Imre Kertész
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Imre Kertész
Imre Kertész, né le 9 novembre 1929 à Budapest et mort le 31 mars 2016 dans la même ville, est un écrivain hongrois, survivant des camps de concentration et lauréat du prix Nobel de littérature en 2002. Né dans une famille juive modeste, d'un père marchand de bois et d'une mère petite employée, Imre Kertész est déporté, à l'âge de 15 ans, à Auschwitz en 1944, puis transféré à Buchenwald. Cette expérience douloureuse nourrit toute son œuvre, intimement liée à l'exorcisation de ce traumatisme. L'édification d'une patrie littéraire constitue le refuge d'un être qui constate l'absurdité du monde car on lui a un jour «refusé le statut d'être humain». Ses ouvrages ouvrent une réflexion sur les conséquences dévastatrices du totalitarisme et la solitude de l'individu, condamné à la soumission et la souffrance silencieuse.
Revenu à Budapest en Hongrie, en 1945, il se retrouve seul, son père est mort et sa belle-mère s'est remariée. Il adhère au Parti communiste, dont il voit vite la dimension oppressive sur les consciences. En 1948, il commence à travailler comme journaliste. Mais le journal dans lequel il travaille devient l'organe officiel du Parti communiste en 1951, et Kertész est licencié. Il travaille alors quelque temps dans une usine, puis au service de presse du Ministère de l'Industrie. Congédié à nouveau en 1953, il se consacre dès lors à l'écriture et à la traduction. La découverte de L'Étranger d'Albert Camus lui révèle, à 25 ans, sa vocation. La philosophie de l'absurde devient un modèle fondateur pour son œuvre. À partir de la fin des années 1950 et tout au long des années 1960, il écrit des comédies musicales pour gagner sa vie. Il traduit de nombreux auteurs de langue allemande comme Friedrich Nietzsche, Hugo von Hofmannsthal, Arthur Schnitzler, Sigmund Freud, Joseph Roth, Ludwig Wittgenstein et Elias Canetti qui ont une influence sur sa création littéraire.
Dans les années 1960, il commence à écrire Être sans destin, récit d'inspiration autobiographique qu'il conçoit comme un « roman de formation à l'envers ». Ce roman sobre, distancié et parfois ironique sur la vie d'un jeune déporté hongrois, constitue le premier opus d'une trilogie sur la survie en camp de concentration. Il évoque notamment le point de vue de la victime dans l'histoire et son conditionnement occasionnel, voire banal, à l'entreprise de déshumanisation menée par l'Allemagne nazie. Cette acceptation passive et ordinaire de l'univers concentrationnaire peut être distinguée du témoignage de Primo Levi dans Si c'est un homme. L'ouvrage ne peut paraître qu'en 1975, pour un accueil assez modeste. Une critique littéraire, Eva Haldimann, remarque cependant le récit et une critique paraît le 19 mars 1977, ce qui va contribuer à le faire connaître en Europe de l'Ouest. Imre Kertesz découvre par hasard la critique dans un journal abandonné dans une piscine de Budapest. Il s'ensuit une correspondance entre la critique littéraire et l'auteur entre 1977 et 2002 qui sera publiée, en 2009, sous le titre : Briefe an Eva Haldimann. C'est seulement après la réédition, en 1985, d'Être sans destin qu'il connaît le succès dans son pays.
Tenu à l'écart par le régime communiste, Imre Kertész n'est reconnu comme un grand écrivain qu'à la fin des années 1980. Il obtient en 2002 le prix Nobel de littérature, «pour une œuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire». En 2003, il est élu membre de l'Académie des arts de Berlin et reçoit en 2004 la croix de grand officier de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne. En 2011, il publie Sauvegarde, autoportrait d'un homme à l'hiver de sa vie, affrontant la maladie de Parkinson et le cancer de son épouse. Kertész y circonscrit réflexions littéraires, notes, souvenirs et anecdotes sur son parcours, notamment sa fuite vers l'Allemagne et l'antisémitisme dont il a à nouveau fait l'objet en Hongrie après son retour des camps.
(source :wikipedia)
Bibliographie : (ouvrages traduits en français)
Être sans destin : Page 1
Le Chercheur de traces
Roman policier
Le Refus : Page 1
Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas : Page 1
Le Drapeau anglais
Journal de galère
Procès verbal
L'Holocauste comme culture
Un autre, chronique d'une métamorphose
Liquidation : Page 1
Dossier K,
Sauvegarde. Journal 2001-2003
L’Ultime Auberge
màj le 4/11/2017
J'ai trouvé ce récit atypique par rapport à mes lectures sur les camps. J'ai été troublée par les sentiments de cet adolescent vis à vis des Allemands ce que certainement peu de déportés ressentiraient. La méconnaissance dans laquelle sont les Juifs lors de leur «voyage» est par moment insoutenable, on s'insurge contre cette acceptation (le narrateur emploie souvent le terme de «race» quand il parle des Juifs et de lui-même, comme s'il reconnaissait être «à part»).
Après le temps de l'observation, la connaissance des fours, de leur utilisation, il se trouve obligé d'être un «bon détenu», de faire un travail honnête, son éducation s'exprime même dans ces conditions extrêmes. Alors même qu'il est ciblé par le chef des travaux, il lui reconnaît une attitude régulière. La seule justification au comportement de l'adolescent c'est l'obstination qui tient tous ces hommes en vie.
Et cette obstination s'applique à la nécessité de «manger», n'importe quoi mais manger, cela devient une fixation puisqu'il supportera plusieurs jours la présence d'un mort dans son lit afin de subtiliser sa ration.
C'est le train qui l'a amené dans ces camps et c'est pourtant par ce moyen de transport que le narrateur imagine son destin, un train qui l'emmène vers l'avenir, il y fait souvent allusion, mais quand la douleur domine tout, épuisé il descend sur le quai, il est prêt à abandonner. Mais c'est cette douleur qui le protègera du pire puisqu'elle le conduira à «l'hôpital» du camp de Buckenwald où il sera soigné de ses blessures. Sa faim inextinguible est devenue un problème psychique.
Au retour chez lui, il sait qu'il est impossible de recommencer une «nouvelle vie» comme l'y incite les quelques personnes qui le reconnaissent, mais qu'il doit continuer quoi qu'il arrive, avec son passif, cette vie, sa vie et le crédit qu'elle peut offrir ; continuer à s'obstiner.
Je pense que jamais dans mes lectures, la déchéance de ces hommes, à travers celle du narrateur n'a été décrite avec tant d'acuité.
Évidemment les mots me manquent pour décrire tous les sentiments qui affluent au cours de la lecture mais c'est rendre hommage à cet écrivain que de ne pas oublier ses mots à lui.
Je continuerai donc avec Le refus (2ème titre de la trilogie, puis Kaddish pour un enfant qui ne naîtra pas). Le narrateur s'oblige à agir honnêtement avec les Allemands car c'est son éducation qui l'y engage (par exemple il n'ouvre pas son vêtement car le vent pourrait le rabattre et masquer l'étoile jaune, quand le chef des travaux le brime il trouve que c'est juste, son étonnement aux propos de l'une des soeurs voisines qui s'insurge contre leur stigmatisation etc.)
«message rapatrié»
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Dernière édition par Bédoulène le Ven 2 Nov - 20:20, édité 3 fois
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21622
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Re: Imre Kertész
Quel livre étrange ! il commence comme un « Nouveau roman » des années 50 par sa recherche d’objectivité : description minutieuse des lieux, répétitions, etc. Il continue par des réflexions sur la nature du témoignage, du roman, de l’écriture en général (il est fortement recommandé de lire auparavant « Etre sans destin »). I Kertézs s’/nous interroge sur ce qu’on retient d’un évènement qui a changé la vie d’un adolescent ; en l’occurrence, des images, des idées qui ne correspondent pas à la doxa admise : le souvenir d’un lever de soleil vu du train, les sales gueules des prisonniers, les crématoires perçus comme une plaisanterie. Comment s’étonner alors que les « autorités » refusent la publication de ce «roman» ? Cet échec incite l’auteur à revenir sur son écrit, ce qui nous vaut un superbe passage sur la relation entre l’écrivain et son texte. Comment ce situe celui-ci ? comment peut-il se relire objectivement ? Kertesz livre là une vraie maïeutique de la création littéraire.
La seconde partie narre les aventures d’un certain Köves, sorte de double de l’auteur. L’écriture se fait alors plus fluide, le climat onirique - le souvenir récurrent de situations et de paroles déjà dites- avec des accents kafkaïens. C’est une partie du livre que j’ai trouvé envoûtante. Le récit se prête à quantité de métaphores ; Köves revenant de l’étranger pourrait être Kertész rentrant des camps de concentration dans un Budapest détruit par la guerre et pris dans la tenaille stalinienne. Le héros erre dans ce monde policé jusqu’à l’absurde où les individus peuvent disparaître physiquement et de la mémoire des protagonistes, comme beaucoup dans les geôles stalinienne, comme les juifs dans les fours crématoires, où le travail n’a d’autre utilité que « d’éveiller l’amour propre et la considération générale » des travailleurs envers eux. Köves est un peu perdu dans cet univers – il prend les policiers pour des douaniers – et étrangement absent. A un moment, il échange avec un certain Berg, encore un double de lui-même, côté non plus victime mais bourreau. C’est, à mon avis, un autre moment clef du livre, qui avait déjà été abordé dans la première partie lorsque l’auteur s’interrogeait sur Ilse Koch – une gardienne de Büchenwald - qui, disait-il, faisait son boulot et accomplissait son destin. Là se trouve l’une des interrogations majeures, il me semble, d’Imre Kertész : quelle différence y-a-t-il entre un bourreau et sa victime ? Comment le destin de chacun peut-il échapper aux circonstances extérieures ? Comment une victime peut-elle être amenée à frapper un prisonnier refusant de s’alimenter ? Sur ces questions plane l’ombre de la « grâce » rédemptrice (ou non !). Il y a là un côté qui me rappelle Dostoïevski.
En conclusion, j’avais peut-être trop pris Être sans destin (ces deux termes résument toute la pensée de Kertész) comme témoignage historique. Le Refus m’a montré combien Imre Kertész est un immense écrivain, non seulement par la qualité de ses réflexions, mais aussi par la construction du récit et un style très original. Pour sûr, un Nobel qui n’est pas usurpé. Un grand merci à Églantine qui m’a incité à me plonger dans ce «roman».
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Dernière édition par ArenSor le Mar 6 Déc - 11:54, édité 1 fois
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Re: Imre Kertész
C’est un court « roman » qui n’a pas l’ampleur et l’ambition de « Le Refus » mais qui tourne autour des mêmes thématiques. Un écrivain, nommé Bé, dont l’histoire est liée au camp d’Auschwitz, se suicide. L’un de ses amis éditeur récupère ses archives et se met en quête d’un ultime roman dont il est persuadé qu’il existe et qui résumerait toute la pensée de l’auteur. Il rentre en contact avec plusieurs femmes qui l’ont connu et qui lui révèlent quelques facettes du personnage, pièces qu’il tente d’assembler comme un puzzle. Je ne vous en dirai pas plus, même en spoiler)
On retrouve ici les interrogations principales de Kertész sur le sens de la vie, parfois sous forme de paradoxe :
« Un homme totalement dégradé, en d’autre terme un survivant, n’est pas tragique, disait-il, mais comique, parce qu’il n’a pas de destin. »
« Seules nos histoires peuvent nous apprendre que notre histoire est finie, sinon nous vivrions comme s’il y avait toujours quelque chose à continuer (notre histoire par exemple). C’est-à-dire que nous vivrions dans l’erreur. »
« La grande désobéissance c’est / De vivre sa vie / Et aussi la grande humilité / Que nous nous devons à nous-mêmes / Le seul moyen acceptable / Du suicide, c’est la vie / Se suicider c’est comme /Continuer sa vie / Recommencer chaque jour / Revivre chaque jour / Remourir chaque jour. »
« ..les hommes ne comprennent pas qu’il est plus facile de haïr que d’aimer, et que la haine est l’amour des perdants. »
Son sens de l’humour noir dans le contexte de la Hongrie communiste (cela fait penser un peu à Thomas Bernhard) :
« L’Etat est toujours le même. Il a toujours financé la littérature pour pouvoir la liquider. Quand l’Etat subventionne la littérature c’est toujours une manière déguisée de la liquider. »
« Ici tout le monde a raté sa vie. C’est la spécificité, le génie du lieu. Par ici, si on n’a pas raté sa vie, c’est qu’on est simplement dépourvu de talent. »
« J’avais pris l’habitude de dormir longtemps parce que je commençais à comprendre que c’était la seule activité sensée à laquelle je pouvais passer mon temps. »
Les considérations sur l’écriture et la littérature :
« En tout cas, la littérature est un piège qui nous retient prisonnier. Plus précisément, la lecture. La lecture est comme une drogue qui confère un agréable flou aux cruels contours de la vie. »
« Des quantités de livres dorment ainsi en moi, des bons et des mauvais, de tout genre. Des phrases, des mots, des alinéas et des vers qui, pareils à des locataires remuants, reviennent brusquement à la vie, errent solitaires ou entament dans ma tête de bruyants bavardages que je suis incapable de faire taire. »
« Mais je crois en l’écriture. En rien d’autre, seulement en l’écriture. L’homme vit comme un ver mais écrit comme un dieu. Autrefois, on connaissait ce mystère oublié de nos jours : le monde se compose de tessons qui s’éparpillent, c’est un obscur chaos incohérent que seule l’écriture peut maintenir. Si tu as une idée du monde, si tu n’as pas oublié tout ce qui s’est passé, alors sache que c’est l’écriture qui a créé pour toi le simple fait que tu as un monde et qu’elle continue à le faire, elle est la toile d’araignée invisible qui relie nos vies, le Logos. »
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ArenSor- Messages : 3428
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Re: Imre Kertész
Etre sans destin
Un regard différent sur la vie concentrationnaire racontée avec une distanciation surprenante mais qui témoigne autrement de ce que nous sommes habitués à lire , entendre sur cette partie de notre histoire que nous avons encore du mal à aborder sans culpabilité , honte et douleur . Dérangeant pour certains probablement , ce témoignage offre une part d'humanité extraordinaire exprimée de façon inhabituelle .
Une oeuvre que je considère comme incontournable ....une fois la dernière page refermée , seule face à ma propre humanité .
A Buchenwald, il n'y a pas d'appel pour les occupants du zeltlager et les lavabos sont en plein air (...) l'eau coule, gicle ou au moins suinte à longueur de journée, et depuis mon passage à la briqueterie, c'est seulement ici que c'est produit pour la première fois le miracle consistant à pouvoir boire quand on a soif (...) il y a aussi un crématoire, naturellement, mais un seul en tout et pour tout, ce n'est pas le but du camp, sa nature, son âme ou sa raison - si j'ose dire - mais on n'y brûle que ceux qui meurent dans les conditions normales de la vie du camp, pour ainsi dire (...). Somme toute, je n'ai eu aucun mal à comprendre l'expression des visages d'Auschwitz : je peux le dire, j'ai eu moi aussi très rapidement de l'affection pour Buchenwald.
Et malgré la réflexion, la raison, le discernement, le bon sens, je ne pouvais pas méconnaître la voix d’une espèce de désir sourd, qui s’était faufilée en moi, comme honteuse d’être si insensée, et pourtant de plus en plus obstinée : je voulais vivre encore un peu dans ce beau camp de concentration.
Le temps de passer une étape, de l'avoir derrière soi, et déjà arrive la suivante. Ensuite, le temps de tout apprendre, on a déjà tout compris. Et pendant qu'on comprend tout, on ne reste pas inactif : on effectue déjà sa nouvelle tâche, on agit, on bouge, on réalise les nouvelles exigences de chaque nouvelle étape. Si les choses ne se passaient pas dans cet ordre, si toute la connaissance nous tombait immédiatement dessus, sur place, il est possible qu'alors ni notre tête ni notre coeur ne pourraient le supporter.
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Ma mère m'attend et elle sera heureuse de me revoir , la pauvre .Je me rappelle, ele voulait autrefois que je devienne ingénieur , médecin ou quelque chose dans le genre .De toute manière , tout sera certainement comme elle a prévu ; il n'ya aucune absurdité qu'on ne puisse vivre naturellement , et sur ma route , je le sais déjà , me guette , comme un piège incontournable , le bonheur .Puisque là-bas aussi ,parmi les cheminées , dans les intervalles de la souffrance , il y avait quelque chose qui ressemblait au bonheur .Tout le monde me pose des questions à propos des vicissitudes , des "horreurs " : pourtant , en ce qui me concerne , c'est peut-être ce sentiment là qui restera le plus mémorable .Oui , c'est de cela , du bonheur des camps de concentration, que je devrais parler la prochaine fois , quand on me posera des questions .
Si jamais on m'en pose . Et si je ne l'ai pas moi-même oublié .
«Le chemin du milieu, c'est le seul qui ne mène pas à Rome»
églantine- Messages : 4431
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Re: Imre Kertész
lecture faite à petites doses, donc hachée, ce dont j'ai en horreur ! que retenir des sentiments en cours de lecture ? je répète ce que j'ai ressenti à ma lecture précédente, je trouve, pour le sujet, que l'auteur se démarque des autres survivants.
Le désir, la nécessité pour le narrateur d'écrire ce roman se découvre à travers le récit que le dénommé Berg porte à la connaissance du narrateur et la lettre que ce dernier se propose de lui adresser confirmant ainsi le rôle des éléments extérieurs qui forcent les décisions sans éluder toutefois l’acceptation du destin qui est en nous, notre production.
L’auteur nous invite à la réflexion sur le pouvoir, la morale de l’individu par rapport à ceux du monde, plus généralement ; ce monde dont nous tous faisons partie et qui ne doit pas servir à nous défausser de notre responsabilité personnelle et vice versa (bourreau ou victime ou bourreau et victime).
C’est un beau sentiment que de voir dans l’écriture une grâce, mais la vie aussi en est une qui ne devrait pas souffrir de refus car la dernière page du livre de la vie tournée il n’y a pas de nouvelle édition.
Ceci dit, l’ambiance du livre est inquiétante, pesante, le lecteur est en attente d’une délivrance (mais l'auteur, en ce temps, n'est-il pas toujours en recherche ?)
J'ai l'impression d'être, comme Köves parmi les siens, une étrangère dans cette lecture bien que j'y sois entrée; difficile de traduire ce sentiment sans le réduire.
P.S. En visite chez Berg se retrouve La Table! Je m'interroge encore sur l'auteur, une impression d'avoir été éconduite, je l'ai laissé devant LA table pestant après sa voisine! Je pense que la jeune fille joue le rôle d'initiatrice, comme les anciens aux camps, car Köves est aussi «naïf».
(message rapatrié)
Le refus
Le désir, la nécessité pour le narrateur d'écrire ce roman se découvre à travers le récit que le dénommé Berg porte à la connaissance du narrateur et la lettre que ce dernier se propose de lui adresser confirmant ainsi le rôle des éléments extérieurs qui forcent les décisions sans éluder toutefois l’acceptation du destin qui est en nous, notre production.
L’auteur nous invite à la réflexion sur le pouvoir, la morale de l’individu par rapport à ceux du monde, plus généralement ; ce monde dont nous tous faisons partie et qui ne doit pas servir à nous défausser de notre responsabilité personnelle et vice versa (bourreau ou victime ou bourreau et victime).
C’est un beau sentiment que de voir dans l’écriture une grâce, mais la vie aussi en est une qui ne devrait pas souffrir de refus car la dernière page du livre de la vie tournée il n’y a pas de nouvelle édition.
Ceci dit, l’ambiance du livre est inquiétante, pesante, le lecteur est en attente d’une délivrance (mais l'auteur, en ce temps, n'est-il pas toujours en recherche ?)
J'ai l'impression d'être, comme Köves parmi les siens, une étrangère dans cette lecture bien que j'y sois entrée; difficile de traduire ce sentiment sans le réduire.
P.S. En visite chez Berg se retrouve La Table! Je m'interroge encore sur l'auteur, une impression d'avoir été éconduite, je l'ai laissé devant LA table pestant après sa voisine! Je pense que la jeune fille joue le rôle d'initiatrice, comme les anciens aux camps, car Köves est aussi «naïf».
(message rapatrié)
Dernière édition par Bédoulène le Sam 4 Nov - 16:09, édité 2 fois
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Bédoulène- Messages : 21622
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Re: Imre Kertész
Puisque Imre Kertész semble à l’honneur sur ce blogue, je vais évoquer Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas. Sous la nuée de l’inévitable Auschwitz (inévitable puisqu’il est, possible organisé dans toute sa rationalité), l’auteur éprouve honte, culpabilité, altérité d’identité, et même un sentiment de complicité. Dans son incapacité à s’adapter à la vie, et a fortiori au mariage, sans libre-arbitre dans le destin contraire, « vide », seul son travail (écrire) lui permet de continuer à exister ‒ survivre. Il continue de creuser sa tombe dans les nuages (avec un stylo, ce qui nous permet de le lire, id est d’approcher la compréhension de ce qu’il porte ‒ ce que la littérature seule permet).
C’est donc un monologue d’environ 150 pages, aux redites et coups de cymbale (« Non ! ») symphoniques, adressé notamment à l’enfant qu’il n’a pas eu, et qu’il faudrait pouvoir lire d’une seule traite (puisqu’il est composé avec jusqu’aux hésitations d’une discussion orale). Cet ouvrage ne me semble pas inférieur à Être sans destin ou Le Refus. Dans la forme et l’esprit, on peut en rapprocher l’œuvre de Thomas Bernhard (mais en moins gai encore…) Difficile de donner un extrait représentatif de ces longues phrases :
« …] la question qui s’était dessinée, à savoir : mon existence considérée comme possibilité de ton être, à la lumière des prises de conscience successives et à l’ombre du temps qui s’écoule, se transforma une fois pour toutes pour devenir : ton inexistence considérée comme la liquidation radicale et nécessaire de mon existence. »
Dernière édition par Tristram le Ven 9 Déc - 22:16, édité 1 fois
Tristram- Messages : 15922
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Re: Imre Kertész
Non !
C'est par ce cri du coeur .ou du non coeur . que commence ce texte magnifique , exigeant , écrit comme un seul souffle , une sorte d'explusion , une naissance dans le refus de celle-ci. C'est une douleur vitale qui n'a pas d'autres choix que l'écriture pour pouvoir continuer à être, car qu'adviendrait-il de celui-ci qui serait oblige d'exister en dehors de cette tâche obligatoire que constitue son travail d'écrivain? Pour faire simple, Kertesz sait que sa seule voie de salut se trouve dans l'écriture même si, à travers cette présence à la vie il ne fait que «continuer à creuser la tombe que d'autres ont commencé à creuser pour moi».
Non !
C'est la prise de conscience soudaine, au hasard d'une conversation son interlocuteur lui demanda innocemment s'il avait des enfants. C'est Kertesz qui s'entend répondre instinctivement, c'est la longue et sinueuse réflexion d'un homme qui n'a pas d'autres choix que de refuser la paternité et qui monologue intérieurement pour nous livrer cette «prière», ce Kaddish pour l'enfant qui ne naitra pas, parce que il est impossible de revivre l'indicible, l'invivable pourtant vécu à travers cette naissance.
Non !
Et ce non réveille toutes les négations qui constituent les piliers de la personnalité d'Imre Kertesz, rescapé des camps, écrivain mis à l'index par le régime totalitaire Hongrois , jeune garçon soumis à «la dictature chaleureuse» du père , juif qui n'en fut un qu'à travers Auschwitz, et aujourd'hui face à lui même, c'est ce non qui traduit au mieux sa puissance de vie qui lui fait refuser instinctivement ce que l'instinct de survie dicte à l'homme «en temps normal» : la procréation pour continuer à vivre au delà du temps qui nous est imparti individuellement. Compliqué tout cela ? Il est vrai que l'écrivain est un phénomène de complexité ,formidablement traduit par une écriture sinueuse qui dévide tel un écheveau tous les fils qui permettent d'élaborer une construction fidèle à une logique de pensée où rien n'est laissé au hasard. Kertesz écrit , Kertesz se regarde écrire , Kertesz s'approprie l'histoire et traduit l'intraduisible de l'absurde .
Ce Non, scandé tout au long de cette minutieuse introspection n'est rien d'autre qu'un cri d'amour , un enfantement et une invitation à regarder l'horizon. Au fil de mes lectures de cet écrivain si singulier, le voile se lève et m'apparait alors un homme profondément généreux, secrètement tapi dans ce qu'il appelle «ma vérité à moi ,et même si c'est une erreur, oui , seule mon erreur est ma vie». J'ai beaucoup aimé ce texte : un texte qui résonne comme un chant douloureux et lancinant, qui se fait fleuve et vous inonde d'une mélopée d'amour extraordinaire pour qui fera l'effort de lecture. J'aime Kertész. Oui.
églantine- Messages : 4431
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Re: Imre Kertész
Décidément, Églantine, ce pauvre Imre est dans l'air ! (très mauvais jeu de mots)
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15922
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Localisation : Guyane
Re: Imre Kertész
C'est un écrivain qui m'accompagne sur mon chemin de vie depuis que je l'ai découvert .Tristram a écrit:Décidément, Églantine, ce pauvre Imre est dans l'air ! (très mauvais jeu de mots)
C'est devenu presque un "intime" , il en va ainsi de certains écrivains ou artistes !
églantine- Messages : 4431
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Localisation : Savoie
Re: Imre Kertész
Salut! Je n'ai pas été un grand lecteur en matière de prose et je l'ai compris avec les années dans la mesure où mes sensibilités de lecteur accrochaient ailleurs. Je garde quand même une forme de respect pour le genre du témoignage. Imre Kertesz a été l'une des lectures qui ont précédé mon arrivée sur l'autre forum. Voici en vrac, les impressions très rudimentaires de cette remémoration historique de ma lecture passée.
24 février 2008, première journée sur l'autre forum :
Plus tôt cette année,
24 février 2008, première journée sur l'autre forum :
Pour dépoussiérer, je dépoussière... Mais les écrivains hongrois ont attiré mon attention, surtout Kertesz.
À date, j'ai lu le livre Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas. De plus, j'ai vu le film Être sans destin. Sa philosophie d'un certain univers concentrationnaire, en même temps que lumineuse... a de quoi faire voir la vie autrement.
À mon sens, Être sans destin est ce qui approche le plus de ma vision de l'Option Sourde.
Plus tôt cette année,
Je fais juste revenir au contexte entourant mon arrivée sur le forum. La semaine précédant mon entrée au sein du forum, j'ai publié un texte sur les tribunes libres du journal Le Devoir qui faisait état d'une interprétation que j'avais eue en lisant Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas en l'appliquant à la communauté sourde. L'opportunité de l'implantation de la cochlée des enfants sourds suscite encore une polémique au sein de la communauté, surtout en ce qui a égard à des nouvelles qui se demandent s'il ne faudrait pas limiter l'exposition visuelle des enfants qui subissent ce genre d'opérations... j'avais opposé une fin de non-recevoir sans équivoque.
Retour à Imre Kertesz. Jusqu'à date, je conserve des bons souvenirs de Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas. Il faudrait que je le relise d'ailleurs.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Imre Kertész
Liquidation
Nous sommes en 1999. L’écrivain B. (ou Bé) vient de se suicider. Après le suicide de B., et avant que la police ne vienne confisquer tout document dans l’appartement, Kesurű son ami et éditeur, est en quête du testament littéraire de son ami Bé et récupère et feuillète un ensemble de manuscrits dont celui d’une pièce de théâtre intitulée Liquidation, comédie en trois actes, qui met en scène les amis de B. Bé est né dans un baraquement du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau. Il ne sait pratiquement rien de ses origines. "B" est la lettre que les nazis ont tatouée sur sa cuisse quand il était nourrisson. La cuisse, car l’avant-bras n’offrait pas l’espace nécessaire pour inscrire le numéro de matricule. Kesurű a la certitude que son ami Bé a forcément écrit un roman avant de mourir, et dans lequel il pourrait percer le mystère de son suicide. C’est vers Sara la maîtresse de B. et Judit son ex-femme qu’il se tourne pour retrouver ce roman dont il est persuadé qu’il est caché quelque part.
Liquidation est le récit d’un homme qui n’est qu’un « accident industriel » et n’a pas le droit de vivre, pour qui le Mal est le principe de la vie. Sa survie même est un non-sens :
« Ainsi, le moyen de me libérer (dit Kesurű) m’est apparu petit à petit. J’ai fini par admettre, difficilement certes, qu’Auschwitz était mon fiancé… Ma rencontre avec Bé n’était pas le fruit du hasard. C’est comme si j’avais su qu’un jour je devrais aller au bout de l’énigme de ma vie et que le seul moyen de le faire était de vivre Auschwitz. Bé aussi a vécu Auschwitz ici, à Budapest, bien sûr un Auschwitz qui ne ressemblait pas à Auschwitz même, un Auschwitz librement choisi, adouci, mais où l’on pouvait mourir aussi réellement que dans le vrai ». |
J’ai aimé le style d’écriture de Kertész, percutant mine de rien, sa réflexion et sa forme littéraire sont intéressantes et, où s’entremêlent le théâtre et une narration analytique d’une certaine forme d’Auschwitz, et sa manière à lui, lucide, détaillée, d’analyser la mémoire.
Barcarole- Messages : 3019
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Re: Imre Kertész
Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas
Avez-vous des enfants ? NON !
C’est ce non catégorique qui amène le narrateur à se remémorer le passé : son enfance, son mariage, son travail de traducteur.
Des enfants, il n’en a pas et n’en a pas voulu. Il a refusé de transmettre son douloureux passé à un enfant. Un enfant qui serait une continuité de son existence et il n’est pas capable de vivre, juste de survivre, dans une liberté intime qui rejette toute attache que ce soit, celle d’un domicile qui lui appartiendrait ou même une femme, sa femme ; alors un enfant... et c'est à cet enfant qui n'a pas eu d'existence (preuve peut-être bien de son inexistence à lui, lui qui dit vivre à moitié ? ) qu'il se livre.
Le sentiment de culpabilité de sa survivance est prégnant mais n’est pas alimenté par sa judéité (même si bien sur c'est elle qui l'a conduit aux camps) car pour lui être Juif «c’est un état de fait désagréable et pas très compréhensible». Par contre le pouvoir des camps qu'il subit est assimilé à celui du père, de son père avec lequel il n’avait pas d’entente.
Le narrateur n’existe que par son écriture mais c’est aussi avec elle qu’il creuse sa tombe dans les nuages ; il a, comme il le dit, poursuivi toute sa vie son «autoliquidation» inconsciemment d’abord, puis consciemment ; les autres lui avaient mis la pelle entre les mains.
On peut certainement comparer son « exil volontaire du monde » (conforté par le sentiment d’altérité qui l’habite depuis son enfance ?) à un suicide.
Une lecture appliquée, à écouter le narrateur se raconter, à ramasser les indices, à tenter de comprendre.
Extrait choisi
«C'était un soir d'été finissant, je m'en souviens la rue était baignée d'odeurs trop mûres, les maisons aux petits yeux plissés, ivres et mal lavées vacillaient le long des trottoirs. Le soleil couchant dégoulinait sur les murs comme un vin bourru et jaune, collant ; les portes béaient dans la pénombre comme des plaies de teigne et moi, pris de vertige je m'agrippais à une poignée ou qui sait quoi, quand soudain je fus touché par le mystère - oh ! pas celui de la mort, mais celui de la survie.»
(message rapatrié)
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21622
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Re: Imre Kertész
Le refus
Qu'oser dire d'un Monsieur reconnu par le prix Nobel? Que se permettre face à l'écriture répondant l'expérience de la shoah? Bon, je me jette. Il y a un réel talent d'écriture(on s'en douterait), notamment dans la transcription du renfermement , de l'obsession, de la pensée qui n'avance plus, de la recherche impossible de sens. C'est très cérébral, très intellectuel, dans une réflexion sur le bien et le mal (victime/bourreau, la shoah, l'état totalitaire) et l'écriture (impossible, salvatrice, génératrice de rejet / refus, témoignage / introspection / plaidoyer), qui n'ouvre aucune respiration. Une quête perpétuellement inaboutie car aucune réponse n'est simple, ou même possible, voire acceptable. Ça me laisse totalement mal à l'aise dans une ambiance distante voire rebutante à la Kafka croisé de 1984, avec des tiroirs qui s'ouvrent les uns dans les autres, se répondant dans un mystère étrange et symbolique. C'est, donc, sans doute totalement indispensable, mais à réserver à un certain public (dont je ne suis pas, apparemment et je le regrette) et celui-là saura s'éclater. Ce fut une expérience curieuse et perturbante.
(commentaire récupéré)
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8545
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Re: Imre Kertész
Kaddish, pour l'enfant qui ne naîtra pas
B. (= Imre Kertesz ?) raconte les circonstances d’une demande : la possibilité d’une paternité, d’un enfant, une vie à venir ; pourquoi refuse-t-il ? Il raconte ce qu’il y a eu avant, puis ce qu’il y a eu après cette question. Son monologue survole, tourne autour de plusieurs antécédents : la mère, le père, l’éducation, la judéité, le processus et la méthode d’une dictature, Auschwitz, Buchenwald (l’auteur a été déporté dans ces deux camps lorsqu’il était adolescent.) Les yeux du lecteur suivent le mouvement de cette prose qui allie bien l’ironie et la colère à l’analyse, et qui passe des antécédents susdits à cette vie future. B. balaie toutes les possibilités en décrivant une instabilité permanente (à l’image de son monologue en fait) foyer d’angoisses et de paix impossible, liberté inconcevable, travail compromis, ce n’est pas, dit-il, Auschwitz qui est inexplicable, incompréhensible, insaisissable, c’est le bonheur.
B. (= Imre Kertesz ?) raconte les circonstances d’une demande : la possibilité d’une paternité, d’un enfant, une vie à venir ; pourquoi refuse-t-il ? Il raconte ce qu’il y a eu avant, puis ce qu’il y a eu après cette question. Son monologue survole, tourne autour de plusieurs antécédents : la mère, le père, l’éducation, la judéité, le processus et la méthode d’une dictature, Auschwitz, Buchenwald (l’auteur a été déporté dans ces deux camps lorsqu’il était adolescent.) Les yeux du lecteur suivent le mouvement de cette prose qui allie bien l’ironie et la colère à l’analyse, et qui passe des antécédents susdits à cette vie future. B. balaie toutes les possibilités en décrivant une instabilité permanente (à l’image de son monologue en fait) foyer d’angoisses et de paix impossible, liberté inconcevable, travail compromis, ce n’est pas, dit-il, Auschwitz qui est inexplicable, incompréhensible, insaisissable, c’est le bonheur.
Dreep- Messages : 1539
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Re: Imre Kertész
merci Dreep ! as-tu lu d'autres livres de cet auteur ?
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Bédoulène- Messages : 21622
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Re: Imre Kertész
Non, c'était une découverte pour moi
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Imre Kertész
continues la découverte Dreep !
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Bédoulène- Messages : 21622
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Imre Kertész
Il faut décidément que je lise celui-ci. (Je n'ai lu qu'Etre sans destin).
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Armor- Messages : 4589
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