Élisée Reclus
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Élisée Reclus
sources : Wikipédia et La vie des idées ( clic )Elisée Reclus, né le 15 mars 1830 à Sainte-Foy-la-Grande et mort à Thourout en Belgique le 4 juillet 1905, était un géographe et militant anarchiste français. Communard, théoricien anarchiste, c'était un pédagogue et un écrivain prolifique. Membre de la Première Internationale, il rejoignit la Fédération jurassienne après l'exclusion de Michel Bakounine. Il participa au journal Le Révolté.
Il combattit pour la Commune de Paris en 1971. Sa Condamnation à la déportation fut transformée en bannissement suite à la pétition signée par de nombreux scientifiques, dont Charles Darwin.
En octobre 1894, avec d'autres professeurs démissionnaires, il créa à Bruxelles l'Université nouvelle.
Citoyen du monde avant l’heure, précurseur de la géographie sociale, de la géopolitique, de la géohistoire et de l'écologie, il était également végétarien, naturiste, partisan de l'union libre et espérantiste.
Ses ouvrages majeurs sont La Terre (2 vol), Géographie universelle (19 vol), L'Homme et la Terre (6 vol), ainsi que Histoire d’un ruisseau et Histoire d'une montagne. Il publia également de très nombreux articles.
Être écrivain était d’abord pour Élisée Reclus le moyen de vivre de la géographie en marge de l’institutionnalisation universitaire. Pendant 45 ans, l’essentiel de ses revenus provint des droits d’auteurs versés par la maison Hachette. Il n’était pas pour autant partisan du droit de propriété intellectuelle : les plagiats, emprunts et traductions sauvages de son œuvre participaient à la circulation du savoir, avec son approbation anarchiste-communiste. Il estimait que « le savant a son immense utilité comme carrier : il extrait les matériaux, mais ce n’est pas lui qui les emploie, c’est au peuple, à l’ensemble des hommes associés qu’il appartient d’élever l’édifice ». D’où la dignité qu’il accordait à tous les genres d’écriture et sources d’information, y compris littéraires et populaires.
Il ambitionnait de s'adresser à tous : au jargon scientifique, il préférait une langue évocatrice à la syntaxe simple. La publication de ses ouvrages en feuilletons hebdomadaires ou en éditions bon marché se voulait propice à la diffusion d’un savoir émancipateur auprès d’un public profane.
Sa critique libertaire de la réduction du « vouloir » de chaque individu au bénéfice du pouvoir sécrété par les hiérarchies fut également à la source de sa sortie du calvinisme (il était fils de pasteur), de son désir de voir advenir l’union libre pour tous, ainsi que de sa critique du vote en régime de démocratie indirecte.
Militant impliqué directement dans des organisations ouvrières, il était également en relation avec nombre des grandes figures du mouvement libertaire, et ne cessa, de son exil à sa mort, de prendre position sur les problèmes théoriques et pratiques qui se posaient à celui-ci..
Bibliographie :
Guide du voyageur à Londres et aux environs
Voyage à la Sierra Nevada de Sainte Marthe : Paysages de la nature tropicale
Londres illustré : Guide spécial pour l’exposition de 1862
Les Villes d’hiver de la Méditerranée et les Alpes maritimes : Itinéraire descriptif et historique
La Terre : Description des phénomènes de la vie du globe
Histoire d’un ruisseau
Nice, Cannes, Monaco, Menton, San Remo
Les Phénomènes terrestres
Histoire d'une montagne
Nouvelle Géographie universelle
L'Homme et la Terre
Les Volcans de la Terre
La Peine de Mort
Évolution et Révolution
À mon frère le paysan
Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Élisée Reclus
Histoire d'un ruisseau
En omettant quelques digressions, tout le texte d’Élisée Reclus se concentre sur le seul mouvement de l’eau : ruisseau, rivière, cascade, fleuve etc… descriptions minutieuses mais dynamiques de chaque rides, courbures et éclaboussures… cette prose nécessite du lecteur une attention constante, intense, puisque Élisée Reclus tente en définitive d’aller aussi vite que l’eau !
S’il évoque au besoin les grands fleuves, les molécules, le géographe raconte sans carte, ni microscope, sans survol ni exigence très scientifique : j’apprécie la gageure poétique qu’implique cette Histoire d’un ruisseau. La représentation des cours d’eau chez Élisée Reclus prend parfois une dimension spirituelle (presque panthéiste) le poussant à transformer le récit en essai dans d’autres matières, socio-politiques par exemple, avec l’intrusion d’arguments non-étayé : on s’écarte quelque peu du sujet. Du reste, plus on s’approche de la ville plus Reclus construit un raisonnement de façon plus convaincante et résolument optimiste.
\Mots-clés : #merlacriviere #science
En omettant quelques digressions, tout le texte d’Élisée Reclus se concentre sur le seul mouvement de l’eau : ruisseau, rivière, cascade, fleuve etc… descriptions minutieuses mais dynamiques de chaque rides, courbures et éclaboussures… cette prose nécessite du lecteur une attention constante, intense, puisque Élisée Reclus tente en définitive d’aller aussi vite que l’eau !
Élisée Reclus a écrit:Irrésistible, implacable, comme si elle était elle-même poussée par le destin, l’eau qui s’écoule est animée d’une telle vitesse que la pensée ne peut la suivre : on croirait avoir sous les yeux la moitié visible d’une large roue tournant incessamment autour du rocher : à regarder cette nappe, toujours la même et toujours renouvelée, on perd graduellement la notion des choses réelles.
S’il évoque au besoin les grands fleuves, les molécules, le géographe raconte sans carte, ni microscope, sans survol ni exigence très scientifique : j’apprécie la gageure poétique qu’implique cette Histoire d’un ruisseau. La représentation des cours d’eau chez Élisée Reclus prend parfois une dimension spirituelle (presque panthéiste) le poussant à transformer le récit en essai dans d’autres matières, socio-politiques par exemple, avec l’intrusion d’arguments non-étayé : on s’écarte quelque peu du sujet. Du reste, plus on s’approche de la ville plus Reclus construit un raisonnement de façon plus convaincante et résolument optimiste.
\Mots-clés : #merlacriviere #science
Dreep- Messages : 1539
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Age : 32
Re: Élisée Reclus
J'ai vraiment beaucoup de sympathie pour le savant et l'homme.
Le savant est toujours actuel, et il semble connaitre un certain regain après avoir été
purement et simplement "oublié."
En tant que géographe,"non seulement il fait une très large place aux conditions économique, sociaux et culturels, thèmes que les géographes n'abordent que depuis quelques années. Mais il est un aspect du champ géographique de Reclus que beaucoup de géographes se refusent encore à prendre en compte : il s'agit de l'étude des mouvements géopolitiques et géostratégiques, auxquels il accorde la plus grande importance. L'originalité et le génie de Reclus est de représenter toutes ces stratégies impérialistes de façon critique en démasquant les discours idéologiques qui les recouvre."
D'un certain coté il fait penser au philsoophe Bachelard à sa pensée, indépendante de tous les systèmes, et qui adopte une position équilibrée : le rapport poétique à la réalité ne doit pas être déprécié au nom de la sciencee, mais il anticipe aussi largement l'écologie dans les rapports de l'homme et de son environnement.
Le savant est toujours actuel, et il semble connaitre un certain regain après avoir été
purement et simplement "oublié."
En tant que géographe,"non seulement il fait une très large place aux conditions économique, sociaux et culturels, thèmes que les géographes n'abordent que depuis quelques années. Mais il est un aspect du champ géographique de Reclus que beaucoup de géographes se refusent encore à prendre en compte : il s'agit de l'étude des mouvements géopolitiques et géostratégiques, auxquels il accorde la plus grande importance. L'originalité et le génie de Reclus est de représenter toutes ces stratégies impérialistes de façon critique en démasquant les discours idéologiques qui les recouvre."
D'un certain coté il fait penser au philsoophe Bachelard à sa pensée, indépendante de tous les systèmes, et qui adopte une position équilibrée : le rapport poétique à la réalité ne doit pas être déprécié au nom de la sciencee, mais il anticipe aussi largement l'écologie dans les rapports de l'homme et de son environnement.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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Re: Élisée Reclus
merci Dreep ! intéressante lecture
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Élisée Reclus
Un sacré personnage dont je n'avais jamais entendu parler ! Merci pour la découverte, Dreep.
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"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
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Re: Élisée Reclus
Merci de nous en parler Dreep. Tout au long de mon cheminement d'études, j'ai été amené à explorer les confins de ce que Reclus propose. Il semble y avoir un peu de Reclus derrière la démarche de Kenneth White et la géopoésie.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: Élisée Reclus
Histoire d'un ruisseau
Malgré une certaine grandiloquence, un lyrisme daté, des clichés bucoliques, ce livre/ auteur, qui ramentoit effectivement Bachelard (et l’entomologiste Jean-Henri Fabre, son contemporain), offre de bels élans d’une fraîche inspiration. La conscience du temps géologique, assez rare, est aussi à noter : à l’échelle de l’univers, notre durée de vie est bien éphémère, et notre perception faussée. C’est ce qui ressort, ce que je ressens à cette lecture, mais ce discernement n’est pas théorisé : simplement, le cours du ruisseau, l’érosion sont vus avec cette vision accélérée que permet la connaissance d’un géologue doublé de la sensibilité d’un poète.
Malgré une certaine grandiloquence, un lyrisme daté, des clichés bucoliques, ce livre/ auteur, qui ramentoit effectivement Bachelard (et l’entomologiste Jean-Henri Fabre, son contemporain), offre de bels élans d’une fraîche inspiration. La conscience du temps géologique, assez rare, est aussi à noter : à l’échelle de l’univers, notre durée de vie est bien éphémère, et notre perception faussée. C’est ce qui ressort, ce que je ressens à cette lecture, mais ce discernement n’est pas théorisé : simplement, le cours du ruisseau, l’érosion sont vus avec cette vision accélérée que permet la connaissance d’un géologue doublé de la sensibilité d’un poète.
Fines observations :« Les conventions de la vie ont réussi à faire de la plupart d’entre nous des êtres guindés et bizarres, humiliés de se sentir heureux d’un rien ; aussi faut-il nous reporter aux jours naïfs de notre enfance pour comprendre la joie que nous donnait cette excursion de quelques pas sur une petite motte de terre entourée d’eau. »
Jolie théorie des méandres :« Les rapides sont les cascades ébauchées qui prennent leur élan, puis s’arrêtent et se précipitent de nouveau. Ici l’eau qui se heurte contre une pierre moussue l’enveloppe comme d’un globe de verre transparent et en ceint la base d’un liseré d’écume ; là, le courant incliné s’enfuit rapidement entre deux roches, puis au-dessus d’écueils cachés se plisse en vague parallèles ; plus loin, le flot se divise en plusieurs filets s’élançant par bonds inégaux. L’eau profonde, la mince nappe, la frange d’écume se succèdent en désordre jusqu’au bas de la pente, où le ruisseau reprend son calme et l’égalité de son cours. »
Une nette conscience écologique est déjà présente, de même que la notion de terre-mère (1869) :« Ainsi le courant se porte incessamment d’un bord à l’autre par courbes successives : de la source à l’embouchure, c’est un long ricochet de l’eau entre les deux rivages. Les rondeurs convexes et concaves alternent le long des bords : c’est un rhythme, une musique pour le regard. »
« Le voyage de l’eau qui descend de la montagne vers la mer se fait par un circuit de courbes s’entrecroisant à l’infini. Est-ce pour cela que la légende germanique nous représente les ondines des ruisseaux planant la nuit en vastes rondes et rasant du pied la nappe des fontaines ?
C’est au-dessus de ces remous et des tourbillons que les danses de ces nymphes entrevues par les poëtes doivent être interminables, car l’eau y tournoie sans fin comme en un cercle qui n’a point d’issue. Au pied d’une cascade, un promontoire de rocher, assiégé par le torrent d’écume, protège de sa masse un bassin tranquille où tournoient ainsi les eaux rejetées latéralement par le flot. »
La connaissance scientifique (parfois questionnable) n’empêche pas un souffle inspiré :« À qui donc est ce ruisseau dont nous nous disons les propriétaires, comme si nous étions seuls à en jouir ? N’appartient-il pas aussi bien, et mieux encore à tous les êtres qui le peuplent et qui en tirent leur substance et leur vie ? Il est aux poissons et aux nénufars, aux moucherons qui volent en tourbillons au-dessus des remous, aux grands arbres que l’eau et les alluvions du ruisseau gonflent de sève. »
Je me sens très proche de cette perception du monde (faut-il encore préciser "monde naturel" ?), comparable il me semble à celle de Muir, et inciterais volontiers les Chosiens à sa découverte.« Le ruisseau dans son ensemble peut être comparé à un organisme vivant comme celui de l’arbre. »
« Aux yeux de l’anatomiste et du micrographe, chacun de nous, en dépit de son dur squelette et des formes arrêtées de son corps, n’est autre chose qu’une masse liquide, un fleuve où coulent avec une vitesse plus ou moins grande, comme en un lit préparé d’avance, des molécules sans nombre, provenant de toutes les régions de la terre et de l’espace, et recommençant leur voyage infini, après un court passage dans notre organisme. Semblables au ruisseau qui s’enfuit, nous changeons à chaque instant ; notre vie se renouvelle de minute en minute, et si nous croyons rester les mêmes, ce n’est que pure illusion de notre esprit. »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
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Localisation : Guyane
Re: Élisée Reclus
encore une lecture à faire, et l'envie . merci Tristram.
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Bédoulène- Messages : 21642
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Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Élisée Reclus
Je viens de découvrir que Reclus était l'oncle de l'historien de l'art Élie Faure ; c'est vrai qu'il y a communion de leurs inspirations !
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Élisée Reclus
Étude sur les dunes
Observations sur la mécanique des dunes, dans les Landes notamment, mais pas uniquement. Comment provoquer leur formation, et surtout les moyens de les fixer. Une fois de plus, je suis enchanté par ces phénomènes naturels tels que les décrit Reclus, que ce soit les habitants obligés de transférer leurs villages face à leur avancée, où les étangs qui reculent en montant derrière elles.
\Mots-clés : #essai #nature
Observations sur la mécanique des dunes, dans les Landes notamment, mais pas uniquement. Comment provoquer leur formation, et surtout les moyens de les fixer. Une fois de plus, je suis enchanté par ces phénomènes naturels tels que les décrit Reclus, que ce soit les habitants obligés de transférer leurs villages face à leur avancée, où les étangs qui reculent en montant derrière elles.
Déjà que j’aimais les dunes…« D’abord séparées de l’Océan par un mince cordon de sable, comme il s’en forme souvent sur les plages basses, ces baies changées en étangs ont été peu à peu repoussées vers l’intérieur des terres par les sillons parallèles des dunes. Sous l’énorme pression des sables, elles ont gravi, pour ainsi dire, la pente du continent. […]
Ainsi les grains de sable que le vent pousse devant lui ont suffi, pendant le cours des siècles, à changer des golfes d’eau salée en étangs d’eau douce et à les porter dans l’intérieur du continent à une hauteur considérable au-dessus de l’Atlantique. »
\Mots-clés : #essai #nature
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Tristram- Messages : 15927
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Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Élisée Reclus
"où les étangs qui reculent en montant derrière elles." je n'arrive pas à voir l'image !
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Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Élisée Reclus
Je ne saurais mieux expliquer que Reclus : lis son livre, d'ailleurs très court !
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Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
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Re: Élisée Reclus
je note
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Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Élisée Reclus
Histoire d'une montagne
Approche de l’orologie, de la géologie, de la sédimentologie, et même de la paléontologie, ce même curieux mélange d’observation juste et de souffle épique. Et toujours cette conscience du temps long qui m’est si sensible.
\Mots-clés : #nature
Approche de l’orologie, de la géologie, de la sédimentologie, et même de la paléontologie, ce même curieux mélange d’observation juste et de souffle épique. Et toujours cette conscience du temps long qui m’est si sensible.
Éboulis :« Toutefois, dans ce décor changeant ou toujours varié produit par l’action continuelle des forces de la nature, la montagne ne cesse d’offrir une sorte de rythme superbe à celui qui la parcourt pour en connaître la structure. »
Physique des nuages :« D’ordinaire, ils en sont avertis quelque temps à l’avance. La poussée intérieure de la montagne en travail fait vibrer incessamment la pierre du haut en bas des parois. De petits fragments, à demi descellés, se détachent d’abord et roulent en bondissant le long des pentes. Des masses plus lourdes, entraînées à leur tour, suivent les pierrailles en dessinant comme elles de puissantes courbes dans l’espace. Puis viennent des pans de roche entiers ; tout ce qui doit crouler rompt les attaches qui le retenaient à l’ossature intérieure de la montagne, et d’un coup la grêle effroyable de quartiers de roches s’abat sur la plaine ébranlée. Le fracas est indicible ; on dirait un conflit entre cent ouragans. Même en plein jour, les débris de roches, mêlés à la poussière, à la terre végétale, aux fragments de plantes, obscurcissent complètement le ciel ; parfois de sinistres éclairs, provenant des rochers qui s’entrechoquent, jaillissent de ces ténèbres. Après la tempête, quand la montagne ne secoue plus dans la plaine ses roches disjointes, quand l’atmosphère s’est éclaircie de nouveau, les habitants des campagnes épargnées se rapprochent et viennent contempler le désastre. Chalets et jardins, enclos et pâturages ont disparu sous le hideux chaos de pierres ; des amis, des parents y dorment aussi de leur grand sommeil. »
« Des nuages détachés s’éparpillent librement dans le ciel, ils se rejoignent, se cardent ou s’effilent sous le vent, s’étalent ou s’envolent et montent jusque dans l’atmosphère supérieure, bien au-dessus des cimes les plus élevées de la terre ; la diversité de leurs formes est beaucoup plus grande que celle des nuages qui ceignent les sommets de la montagne. Cependant ceux-ci présentent également une singulière mobilité d’aspect. Tantôt ce sont des nues isolées qui se déplacent avec les nappes d’air froid ; on les voit alors serpenter en rampant dans les ravins ou cheminer le long des arêtes en s’effrangeant aux roches aiguës. Tantôt ce sont de gros nuages qui cachent à la fois toute une pente de la montagne ; à travers leur masse épaisse, qui grossit ou diminue, se déplace ou se déchire, on distingue de temps en temps la cime bien connue, d'autant plus superbe en apparence qu’elle semble vivre et se mouvoir entre les vapeurs tournoyantes. D’autres fois, les nappes aériennes superposées et de températures différentes sont parfaitement horizontales et distinctes comme des strates géologiques ; les nuages qu’on y voit naître ont une forme analogue : ils sont disposés en bandes régulières et parallèles, cachant ici des forêts, là des pâturages, des neiges et des rochers, ou les voilant à demi comme une écharpe transparente. Parfois encore les cimes, les pentes supérieures, toute la haute montagne est noyée dans la lourde masse des nues, semblable à un ciel gris ou noir qui se serait abaissé vers la terre ; la montagne s’éloigne ou se rapproche suivant le lieu des vapeurs qui diminuent ou s’épaississent. Soudain, tout disparaît de la base au sommet : le mont s’est en entier perdu dans les brumes ; puis l’orage descend des cimes, il fouette cette mer de lourdes vapeurs, et l’on voit le géant apparaître de nouveau "noir, triste, dans le vol éternel des nuées." »
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Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Élisée Reclus
Une info pour les ignares comme moi : l'orologie, c'est la science ou étude des montagnes.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Élisée Reclus
merci pour l'explication, j'allais regarder la signification.
je crois que ce livre devrait me plaire
je crois que ce livre devrait me plaire
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Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
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