Citation du jour
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Re: Citation du jour
Départs
L'ombellifère guindée de notre tendresse déploie au grand jour ses secrets
tressaillements, les cordes du violoncelle intérieur vibrent au moindre
hennissment de la locomotive.
La sirène du bateau crache son cri strident à travers les airs et les muscles
indociles qui nous agitent font tomber le masque peint à meme la peau.
Les mousses énigmatiques du centre se soulèvent et voguent sans ordre
et sur les plaines de notre ancienne indifférence.
N' y a t-il pas un peu de mort dans cet arrachement soudain du crabe qui
mord nous entrailles ?
Lorenzo Pestelli : Le Long été. - Ed. Zoé
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
« Le sacré est là ‒ dans la rencontre qui vous augmente, qui vous change sans vous dénaturer ‒, mais les dieux ne parlent plus à l’art, ne lui ordonnent plus, c’est l’homme qui parle, qui avance en rebelle, comme dans cette évolution subtile qui, de l’Iliade à l’Odyssée, fit que les dieux finirent par se mettre en retrait pour laisser agir et décider l’intelligence d’Ulysse. »
Patrick Chamoiseau, La matière de l'absence
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
Un passage orwellien d'un livre que je vais bientôt évoquer plus avant :
« Le civil – un homme sombre au visage décomposé par la peur ‒ se débattait et appelait au secours. On lisait dans ses yeux une panique folle. Les policiers le soulevèrent de terre en le prenant par les bras et les jambes. Ses livres tombèrent. « À l’aide ! » cria-t-il d’une voix étranglée par l’émotion, tandis que les grands policiers l’emmenaient vers les portes grandes ouvertes de l’ambulance et l’y faisaient entrer de force. « La police ! Au secours ! La police ! » Les portes furent fermées, verrouillées, et l’ambulance repartit dans la nuit. Quelle ironie totalement dépourvue d’humour dans la panique ridicule de cet homme qui appelait la police à l’aide, alors que des policiers l’immobilisaient. Son appel à l’aide futile et ridicule fit amèrement sourire Yossarian ; puis il comprit soudain que les mots étaient ambigus, il comprit avec stupéfaction qu’ils ne signifiaient peut-être pas un appel à l’aide, mais une mise en garde héroïque proférée d’outre-tombe par un ami condamné, destinée à quiconque n’était pas un policier armé d’une matraque et d’un revolver, soutenu par une foule d’autres policiers armés de matraques et de revolvers. L’homme avait hurlé : « Au secours ! La police ! » et peut-être voulait-il avertir d’un danger… »
Joseph Heller, « Catch 22 », XXXIX, « La ville éternelle »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
C' est ce qui me touche dans les chemins, ce pourquoi je voudrais qu' on les
considère : leur existence personnelle.
Ils ne sont pas là que pour aller d' un point à un autre. J' ai une préférence
pour ceux qui ne vont nulle part, c' est à dire qui se perdent, à contourner
les champs, à se diviser en fourche, finissent sur un raccordement oublié.
Jean-Loup Tressard : Un miroir des ornières, in L' Ancolie. - Gallimard/L'imaginaire
considère : leur existence personnelle.
Ils ne sont pas là que pour aller d' un point à un autre. J' ai une préférence
pour ceux qui ne vont nulle part, c' est à dire qui se perdent, à contourner
les champs, à se diviser en fourche, finissent sur un raccordement oublié.
Jean-Loup Tressard : Un miroir des ornières, in L' Ancolie. - Gallimard/L'imaginaire
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
Balayer le coeur avec soin
Mettre l'amour de côté
Nous ne nous en servirons plus
Avant l'éternité.
Emily Dickinson : Lieu-dit, l'éternité : Poèmes choisis.
Mettre l'amour de côté
Nous ne nous en servirons plus
Avant l'éternité.
Emily Dickinson : Lieu-dit, l'éternité : Poèmes choisis.
Invité- Invité
Re: Citation du jour
Le verbe aimer est difficile à conjuguer : son passé n'est pas simple, son présent n'est qu'indicatif, et son futur est toujours conditionnel."
Jean Cocteau
Jean Cocteau
anagramme- Messages : 1367
Date d'inscription : 12/12/2016
Re: Citation du jour
Il paraît intéressant, Jean-Loup Tressard ; Bix, un fil peut-être ?
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
Trassard me parait en effet sufisamment interessant pour lui consacrer un fil.
Meme si je n' ai rien en chantier actuellement. Mais je feuillette.
Interessant parce qu' il a connu de très près la fin d' une certaine agriculture.
Agiculture artisanale, voire archaique, agriculture de terroir et de lopins qui
n' a vraiment rien à voir avec cette agro-industrie actuelle, tournée vers la monoculture,le productivisme et l' apport mortifère de la chimie.
Et qu' il faudra bien rejeter.
Né en 1933, il a évoqué cette petite paysannerie qu' il connaissait bien pour
l' avoir pratiquée. Souvenirs, descriptions, mais aussi analyse minutieuse du
milieu, du terroir, de ses paysages.
De sorte que ses livres sont des témoignages d' une époque et d' un métier.
Sa bibliographie est copieuse, des livres très nombreux et dont certains m' ont plu parce que le style est vraiment évocateur.
Parallèlement, inspiré par son père, il a mené une carrière de photographe
qui compète et recoupe son travail d' écrivain.
Trassard aime l' écriture, c' est évident. Il l' aime tellment que parfois, il cède
à des coquetteries d' esthète, des sophistications de paysan chinois.
D' autres textes sont plus concrets et poétiques de mon point de vue et c' est vers
ceux-là que je vais me tourner.
Si j' en ai le temps et l' envie.
Je vais proposer l' ouverture du fil avec un petit auto portrait bien sympathique
de l' auteur et j' ajouterai quelques titres que j' ai apprécié ou qui pourraient
interesser chacun.
Meme si je n' ai rien en chantier actuellement. Mais je feuillette.
Interessant parce qu' il a connu de très près la fin d' une certaine agriculture.
Agiculture artisanale, voire archaique, agriculture de terroir et de lopins qui
n' a vraiment rien à voir avec cette agro-industrie actuelle, tournée vers la monoculture,le productivisme et l' apport mortifère de la chimie.
Et qu' il faudra bien rejeter.
Né en 1933, il a évoqué cette petite paysannerie qu' il connaissait bien pour
l' avoir pratiquée. Souvenirs, descriptions, mais aussi analyse minutieuse du
milieu, du terroir, de ses paysages.
De sorte que ses livres sont des témoignages d' une époque et d' un métier.
Sa bibliographie est copieuse, des livres très nombreux et dont certains m' ont plu parce que le style est vraiment évocateur.
Parallèlement, inspiré par son père, il a mené une carrière de photographe
qui compète et recoupe son travail d' écrivain.
Trassard aime l' écriture, c' est évident. Il l' aime tellment que parfois, il cède
à des coquetteries d' esthète, des sophistications de paysan chinois.
D' autres textes sont plus concrets et poétiques de mon point de vue et c' est vers
ceux-là que je vais me tourner.
Si j' en ai le temps et l' envie.
Je vais proposer l' ouverture du fil avec un petit auto portrait bien sympathique
de l' auteur et j' ajouterai quelques titres que j' ai apprécié ou qui pourraient
interesser chacun.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
De plus en plus intéressant (et intéressé pour trouver une porte d'entrée).
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
« La rue est pleine de femmes qui ressemblent à mon amie.
L’une, vue de dos, a ses hanches et sa démarche ; l’autre, son opulente tresse blonde ; une autre a sa bouche, et son sourire en coin, ironique et tendre.
On dit qu’il existe un téléphone portable grâce auquel on pourrait à tout instant appeler ceux qu’on aime ; moi, je suis relié en permanence à mon amie par toutes les femmes du monde. Ah, quel bonheur ! »
Albert Memmi, « Le fil », in « Ah, quel bonheur ! »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
Je pensais aussi à l'ambiguité intrinsèque des messages que chacun de nous laisse
derrière soi, de la naissance à la mort, et à notre totale incapacité à reconstruire
une personne à travers eux, l'homme qui vit à partir de l'homme qui écrit, meme si
c'est sur les murs, écrit dans un code qui n'appartient qu'à lui, et que les autres ne
connaissent pas ; et meme tout homme qui parle.
Communiquer clairement, exprimer, s' exprimer et se rendre explicite, est le fait d'un petit nombre : quelques uns pourraient et ne veulent pas, d'autres voudraient et ne savent pas, la plupart ne veulent ni ne savent.
Primo Levi : Lilith
derrière soi, de la naissance à la mort, et à notre totale incapacité à reconstruire
une personne à travers eux, l'homme qui vit à partir de l'homme qui écrit, meme si
c'est sur les murs, écrit dans un code qui n'appartient qu'à lui, et que les autres ne
connaissent pas ; et meme tout homme qui parle.
Communiquer clairement, exprimer, s' exprimer et se rendre explicite, est le fait d'un petit nombre : quelques uns pourraient et ne veulent pas, d'autres voudraient et ne savent pas, la plupart ne veulent ni ne savent.
Primo Levi : Lilith
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
"Disneyland est un modèle parfait de tous les ordres de simulacres enchevêtrés. Par coïncidence, ce monde enfantin surgelé a été conçu par un homme qui attend sa résurrection cryogénisé à moins 180 degrés centigrades: Walt Disney.
Disneyland – digest de l’américan way of life, panégyrique des valeurs américaines, transposition idéalisée d’une réalité contradictoire. „Mais ceci cache autre chose et cette trame «idéologique» sert elle-même de couverture à une simulation de troisième ordre: Disneyland est là pour cacher que c’est le pays «réel» qui est Disneyland (un peu comme les prisons sont là pour cacher que c’est le social tout entier, dans son omniprésence banale, qui est carcéral).” (pp. 25-26) Disneyland n’est pas moins irréel que toute l’Amérique.
Disneyland n’est ni vrai ni faux, c’est une machine de dissuasion mise en scène pour régénérer la fiction du réel. Son imaginaire infantile veut cacher que la véritable infantilité est partout.
Disneyland n’est pas seul: Enchanted Village, Magic Mountain, Marine World sont construits selon la même logique. Centrales de l’imaginaire.
Disneyland est un espace de régénération de l’imaginaire, construit à la manière des usines de traitements de déchets. Il est „la première grande déjection toxique d’une civilisation hyperréelle”
Simulacre et simulation, Editions Calilée.
Disneyland – digest de l’américan way of life, panégyrique des valeurs américaines, transposition idéalisée d’une réalité contradictoire. „Mais ceci cache autre chose et cette trame «idéologique» sert elle-même de couverture à une simulation de troisième ordre: Disneyland est là pour cacher que c’est le pays «réel» qui est Disneyland (un peu comme les prisons sont là pour cacher que c’est le social tout entier, dans son omniprésence banale, qui est carcéral).” (pp. 25-26) Disneyland n’est pas moins irréel que toute l’Amérique.
Disneyland n’est ni vrai ni faux, c’est une machine de dissuasion mise en scène pour régénérer la fiction du réel. Son imaginaire infantile veut cacher que la véritable infantilité est partout.
Disneyland n’est pas seul: Enchanted Village, Magic Mountain, Marine World sont construits selon la même logique. Centrales de l’imaginaire.
Disneyland est un espace de régénération de l’imaginaire, construit à la manière des usines de traitements de déchets. Il est „la première grande déjection toxique d’une civilisation hyperréelle”
Simulacre et simulation, Editions Calilée.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
Il s'en trouvera toujours pour préférer Mickey (ou Donald) à Baudrillard...
_________________
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Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
« On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après avoir rendu le globe inhabitable. »
Jean-Baptiste de Lamarck, « Système analytique des connaissances positives de l’Homme » (1820)
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Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
Le mal réside dans les mots que la tradition a voulu absolus, dans les significations dénaturées que les mots continuent à revêtir. Le mot amour mentait, exactement comme le mot mort. Beaucoup de mots mentaient, ils mentaient presque tous. Voilà ce que je devais faire : étudier les mots exactement comme on étudie les plantes, les animaux…
Goliarda Sapienza : L' Arte de la joie. - V. Hamy
Goliarda Sapienza : L' Arte de la joie. - V. Hamy
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
Que peut etre une vie qui commence au milieu des cris de la mère qui la donne et des pleurs de l'enfant qui la reçoit.
Balthasar Gracian
Balthasar Gracian
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
L'Autofictif du 1er novembre a écrit:Il tente de faire passer son plagiat pour un pastiche, ce pastiche pour une satire, cette satire pour un conte philosophique… on dirait qu’il blanchit de l’argent sale.
L'Autofictif du 7 novembre a écrit:Je lace toujours mes chaussures avant de sortir, mais je ne sais s’il s’agit d’un trouble obsessionnel compulsif ou d’un rituel structurant. Tout ce que je peux dire, c’est que lorsqu’un de mes lacets se dénoue, cela me perturbe tant qu’il m’arrive de trébucher et de choir.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Citation du jour
Et de plus il semble que ce soit ce qui s'est passé.« ‒ Qu’est-ce que vous allez chercher là-bas ?
– J’attends d’être là-bas pour le savoir. »
André Gide, « Voyage au Congo »
_________________
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Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
« […] Tout bien pesé, c’est parce que nous autres, Orientaux, nous cherchons à nous accommoder des limites qui nous sont imposées que nous nous sommes de tout temps contentés de notre condition présente ; nous n’éprouvons par conséquent nulle répulsion à l’égard de ce qui est obscur, nous nous y résignons comme à l’inévitable : si la lumière est pauvre, eh bien, qu’elle le soit ! Mieux, nous nous enfonçons avec délice dans les ténèbres et nous leur découvrons une beauté qui leur est propre.
Les Occidentaux, par contre, toujours à l’affût du progrès, s’agitent sans cesse à la poursuite d’un état meilleur que le présent. Toujours à la recherche d’une clarté plus vive, ils se sont évertués, passant de la bougie à la lampe à pétrole, du pétrole au bec de gaz, du gaz à l’éclairage électrique, à traquer le moindre recoin, l’ultime refuge de l’ombre. […] »
Junichiro Tanizaki : Eloge de l'ombre
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
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