Re: Citation du jour

par **bix_229** Jeu 15 Nov - 23:04

Judith n'est pas une femme heureuse. Mais il se dégage une sorte de rayonnement

heureux de ses mauvais choix, un certain à-propos esthétique et discipliné de ses

chants funèbres.

Judith est connaisseuse ; éclat blanc du sourire, dents peut-être un peu trop larges

pour la véritable tristesse, yeux magnifiques, parfaitement accordés à son personnage qui brillent

comme si elle était sur le point de pleurer.

Elizabeth Hardwick : Nuits sans sommeil

par **Nadine** Sam 24 Nov - 12:42

Yehudi Menuhim , à B.Monsaingeon :

"cela remonte à 1965; Glenn Gould m'avait invité à participer à l'une de ses émissions télévisées et m'avait demandé de jouer avec lui 2 sonates de Bach et et Beethoven ainsi que ...la Fantaisie de Schoenberg. comme vous le savez, Schoenberg ne figure pas parmi les compositeurs du 20eme siècle qui m'attirent irrésistiblement, et je suis arrivé chez Glenn à Toronto pour notre répétition après avoir lu la Fantaisie de Schoenberg, mais sans la connaître ni l'aimer vraiment.Et j'ai rencontré un homme de génie pour lequel les structures et le langage de Schoenberg étaient des éléments naturels. Nous travaillâmes ensemble la Fantaisie et il sut merveilleusement me transmettre la compréhension profonde et l'amour véritable qu'il avait pour cette musique. ce fut une révélation.

Glenn Gould, à B.Monsaingeon :

"2 jours avant le tournage, Yehudi est arrivé à Toronto, connaissant à peine la Fantaisie de Schoenberg. Au fur et à mesure que nous la travaillions, je fus le témoin de son immersion progressive dans l'oeuvre, dont il donna pour finir une lecture déchirante d'intensité poétique. ce fut une révélation."

par **Nadine** Sam 24 Nov - 13:05

J'adore leur commentaire croisé mais ça reste très difficile pour moi d'apprécier cette partition.

par **Tristram** Lun 26 Nov - 12:36

Alors pour moi, Schoenberg, j'te dis même pas.

« Tous les mots et toutes les formules ne possèdent pas la puissance d'évoquer des images ; et il en est qui, après en avoir évoqué, s'usent et ne réveillent plus rien dans l'esprit. Ils deviennent alors de vains sons, dont l'utilité principale est de dispenser celui qui les emploie de l'obligation de penser. Avec un petit stock de formules et de lieux communs appris dans la jeunesse, nous possédons tout ce qu'il faut pour traverser la vie sans la fatigante nécessité d'avoir à réfléchir sur quoi que ce soit. »
Auguste Le Bon, « Psychologie des foules », livre II, chapitre II, 1

par **Aventin** Mer 28 Nov - 20:10

Celle-ci, trouvée au fil d'une lecture en cours, me plaît vraiment beaucoup:

Jacques Réda, Ponts flottants a écrit:

A clés de vent, serrures de fumée.

par Invité Jeu 29 Nov - 11:26

Être amoureux, c'est se créer une religion dont le dieu est faillible.

Jorge Luis Borges, Enquêtes, La rencontre en rêve.

par **Tristram** Jeu 29 Nov - 11:54

Merci Arturo ! Tu me permets ainsi de savoir que j'ai lu ce livre : j'avais noté cette même phrase !

par **ArenSor** Lun 3 Déc - 20:33

A propos de la nouvelle traduction des oeuvres de Kafka, la lettre de la Pléiade cite ce texte qui me parle :

« Hélas, dit la souris, le monde devient de jour en jour plus exigu. Au début, il était si vaste que j’en éprouvais de l’angoisse, puis j’ai continué à courir et déjà des murs se dressaient au loin, à gauche et à droite, et maintenant – cela ne fait pas si longtemps que j’ai commencé à courir – je me trouve dans la pièce qui m’est destinée, et là-bas, dans le coin, se trouve le piège vers lequel je cours – Tu n’as qu’à changer le sens de la course », dit le chat et il la dévora.
F. Kafka

par **églantine** Lun 3 Déc - 20:54

Oui ça me parle aussi Arensor .
Et j'en rêve de lire Kafka dans cette nouvelle traduction en Pléiade .

par **Tristram** Lun 3 Déc - 21:30

Ce n'était pas plutôt un post pour le fil "actualité", ArenSor ?

par **ArenSor** Mar 4 Déc - 19:39

églantine a écrit:Oui ça me parle aussi Arensor .
Et j'en rêve de lire Kafka dans cette nouvelle traduction en Pléiade .

Spoiler:

Je crois qu’on ne devrait somme toute lire que des livres qui mordent et piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon lire ce livre ? Pour qu’il nous rende heureux, comme tu l’écris ? Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n’avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions à la rigueur en écrire nous-mêmes. Mais nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu’un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions chassés dans des forêts, loin de tous les hommes, comme un suicide — un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois.
Lettre de Kafka à Oskar Pollak, 27-1-1904

par **Chamaco** Mar 4 Déc - 19:54

Arturo a écrit:
Être amoureux, c'est se créer une religion dont le dieu est faillible.

Jorge Luis Borges, Enquêtes, La rencontre en rêve.

Celle là j'adore, mais de Dieu à Diable n'y a t'il qu'un pas..? Very Happy

par **Chamaco** Mar 4 Déc - 21:34

"[Ce soir, je viens ici pour la dernière fois, je vais quitter ce pays […] Ce soir, c’est la tristesse des heures crépusculaires, au milieu de cette solitude sans fin […] La grande masse sombre de l’arbre isolé se dresse devant moi […] Le temps n’a pas de prise sur un tel pays désolé […] Il y a dix siècles, le grand arbre des dunes existait déjà, dans dix siècles il n’aura sans doute qu’à peine un peu plus étendu ses branches monstrueuses.[…] Mais ce désert inchangeable et triste ne m’intéresse plus, ma pensée est entièrement prise par notre amour ma bien-aimée. Nous dont l’existence ne se compte que par années, où seront nous seulement dans dix ans ? […] Encore quelques années, et nous ne serons plus rien… Mais les daturas d’Afrique continueront à fleurir, avec leur parfum de belladone, et le grand arbre des dunes élèvera toujours sa tête sombre au-dessus des brumes du soir…"
Pierre Loti, le Journal d'un Spahi

par **Tristram** Mer 5 Déc - 1:20

Le président aurait dit a écrit:« Les Français […] sont tous […] des bœufs […] mais je les […] gouverne […] fermement »

par **Chamaco** Mer 5 Déc - 10:14

Le navire se balançait lentement sur place, en rendant toujours sa même plainte, monotone comme une chanson de Bretagne répétée en rêve par un homme endormi.
Pierre Loti, Pêcheur d'Islande

par **bix_229** Mer 5 Déc - 15:54

Le rebelle ne doit pas être confondu avec le criminel, meme si la société le flétrit souvent du nom de criminel, meme si le criminel se fait maintes fois passer pour rebelle afin d’anoblir ses actions.
Le rebelle est seul.

Hermann Broch : Les Somnambules. - Gallimard

Toute vérité à l'intérieur du monde empirique a tendance à "s'absolutiser", elle oublie qu'elle n'est qu'une vérité
partielle et une approximation et elle devient dogme.
Broch : Lettres. - Gallimard

par **animal** Mer 5 Déc - 21:09

Pour topocl :

Romain Gary, Le luth a écrit:Une abeille bourdonna un moment au-dessus de la nappe, entre le miel et le vase de fleurs ; sur le Bosphore, un caïque passa avec juste ce qu'il fallait de langueur pour ne rien demander à la paresse de l’œil ; on entendit un crissement de roues sur le gravier.

par **Quasimodo** Mer 5 Déc - 21:32

C'est vrai que c'est doux.

par **Bédoulène** Jeu 6 Déc - 8:31

bix_229 a écrit:Le rebelle ne doit pas être confondu avec le criminel, meme si la société le flétrit souvent du nom de criminel, meme si le criminel se fait maintes fois passer pour rebelle afin d’anoblir ses actions.
Le rebelle est seul.

Hermann Broch : Les Somnambules. - Gallimard

Toute vérité à l'intérieur du monde empirique a tendance à "s'absolutiser", elle oublie qu'elle n'est qu'une vérité
partielle et une approximation et elle devient dogme.
Broch : Lettres. - Gallimard

par Invité Jeu 6 Déc - 22:27

D'actualité ?

Il fallait sûrement une nouvelle révolution. Mais de révolution en révolution, atteindrons-nous jamais ce que nous cherchons ?

Emmanuel Dongala, Un fusil dans la main, un poème dans la poche.

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