Louis-Ferdinand Céline
Page 6 sur 9 • Partagez
Page 6 sur 9 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Re: Louis-Ferdinand Céline
merci pour cet extrait !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21098
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Louis-Ferdinand Céline
Il y a une phrase qui a été attribuée à nombre d'auteurs (Voltaire, Rousseau, Arendt), enfin peu importe qui en est l'auteur, mais elle résume ma pensée :
Rien de plus à ajouter.
Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.
Rien de plus à ajouter.
Invité- Invité
Re: Louis-Ferdinand Céline
j'adhère à cette phrase Arturo ! c'est notre droit à l'expression !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21098
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Louis-Ferdinand Céline
Je n'avais pas songé que Céline ait pu tout bêtement être opportuniste. On lui reprocherait alors de s'être trompé de cheval. C'est piquant, d'une époque où le carriériste fait florès, où le méritocrate ne voit même pas ceux qu’il écrase, où l'arrivisme est devenu la norme, où l'ambition est la première qualité (et où tout scrupule est honni). Pour connaître l’entreprise (c'est-à-dire nombre d’entreprises de France et d’ailleurs sur quelques décennies), je peux dire que la fin y justifie si bien les moyens (seul est interdit de se faire prendre, mais tout s’achète) que le libéralisme économique équivaut à un désaveu de toute éthique.
Blâmer Céline pour avoir fait le buzz avec un complotisme délirant est en effet plaisant vu d’aujourd’hui, quand les dents du Rastignac de base raient impunément le parquet des couloirs de tous nos établissements.
Je pense cependant que la mégalomanie de Céline doit beaucoup plus à l’aveuglement d’une fixation psychopathique que je rapprocherais plutôt de la conviction indiscutable type foi religieuse, supporteur sportif ou autre obtusion mentale.
J’ai soigneusement noté que d’après le CAIRN, les pamphlets ont du style et sont de la littérature.
Il me semble évident que l’étude de l’éloquence efficace de Céline et Hitler constitue un premier pas pour se protéger à l’avenir de leurs émules.
Blâmer Céline pour avoir fait le buzz avec un complotisme délirant est en effet plaisant vu d’aujourd’hui, quand les dents du Rastignac de base raient impunément le parquet des couloirs de tous nos établissements.
Je pense cependant que la mégalomanie de Céline doit beaucoup plus à l’aveuglement d’une fixation psychopathique que je rapprocherais plutôt de la conviction indiscutable type foi religieuse, supporteur sportif ou autre obtusion mentale.
J’ai soigneusement noté que d’après le CAIRN, les pamphlets ont du style et sont de la littérature.
Il me semble évident que l’étude de l’éloquence efficace de Céline et Hitler constitue un premier pas pour se protéger à l’avenir de leurs émules.
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Louis-Ferdinand Céline
April a écrit:Aventin a écrit:Ah, j'oubliais !
Au sujet de l'esclavage, depuis les yes men on sait que ce n'est pas une bonne affaire économique du tout (il faut les nourrir, les payer, les loger, les soigner, les retraiter, s'occuper de leur progéniture tant qu'elle n'est pas opé pour bosser, etc.).
Alors qu'on peut payer trois cacahuètes une main-d'œuvre révocable à merci, en privatisant les bénéfices et en de départissant des soins et coûts auprès d'États qui n'ont de souverain que le nom, contrôlables et endettés, donc dépendants, à souhait.
Bien fait pour les esclavagistes !
Je dirais plutôt mal fait pour les bonnes consciences, et le prêt-à-penser .
Désolé qu'il faille comprendre l'anglais (et aussi de la piètre qualité de la vidéo) mais ce canular-là fut un sommet: donc les yes men (quelque chose comme les béni oui-oui, en français) se font passer pour des membres influents et diplômés du WTO (World Trade Organization, l'acronyme français c'est l'OMC, l'Organisation Mondiale du Commerce), et parviennent à se faire inviter à une conférence à Tampere, Finlande.
Expliquent, démontrent, devant un parterre d'experts et de représentants de la presse, sans aucune réaction négative de la salle, combien un esclave coûte davantage qu'un employé délocalisé.
Il faut qu'ils en arrivent au grotesque tendance burlesque, à savoir évoquer un appareil en forme de phallus poussant au cul les employés à distance, et en contrôlant la soumssion totale, pour avoir quelques menus éclats de rire.
Mais le canular ne fut pas, alors, découvert, les réactions se limitant à une dame de l'assistance qui se trouvera tout de même offensée...mais du seul fait que l'objet représentait un pénis, et donc qu'il soit masculin !
Ce qui en dit assez long, je crois.
Étienne de La Boëtie aurait peut-être estimé que, près de 450 ans après sa parution, le Discours de la servitude volontaire n'a toujours pas fait son chemin...
(en farfouillant sur la Toile vous trouverez d'autres exploits du duo yes men, qui dessillent, ou du moins devrait le faire...notamment celui consistant à recycler les excréments pour les faire manger aux pauvres).
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Louis-Ferdinand Céline
Arturo a écrit:Il y a une phrase qui a été attribuée à nombre d'auteurs (Voltaire, Rousseau, Arendt), enfin peu importe qui en est l'auteur, mais elle résume ma pensée :Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.
Rien de plus à ajouter.
Arturo tu te battrais jusqu'à la mort pour que je puisse dire ce que je pense vraiment ? Mais tu clos le dialogue en me promettant de ne plus échanger avec moi sur ce sujet.
Invité- Invité
Re: Louis-Ferdinand Céline
Ils étaient imaginatifs et gonflés les Yes Men !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Louis-Ferdinand Céline
April a écrit:Arturo a écrit:Il y a une phrase qui a été attribuée à nombre d'auteurs (Voltaire, Rousseau, Arendt), enfin peu importe qui en est l'auteur, mais elle résume ma pensée :Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.
Rien de plus à ajouter.
Arturo tu te battrais jusqu'à la mort pour que je puisse dire ce que je pense vraiment ? Mais tu clos le dialogue en me promettant de ne plus échanger avec moi sur ce sujet.
Ben oui je me battrai pour entendre toutes les opinions, mêmes celles qui me déplaisent au plus haut point, celles qui me désespèrent... Je ne clos rien, je dis simplement que je n'ai rien à ajouter, j'ai déjà clarifié ma position qui se place contre toute forme de censure. Tu as aussi bien explicité ta position sur le sujet. Je l'ai comprise, en fait, je l'ai comprise avant que tu n'interviennes car tu n'es ni la première ni la dernière à tenir ce discours. Et c'est à chaque fois Céline l'exemple premier que l'on cite pour cette position. C'est un débat qui revient encore et encore depuis des années.
Invité- Invité
Re: Louis-Ferdinand Céline
bix_229 a écrit:Ils étaient imaginatifs et gonflés les Yes Men !
Invité- Invité
Re: Louis-Ferdinand Céline
Arturo a écrit:April a écrit:Arturo a écrit:Il y a une phrase qui a été attribuée à nombre d'auteurs (Voltaire, Rousseau, Arendt), enfin peu importe qui en est l'auteur, mais elle résume ma pensée :
Rien de plus à ajouter.
Arturo tu te battrais jusqu'à la mort pour que je puisse dire ce que je pense vraiment ? Mais tu clos le dialogue en me promettant de ne plus échanger avec moi sur ce sujet.
Ben oui je me battrai pour entendre toutes les opinions, mêmes celles qui me déplaisent au plus haut point, celles qui me désespèrent... Je ne clos rien, je dis simplement que je n'ai rien à ajouter, j'ai déjà clarifié ma position qui se place contre toute forme de censure. Tu as aussi bien explicité ta position sur le sujet. Je l'ai comprise, en fait, je l'ai comprise avant que tu n'interviennes car tu n'es ni la première ni la dernière à tenir ce discours. Et c'est à chaque fois Céline l'exemple premier que l'on cite pour cette position. C'est un débat qui revient encore et encore depuis des années.
C'est vrai que le pauvre Céline ! Qu'est-ce qu'il prend !!! Je l'imagine bien pleurant au fond de son tombeau et se plaignant de l'ingratitude humaine !!! Mais toi, Arturo, on dirait qu'on parle de ton cousin ou de ton frère ! Ôte-moi d'un doute c'était pas un de tes amis ? Oh eh Arturo ! On peut plus rigoler ?
Invité- Invité
Re: Louis-Ferdinand Céline
Ah ! reductio ad Hitlerum et loi de Godwin, ce bon vieux Céline demeure quand même le meilleur pour mettre de l'animation dans les chaumières...
Ça fait 24 heures que je me répète le bon vieux mantra, "I won't fall into the trap"...
(Pas encore lu La trahison d'Edward O. Wilson ni vu les Yes-men, j'y reviens si affinités.)
Ça fait 24 heures que je me répète le bon vieux mantra, "I won't fall into the trap"...
(Pas encore lu La trahison d'Edward O. Wilson ni vu les Yes-men, j'y reviens si affinités.)
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Louis-Ferdinand Céline
April a écrit:Arturo a écrit:April a écrit:
Arturo tu te battrais jusqu'à la mort pour que je puisse dire ce que je pense vraiment ? Mais tu clos le dialogue en me promettant de ne plus échanger avec moi sur ce sujet.
Ben oui je me battrai pour entendre toutes les opinions, mêmes celles qui me déplaisent au plus haut point, celles qui me désespèrent... Je ne clos rien, je dis simplement que je n'ai rien à ajouter, j'ai déjà clarifié ma position qui se place contre toute forme de censure. Tu as aussi bien explicité ta position sur le sujet. Je l'ai comprise, en fait, je l'ai comprise avant que tu n'interviennes car tu n'es ni la première ni la dernière à tenir ce discours. Et c'est à chaque fois Céline l'exemple premier que l'on cite pour cette position. C'est un débat qui revient encore et encore depuis des années.
C'est vrai que le pauvre Céline ! Qu'est-ce qu'il prend !!! Je l'imagine bien pleurant au fond de son tombeau et se plaignant de l'ingratitude humaine !!! Mais toi, Arturo, on dirait qu'on parle de ton cousin ou de ton frère ! Ôte-moi d'un doute c'était pas un de tes amis ? Oh eh Arturo ! On peut plus rigoler ?
A titre personnel je me contrefous du cas Céline. En revanche, j'ai beaucoup de mal avec l'hystérie puritaine qui traverse nos sociétés, et à comprendre que même des esprits dits libertaires puissent avoir une conception de la liberté d'expression à géométrie variable.
Cela dit, je me sens souvent bien plus proche de certains auteurs, dont Céline, que de bon nombre de mes contemporains.
Tristram a écrit:Ah ! reductio ad Hitlerum et loi de Godwin, ce bon vieux Céline demeure quand même le meilleur pour mettre de l'animation dans les chaumières...
Ça fait 24 heures que je me répète le bon vieux mantra, "I won't fall into the trap"...
(Pas encore lu La trahison d'Edward O. Wilson ni vu les Yes-men, j'y reviens si affinités.)
Il y a toujours quelqu'un pour remettre une pièce dans la machine !
Et j'essaie tout autant de combattre l'auto-censure, même si ça finit par devenir une forme de protection nécessaire selon les situations.
Invité- Invité
Re: Louis-Ferdinand Céline
Peut-on raisonnablement penser, espérer, indépendemment de ce que nous disons, affichons, débattons sur ce forum depuis des mois et des années, ne reflète pas uniquement le conformisme ambiant, un plaidoyer dogmatique pour soi, une auto justification permanente, la volonté de s'affimer à tout prix ?
Mais aussi peut etre l'affirmation sincère de convictions personnelles, de recherches hésitantes et
parfois maladroites vers une forme d'authenticité. Et aussi un besoin d'illusions vitales dont nous avons tant besoin.
Je crois, je veux croire que c'est surtout ce qui s'exprime ici malgré les divergence et les
opppsitions...
Mais aussi peut etre l'affirmation sincère de convictions personnelles, de recherches hésitantes et
parfois maladroites vers une forme d'authenticité. Et aussi un besoin d'illusions vitales dont nous avons tant besoin.
Je crois, je veux croire que c'est surtout ce qui s'exprime ici malgré les divergence et les
opppsitions...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Louis-Ferdinand Céline
bix_229 a écrit:Ils étaient imaginatifs et gonflés les Yes Men !
Ça y est je l'ai trouvée (bon, en anglais sous-titré portugais...) toujours de piètre qualité, les yes men se faisant passer, là aussi, pour des membres du WTO (OMC).
Cette fois-ci devant un parterre universitaire, le canular tient bien, l'assistance croit vraiment avoir affaire à des représentant du l'OMC/WTO, là il y a en revanche réaction du public, pas comme à Tampere.
Sur l'idée de recycler des excréments pour les donner à manger aux pauvres, les yes men parviennent à faire dire, à faire prendre conscience au public que les animaux domestiques des pays riches sont nettement mieux traités que les être humains des pays pauvres...
(et je n'oublie que le bon Docteur Destouches, établi dans un quartier populaire, soignait gratuitement les pauvres à une époque d'avant la Sécurité Sociale)
Aventin- Messages : 1984
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Louis-Ferdinand Céline
Et c'est le même qui s'insurgeait, dans Bagatelles pour un massacre, qu'on serve du vin plutôt que du lait aux enfants à la cantine : l'histoire n'est décidément pas si simple...
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15616
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Louis-Ferdinand Céline
Oui et Hitler aimait les chiens et caressait la tête des enfants tandis qu'il en envoyait d'autres brûler vifs ! non mais ho !!
Invité- Invité
Re: Louis-Ferdinand Céline
Je suis bien avancé dans ma lecture de Rigodon, dernier acte de la Trilogie allemande.
Dernier texte de Céline avant sa mort, il laisse un texte complet mais qui n'avait pas reçu la dernière mise au point d'une copie définitive : à comprendre un manuscrit à déchiffrer ! De cette errance célinienne dans l'Allemagne nazie, Gide en disait : « Ce n'est pas la réalité que peint Céline, c'est l'hallucination que la réalité provoque. »
Et Céline est toujours dans une forme d'excès, où réalité et hallucinations semblent se mêler. Cette trilogie allemande n'est pas ce que je préfère de l'auteur, j'ai été davantage happé par ses premiers livres. Certainement car l'époque de la seconde guerre mondiale m'intéresse moins, tant j'en ai été abreuvé depuis tout petit, jusqu'à l'overdose, peut-être bien. Aussi car Céline est parfois moins intéressant, moins jubilatoire que dans un Casse-pipe, ou un Voyage au bout de la nuit, ou encore Guignol's band, en tout cas c'est mon avis, et aussi trop geignard dans D'un château l'autre, ou Nord. C'est un peu moins le cas ici, hormis dans les premières pages où il prophétise la fin de la race blanche et le grand métissage. Il y a certainement un intérêt historique dans cette trilogie, mais ce n'est pas vraiment ce qui m'intéresse chez l'auteur et de manière plus générale dans l'écriture. Le style avant tout, chez Céline. Rigodon, n'en manque néanmoins pas.
Un passage parmi tant d'autres :
Je n'en veux pas à Céline pour cette trilogie allemande un peu moins jouissive que ses premiers opus, non, non. D'ailleurs, si j'ai un jour un fils je l'appellerai Louis-Ferdinand, et une fille : Céline, bien entendu !
Dernier texte de Céline avant sa mort, il laisse un texte complet mais qui n'avait pas reçu la dernière mise au point d'une copie définitive : à comprendre un manuscrit à déchiffrer ! De cette errance célinienne dans l'Allemagne nazie, Gide en disait : « Ce n'est pas la réalité que peint Céline, c'est l'hallucination que la réalité provoque. »
Et Céline est toujours dans une forme d'excès, où réalité et hallucinations semblent se mêler. Cette trilogie allemande n'est pas ce que je préfère de l'auteur, j'ai été davantage happé par ses premiers livres. Certainement car l'époque de la seconde guerre mondiale m'intéresse moins, tant j'en ai été abreuvé depuis tout petit, jusqu'à l'overdose, peut-être bien. Aussi car Céline est parfois moins intéressant, moins jubilatoire que dans un Casse-pipe, ou un Voyage au bout de la nuit, ou encore Guignol's band, en tout cas c'est mon avis, et aussi trop geignard dans D'un château l'autre, ou Nord. C'est un peu moins le cas ici, hormis dans les premières pages où il prophétise la fin de la race blanche et le grand métissage. Il y a certainement un intérêt historique dans cette trilogie, mais ce n'est pas vraiment ce qui m'intéresse chez l'auteur et de manière plus générale dans l'écriture. Le style avant tout, chez Céline. Rigodon, n'en manque néanmoins pas.
Un passage parmi tant d'autres :
[…] nous roulions !... ah le paysage charmant !... enfin, un peu flou... je dirais : poétique... les autres trimbalés derrière nous, des autres plates-formes, doivent trembler aussi... je les aperçois comme ci... comme ça... entre les bâches et les projecteurs, ils semblent comme nous recroquevillés et pas fiers... ils sont un peu plus vêtus que nous... enfin je crois... mais sûr il en reste sous les bâches, c'est pas tout du matériel... y a des planqués de la ferraille !... des resquilleurs de je ne sais où... des gens qui ne veulent pas être vus... nous sommes là à bringuebaler sur ces plates-formes avec plein de personnes invisibles... coexistence se dit maintenant... en avant donc, coexistants !... que nous roulions, l'essentiel !... même avec ces dissimulés nous arriverons à Hambourg, à moins que ce train saute !... ce qu'on ne voit pas qui compte dans la vie, ce qui se voit s'entend n'est que mascarade, coups de gueule, théâtre !... ce qui se passe au fond de votre prostate qu'est intéressant, ce millionième de gamète qui décide qu'il en a assez, qu'il obéit plus aux ordres, qu'il va travailler pour son compte, foutre des marquises et du petit ami ! qu'il va proliférer et hop ! vite, pour lui, lui-même ! vous à la fosse ! hop ! vous le verrez jamais ce millionième d'anarchiste gamète crasseux cancéreux !... vous sauriez même pas qu'il a existé !... hé là ! si je prolifère je vous perds de vue... oh là ! acré !... battre la campagne ?... je vous ai prévenu, certes !... ma tête !... ma tête fait aussi des siennes... oh, que je refuse !... et vous ramène à notre plate-forme... roulante... à tout cet énorme bastringue et tous ces gens repliés entre les dynamos... voilà ! pas à se plaindre, on avance... sous ces bâches sûr il y a du monde... j'insiste ! qui vivra verra !... Henri IV alors ? Romanoff ?... Louis XV ?... ils vivaient pas, et très bien, leurs assassins sous toutes les portes ?... à tous les coins de rues ?... ces choses-là, comme vous savez, regardent les Parques, pas du tout nous !... résumons : ce coup de brique m'a pas arrangé... soit ! mais nullement déprimé... du tout !... je dirais même, au contraire !... porté à une certaine gaieté !... un peu spéciale... ainsi les chaumières me semblent devenues assez artistes... des deux côtés du paysage... je dirais elles font tableaux, elles penchent et gondolent... surtout les cheminées... c'est une vision, c'est un style[…]
Je n'en veux pas à Céline pour cette trilogie allemande un peu moins jouissive que ses premiers opus, non, non. D'ailleurs, si j'ai un jour un fils je l'appellerai Louis-Ferdinand, et une fille : Céline, bien entendu !
Invité- Invité
Re: Louis-Ferdinand Céline
C'est celui dont on dit qu'il l'a fini le jour de sa mort ?
Il y a toujours les ... !
Il y a toujours les ... !
Invité- Invité
Re: Louis-Ferdinand Céline
Tristram a écrit:Je n'avais pas songé que Céline ait pu tout bêtement être opportuniste. On lui reprocherait alors de s'être trompé de cheval. C'est piquant, d'une époque où le carriériste fait florès, où le méritocrate ne voit même pas ceux qu’il écrase, où l'arrivisme est devenu la norme, où l'ambition est la première qualité (et où tout scrupule est honni). Pour connaître l’entreprise (c'est-à-dire nombre d’entreprises de France et d’ailleurs sur quelques décennies), je peux dire que la fin y justifie si bien les moyens (seul est interdit de se faire prendre, mais tout s’achète) que le libéralisme économique équivaut à un désaveu de toute éthique.
Blâmer Céline pour avoir fait le buzz avec un complotisme délirant est en effet plaisant vu d’aujourd’hui, quand les dents du Rastignac de base raient impunément le parquet des couloirs de tous nos établissements.
.
Chamaco- Messages : 4307
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 77
Localisation : Corse du sud
Re: Louis-Ferdinand Céline
janis a écrit:C'est celui dont on dit qu'il l'a fini le jour de sa mort ?
Il y a toujours les ... !
Celui-ci même, oui.
... !
Invité- Invité
Page 6 sur 9 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
Page 6 sur 9
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|