècle) 2007.
À quoi sert l'identité nationale, Agone, 2007.
L'identification. Genèse d'un travail d'État 2007.
Histoire, théâtre et politique 2009.
Le massacre des Italiens - Aigues-Mortes, 17 août 1893 2010.
Chocolat clown nègre. L'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française 2012
Qu'est-ce qu'une Nation? 2015
Outre cette sélection d'ouvrages, Gérard Noiriel a publié plus de 120 articles dans des revues scientifiques historiques ou sociales, en France ou à l'étranger.
Dernière édition par Bédoulène le Sam 29 Juil - 15:49, édité 1 fois
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Gérard Noiriel
Je ne connaissais pas du tout l'auteur et son parcours, c'est le titre et le lieu qui m'ont attiré sur cette lecture. Bien m'en a pris.
Le massacre des Italiens
L’ auteur a choisi de faire l’analyse socio-politique de ce drame. Il présente le lieu où il s’est déroulé : Aigues-Mortes dans les Bouches du Rhône, l’histoire de cette ville médiévale, construction, économie, démographie (tour à tour prospère, puis en récession, stagnante.)
Une ville isolée entourée de marais insalubres lesquels provoquent les fièvres, manque vital d’eau, à l’époque. Donc un manque d’hygiène.
Ces marais salins sont avec les vignobles les deux économies actives de la ville mais surtout les prémices du capitalisme ; c’est la Compagnie des Salins du Midi qui exploite les marais, quant aux vignobles les propriétaires sont les notables de la ville.
Le travail des ouvriers dans les marais est équivalent à celui d’un forçat : chaleur, sel qui imprègne tout, poids à manipuler, longue journée, mal nourris, mal logés, mal payés …………..
Cette photo illustre la difficulté de pousser les brouettes sur un passage étroit qui s’élève au fur et à mesure que s’élève les pyramides de sel (c’est le levage)
La CSM trouve intérêt à mettre en concurrence les ouvriers Français et Italiens, plus rentables, un affrontement meurtrier* se déroula les 16 et 17 août 1893. L’ auteur en dresse la chronologie. Les victimes en sont les Italiens (morts et de nombreux blessés). Massacre auquel ont participé les ouvriers , les trimards (vagabonds, sans emploi, nomades : les plus démunis) et une partie de la population Aigues-Mortaise.
L’auteur a fait des recherches sur le parcours des personnages représentant l’autorité (le Maire, le Préfet, le Procureur, les gendarmes, l’armée… )et la CSM, tous niant leur responsabilité.
Pour expliquer cette féroce attaque l’auteur analyse l’affaire Aigues-Mortes, à travers la situation de la France et de l’Italie pays tous deux touchés par la Dépression.
- Social (l’ affaire des Fourmies en France par exemple)
- Politique dans les deux pays également (En France la thèse nationaliste exacerbée par les lois de l’immigration (Barrès, Drumont…..), la thèse libérale…)
- La justice (dont l’indépendance n’est pas avérée dans cette affaire ; pression des groupes nationalistes, le jury de la cour d'assises d'Angoulême où a eu lieu le procès acquittera tous les accusés malgré des preuves accablantes. Ce qui constitue un scandale judiciaire)
- Les relations diplomatiques (résultant de l’ affaire de Tunis, la guerre de 1870 etc….)
Cependant « L'intérêt national » a incité les gouvernements français et italiens à « enterrer l'affaire ». C'est pourquoi, malgré son importance, cet événement a été ensuite occulté de la mémoire collective.
- L' importance de la Presse (nationale et locale) et son impact sur la population
Remarque : Les discours les plus nationalistes étaient tenus par les radicaux qui défendaient en même temps les « droits de l'homme » ! (grand écart !)
Rappel et incidence de l’affaire Dreyfus.
Viennent ensuite l’analyse par les experts, psychologues, anthropologues, sociologues…..
La mémoire, l’ oubli, la résurgence de l’affaire de longues années après
C’est au centenaire qu’est apposée une plaque commémorative sur la place d’Aigues-Mortes.
Une lecture très intéressante qui fait le lien entre l’immigration de l’époque (les Italiens) et celle d’ aujourd’hui (les maghrébins), le racisme qui ne se nommait pas en 1893, non plus que le « pogrom ».
Le chapitre sur la presse montre bien le pouvoir des » médias », à l’époque déjà avec des extraits judicieux des éditoriaux.
La conclusion de l’auteur aurait presque suffit à relater l’affaire, car bien argumentée.
Personnellement j’ignorais ce massacre, qui s’est déroulé dans ma région, à Aigue-Mortes , je n’avais pas le sentiment que l’immigration des Italiens avait été si dure, même si bien sur j’avais une connaissance du rejet et des noms péjoratifs qui leur étaient donnés.
Les immigrés sont exploités par les patrons et servent à ces derniers à exploiter également les ouvriers Français. (me semble que c’est encore d’actualité).
Il y a certaine lecture qui vous rappelle que c’est bien votre pays qui a adopté des lois qui ne l’honoraient pas. Il faut rester vigilent car certaines idées délatrices sont encore bien vivantes.
*Succinct résumé du massacre
- Spoiler:
- • 1ère rixe le 16 août : un des ouvriers français reproche à un ouvrier Piémontais de l’avoir touché ou frôlé avec la brouette, ça s’envenime, excédé le Piémontais (qui perd du temps de travail) plonge son vêtement plein de sueur et de sel dans le baquet d’eau potable des français
• J’ai mentionné le manque d’eau donc on peut mesurer la gravité du geste, de leur côté les français trop faibles sont humiliés de ne pouvoir suivre le rythme des Italiens.
• La CSM a baissé les salaires, mais consciente de la force des Italiens leur propose un salaire au rendement, qu’ils acceptent ; l’argent gagné durant le mois d’août leur permet de s’habiller toute l’année, c’est crucial aussi pour eux.
• Le 17 août, les trimards se déchainent s’attirant le soutien d’une grande partie de la population Aigues-Mortaise en évoquant (à tort) que des français sont morts dans les marais.
• 7 ou 8 morts, des disparus et de très nombreux blessés (la France et l’Italie ne sont pas d’accord sur les chiffres) mais tous les morts sont Italiens ainsi que la majorité des blessés.
PS j’ai trouvé dans cette lecture un éclairage quant aux propos de Bernanos sur les Républiques et la démocratie(les cimetières sous la lune)
Arensor ce livre devrait t’intéresser, et d'autres je pense
mots-clés : #social #historique #immigration
Dernière édition par Bédoulène le Ven 11 Aoû - 9:37, édité 2 fois
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Bédoulène- Messages : 21642
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Localisation : En Provence
Re: Gérard Noiriel
Merci Bédoulène : c'est édifiant à bien des points de vue.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
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Localisation : Guyane
Re: Gérard Noiriel
merci de m'avoir lu Tristram !
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Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Gérard Noiriel
Ca parait très intéressant!
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Localisation : Roanne
Re: Gérard Noiriel
oui topocl très, merci !
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Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : En Provence
Re: Gérard Noiriel
Merci beaucoup Bédou, c'est noté !
ArenSor- Messages : 3428
Date d'inscription : 02/12/2016
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