Re: Citation du jour

par **Diogène** Jeu 5 Mar - 20:03

" En art, la substitution de l’opinion à la substance est, pour l’absence de talent, une échappatoire habituelle". Ernst Jünger

par **Tristram** Jeu 5 Mar - 23:09

Ernst n'a pas vu le pire : maintenant, on demande leur avis aux artistes ; pis, ceux-ci le donnent.

par **Tristram** Dim 8 Mar - 17:56

« Ah, l’anglais, langue mondiale, celle qui accueille le moins de traductions, forme suprême d’arrogance mêlée de provincialisme : on est sûr d’être lu à la longue par tout un chacun, et on trouve que ce qui est écrit dans sa propre langue est bien suffisant. Il ne paraît en Amérique que deux pour cent et des poussières de la littérature du reste du monde, maigre récolte qui vous explique pourquoi les Américains, parfois, le comprennent si mal [… »
Cees Nooteboom, 533. Le Livre des jours, 35

par **Tristram** Mer 11 Mar - 23:26

« Il se peut que ce que l’on accueille sur le tard soit de peu de valeur. Cela ne vous pénètre plus mais ruisselle à la surface comme si l’on portait un manteau imperméable à tout ce qui est nouveau. »
Elias Canetti, Le Livre contre la mort

par **Bédoulène** Mer 11 Mar - 23:44

pas mauvaise cette impression !

par **Tristram** Mer 11 Mar - 23:47

Hélas, il faut s'en méfier !

par **Bédoulène** Mer 11 Mar - 23:54

c'est que parfois on ne se souvient plus qu'on a un imperméable !

par **Diogène** Jeu 12 Mar - 2:11

« Chez moi, je me détourne un peu plus souvent à ma librairie, d'où tout d'une main je commande à mon ménage. Je suis sur l'entrée et vois sous moi mon jardin, ma basse court, ma court, et dans la plupart des membres de ma maison. Là, je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pieces décousues ; tantôt je rêve, tantôt j'enregistre et dicte, en me promenant, mes songes que voici. Elle est au troisième étage d'une tour. Le premier, c'est ma chapelle, le second une chambre et sa suite, où je me couche souvent, pour être seul. Au dessus, elle a une grande garde-robe. C'était au temps passé le lieu plus inutile de ma maison. Je passe là et la plupart des jours de ma vie, et la plupart des heures du jour. Je n'y suis jamais la nuit. À sa suite est un cabinet assez poli, capable à recevoir du feu pour l'hiver, très plaisamment percé. Et, si je ne craignais non plus le soin que la dépense, le soin qui me chasse de toute besogne, je pourrai facilement coudre à chaque côté une galerie de cent pas de long et douze de large, à plein pied, ayant trouvé tous les murs montez pour autre usage, à la hauteur qu'il me faut. Tout lieu retiré requiert un promenoir. Mes pensées dorment, si je les assis. Mon esprit ne va, si les jambes ne l'agitent. Ceux qui étudient sans livre, en sont tous là. La figure en est ronde et n'a de plat que ce qu'il faut à ma table et à mon siège, et vient m'offrant en se courbant, d'une vue, tous mes livres, rangés à cinq degrés tout à l'environ. Elle a trois vues de riche et libre prospect, et seize pas de vide en diamètre. » Montaigne in " Essais, III, 3."

par **Tristram** Jeu 12 Mar - 23:32

Ah, la "librairie" de Montaigne, quel rêve ! Je me souvenais assez correctement du passage, c'est dire !
Nettement moins drôle, je trouve :

« Aujourd’hui je me suis retrouvé une nouvelle fois à bord du Titanic et j’ai appris ce que l’orchestre a réellement joué au moment du naufrage. »
Elias Canetti, Le Livre contre la mort

par **Bédoulène** Ven 13 Mar - 8:32

je le saurais si je lis le livre donc ! Wink

par **Tristram** Sam 14 Mar - 15:18

« Le mot liberté exprime avant tout une tension violente, peut-être la plus violente de toutes. L’homme veut toujours aller plus loin et, lorsqu’il ne connaît pas le nom de cet ailleurs qui l’obsède, imprécis au point qu’il n’en peut distinguer les contours, il l’appelle liberté. »
Elias Canetti, « Le Livre contre la mort », 1942

par **bix_229** Sam 14 Mar - 19:30

Sans date
... Je me sens vieux chaque fois que je songe que la plupart des gens qui me connaissent me considèrent comme un raté : il me semble qu'un jour il s pourraient avoir raison si certaines choses ne changent pas. Quand je me dis qu'il pourrait en être ainsi, j'en sens si intensément la réalité que je suis découragé et que toute envie me passe comme si c'était déjà arrivé. Lorsque je regagne mon humeur normale, plus calme, il m'arrive de me réjouir que trente années se soient écoulées et qu'elles ne se soient pas écoulées sans que j'aie apprit quelque chose dont je pourrai tirer parti plus tard. Je me sens alors la force et l'envie de vivre les trente années suivantes, s'il m'est donné de les vivre. ... Bien des choses ne font que commencer à trente ans, et il est certain que tout n'est pas fini à ce moment-là. Mais on n'espère plus que la vie vous donnera ceci ou cela, puisque l'expérience vous a appris qu'elle ne peut vous le donner. On commence à saisir alors que la vie n'est qu'une espèce de période de fumage, et que la récolte n'est pas de ce monde.
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Lettres de Vincent Van Gogh à son frère Théo.

par **bix_229** Mar 17 Mar - 22:20

Nous ne parvenons à acquérir certaines qualités que pour les perdre ;
la vie est une série d'adieux, meme en art.
Stevenson

par **Tristram** Mer 18 Mar - 12:45

« Tout communique, tout est lié, tout est en tous. Les mêmes morceaux de broadcasting, les mêmes bandes de cinéma, émeuvent tous les hommes en bloc sur la périphérie du globe ; l’atmosphère spirituelle s’égalise, brassée par les trains rapides, les autos, les avions. »

Grand voyageur (chemineau), poète, auteur de fantastique et science-fiction, traducteur (et bien oublié), Théo Varlet a donné cet avis circa 1900...

par **animal** Mer 18 Mar - 12:49

des recommandations en particulier ?

par **Tristram** Mer 18 Mar - 13:04

Pas vraiment, lectures de jeunesse, et pas facile à retrouver...

par **bix_229** Mer 18 Mar - 14:38

"Grand voyageur (chemineau), poète, auteur de fantastique et science-fiction, traducteur (et bien oublié), Théo Varlet a donné cet avis circa 1900..."

...Et traducteur de Stevenson.

par **Diogène** Ven 20 Mar - 18:00

" Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre." Blaise Pascal

par **Tristram** Lun 23 Mar - 12:32

« Quel est celui qui ose dire que la vérité seule est réelle ? Le mensonge est tout aussi vivace que la vérité ; peut-être l’est-il plus encore. »
Ivan Tourgueniev, « Journal d'un homme de trop », chapitre 2

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