Leo Perutz
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Re: Leo Perutz
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15898
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Re: Leo Perutz
Rien que pour le tableau de ces grotesques couillons qu'il nous présente, la lecture vaut le coup !
Dernière édition par bix_229 le Dim 16 Déc - 16:08, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
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Re: Leo Perutz
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21543
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Re: Leo Perutz
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8533
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Re: Leo Perutz
Roman historique basé sur une anecdote réelle, le dernier roman de Leo Perutz est aussi allégorique.
Léonard de Vinci cherche les traits du Judas de sa Cène en lente préparation mentale, le péché de cet apôtre étant d’avoir trahi par orgueil l’amour qu’il éprouvait pour le Christ.
Joaquim Behaim est un commerçant voyageur qui tombe amoureux de Niccola, qu’il ignore être la fille de Boccetta, l’avare prêteur dont il s’efforce de recouvrer une dette.
- Divulgâchage:
- Il renoncera à la femme aimée pour l’argent récupéré en la sacrifiant, et sera le modèle choisi par Léonard. Et l’auteur révèle dans une conclusion que Mancino, l’amnésique poète chevaleresque et de mauvaise vie, également amoureux de Niccola et tué par Boccetta, ne serait autre que Villon !
Mots-clés : #historique #renaissance
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Tristram- Messages : 15898
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Re: Leo Perutz
Le Dr Kircheisen, toxicologue, est appelé par le baron Vogh au chevet de son jardinier indien, Ulam Singh, empoisonné par un serpent, le « tik paluga » (on trouve le tic palanga chez Littré). « Le baron fou », champion d’alpinisme, se révèle être un vieillard perclus d’artériosclérose ; sa fille, Gretl, conserve « la tendre ingénuité d’une âme d’enfant », et le docteur en est séduit.
Ils affrontent trois autres tik paluga dans la jungle indienne autour d’un manguier dans la serre tropicale du baron, qui presse le médecin d’utiliser le sérum Karasin, son invention, qui rendrait une heure de conscience au malade avant qu’il n’en meure.
Le baron et sa fille retrouvent leur forme première, lui jeune et elle enfant. Ulam Singh était un sadhu capable de faire croître et vieillir en une seule nuit une plante ou un animal.
Un fantastique qui ramentoit Raymond Roussel, Maurice Leblanc et consorts, avec cette attraction pour le monde exotique découvert à l’époque (livre paru en 1916), ici l’Inde.« — En Inde, dans la ville d’Allahabad, fit soudain le baron, on m’a servi à déjeuner des cailles qui avaient quatre semaines et qui pourtant avaient vu plusieurs centaines de fois se lever et se coucher le soleil. Elles avaient la chair tendre des jeunes bêtes, bien qu’elles fussent très vieilles et engraissées par l’âge…
— Comment est-ce possible ? demanda le Dr Kircheisen.
— Les cailles se nourrissent toujours à un moment précis de la journée, au lever du soleil. Les Indiens tirent parti de cette caractéristique. Ils enferment dans une cave sombre les cailles qui doivent être engraissées. Lorsqu’on ouvre les portes et que la lumière du jour pénètre dans la cave, les stupides bêtes croient que c’est le matin et se mettent à carcailler et à manger. Au début, on répète l’opération deux fois par jour, ensuite plus souvent et pour finir presque chaque heure. De cette manière, les cailles vieillissent et engraissent prématurément. Elles croient avoir vécu leur temps lorsqu’elles sentent le couteau de cuisine sur leur gorge et se laissent faire, contentes de leur sort. Quel sens cela aurait-il de se demander, pour ces volatiles, quand exactement ils sont sortis de leur coquille ? Ils ne savent pas si, entre le lever et le coucher du soleil, toute une journée ou un simple intervalle de quelques minutes s’est écoulé. »
\Mots-clés : #fantastique
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Tristram- Messages : 15898
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Re: Leo Perutz
justement, bien que ce ne soit pas ma tasse de thé, j'ai l'intention dans quelques temps de tenter un livre de réalisme magique, idée d'une éventuelle LC
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Bédoulène- Messages : 21543
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Re: Leo Perutz
Le narrateur, le baron Gottfried von Yosch, rapporte les évènements survenus entre les 26 et 30 septembre 1909 à Vienne. Lors d’une soirée musicale chez le célèbre acteur Eugen Bischoff (au bord du déclin, et ruiné par la faillite de son banquier, ce qu’il ne sait pas encore) et sa femme, Dina (dont il est épris), il rencontre l’ingénieur Waldemar Solgrub, qui lui est antipathique. Félix, le frère de Dina, et le docteur Gorski sont également présents. L’hôte raconte comme un officier de sa connaissance, venu enquêter sur le suicide inexplicable de son frère cadet, s’est tué à son tour, sans plus d’explication ; puis il s’absente – et se suicide en huis clos !
L’atmosphère est lourde de sous-entendus et signes de mauvais augure, d’allusions fantastiques et orientales, d’angoisses. Gottfried notamment est fort troublé, lui dont Dina fut la maîtresse avant son mariage. Félix l’accuse d’avoir aculé Eugen au suicide en lui révélant sa ruine pour lui reprendre Dina, et l’invite au suicide, puisqu’il est officier ; on a retrouvé sa pipe près du corps. Solgrub mène l’enquête, à la recherche du mystérieux inconnu qui conduirait ses victimes au suicide ; Gottfried essaie de le précéder. La piste passe par l’histoire d’un peintre italien du XVIe et d’une recette de drogue procurant des visions, « le rouge strident des Trompettes du Jugement dernier ».
J’ai beaucoup apprécié ce polar entre psychologie (freudienne) et irréel, la façon dont Perutz nous promène en plaçant nombre d’indices et des fausses pistes sur notre chemin.
« Une révolte contre le destin et l’irrémédiable ! Mais n’est-ce pas là – vu avec plus de recul – depuis toujours l’origine de toute forme d’art ? Tout acte éternel n’a-t-il pas surgi de profundis d’une honte que l’on a subie, d’une humiliation, d’une fierté foulée aux pieds ? Je laisse la masse insouciante s’extasier devant une œuvre d’art. Pour moi, elle dévoile l’âme anéantie de son créateur. Dans les grandes symphonies de sons, de couleurs et d’idées, je vois un reflet de cette extraordinaire couleur rouge, stridente comme l’éclat d’une trompette. Une intuition lointaine de la grande vision qui, pour un court instant seulement, a élevé le maître au-dessus de l’univers chaotique de sa faute et de sa souffrance. »
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Re: Leo Perutz
Mais la rumeur du « grand jeu de volant », à l’instigation du cardinal et duc de Richelieu, est déçue : l’instauration de la République échoue, 150 ans avant la Révolution française.« L’on sait aujourd’hui que, pour la Saint-Martin de l’an 1642, on avait projeté une nuit de la Saint-Barthélemy de la noblesse française. »
Tancrède Turlupin, un enfant trouvé devenu barbier, suit les funérailles du duc de Lavan, et se persuade qu’il est son fils. Il croise le vicomte de Saint-Chéron, bras armé du cardinal. Destin extraordinaire, mais histoire plutôt décevante en ce qui me concerne.
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Re: Leo Perutz
je n'ai lu que "sous le pont de pierre" et le cavalier Suédois, que j'ai apprécié
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Bédoulène- Messages : 21543
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Re: Leo Perutz
À Athènes, la cantatrice Lydia van Loo fuit son amant, Holger Langaard. Au Caire, la chanteuse d’opéra se fait appeler Mme Thamaron, et est séduite par le Dr Hamersvelt, qui est alors convaincu à tort d’espionnage pour la Russie soviétique. D’ailleurs l’intrigue tourne rapidement autour du colonel Ogolenski, prince tzariste dont la fantasque Lydia n’est pas encore divorcée, et qui la traque autour de la planète (Zurich, Monte-Carlo, etc.).
Lydia s’offre au richissime marchand de tabac et d’armes turc Abadjan Dschahid en échange de l’élimination de cette menace constante ; il sera rapidement éliminé par les bolcheviques. On croisera encore M. de la Trémolière, attaché militaire français vaincu par Ogolenski, et le diadème de la Tsarine dans une miche de pain.« Connaissez-vous la chanson du cosaque et du rossignol ? Le rossignol s’est sauvé de sa cage, le cosaque le regarde s’envoler, il ne reviendra jamais vers lui. »
Loufoque et ironique, ce roman rappelle Rouletabille de Gaston Leroux et Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle ; publié en 1927, a été écrit en collaboration avec Paul Frank (comme Le Miracle du manguier), et cela explique peut-être pourquoi il m’a également paru assez mineur.
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Re: Leo Perutz
Chamaco- Messages : 4478
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Re: Leo Perutz
Chamaco- Messages : 4478
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