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Nicolas Gogol

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Message par topocl Mar 6 Déc - 15:35

Nicolas Gogol
(1809-1852)


Nicolas Gogol Nicola10

Nicolaï Vassiliévitch Gogol (en russe : Николай Васильевич Гоголь) est un prosateur, dramaturge, poète, critique littéraire et publiciste russe d'origine ukrainienne.

Fils d'un petit fonctionnaire issu d'une famille ukrainienne de soldats et de prêtres anoblis au XVIIe siècle, il est l'aîné de douze enfants.

En 1829, Gogol fait ses premiers pas littéraires en publiant, sous le pseudonyme de V. Alov et à compte d'auteur, le médiocre poème romantique Hanz Küchelgarten. Éreinté par la critique, il retire les exemplaires des librairies pour les brûler. Lorsque le succès lui sourira, Gogol ne parlera à personne de cet échec littéraire. Après cet échec, il s'échappe une première fois de Russie et passe deux mois dans le nord de l'Allemagne, sous couvert de mensonges successifs.

Gogol s'installe à Saint-Pétersbourg en 1828 où il occupe des emplois administratifs dans des ministères et commence à publier des nouvelles. Il y rencontre Pouchkine qui l'encourage à écrire. Il obtient ses premiers succès littéraires avec les "Soirées du hameau de Dikanka", recueil de nouvelles grotesques, drolatiques et fantastiques, inspirées de la vie des paysans ukrainiens, qui lui assure la célébrité.

En 1833, il pense avoir une vocation d'historien. Il est nommé professeur adjoint à l'Université de Saint-Pétersbourg, mais devant l'échec progressif de ses cours il revient à la littérature. Gogol publie alors le recueil "Arabesques", qui contient notamment La Perspective Nevski, Le Portrait et Le Journal d'un fou et le recueil "Mirgorod", où l'on trouve le conte fantastique Vij et une première version de "Tarass Boulba".

Entre 1835 et 1837, Gogol publie de nombreuses nouvelles et une pièce de théâtre "Le Révizor" dont les représentations sont appréciées par le Tsar. Il entame à cette période l'une de ses œuvres majeures, "Les Âmes mortes", dont le sujet lui a été confié par Pouchkine qu'il admire toujours.

A partir de 1841, il bascule dans une exaltation religieuse et messianique. Il publie sa nouvelle "Le Manteau" en 1843. Après des séjours prolongés en Europe occidentale, il disparaît de la scène littéraire russe et, à son retour, en 1846, ses écrits obscurantistes et moralisateurs ne plaisent pas. Très abattu, il est sujet à des crises dont il succombera à l'âge de 42 ans.

Bibliographie

Poésie
Hanz Küchelgarten (1829)

Nouvelles isolées
Le Portrait (1842), deuxième rédaction
Le Manteau (1843)

Recueils de nouvelles

Soirées du hameau (connu aussi sous le titre des Veillées du village de Dikanka ou Veillées d'Ukraine) (1831-1832), comprenant :
-  La Foire de Sorotchintsy ;  Page 1
- La Nuit de la Saint-Jean ; Page 1
- Une nuit de mai ou la noyée :  Page 1
- La Dépêche disparue  ;  Page 1
- La nuit de Noël ; Page 1
- Une terrible vengeance ; Page 1
- Ivan Fiodorovitch Chponka et sa tante Page 1
- Le Terrain ensorcelé ; Page 1

Mirgorod (Nouvelles servant de suite aux Soirées du hameau), comprenant :
- Un ménage d’autrefois
– Tarass Boulba
– Vij – La Brouille des deux Ivan (1835)
   
Nouvelles de Pétersbourg, comprenant :
Tome 1 :
- Arabesques : La Perspective Nevski
- Le Journal d'un fou
- Le Nez
- La Calèche
- Le Manteau.
Tome 2 :
- L'Apport de Rome : Le Portrait (première version) -
- Rome
- Les Nuits de la villa (1835-1836).

Romans
Tarass Boulba, (1835 ; 1839 ) :  Page 1
Les Âmes mortes, première partie (1842)
Les Âmes mortes, deuxième partie (inachevée ; édition posthume).

Théâtre
La Matinée d'un homme d'action
Le Procès
L'Antichambre
Les Joueurs (1836)
Les Épousailles (autres traductions: Le Mariage et Hyménée (1835)
Le Revizor (1836)

Correspondance
Passages choisis d'une correspondance avec des amis (1846)
Lettres de Gogol présentées par V. Chenrok (1901).

màj le 20/02/2019


Dernière édition par Armor le Mer 20 Fév - 23:34, édité 2 fois (Raison : MAJ)

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Message par topocl Mar 6 Déc - 15:36

Tarass Boulba

Nicolas Gogol 210
Portés par leur foi indéfectible en la religion orthodoxe, les Cosaques ont mené des guerres contre les  peuples d’autres religions, musulmane, catholique et juive. À travers le personnage de l’inflexible Tarass Boulba, Gogol raconte plus spécifiquement leurs combats  contre les Polonais au XVIe siècle.

(…) et tous, d'après le consentement des anciens, le kochevoï et les atamans des koureni, avaient résolu de marcher droit sur la Pologne, pour venger toutes leurs offenses, l'humiliation de la religion et de la gloire cosaque, pour ramasser du butin dans les villes ennemies, brûler les villages et les moissons, faire enfin retentir toute la steppe du bruit de leurs hauts faits. Tous s’armaient.

Il ne manque rien à ce récit pour en faire un parfait roman d'aventure tout à fait palpitant. Les cosaques sont des rustres assoiffés de guerre et d'eau-de-vie. Et si l'honneur, la fraternité, l'amour de « l’âme russe», l’appétit de vie sont leurs premiers commandements, il ne leur  manque  non plus ni l’avidité, ni la cruauté.

C'est une qualité propre à la race slave, race grande et forte, qui est aux autres races ce que la mer profonde est aux humbles rivières. Quand l'orage éclate, elle devient tonnerre et rugissements, elle soulève et fait tourbillonner les flots, comme  ne le peuvent les faibles rivières ; mais quand il fait doux et calme, plus sereine que les rivières au cours rapide, elle étend son incommensurable nappe de verre, éternelle volupté des yeux.

Mais l'auteur prête aussi à ces brutes sanguinaires, par moments, des doutes, de l'émotion, des questionnements, qui les rendent attachants. On croise au passage la trahison d’un fils, l'amour de la femme la plus belle du monde enfermée dans une ville rendue exsangue par un siège, des souterrains secrets, des combats spectaculaires, des cavalcades éperdues, des costumes resplendissants.
Ciel ! Que cela devrait être beau au cinéma !

C'est superbement écrit, Gogol nous mène de la splendeur des steppes ukrainiennes à des combats sauvages, dirige aussi habilement les entretiens privés et les émotions intimes que les mouvements de foule. Il y a de superbes envolées lyriques assez exaltées – et exaltantes :il suffit de lire cela avec une connivence amusée (même s’il n'est pas sûr que l'auteur y ait mis l’humour qu’on veut bien y mettre). C’est pathétique à souhait, tout à fait poignant, on n'a pas envie de lâcher une seconde cette histoire, ses rebondissements, ses déchirements.

Pour prendre pleinement plaisir à cette lecture, il faut cependant accepter un antisémitisme des plus primaires, qui semble être autant celui de Gogol que celui de son personnage.

(…)l'éternelle pensée de l’or, qui, semblable à un ver, se replie autour de l’âme du juif

Nicolas Gogol Index41Nicolas Gogol Index112


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #historique

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Message par Tristram Sam 16 Sep - 1:53

Tarass Boulba, lecture d'enfance qui n'a rien laissé de conscient...
Mais le conteur Gogol possède un humour certain :

« On faillit presque réussir. Rue Kiriouchkine, en effet, un garde de ville parvint à mettre la main au collet du mort, au moment où celui-ci arrachait le manteau d’un musicien en retraite, lequel en son temps avait eu un joli talent de flûtiste. »
Nicolas Gogol, « Le Manteau », in « Nouvelles de Pétersbourg »

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Quasimodo Sam 16 Sep - 2:07

Bon ? C'est exactement pareil pour moi, Tarass Boulba.
Sinon il y a le Révizor, une de mes plus anciennes lectures, que j'avais choisi très jeune ... et que j'ai lu, et relu. Et les nouvelles ! Avec quel plaisir je les reprendrais.
Je penserai à Shanidar en lisant les Âmes mortes, on parlait d'en faire une LC.
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Message par Invité Sam 16 Sep - 8:16

C'est une belle lecture Les âmes mortes, malheureusement une partie du roman a été perdue.

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Message par Dreep Sam 16 Sep - 16:05

Arturo a écrit:C'est une belle lecture Les âmes mortes, malheureusement une partie du roman a été perdue.

C'est sûr, ça ? C'est arrivé avec plusieurs oeuvres russes, elles ont été censurés à l'époque soviétique, ou par le régime tsariste, mais ont depuis été restitués dans leur intégralité, en russe du moins. Parce que comme on est très malins en France, il paraît qu'on traduit souvent les versions censurées.
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Message par bix_229 Sam 16 Sep - 16:16

C' est tout un univers Gogol.
Un jalon dans la littérature russe et dont l' influence fut considérable
Les Ames mortes bien entendu.
Mais aussi son théatre (Revizor) et ses nouvelles, fantastiques, populaires,
satiriques.
Parmi lesquelles on peut ranger Les Veillées du Hameau, un peu oubliées,
me semble t-il.
Et qui soutiennent la comparaison avec Les Récits d' un chasseur de
Tourgueniev.
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Message par Invité Sam 16 Sep - 17:12

Dreep a écrit:
Arturo a écrit:C'est une belle lecture Les âmes mortes, malheureusement une partie du roman a été perdue.

C'est sûr, ça ? C'est arrivé avec plusieurs oeuvres russes, elles ont été censurés à l'époque soviétique, ou par le régime tsariste, mais ont depuis été restitués dans leur intégralité, en russe du moins. Parce que comme on est très malins en France, il paraît qu'on traduit souvent les versions censurées.

Je n'y étais pas, mais apparemment l'auteur a brûlé son oeuvre, mécontent de sa production.

toutefois :
wikipédia a écrit:De larges extraits de la seconde partie des Âmes mortes nous sont parvenus. Il s'agit d'un ouvrage édifiant, d'un ton conservateur jugé par certains comme étant souvent à la limite du ridicule, dans lequel Tchitchikov, le héros de la première partie des Âmes mortes fait la rencontre d'hommes moralement extraordinaires. Considéré par les critiques comme étant d'une qualité bien inférieure à la première partie, le génie unique de Gogol y perce cependant encore dans quelques passages.

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Message par Dreep Sam 16 Sep - 17:25

Oh, d'accord Arturo.

Oui, Les Veillées du Hameau, ou Les Nouvelles Ukrainiennes, je comptais les lire cette année.
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Message par Aventin Ven 1 Fév - 9:11

Tarass Boulba

Titre original Тара́с Бу́льба. Roman ou nouvelle, 120 pages environ (11 chapitres), 1835 pour un premier jet, date de parution à peu près finale 1843.
(NB: toute sa vie Gogol a modifié, amendé ce qu'il a fait paraître, n'ayant jamais l'air de considérer ses écrits comme parachevés mais toujours "en mouvement", d'où le "à peu près").

Nicolas Gogol Tarass10

Depuis longtemps -c'est apparemment toujours le cas aujourd'hui- cet ouvrage, en version légèrement édulcorée, garnit les rayonnages "Jeunesse" de nos libraires: c'est à peu près le dernier livre que j'y ferai figurer pourtant, même en version édulcorée.
Au reste, si j'ai bien compris, c'est seulement estompé de quelques bisous et non de quelques cruautés "abominaffreuses" et autres massacres que cet ouvrage paraît en collection "Jeunesse" !

On est en plein dans la veine du courant XIXème du roman réaliste à vocation historique, et, disons-le tout de suite, au petit jeu comparatif je trouve que Tarass Boulba se situe en moyenne montagne comparé aux cimes où campe un chef-d'œuvre absolu du genre, un Salammbô de Flaubert par exemple.

Ces pages sont faites pour vous si disposez de ce type d'affinités spectaculaires envers ce qui est quotidiennement répandu dans la création actuelle, je parle des fictions en images telles que livrées chaque jour sur nos écrans principalement : la violence effrénée.

Nul doute, vous trouverez de l'hémoglobine en pagaille, de la brutalité, de l'animalité, du machisme guerrier, des mœurs horrifiantes se voulant édifiantes, de nombreux détails intéressant sans doute l'historiologie; sur ce dernier point, Gogol est petit-fils de Cosaque Zaporologue, les critères de précision, d'apport historique éventuel, d'exactitude (à une ou deux broutille-s- près selon l'annotateur), de vétilleuse plausibilité, propres au courant XIXème du roman réaliste à vocation historique que j'évoquais plus haut sont remarquable. Chez Flaubert et Salammbô aussi, c'est vrai, mais dans un ouvrage davantage charpenté, plus alambiqué aussi, allez, j'ose: se voulant moins brut de décoffrage.
 
Bref: Passez muscade, de la série B, de la seconde zone ?

Que nenni, ici entrent des mais de taille:
Il y a du souffle, de l'épique, de l'homérique, la moindre des choses direz-vous lorsqu'on entend traiter un sujet avec les ingrédients de l'épopée.

Incontestablement, le talent de plume régale, Gogol dans Tarass Boulba c'est une écriture "qui a des joues", si j'ose m'exprimer ainsi.

Style vif, très appréciable, l'art du bon conteur d'embarquer le lecteur, celui du bon nouvelliste de camper vite et profond.  

Des pointes où l'on subodore le romantisme, voire le baroque (le sujet se prête à merveille à ceux-ci, il faut dire).
Dans les phases d'action, et il y en a pour ainsi dire à chaque page, Gogol écrit simple, limpide, concis, avec un siècle et demi d'avance suis-je tenté d'ajouter, mais, en cela c'est une prouesse, en maniant de la même main plume et pinceau, ce dernier outil (le pinceau) étant davantage XIXème, et du tout meilleur, d'où un ressenti de décalage et rareté, succulent (exemple ci-dessous).

De Tarass Boulba, quelque soit l'accueil mitigé -vous l'avez compris- que je fasse au livre en termes de contenu, il reste l'envie de plonger et replonger dans cette écriture de maître.


Chapitre XI a écrit:
Les cosaques se lancent au grand galop sur le sentier à flanc de roche. Mais les poursuivants sont déjà sur leurs talons.  Le sentier devant eux tourne et serpente, et décrit de nombreux crochets. "Allons camarades, arrive que pourra !" s'écrient-ils tous en même temps, et ils s'arrêtent net, lèvent leurs cravaches, les font siffler, et leurs chevaux tatars bondissent, se déploient dans l'air comme des serpents, franchissent le précipice et plongent dans les eaux du Dniestr. Il n'y en eu que deux qui n'atteignirent pas le fleuve, allèrent s'écraser sur les pierres, et disparurent à tout jamais avec leurs chevaux dans avoir eu le temps de proférer un cri. Et les autres, déjà, atteignaient à la nage les embarcations et commençaient à les détacher. Les Polonais s'arrêtèrent au bord du précipice, stupéfaits de cet exploit inouï des Cosaques, et se demandaient s'ils allaient sauter. Un jeune colonel, au sang vif et ardent, le frère de la belle Polonaise qui avait ensorcelé le pauvre André, n'hésita pas un instant et, éperonnant violemment son cheval, voulut s'élancer à la poursuite des Cosaques. Il se retourna trois fois dans les airs avec sa monture et s'écrasa sur les aspérités de la roche. Les pierres tranchantes le déchirèrent en morceaux, et il disparut dans le précipice, tandis que son cerveau mêlé de sang éclaboussait les buissons qui croissaient sur les saillies de la falaise.   
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Message par Bédoulène Ven 1 Fév - 11:20

merci Aventin, l'extrait est parlant

il y a eu de nombreuses adaptations par le cinéma, en a tu vu ?

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par Quasimodo Ven 1 Fév - 12:26

Aventin a écrit:Depuis longtemps -c'est apparemment toujours le cas aujourd'hui- cet ouvrage, en version légèrement édulcorée, garnit les rayonnages "Jeunesse" de nos libraires: c'est à peu près le dernier livre que j'y ferai figurer pourtant, même en version édulcorée.
C'est un de mes premiers "livres de grands", que j'avais trouvé dans une braderie. Je ne sais pas s'il s'agissait d'une version édulcorée.
En tout cas c'est l'un des livres lus un peu trop tôt, largement grâce auxquels j'aime la lecture aujourd'hui. Mais je n'en garde presque aucun souvenir. Je le relirai volontiers, pour accompagner le cours sur l'épopée (au XIXe siècle) que je suis ce semestre.
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Message par Aventin Ven 1 Fév - 14:02

Bédoulène a écrit: il y a eu de nombreuses adaptations par le cinéma, en a tu vu ?
j'avais vu, adolescent, la version de je ne sais plus qui, parue dans les années 1960 je pense, avec Yul Brynner dans le rôle principal; était-ce à l'occasion d'un ciné-club ou à la télé, je ne me rappelle pas, ni du film au demeurant Very Happy , excepté la tronche de Yul Brynner, hâlé, le regard féroce, comme sur cette photo trouvée après une rapide mise en action du moteur de recherches:

Nicolas Gogol Yul-br11


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Message par Bédoulène Ven 1 Fév - 18:28

je l'ai vu aussi !

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Message par Aventin Sam 2 Fév - 6:24

Les veillées du hameau, I

Nouvelles. Se trouvent parfois sous le titre: Les Soirées du hameau ou encore Les Soirées du hameau près de Dikanka.
Titre original: Вечера на хуторе близ Диканьки

Lues dans le Gallimard quarto "Nouvelles complètes":

Nicolas Gogol Gogol10

topocl, à propos de Tarass Boulba a écrit:même s’il n'est pas sûr que l'auteur y ait mis l’humour qu’on veut bien y mettre.
Un indice en tous cas: dans ces nouvelles-là, on est sûrs et certains que Gogol y a mis tout l'humour que l'on veut bien y voir.

La narration est assurée par un Pope plutôt truculent, Foma Grigoriévitch, et les histoires seraient rassemblées à l'écrit par un apiculteur, Panko le Rouge.  
Gogol, par ces biais, veut sans doute sonner plus authentique, faire vraiment pénétrer dans une ferme un soir de veillée, et aussi sans doute, par ce procédé, échapper à un certain formalisme, retrouver toute la vigueur de l'oralité en petit comité, autour d'une table.

__________________________________________________________________________________________________________________________

La Foire de Sorotchintsy
Titre original: Сорочинская ярмарка
Date présumée d'écriture: 1829 (?), 28 pages environ.

Nicolas Gogol 67363510


Joyeuse nouvelle, colorée, démarrant par le trajet vers une foire de village.

On découvre le père de famille, influençable et pusillanime, une jeune beauté jamais trop sortie de sa ferme, une marâtre acariâtre qui tient les rênes, des jeunes mâles délurés, un en particulier, assez entêté pour parvenir à ses fins, des tziganes prêts à toutes les manigances, un fils de pope courtisan, quelques autres caractères habilement croqués sur le vif.

L'histoire, un tantinet burlesque, un tantinet pantalonnade même, fait jaillir des superstitions, des peurs irraisonnées, au bout du compte la farce, et les défauts des caractères principaux croqués à vif, le tout dans une espèce de frénésie donnant beaucoup de vivacité à la nouvelle: Castigat ridendo mores, comme le veut la célébrissime devise...

______________________________________________________________________________________________________________________________

La Nuit de la Saint-Jean

Titre original: Вечер накануне Ивана Купала, parution: 1830, 16 pages environ.

Un jeune homme pauvre, un jolie jeune fille, un amour impossible...
Là-dessus, les diableries s'en mêlent, une rude évocation toujours sauvée par la légèreté du propos.
Soit dit en passant, ça illustre, ce me semble, toute la pertinence du procédé littéraire, de la veillée (exemple ci-dessous), surjouée peut-être sur cette nouvelle-là estimera-t-on, mon avis est que non, à preuve, elle porte encore beau toute sa fraîcheur depuis toute ses années qu'elle fut écrite.

Nouvelle de genre fantastique, comme une introduction à celles qui suivront (?).

Il y a de cela...pensez-vous ! cent ans et plus, disait mon défunt grand père, notre village, personne ne l'aurait reconnu: un hameau, tout ce qu'il y a de misérable ! Une dizaine de pauvres isbas, sans crépi, sans chaume, plantées çà et là au milieu de la plaine. pas de palissade, pas un hangar convenable pour y ranger le bétail ou la charette. Et encore, c'étaient les richards qui habitaient là; vous auriez vu les gens de notre espèce, les va-nu-pieds ! Une fosse creusée dans le sol, voilà leur maison ! À la fumée près, vous n'auriez pas reconnu la demeure d'une créature de Dieu. Vous allez me demander pourquoi ils vivaient ainsi ? Car pour être pauvres, ils n'étaient pas si pauvres que ça; à l'époque, presque tout le monde faisait le Cosaque et ramassait assez de bien dans les pays étrangers; c'était surtout parce qu'il n'y avait pas de raison de se monter une maison convenable.  

_________________________________________________________________________________________________________________________________

Une nuit de mai ou la noyée

1830 ou 1832 (?) 30 pages environ, 6 chapitres.

D'une plongée dans le folklore (il y un lien avec l'apport du romantisme, qui a mis le folklore au goût du jour - voir dates d'écriture-), par le mode de l'oralité transcrite toujours, une nouvelle assez vive, humoristique.

Un jeune Cosaque courtise une jolie fille, s'en vient avec son instrument de musique sous sa fenêtre, la bien-aimée le rejoint, et, désignant une vieille maison:
Près de la forêt, sur la montagne, sommeillait avec ses contrevents fermés une vieille maison en bois ; la mousse et l’herbe sauvage couvraient le toit. Les pommiers s’étageaient devant les fenêtres ; la forêt l’enveloppant de son ombre, donnait à cette maison un aspect morne et farouche ; un petit bois de noyers s’élevait au pied de la colline et descendait jusqu’à l’étang.
La fille demande à Levko, le gars, de raconter l'histoire qui s'y rapporte.
De ce prétexte-là, le récit bascule dans le féérique, le légendaire.

Entrent ensuite dans l'histoire le père de Levko, autoritaire, imbu de lui-même, toujours vert et libidineux, il importune les jeunes filles du village.

Puis un ivrogne de village, s'ensuit un tour joué par les jeunes au maire,  un curieux distillateur, et la farce, mêlée de merveilleux et de folklore, éclate...  

— Hé ! Hé ! Laissez entrer le cochon dans la maison, et, immédiatement, il met ses pattes sur la table, dit le maire en se levant tout en colère. Mais, au même instant, une grosse pierre faisant voler la fenêtre en éclats, vint tomber à ses pieds. Le maire s’arrêta… — Si je savais, reprit-il, en ramassant la pierre, quel est l’échappé de potence qui l’a lancée, je lui apprendrais à tirer. Quelle coquinerie ! — continua-t-il en examinant le projectile d’un regard désespéré. Puisse cette pierre l’étouffer.

— Halte-là ! Halte-là ! que Dieu t’en préserve, compère, interrompit vivement le distillateur en pâlissant, que Dieu te préserve dans ce monde et dans l’autre de gratifier personne d’un pareil souhait !…

— Ne vas-tu pas encore prendre sa défense ? qu’il crève !…

— Loin de toi une pareille pensée, compère. Tu ne sais probablement pas ce qui est arrivé à ma défunte belle-mère. Oui ! à ma belle-mère. Un soir, peut-être un peu plus tôt qu’il n’est à présent, on soupait : Défunte belle-mère, défunt beau-père, un valet de ferme et une servante et une demi-douzaine d’enfants. La belle-mère avait versé des boulettes de viande de l’énorme marmite dans un plat pour qu’elles ne fussent pas aussi chaudes. Ce travail terminé, tous avaient grand faim et ne voulaient pas attendre qu’elles se refroidissent. En les piquant avec de longues aiguilles de bois, ils se mirent à manger. Soudain, survint on ne sait d’où, un homme (Dieu sait qui il était), demandant à ce qu’on lui fit place. Comment ne pas donner à manger à un homme affamé ! On lui donne aussi une aiguille ; mais l’hôte engloutissait les boulettes comme une vache le foin. Avant que les autres aient avalé une boulette et ne soient mis en mesure d’en prendre une seconde, le fond du plat était aussi net qu’une dalle d’église. La belle-mère le remplit de nouveau. Elle pensait qu’ayant déjà apaisé sa faim, l’inconnu procéderait moins vite. Pas du tout, il n’en dévora que plus fort et il vida le second plat. « Puisses-tu étouffer de ces boulettes ! pensa la belle-mère affamée. Lorsque tout à coup, il avala de travers ; il tomba. On s’empressa autour de lui. La vie n’y était plus ! il était étouffé.

— Il ne l’avait pas volé ! le maudit goulu !… exclama le bailli.

— Volé ou non ! depuis ce soir, ma belle-mère n’eut plus de repos. Aussitôt la nuit, le mort se dressait ; il s’asseyait à cheval sur la cheminée, le maudit, et tenait la boulette entre ses dents. Pendant le jour tout allait bien ; aucune trace de lui ; mais aussitôt qu’il faisait sombre… regardez le toit ; il enfourche déjà le tuyau, ce fils de chien !…

— Et la boulette entre ses dents ?

— La boulette entre ses dents.

___________________________________________________________________________________________________________________________________

La dépêche disparue
Titre original: Пропа́вшая гра́мота, une douzaine de pages, 1830 ou 1832 (?)

Ne ratez pas cette courte nouvelle, vraiment la quintessence de l'art de l'auteur en matière de fantastique mêlé à la farce !



Un Cosaque est chargé de porter une lettre à la Tsarine Catherine, il la coud dans son bonnet et part sur le champ.
Il ne manque pas de rencontrer un Zaporogue, sur sa route, et il partent en ripaille et bamboche, avec un autre compagnon.
Dans une auberge, après libations, le Zaporogue explique qu'il a vendu son âme au diable, qu'il doit venir la récupérer cette nuit, et qu'il faut donc rester éveillé. Mais tous finissent par tomber de sommeil...

Le grand-père dormit longtemps ; ce ne fut que quand le soleil eut bien chauffé sa tonsure qu’il se leva vivement sur ses jambes. Après s’être étiré par deux fois et avoir gratté son dos, il remarqua qu’il y avait déjà moins de charrettes que la veille ; les Tchoumaks probablement étaient partis à l’aube. Il regarda du côté de ses compagnons : le Cosaque était là qui dormait encore, mais le Zaporogue avait disparu. Il se mit à questionner les gens, mais personne ne savait rien. Seule la svitka du Zaporogue était restée à la place où celui-ci s’était couché.

Effrayé, mon grand-père réfléchit un moment. Il alla voir les chevaux, mais il ne trouva ni le sien ni celui du Zaporogue. « Qu’est ce que cela pouvait bien être ? Admettons : la force maligne s’est emparée du Zaporogue ; mais qui a pris les chevaux ? »

Après avoir longtemps songé, le grand-père conclut que le diable était venu et, comme il y avait une longue trotte pour retourner jusqu’en enfer, il avait chipé son cheval. Il était très chagriné de n’avoir pas tenu sa parole de Cosaque.

— Eh bien, pensa-t-il, rien à faire ! j’irai à pied ! Peut-être trouverai-je sur ma route quelque maquignon retour de la foire et pourrai-je lui acheter un cheval ?

Il voulut mettre son bonnet, mais le bonnet lui-même avait disparu. Mon défunt grand-père joignit ses mains de désespoir, en se rappelant que la veille, il l’avait échangé contre celui du Zaporogue.


mots-clés : #nouvelle


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Message par Bédoulène Sam 2 Fév - 7:15

merci Aventin, je préfère les romans (en général) aux nouvelles, mais il m'arrive d'en lire et d'apprécier, donc je tenterais peut-être.

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Message par Aventin Mer 20 Fév - 21:15

Les veillées du hameau II

Nicolas Gogol Sorcie10


L'avant-propos signé de l'apiculteur Panko le Rouge précise que, ce coup-ci, la plupart des narrateurs sont inconnus "à l'exception du seul Foma Grigoriévitch", chantre principal des veillées du hameau I.
Cette petite farce de mise en scène préliminaire n'est pas sans importance, Gogol entend sans doute plonger plus avant dans la mémoire anonyme, orale, des Cosaques et des villageois.

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La nuit de Noël
En russe Ночь перед Рождеством, nouvelle écrite vers 1835 environ, 42 pages.

Peut se lire ici.


Accrochez-vous, le volume II des veillées du hameau démarre sur les chapeaux de roues !
Cet alliage du folklore, du burlesque et du fantastique est une réussite, d'une grande théâtralité.
Nouvelle vivante, colorée, qui a, du reste, inspiré à Nikolaj Andreevič Rimskij-Korsakov un Opéra éponyme.

Diable, sorcière en balai, lune décrochée, tsarine, comique de situation et de répartie, méprises, jeune premier amoureux transi idéal allant quérir l'impossible, tout y passe...

De ce tourbillon oscillant entre cocasse et merveilleux, le tout savamment dosé, passé l'étourdissement, on retient -encore une fois- la grande qualité technique de l'écrivain, là c'est une vraie prouesse en matière de conte, de conte entre autres populaire.  

Si au même instant avait glissé par là, en traîneau attelé de trois chevaux de front réquisitionnés chez des particuliers, l’assesseur au tribunal de Sorochinietz avec son bonnet bordé d’astrakan et taillé sur le patron des coiffures de uhlans, avec sa peau de mouton noir, recouverte de drap bleu, et ce fouet à tresse diaboliquement compliquée dont il encourageait son postillon, il l’aurait certainement remarquée, cette sorcière, car pas une au monde n’échappe à l’œil du susdit assesseur. Il sait sur le bout du doigt à combien de gorets se monte la portée de la truie chez telle ou telle bonne femme, combien de pièces de toile logent dans le coffre de chaque paysanne, quelles parties de sa garde-robe ou quels instruments aratoires exactement un brave homme a mis en gage le dimanche à l’auberge. Mais l’assesseur de Sorochinietz n’était point de passage ; pourquoi d’ailleurs aurait-il fourré le nez dans le secteur d’autrui ? Il avait bien assez de chats à fouetter dans son propre canton. Pendant ce temps, la sorcière poursuivait son ascension, à une telle hauteur qu’elle n’apparaissait plus que comme une tache minuscule, aperçue par éclipses, tout au fond des cieux. Mais à quelque endroit que se montrât cette tache infime, les étoiles se décrochaient de la voûte, et bientôt la sorcière en eut plein sa manche. Il n’y en avait plus que trois ou quatre dans le ciel. Et soudain, du côté opposé, surgit une seconde tache exiguë, qui grandit, s’étala, et cessa d’être une tache de rien. Même en chaussant son nez de roues empruntées, en guise de lunettes, à la calèche du commissaire, un myope n’aurait pu distinguer au juste ce que c’était.

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Une terrible vengeance

Titre original: Страшная месть. Vers 1832 environ, 40 pages.  

Peut se lire ici.

Fantastique ou d'horreur, gothique assurément.
Je ne vais pas tourner autour du pot, il s'agit d'éviter l'écueil nouvelle dramatique, lourde = profonde, par opposition à nouvelle légère, enlevée, comique = superficielle.
Celle-ci est réellement dramatique, poignante et profonde, réellement exceptionnelle !

Gogol a sans doute encore dû puiser quelque part dans le tréfonds des traditions orales populaires (je ne vais pas aller vérifier), mais là il a extirpé une nouvelle, très allégorique, écrite magistralement, comme gravée dans l'airain à l'antique.

Les rêves (sublimes passages), la magie démoniaque, l'allégorie montagnarde et les trépassés, le personnage qui glace d'effroi les invités à une noce et finit par ruiner le mariage de sa fille, le Dniepr, les maisons de maître, le Mal dissimulé...
Quelle puissance !


Un peu après Kiev, on vit apparaître un prodige inouï: les gentilshommes et les hetmans venaient tous le contempler. Soudain l'horizon s'était élargi à l'infini aux quatre coins de la terre. Au loin, on apercevait les flots bleus du Liman; au-delà du Liman s'étendait la mer Noire; ceux qui avaient roulé leur bosse reconnurent même la Crimée, montagne émergeant de la mer, ainsi que le Sivach marécageux. À gauche on apercevait la Galicie.
"Et cela, qu'est-ce que c'est ? demandait la foule assemblée aux vieilles gens, en montrant des sommets gris et blancs qui se dessinaient au loin dans le ciel et qui ressemblaient plutôt à des nuages.
- Ce sont les monts Carpathes, disaient les vieilles gens: on trouve là des montagnes où la neige ne fond jamais, et où les nuages vont se poser pour la nuit".
À ce moment, un nouveau miracle se produisit: les nuages découvrirent la plus haute montagne, et sur son sommet apparut, dans son armement de paladin, un homme à cheval qui gardait les yeux clos, et qui se voyait aussi distinctement que s'il avait été tout près.
Alors, au milieu de la foule saisie d'étonnement et de terreur, un homme bondit à cheval et, regardant autour de lui avec des yeux hagards comme s'il cherchait à voir s'il n'était pas poursuivi, éperonna hâtivement sa monture et s'élança à bride abattue. C'était le sorcier.
___________________________________________________________________________________________________________________________________________


Ivan Fiodorovitch Chponka et sa tante

Titre original: Иван Федорович Чпонка и его тетя. Pas trouvé de date d'écriture, 25 pages.

Nouvelle légère, comique, assortie de splendides tableaux campagnards (comme ci-dessous) et aussi de familles de maîtres agricoles croquées avec maestria.
Ivan Fiodorovitch Chponka, homme sérieux, posé, assez solitaire, quitte l'armée arrivé à un grade d'officier pour venir prendre possession de son petit -mais prospère- domaine, tenu par sa tante, un personnage haut en couleur...

La carriole s'engagea sur la digue, et Ivan Fiodorovitch vit, toujours la même, la vieille maisonnette au toit de roseaux; toujours les mêmes, les pommiers et les cerisiers sur lesquels il grimpait jadis en cachette. À peine était-il entré dans la cour que des chiens de toutes sortes, bruns, noirs, gris, pies, accoururent de tous côtés. Quelques-uns se jetaient en aboyant sous les pieds des chevaux, d'autres, ayant remarqué que l'axe des roues était graissé avec du saindoux, couraient derrière la carriole; un chien se tenait près de la cuisine et, la patte posée sur un os, hurlait à plein gosier; un autre aboyait de loin et courait çà et là en remuant la queue, avec l'air de dire:"Regardez, bonnes gens, quel brillant jeune homme je fais !". Des gamins en chemises crasseuses accourraient pour voir le spectacle. Une truie, qui déambulait à travers la cour avec ses treize gorets, leva le groin d'un air interrogateur, et grogna plus fort que d'habitude. Dans la cour, on voyait s'étaler par terre quantité de bâches couvertes de froment, de millet et d'orge qui séchaient au soleil. Sur le toit également on faisait sécher beaucoup d'herbes de toutes sortes: chicorée sauvage, piloselle et autres.


_____________________________________________________________________________________________________________________________

Le Terrain ensorcelé

Titre original: Заколдованная земля . Pas trouvé de date d'écriture, 8 pages.

Très bref, cela renforce l'aspect "bonnes histoires" à se raconter en petit comité.
Donne dans le registre de la farce, du loufoque pimenté de sorcellerie ou de diablerie, conférant tout de suite une dimension de l'ordre du fantastique.

Le personnage principal est un paysan, grand-père, qui cultive une melonnière dont il vend la récolte aux rouliers de passage.
Mais des phénomènes étranges surviennent, pris par ceux-ci, le paysan croit avoir trouvé un trésor...

Le lendemain, dès qu'il commença à faire nuit dans les champs, le grand-père mis sa casaque, noua sa ceinture, prit une bêche et une pelle sous le bras, se coiffa de son bonnet, vida un cruchon de kvas, s'essuya les lèvres avec un pan de son vêtement, et marcha tout droit vers le potager du pope. Voilà qu'il a dépassé la clôture et le petit bois de chênes. Entre les arbres serpente un petit chemin qui mène dans les champs; c'est bien le même endroit, dirait-on: voilà justement le pigeonnier; mais d'aire à battre - point. "Non, ce n'est pas l'endroit. Ça doit être un peu plus loin; il faut sans doute tourner du côté de l'aire". Il rebroussa chemin, prit une autre direction: on voyait bien l'aire, mais pas le pigeonnier ! Il revint pour s'approcher du pigeonnier - et voilà l'aire qui disparaît. Comme par hasard, la pluie se met à tomber. Il courut de nouveau vers l'aire; le pigeonnier n'était plus là; vers le pigeonnier, et c'est au tour de l'aire de disparaître.  


mots-clés : #contemythe #nouvelle #xixesiecle
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