Citation du jour
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Re: Citation du jour
"Voilà pourquoi les romanciers font vivre les objets eux-mêmes avec une telle intensité : pour les vivre. Et aussi pourquoi Balzac accumulait sans cesse son bric-à-brac légendaire : c'était encore une façon de créer, une volonté de posséder bien autre chose que des richesses, signes d'un appétit insatiable non de biens de ce monde, mais du monde. Il les aurait bouffés. Ce qu'il faisait d'ailleurs puisqu'il en encombrait son oeuvre. C'était un romancier total, mort d'un excès de vocation."
Romain Gary : Frère Océan 1 : Pour sganarelle, Recherche d'un personnage et d'un roman
ArenSor- Messages : 3377
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Citation du jour
Ce pourrait être ma devise. Et je sens que ça va l'être :
"Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux."
Samuel Beckett
ArenSor- Messages : 3377
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Citation du jour
Connais-tu celle-ci, du meme Beckett :ArenSor a écrit:Ce pourrait être ma devise. Et je sens que ça va l'être :"Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux."
Samuel Beckett
"Dans ma vie, puisqu'il faut l'appeler ainsi, il y eut l'impossibilité de parler, l'impossibilité de me taire et le silence."
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
Pas mal du tout. ça tient la route.ArenSor a écrit:Ce pourrait être ma devise. Et je sens que ça va l'être :"Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux."
Samuel Beckett
_________________
Keep on keeping on...
Re: Citation du jour
J'écris : j'écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j'ai été un parmi
eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leurs corps ; j'écris parce que
ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture : leur
souvenir est mort à l'écriture ; l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie.
Georges Perec : W ou le souvenir d'enfance
eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leurs corps ; j'écris parce que
ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture : leur
souvenir est mort à l'écriture ; l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie.
Georges Perec : W ou le souvenir d'enfance
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
Adieu tristesse Bonjour tristesse Tu n'es pas tout à fait la misère Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent Par un sourire.
Paul Eluard
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Citation du jour
Gaspard avait une idée fixe : "D'abord, apprendre, ensuite revenir chez moi", répétait-il avec une expression résolue.
- Mais tu es chez toi, tu es chez toi, ici, dans ma maison, objectait Daumer. Mais Gaspard secouait la tête.
Souvent, appuyé à la clôture de la propriété, il regardait dans le jardin voisin des enfants qui s'amusaient et il les regardait avec une perplexité comique. "Des hommes si petits, disait-il à Daumer, un jour que celui-ci l'avait surpris dans sa contemplation, des hommes si petits". Et il y avait dans sa voix quelque chose de triste et d'étonné. Daumer se retint de rire et pendant qu'ils revenaient ensemble à la maison, il chercha à lui expliquer que tous les hommes avaient commencé par être petits et que Gaspard lui-même avait été comme eux. Mais Gaspard ne voulut absolument pas l'admettre : "Non, non, s'écria-t-il, Gaspard a toujours été comme maintenant, Gaspard n'a jamais eu de jambes et de bras aussi courts, non, non".
- Et pourtant, si, répondit Daumer. Non seulement il avait été petit, mais même actuellement il grandissait et se transformait encore tous les jours; le Hauser d'aujourd'hui était différent de celui de la tour, et dans bien des années il serait vieux, ses cheveux blanchiraient et sa peau se sillonneraient de rides.
A ces mots Gaspard devint pâle, il se mit à sangloter, bégaya que c'était impossible et supplia Daumer de lui épargner un pareil avenir. Ce dernier chuchota quelques mots à l'oreille de sa sœur, celle-ci courut au jardin, et revint en rapportant un bouton de rose, une rose fraîchement épanouie et une autre fanée. Gaspard toucha d'abord la rose épanouie, puis s'en détourna avec dégoût, car, bien qu'il préférât le rouge à toutes les autres couleurs, le parfum pénétrant de la fleur lui était désagréable. Daumer voulut lui expliquer en lui présentant le bouton et la fleur les différents âges de la vie, mais Gaspard lui répondit : "C'est toi-même qui as fait cela, mais c'est sans yeux ni jambes".
- Non, je ne l'ai pas fait, répliqua Daumer, c'est quelque chose de vivant qui a poussé. Tout ce qui est vivant pousse.
- Tout ce qui est vivant pousse, dit Gaspard d'une voix haletante, en appuyant sur chaque mot. Et un trouble étrange l'envahit. On lui disait que les arbres du jardin étaient vivants et il n'osait plus les approcher. Le bruissement de leur cime le consternait. Il doutait de tout. "Qui donc a découpé toutes ces feuilles ? Et pourquoi sont-elles si nombreuses ?" - "Elles ont poussé elles aussi" lui répondit-on.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Citation du jour
(suite)
Au milieu de la pelouse se dressait une statue de pierre. Bien qu'elle eût une forme humaine, on lui avait dit qu'elle était inanimée. Gaspard, muet d'étonnement, la fixait pendant des heures. "Pourquoi a-t-elle un visage ? finit-il par dire, pourquoi est-elle si blanche et si sale ? Et comment peut-elle rester debout si longtemps sans se fatiguer ?" Enfin, quand il eut maîtrisé sa crainte, il s'approcha d'elle et osa tâter sa figure; car jamais il ne croyait à ce qu'il voyait, qu'après y avoir touché. Il aurait voulu qu'on lui permît de la démonter pour savoir ce qu'il y avait à l'intérieur.
Une pomme tomba d'un arbre et roula quelques temps le long de la pente rapide. Daumer la ramassa et Gaspard demanda si la pomme était fatiguée après une si longue course. Il se détourna avec horreur quand il vit Daumer prendre un couteau et couper le fruit en deux; un ver apparut, convulsant son corps frêle à la lumière du jour. "Tu vois, il était jusqu'à présent prisonnier des ténèbres, comme toi de ton cachot", lui dit Daumer. Ces paroles rendirent Gaspard rêveur et méfiant. Il y avait donc beaucoup d'êtres qui vivaient dans des cachots sans qu'il n'en sût rien ? Tout ce qui est clos était-il cachot ? Et par une confusion singulière il associa à cette pensée le souvenir du coup qu'il avait reçu autrefois après que "Toi" lui eut appris à faire bouger son petit cheval. Dans toutes choses étrangères il y a une menace de coup et tout inconnu comporte un danger. Aussi, malgré une sérénité rayonnante, qui se développait peu à peu chez Gaspard et qui ravissait son entourage, il y avait toujours en lui une sorte d'attente inquiète et vigilante.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Citation du jour
Kaspar Hauser, mais dans quel texte ?
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15641
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
Toutes mes excuses : c'est un extrait de Gaspard Hauser ou la paresse du coeur de Jakob Wassermann.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Citation du jour
Oh, pas besoin d'excuses : d'ailleurs je suis le fil Wassermann (sans avoir fait le rapprochement), et là aussi c'est tentant...
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Tristram- Messages : 15641
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
Je viens de le finir; c'est un très grand livre à mon avis, je pense que tu peux te laisser tenter sans grand risque.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Citation du jour
(Un petit comm sur le fil pourrait décidément m'inciter...)
_________________
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Tristram- Messages : 15641
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
A propos des adaptations, traductions en français moderne de Montaigne :
Que penser, dès lors, de la tâche de Pascal Hervieu consistant à traduire Montaigne du… japonais ? Si ce spécialiste des langues orientales montre tant de goût pour les travaux de publication aussi ardus que vains, qu’il s’attelle à la traduction en français courant des œuvres de Lacan, de Derrida ou encore de Levinas qui demeurent pour tout le monde, même pour leurs disciples, du chinois. À ces derniers, amateurs de «piperies», Montaigne aurait rappelé que l’obscurité est «une monnaie employée par les doctes, comme les joueurs de passe-passe, pour ne pas découvrir la vanité de leur art et dont l’humaine bêtise se paye aisément». Moderne ? D’actualité, plutôt. Là, nul besoin de sous-titres.
Frédéric Schiffter
Que penser, dès lors, de la tâche de Pascal Hervieu consistant à traduire Montaigne du… japonais ? Si ce spécialiste des langues orientales montre tant de goût pour les travaux de publication aussi ardus que vains, qu’il s’attelle à la traduction en français courant des œuvres de Lacan, de Derrida ou encore de Levinas qui demeurent pour tout le monde, même pour leurs disciples, du chinois. À ces derniers, amateurs de «piperies», Montaigne aurait rappelé que l’obscurité est «une monnaie employée par les doctes, comme les joueurs de passe-passe, pour ne pas découvrir la vanité de leur art et dont l’humaine bêtise se paye aisément». Moderne ? D’actualité, plutôt. Là, nul besoin de sous-titres.
Frédéric Schiffter
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
Marche-t-on sur la tête ?
Marrant, j'ai acquis un Schiffter il y a peu (sur la Beauté), à suivre.
Marrant, j'ai acquis un Schiffter il y a peu (sur la Beauté), à suivre.
Invité- Invité
Re: Citation du jour
Si la philosophie t'interesse, Schiffter a écrit un petit livre subjectif mais éclairant et sans langue de bois :
Philosophie sentimentale.
Citation :
La philosophie vaut-elle une heure de
peine ? Oui, mais pas pour les raisons
qu'on invoque habituellement : elle ne nous rend pas meilleurs ni plus savants, mais plus lucides : elle sert à « démystifier des foutaises ronflantes, à mettre un nez rouge aux idoles ».
Ce décalogue contient les dix citations (sur l'amour, la tristesse, le travail, l'ennui, la souffrance, la sagesse, la mort, la philosophie), soigneusement choisies et méditées, qui servent de carte d'identité philosophique à Frédéric Schiffter.
Un passage en revue de la philosophie
inattendu et personnel où l'on retrouve
Cioran, Nietzsche, Pessoa, Proust,
Schopenhauer, Montaigne, Freud,
Chamfort, Clément Rosset, L'Ecclésiaste et Malcom Lowry... qui répond au précepte de Schiffter : ne compter comme philosophie que ce qui relève de l'expérience personnelle desdits philosophes, ainsi destitués de leur piédestal conceptuel (ils ne sont pas de purs esprits).Ce livre, qui ressemble au petit carnet qui ne quitte pas les poches de écrivains, devrait ravir littéraires et philosophes il rassemble les fruits d'une vie de lectures et de découvertes.
Philosophie sentimentale.
Citation :
La philosophie vaut-elle une heure de
peine ? Oui, mais pas pour les raisons
qu'on invoque habituellement : elle ne nous rend pas meilleurs ni plus savants, mais plus lucides : elle sert à « démystifier des foutaises ronflantes, à mettre un nez rouge aux idoles ».
Ce décalogue contient les dix citations (sur l'amour, la tristesse, le travail, l'ennui, la souffrance, la sagesse, la mort, la philosophie), soigneusement choisies et méditées, qui servent de carte d'identité philosophique à Frédéric Schiffter.
Un passage en revue de la philosophie
inattendu et personnel où l'on retrouve
Cioran, Nietzsche, Pessoa, Proust,
Schopenhauer, Montaigne, Freud,
Chamfort, Clément Rosset, L'Ecclésiaste et Malcom Lowry... qui répond au précepte de Schiffter : ne compter comme philosophie que ce qui relève de l'expérience personnelle desdits philosophes, ainsi destitués de leur piédestal conceptuel (ils ne sont pas de purs esprits).Ce livre, qui ressemble au petit carnet qui ne quitte pas les poches de écrivains, devrait ravir littéraires et philosophes il rassemble les fruits d'une vie de lectures et de découvertes.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
Je suis toujours sidéré de ce qui a déjà été dit, parfois très tôt, comme ici il y a près d'un siècle :
« C’est déjà la plaie de notre civilisation : les Choses, la Possession, dont nous sommes devenus les esclaves et qui ne nous offrent plus d’autre alternative que de travailler honnêtement au moins huit heures par jour ou de nous livrer à des pratiques illicites pour les tenir peintes ou vêtues à la dernière mode, ou les remplir de whisky ou d’essence. »
William Faulkner, « Monnaie de singe »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15641
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
tu as raison Tristram, sidérant !
il y a aussi plus d'un demi siècle que J. Ferrat dans sa chanson "la Montagne" critiquait "le poulet aux hormones"
il y a aussi plus d'un demi siècle que J. Ferrat dans sa chanson "la Montagne" critiquait "le poulet aux hormones"
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21153
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Citation du jour
Ce matin pour la première fois depuis longtemps, j'ai pris plaisir à imaginer un couteau qui se
retournerait dans mon coeur.
Kafka
retournerait dans mon coeur.
Kafka
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
« le mot de mort est le seul qui ne commence rien le seul à mettre fin à tous les autres mots ».
Frédéric Boyer après la mort de sa femme, Anne Dufourmantelle et de son éditeur POL.
Frédéric Boyer après la mort de sa femme, Anne Dufourmantelle et de son éditeur POL.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
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