Piero Chiara
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Piero Chiara
Piero Chiara est le poète des petites histoires du «grand lac», qui sert souvent comme décor dans ses histoires courtes et instructives. Il raconte la mesquinerie de la vie provinciale avec un style où l'on ne s'ennuie jamais, toujours teinté d'humour, d'ironie, parfois avec une délicatesse mélancolique, toujours capable de saisir dans le quotidien l'essence, virtuellement oubliée, de la vie.
Souvent comparé à Giovannino Guareschi, le conteur de la Bassa padana (partie basse de la plaine du Pô), Chiara montre les traits de vie de la Haute Lombardie et des cantons suisses : une vie frontalière, avec ses passeurs et contrebandiers, bandits et fugitifs, mais surtout sa petite bourgeoisie et ses personnages au quotidien.
Chiara traite souvent de des sujets parfois scabreux (assassinat, l'adultère, obsession érotique) sans jamais céder à une vulgaire complaisance.
Il se dégage de ses pages un sentiment de nostalgie qui n'est pas un désir pathétique de revenir en arrière (comme dans Giovannino Guareschi), mais la réalisation qui donne à réfléchir que ce retour n'est pas possible. L'amertume de l'écrivain est particulièrement évidente dans ses dernières œuvres, de Il cappotto di astrakan a Vedrò Singapore? jusqu'aux posthumes Saluti notturni dal Passo della Cisa, histoire désillusionnée de la province inspirée par un fait divers.
Chiara est aussi l'un des meilleurs connaisseurs de la vie et l'œuvre de l'écrivain et aventurier Giacomo Casanova. Il publié de nombreux écrits sur le sujet repris par la suite dans le livre Il vero Casanova (1977). Il s'occupe, pour Mondadori, de la première édition, basée sur le manuscrit original, de l'ouvrage autobiographique de Casanova L’Histoire de ma vie. Il a également écrit le scénario de l'adaptation télévisuelle (1980) de la nouvelle d'Arthur Schnitzler, Le Retour de Casanova.
Source wikipédia
Oeuvres traduites en français
Le Trigame, 1965
Les Jeudis de Madame Giulia, 1971,
La Lune rousse, 1988 : Page 1
D'une maison l'autre, la vie 1993 : Page 1
Le Prêteur de Cuvio, 2008
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Piero Chiara
La Lune rousse. - Cambourakis
Qui a tué Pylade Spinacroce en ce printemps de 1955 ? Ce natif de Parme est revenu cousu d' or et de devises gagnées plus ou moins honnètement en Argentine.
Il a acheté une belle et grande maison et s' est logé dans une vaste chambre mansardée, fermant le 1er étage et abandonnant un appartement à une servante/gouvernante/maîtresse.
Naturellement la fortune du potentat excite les convoitises du voisinage et notamment celles de jeunes gens un peu voyous sur les bords.
Mais le plus interessé est le gendre, "signore Salmarani".
Il ne veut meme pas attendre que sa femme hérite logiquement à la mort de son père.
Il veut l' argent tout de suite et pour lui.
Docteur en médecine et portant beau, il séduit la gouvernante pour mettre la main sur le magot avant tout le monde. Et pour cela, il doit mentir à sa propre femme qu' il rejoint tous les week ends dans une villa en bord de mer.
Décor et personnages sont en place, la pièce peut commencer. Le vieux richard est tué et aussi la belle Maria. Qui a tué qui ?
C' est ce que vont essayer d' élucider les policiers de Parme.
Malgré ses ruses et ses mensonges, le dottore est mis en examen et raconte des bobards. Condamné à la prison, il invente une nouvelle version des faits. Authentique et véritable cette fois...Jure t-il !
Le dottore est imaginatif et faute preuves, il est remis en liberté. Et son épouse qui l' a soutenu meme après avoir appris qu' il la trompait, lui demande en confidence s 'il a vraiment tué son père.
Il se lance dans une plaidoirie très embrouillée et qui met en cause d' autres suspects que lui.
Et il conclut :
"Tu vois combien de visages peut avoir la vérité. J' ai proposé aux juges,non pas la plus vraie des solutions, mais la plus vraisemblable,la plus propre à résoudre cette affaire et à permettre de conclure par un verdict assez logique.
Tu voudrais une version différente parce que tu penses que la vérité n' est jamais celle qu' on dit, que c' est toujours une autre !
Tout le monde pense que c' est toujours une autre" conclut-il en hochant la tete."
Et voilà : à chacun sa vérité déclare ce sophiste pirandellien.
Et tel est ce vrai faux polar, bien écrit, bien conté et carrément cynique et drôle.
Récupéré
mots-clés : #polar #psychologique
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Piero Chiara
Piero Chiara est un des grands romanciers italiens de l' après guerre.
Je vais y revenir avec un autre livre que j' ai beaucoup apprécié.
D' une maison l' autre. - Rivages.
Je vais y revenir avec un autre livre que j' ai beaucoup apprécié.
D' une maison l' autre. - Rivages.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Piero Chiara
Piero Chiara : D' une maison l' autre. - Rivages
"C' était pour moi le plus bel endroit du monde, le lieu de tous les délices, où chaque maison, chaque arbre, chaque caillou du rivage parlait à mon coeur.
Mon "lieu de naissance" depuis que j'ai entrepris d' écrire, reste le sujet de la plupart de mes "compositions". Tout se passe en ce lieu parce que tout s'est passé en moi.
Le lieu de naissance de Piero Chiara, c' est Luino, un bourg au bord du Lac Majeur.
Et c' est vrai qu' il l' aime et qu' il en restitue la vie près de cinquante ans auparavant. Avec nostalgie et et une certaine amertume. Sous la forme de courts récits, c' est une méditation sur le temps révolu. Sur l' enfance perdue..
"Un père qui aurait perdu son fils unique encore enfant, et qui, depuis ce jour-là, le rechercherait partout, convaincu seulement de l'avoir égaré, me ressemblerait assez. Car moi, j' espère toujours retrouver dans ce lieu où je suis né l' enfant que j'étais et que je ne me rappelle pas avoir jamais quitté."
Tous les protagonistes de Chiara sont ainsi. A la recherche d' un remède. Avec l' intention d 'échapper à une inquétude qui les domine de plus en plus. D' autant plus qu' elle est cachée. Mais qui ne les empêche pas de s' égarer.
Comme chez le Fellini d' Amarcord, on assiste à la fin d' un monde revisité, et où, malgré le fascisme, persiste une tradition ancienne, où tout serait plus vrai. Les cafés, les boutiques, les gens. Les temps n' était pas meilleurs, mais on était plus jeune et le regard qu' on portait sur les gens et les lieux était encore neuf.
Dans le chapitre intitulé "Solitude du narrateur", il fait le compte de ceux qu'il a connu alors, "Petites destinées, sorts obscurs de fourmis parmi les fourmis dans ]une grosse fourmilière. C' est d'ailleurs la vie elle-meme qui écrase les individus de cette façon, qui les pousse du néant dans le néant, infusoires d' un cycle dont le mécanisme échappe à tous... Quant aux autres, ils ont disparu qui sait où. Nous étions partis tous ensemble comme pour une fête, eux et moi, mais si aujourd'hui je me retourne, je n'en vois plus que quelques uns haletants, indifférents au souvenir de ceux tombés le long de la route, dans le noir."
Parlant des diverses maison où il a vécu à Luino, il écrit :
"De maison en maison, j' ai trainé derrière moi les années comme un idiot ou un enfant trainerait une ribambelle de boîtes vides attachées à une ficelle. Les années, avec leur rumeur de choses brisées, de voix qui se chevauchent."
J'ai aimé ces évocations sensibles tout imprégnées, d' émotions ressurgies, et qui touchent en moi le souvenir d' enfance.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
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