Emmanuel Dongala
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Emmanuel Dongala
Emmanuel Dongala
Né en 1941
Né d'un père congolais et d'une mère centrafricaine, formé en France et aux États-Unis avant de devenir professeur de chimie à Brazzaville, Emmanuel Dongala a vécu l'essentiel de son existence au Congo-Brazzaville, jusqu'à son départ forcé au moment où, plongé dans des luttes fratricides, son pays bascula dans le chaos, à la fin des années 1990.
En 1997, ce sont les États-Unis qui l'accueillent, lui offrant un poste à l'université, grâce au mouvement de solidarité organisé par ses amis, notamment l'écrivain Philip Roth.
Emmanuel Dongala est aujourd'hui professeur de chimie et professeur de littérature africaine francophone au Bard College at Simon's Rock dans le Massachusetts.
Il reçoit le 2 novembre 2010 le prix Virilo et, en 2011, le prix Ahmadou-Kourouma pour son roman Photo de groupe au bord du fleuve paru chez Actes Sud.
Bibliographie :
Romans
Un fusil dans la main, un poème dans la poche, Paris, Albin Michel, 1973
Le Feu des origines, Albin Michel, 1987
Les petits garçons naissent aussi des étoiles, Paris, Le Serpent à plumes, coll. « Fiction. Domaine français », 1998
Johnny Chien Méchant, Paris, Le Serpent à plumes, coll. « Fiction française », 2002
Photo de groupe au bord du fleuve, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres africaines », 2010
La Sonate à Bridgetower, Arles, Actes Sud, coll. « Domaine français », 2017
Recueils de nouvelles
Jazz et Vin de palme, (Recueil de 8 nouvelles), Paris, Hatier, coll. « Monde Noir » no 13, 1982
Théâtre
Le Premier Matin du monde, 1984
Mes enfants ? Quels enfants ?, 1990
La Femme et le Colonel, Ivry-sur-Seine, A3 Éditeurs, coll. « Rond-point », 2006
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Emmanuel Dongala
La sonate à Bridgetower
"Au début de l’année 1789 débarquent à Paris le violoniste prodige George Bridgetower, neuf ans, et son père, un Noir de la Barbade qui se fait passer pour un prince d’Abyssinie. Arrivant d’Autriche, où George a suivi l’enseignement de Haydn, ils sont venus chercher l’or et la gloire que devrait leur assurer le talent du garçon."
Emmanuel Dongala nous raconte l'arrivée d'un fils et son père, à Paris, à la veille de la révolution, puis leur départ précipité à Londres. Ces personnages auquels il redonne vie ont existé, le jeune enfant a marqué son temps par son talent, et ce roman , tout en restituant, sans doute très soigneusement, une époque, nous permet de mesurer la chance de ce destin individuel , au coeur des usages esclavagistes que l'occident pratique alors. Il nous y introduit via le regard paternel, puis dans une seconde partie, via le regard de l'enfant devenu jeune homme. Ce procédé donne la primauté à un ton doux, simple.
La langue de Dongala est empreinte d'une sorte de fausse naïveté qui m'a rappelé les tons de lecture de mon adolescence, un roman à conseiller , donc, dés un jeune âge adulte.
Le plaisir musical accompagne la lecture, mais c'est je crois surtout l'aspect historique , bien planté, qui apportera aux lecteurs. En restant très concentré sur le parcours du duo familial, on apprend beaucoup pourtant, on imagine, en fait, très bien. Dongala sait planter l'image , en modeste manière, mais sûre. Il nous rappelle aussi que la société occidentale a su accueillir l'altérité culturelle, déjà à l'époque, et malgré l'omniprésence des à prioris, et rend hommage, aussi , au jeune Georges Bridgetower.
mots-clés : #creationartistique #esclavage #historique #revolution
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Emmanuel Dongala
Dans mes listes.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Emmanuel Dongala
merci Nadine et surprise je l'ai dans ma PAL !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21645
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Emmanuel Dongala
La sonate à Bridgetower
Je garde aussi un fort souvenir de ce roman qui évoque avant tout les complexités et les contradictions d'une période historique, où l'ouverture intellectuelle, culturelle, artistique et l'ombre de l'esclavage s'entremêlent dans un contexte à la fois fascinant et déstabilisant. Et si le parcours du prodige George Bridgetower provoque souvent une curiosité admirative au sein des élites d'une société européenne, son talent musical ne peut à lui seul masquer un poids, un manque, un regard empreint de médisance et de mépris.
La relation du musicien à son père est particulièrement développée par Emmanuel Dongala, tant l'enfant apparait d'abord façonné et légitimé par cet homme qui semble vouloir profiter d'une célébrité opportune. Mais lorsque le jeune George Bridgetower prend du recul et se rebelle contre cette vision qui l'enferme, la tension qui mine Frederick de Augustus, natif de la Barbade et tiraillé entre deux mondes, apparait alors écrasante et révèle sa fragilité au-delà d'une posture.
Avadoro- Messages : 1405
Date d'inscription : 07/12/2016
Age : 39
Re: Emmanuel Dongala
Avadoro, tu as raison de souligner cet aspect du roman-récit : c'est l'un de ceux qui m'a le plus touchée. C'est celui qui m'a touché, même. Tout simplement.
La relation père/fils est très belle, puis saccagée par la pression de caste.
C'est un très beau portrait du père, en fait, finalement, jusqu'à la fin.
Son parcours est initiatique, il devient en effet engagé politiquement, et sa figure rayonne dans l'oubli, pourtant, que le roman décrit. Cet homme ne sera pas compris par son fils et le rejet de celui-ci scelle la traversée du miroir. Il permettra, par sa violence évidente, au père, de faire exploser ses derniers compromis.
Je reste sciée de n'en avoir pas même parlé dans mon truc plus haut. Merci encore Avadoro.
Je pense que j'ai rendu compte de ce livre en oubliant cet aspect primordial de ma réception , merci d'avoir ouvert cette resurgence plus essentielle, par définition, donc.
La relation père/fils est très belle, puis saccagée par la pression de caste.
C'est un très beau portrait du père, en fait, finalement, jusqu'à la fin.
Son parcours est initiatique, il devient en effet engagé politiquement, et sa figure rayonne dans l'oubli, pourtant, que le roman décrit. Cet homme ne sera pas compris par son fils et le rejet de celui-ci scelle la traversée du miroir. Il permettra, par sa violence évidente, au père, de faire exploser ses derniers compromis.
Je reste sciée de n'en avoir pas même parlé dans mon truc plus haut. Merci encore Avadoro.
Je pense que j'ai rendu compte de ce livre en oubliant cet aspect primordial de ma réception , merci d'avoir ouvert cette resurgence plus essentielle, par définition, donc.
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Emmanuel Dongala
Premier roman d'Emmanuel Dongala, il s'agit d'une fiction qui se déroule à l'époque des indépendances africaines. On suit le parcours d'un jeune africain nourri des influences anti-colonialistes telles que Fanon, Anta Diop, de grandes figures de la lutte : Mandela, Lumumba, Cabral, et des révolutionnaires marxistes comme le Che. Depuis la France qu'il quitte, des maquis d'Afrique Australe jusqu'à son retour dans son pays, où il finit par prendre le pouvoir.
Mais une fois qu'on a renversé la table ... Que faire ? L'idéalisme se confronte aux forces du terrain, intérieures et extérieures.
Nous sommes toujours les coucous de l'histoire. Nous courons toujours derrière le miroir aux nègres que nous tendent l'Europe et l'Amérique ... Ainsi, quand nous atteindrons le niveau de la société de consommation occidentale, les problèmes qui se poseront alors à nous seront des problèmes qui auront déjà été résolus ; nous nous tourneront encore vers eux pour y chercher la réponse : coucous une fois une fois de plus. Non ! là n'est pas la voie.
Aie le courage de reconnaître que, peut-être, je dis bien peut-être, l'esclavage n'aurait pas pris cet essor sans la cupidité de certains potentats africains.
Sans concession, et dans une belle écriture fluide, Dongala est lucide sur l'Afrique de cette époque, et sur ce qu'il en adviendra. Comment transcender ce passé colonial, cette intériorité du colonisé qui demeure, et comment s'en sortir face aux puissantes nations capitalistes et impérialistes qui ne souhaitent que son échec. Et comment ne pas tomber dans les travers d'une gouvernance populiste quand on se dit révolutionnaire qui veut le bien du peuple.
Il n'y a pas d'acte qui soit tout à fait gratuit ; même pas le don de soi-même.
Mais Pontardier, pris dans son envolée, continuait :
- Vous comprenez, n'est-ce pas, mon cher Mayéla, pourquoi on dit que l'Afrique est mal partie.
Alors Mayéla ne sut plus se contenir.
- Ecoutez, monsieur l'expert, j'en ai assez d'entendre que l'Afrique est mal partie, surtout de votre bouche, vous qui n'avez aucun droit moral à nous donner des leçons. A l'"indépendance", vous vous êtes arrangés pour balkaniser l'Afrique et pour créer des structures facilitant votre mainmise sur les nouveaux Etats où vous avez placés de nouveaux rois nègres à votre service, après avoir éliminé les vrais nationalistes. Et pour camoufler tout cela, vous nous jetez aux yeux la poudre de l'"aide et de la coopération". Et vous faites semblant de vous indigner quand vous savez bien que ce que vous appelez de l'argent gaspillé retourne chez vous, bénéfices en plus !
Vous poussez la malhonnêteté jusqu'à dire à vos concitoyens que si rien ne va plus chez vous dans le domaine social, c'est parce que tout l'argent s'envole en Afrique, où la France est en train de construire un système de tout-à-l'égout dans tous les petits villages !
Il fallait sûrement une nouvelle révolution. Mais de révolution en révolution, atteindrons-nous jamais ce que nous cherchons ?
mots-clés : #independance #revolution
Invité- Invité
Re: Emmanuel Dongala
Le titre est fort.
PAL
PAL
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Emmanuel Dongala
A vous lire, il me tente de plus en plus, cet auteur...
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Emmanuel Dongala
A découvrir, Dongala est vraiment un écrivain qui bouscule et interroge sans cesse le lecteur, notamment face au poids de l'histoire et du passé.
Avadoro- Messages : 1405
Date d'inscription : 07/12/2016
Age : 39
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains d'Afrique et de l'Océan Indien
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