Raymond Radiguet
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Raymond Radiguet
Raymond Radiguet, né le 18 juin 1903 à Saint-Maur et mort le 12 décembre 1923 à Paris, est un écrivain français. Talent très précoce, il a écrit deux romans ayant connu un grand succès critique et populaire, Le Diable au corps et Le Bal du comte d'Orgel, publiés alors qu'il abordait la vingtaine.
Radiguet n'est pas sans rappeler Rimbaud. Parcours d'un météore, d'une étoile filante de la littérature française. Comme le bon (roi) Arthur, il se veut avant tout poète. Même si la postérité retiendra surtout son Diable au corps, il s'est fait reconnaître par ses pairs grâce à ses vers. Faisant partie de l'avant-garde post Première Guerre Mondiale, il fréquente les Tzara, Cocteau, Breton, Aragon, Modigliani et compagnie.
On lui prête une intimité avec Cocteau (son Verlaine à lui ?), mais il paraissait plus homme à femmes.
Comme Rimbaud, sollicitant Théodore de Banville, il envoie ses poèmes à un Apollinaire, qui semble l'ignorer. A 15 ans, il se vieillit de deux ans dans ses lettres, encore comme son illustre aîné.
Touchant.
source = Trois premières lignes piquées à wikipédia, le reste à mon cerveau paresseux.
Œuvres
Romans
Le Diable au corps, 1923
Le Bal du comte d'Orgel, 1924
Poésie
Les Joues en feu, 1920 : Page 1
Devoirs de vacances, 1921
Vers libres, 1926 (publication posthume)
Jeux innocents (publication posthume)
Théâtre
Les Pélican, 1919, comédie bouffe
Le Gendarme incompris, 1921. Critique bouffe en un acte de Jean Cocteau et Raymond Radiguet, musique de Francis Poulenc, mise en scène de Pierre Bertin, montée au Théâtre Michel
Correspondance
Lettres retrouvées de Raymond Radiguet, Omnibus, 446 p., 2012 : Page 1
màj le 22/04/2018
Invité- Invité
Re: Raymond Radiguet
Mes lectures du Diable au corps, et du Comte du bal d'Orgel remontent à trop loin pour en parler sereinement. Toutefois, je dois dire que Radiguet fait partie de mon panthéon, et Le diable au corps m'avait littéralement soufflé. Une plume incomparable, pour un des meilleurs romans jamais écrits.
Pour Tristram, et les amateurs d'extraits (tout justes sortis de mes archives) :
Je m'attèle désormais à la lecture de sa correspondance littéraire (1919 - 1923), où il échange avec les écrivains cités plus haut, les éditeurs, et amis. Il leur envoie poèmes en vers, en prose, et bons mots.
Je recopie celui que j'ai mis sur le fil poésie :
Hymen
En traversant le boulevard elle a changé de nom
Les arbres rougissent que disiez-vous
L'horizon se rouille
Sur le fil de fer une femme se promène
Elle n'a jamais vu le ciel
Son parapluie est noir
Tarif de nuit
Autre part ou ailleurs
Ici ce que nous ne voyons plus
Fouette la nuit qui se sauve sans rien dire
Un cheval lui donne des coups de pied
A demain
Raymond Radiguet
(poème adressé à Tzara en 1919, pour sa revue Dada)
Il ne s'agit pas de son recueil Les Joues en feu, d'ailleurs il écrit un court poème dans ses lettres portant titre de son futur recueil :
Insolemment à la beauté je me voue
Raison de plus pour ne plus penser qu'à vous
En plein été fallait-il que je l'avoue
Ni plus ni moins le soleil ou le courroux
En deux pêches transformera vos deux joues.
(coquinou le Raymond ! )
Et j'aime particulièrement cet enchaînement de vers envoyé dans un poème à Tzara (CMFH):
Les cordes du banjo sont nos nerfs
sifflez comme des serpents des frissons grimpent
le long
des jambes des femmes
Le livre en question :
mots-clés : #poésie
Pour Tristram, et les amateurs d'extraits (tout justes sortis de mes archives) :
« Celui qui aime agace toujours celui qui n’aime pas. »
« Tout amour comporte sa jeunesse, son âge mûr, sa vieillesse. Etais-je à ce dernier stade où déjà l’amour ne me satisfait plus sans certaines recherches. Car si ma volupté s’appuyait sur l’habitude, elle s’avivait de ces mille riens, de ces légères corrections infligées à l’habitude. Ainsi, n’est-ce pas d’abord dans l’augmentation des doses, qui vite deviendraient mortelles, qu’un intoxiqué trouve l’extase, mais dans le rythme qu’il invente, soit en changeant ses heures, soit en usant de supercheries pour dérouter l’organisme. »
« Si la jeunesse est niaise, c’est faute d’avoir été paresseuse. Ce qui infirme nos systèmes d’éducation, c’est qu’ils s’adressent aux médiocres, à cause du nombre. Pour un esprit en marche, la paresse n’existe pas. Je n’ai jamais plus appris que dans ces longues journées qui, pour un témoin, eussent semblé vides, et où j’observais mon cœur novice comme un parvenu observe ses gestes à table. »
Je m'attèle désormais à la lecture de sa correspondance littéraire (1919 - 1923), où il échange avec les écrivains cités plus haut, les éditeurs, et amis. Il leur envoie poèmes en vers, en prose, et bons mots.
Je recopie celui que j'ai mis sur le fil poésie :
Hymen
En traversant le boulevard elle a changé de nom
Les arbres rougissent que disiez-vous
L'horizon se rouille
Sur le fil de fer une femme se promène
Elle n'a jamais vu le ciel
Son parapluie est noir
Tarif de nuit
Autre part ou ailleurs
Ici ce que nous ne voyons plus
Fouette la nuit qui se sauve sans rien dire
Un cheval lui donne des coups de pied
A demain
Raymond Radiguet
(poème adressé à Tzara en 1919, pour sa revue Dada)
Il ne s'agit pas de son recueil Les Joues en feu, d'ailleurs il écrit un court poème dans ses lettres portant titre de son futur recueil :
Insolemment à la beauté je me voue
Raison de plus pour ne plus penser qu'à vous
En plein été fallait-il que je l'avoue
Ni plus ni moins le soleil ou le courroux
En deux pêches transformera vos deux joues.
(coquinou le Raymond ! )
Et j'aime particulièrement cet enchaînement de vers envoyé dans un poème à Tzara (CMFH):
Les cordes du banjo sont nos nerfs
sifflez comme des serpents des frissons grimpent
le long
des jambes des femmes
Le livre en question :
mots-clés : #poésie
Invité- Invité
Re: Raymond Radiguet
Soufflé pour une dizaine d'€, chez un bouquiniste pourtant réputé vorace en matière tarifaire, une édition du recueil "Les joues en feu" de 1925 (Grasset), en excellent état, comprenant une préface éthérée et maniérée de Max Jacob, et ce portrait de l'auteur par son ami Pablo Picasso:
Poèmes de jeunesse, écrits entre 14 et 18 ans, toutefois recueil à ne pas négliger, ni à prendre avec condescendance.
On voit tout le travail se mettre en place, des sixains en particuliers de belle facture, la déprise partielle de la rime, et, aussi, toute la désinvolture et la naïveté peut-être propre à l'âge, mais qui assurent une belle fraîcheur à ces vers, comme par exemple ce L'Ange, virevoltant exercice sans rime sauf cas fortuits, ni souci du nombre de pieds:
L'ANGE
Au front de bon élève, l’ange
Lauré de fleurs surnaturelles.
Pour ne pas manquer ses calculs,
Appliqué, il tire la langue,
Tentant de suivre à cloche-pied,
Au verger des quatre saisons,
Le pointillé de leurs frontières.
La neige, est-ce bon à manger ?
L’ange pillard en a tant mis
Dans sa poche, à jamais il reste
Parmi nous les forçats terrestres
Que cette boule rive au sol,
Faite en neige qu’on croit légère.
Sans cesse empêché dans son vol,
Comme nous dans notre délire,
Cet ange enchaîné bat des ailes,
De ses amis implorant l’aide ;
Aussitôt qu’il s’élève un peu,
Retombe dans les marronniers,
Où la gomme de leurs bourgeons
S’accrochant à ses cheveux d’ange
L’empêche à jamais de nier.
Croyez-vous que ce soit pour rien,
Qu’au poirier le pépiniériste
Laisse blettir ses belles poires ?
C’est qu’on reconnaît le voleur,
À la molle empreinte du doigt.
Mais Dieu examine les mains
Des anges voleurs de framboises,
Des assassins, chaque dimanche,
Et dans les mains les plus sanglantes,
Met des livres dorés sur tranches.
Dites ce que sont vos prisons,
Demande l’ange par trop niais,
Aux deux gendarmes l’emmenant
Avec pièce à conviction,
Dans le char des quatre saisons.
mots-clés : #poésie
Poèmes de jeunesse, écrits entre 14 et 18 ans, toutefois recueil à ne pas négliger, ni à prendre avec condescendance.
On voit tout le travail se mettre en place, des sixains en particuliers de belle facture, la déprise partielle de la rime, et, aussi, toute la désinvolture et la naïveté peut-être propre à l'âge, mais qui assurent une belle fraîcheur à ces vers, comme par exemple ce L'Ange, virevoltant exercice sans rime sauf cas fortuits, ni souci du nombre de pieds:
L'ANGE
Au front de bon élève, l’ange
Lauré de fleurs surnaturelles.
Pour ne pas manquer ses calculs,
Appliqué, il tire la langue,
Tentant de suivre à cloche-pied,
Au verger des quatre saisons,
Le pointillé de leurs frontières.
La neige, est-ce bon à manger ?
L’ange pillard en a tant mis
Dans sa poche, à jamais il reste
Parmi nous les forçats terrestres
Que cette boule rive au sol,
Faite en neige qu’on croit légère.
Sans cesse empêché dans son vol,
Comme nous dans notre délire,
Cet ange enchaîné bat des ailes,
De ses amis implorant l’aide ;
Aussitôt qu’il s’élève un peu,
Retombe dans les marronniers,
Où la gomme de leurs bourgeons
S’accrochant à ses cheveux d’ange
L’empêche à jamais de nier.
Croyez-vous que ce soit pour rien,
Qu’au poirier le pépiniériste
Laisse blettir ses belles poires ?
C’est qu’on reconnaît le voleur,
À la molle empreinte du doigt.
Mais Dieu examine les mains
Des anges voleurs de framboises,
Des assassins, chaque dimanche,
Et dans les mains les plus sanglantes,
Met des livres dorés sur tranches.
Dites ce que sont vos prisons,
Demande l’ange par trop niais,
Aux deux gendarmes l’emmenant
Avec pièce à conviction,
Dans le char des quatre saisons.
mots-clés : #poésie
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Raymond Radiguet
Du même recueil ce Déplacements et villégiatures, étonnant et atypique, on peut l'inscrire, je crois, dans une mouvance dada/futur surréalisme.
Au sein des villes qui ont dès longtemps atteint l’âge de la stérilité, ah si l’encre pouvait se tarir !
Dans un magasin où je cueillais des Giroflées de Suède, nous frôlâmes Gertrude que l’on voit une seule fois pendant son séjour sur la terre ou la mer. Enseigne des gantiers : une attrayante image de la mort. Cette main de fer au-dessus de ma tête, n’est-ce pas aussi ma main que ne savent éviter les mouches ?
En robe du soir, l’infante de la dune frileuse m’offre son lait. Elle m’apprend à marcher sur le sable sans y laisser de traces. Nous nous exprimons dans des langues plus ou moins mortes. Cependant, le cavalier, à qui la mer va comme un gant, le futur noyé, l’oreille contre les vagues, les écoute décider de son sort, sans comprendre.
mots-clés : #poésie
Déplacements et villégiatures
I
Au sein des villes qui ont dès longtemps atteint l’âge de la stérilité, ah si l’encre pouvait se tarir !
Dans un magasin où je cueillais des Giroflées de Suède, nous frôlâmes Gertrude que l’on voit une seule fois pendant son séjour sur la terre ou la mer. Enseigne des gantiers : une attrayante image de la mort. Cette main de fer au-dessus de ma tête, n’est-ce pas aussi ma main que ne savent éviter les mouches ?
II
En robe du soir, l’infante de la dune frileuse m’offre son lait. Elle m’apprend à marcher sur le sable sans y laisser de traces. Nous nous exprimons dans des langues plus ou moins mortes. Cependant, le cavalier, à qui la mer va comme un gant, le futur noyé, l’oreille contre les vagues, les écoute décider de son sort, sans comprendre.
mots-clés : #poésie
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
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