Yamina Benahmed Daho
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Yamina Benahmed Daho
Yamina Benahmed Daho
Née en 1979
Née en 1979
BibliographieYamina Benahmed Daho est née en 1979 en Vendée. Après des études de philosophie et de lettres à l'Université de Nantes, elle devient professeure de français. Elle a enseigné et vécu successivement à Orléans et Paris. Elle vit aujourd'hui à Lyon.
Avant d'enseigner (ce qui pourrait être reconnu comme une discipline sportive), elle a pratiqué la gymnastique et la natation pendant plusieurs années. En 2012, elle réalise un vieux rêve de fillette : jouer au foot. Elle s'inscrit dans un club de foot féminin amateur dans le Val-de-Marne et, de cette saison incroyable, elle tire un roman : Poule D, paru aux Editions L'Arbalète Gallimard en octobre 2014. Dans ce récit d'apprentissage comique, s'entremêlent ses souvenirs d'enfance vendéenne, des situations d'enseignement dans un collège de banlieue parisienne, son expérience nouvelle du foot féminin (marquée par les défaites, les entraînements fantaisistes et le secret espoir de connaître la joie de la victoire) ainsi que des fragments documentaires sur l'histoire du foot féminin.
Poule D a reçu le Prix littéraire des lycéens du Val de Marne 2016 et le Prix littéraire des lycéens des Pays de Loire 2016.
En 2011, elle a publié Rien de plus précieux que le repos aux éditions Hélium. Ce récit court est une fable sur l'invention du football. « Un conte, limpide, simple, puissant, superbement maîtrisé. Il coule, parfois violent et impétueux, et charrie la lumière d'un monde où les hommes jouent collectif, chacun maître de soi-même. (M. Abescat)».
En 2009, elle a participé à l'ouvrage Femmes et sport, regards sur les athlètes, les supportrices et les autres (Editions Hélium), dans lequel elle signe trois articles (sur Alice Milliat, un couple de catcheurs et Nelly Viennot).
Son travail d'écriture embrasse plusieurs champs, explore toujours de nouveaux sujets et de nouvelles formes. Pour l'heure, l'entrelacs fiction/documentaire, le récit sportif et la question du rapport homme-machine sont au centre de ses travaux.
– Poule D, L'Arbalète Gallimard, 2014. Prix littéraire des lycéens, apprentis et stagiaire d'Île-de-France 2016.
– Rien de plus précieux que le repos, Hélium, 2011.
– Femmes et sport, regards sur les athlètes, les supportrices et les autres, Hélium, 2009, ouvrage collectif.
- A la machine Gallimard 2021
Dernière édition par Bédoulène le Sam 20 Fév - 14:37, édité 1 fois
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Yamina Benahmed Daho
A la machine
Après avoir été « A la ligne » j’ai décidé de continuer « A la machine » à coudre ! Activité que je connais, mais dans ce livre l’auteure nous conte l’histoire de l’inventeur de la machine à coudre, un tailleur français – Barthélemy Thimonnier - qui voulait alléger le travail de sa femme et des autres, qu’il voyait coudre manuellement. Pousser et tirer l’aiguille au travers d’un ouvrage de couture ou de broderie.
« Barthélemy et Madeleine, avant d’être un couple amoureux, sont des Homo sapiens, descendants des chasseurs-cueilleurs. Quand Madeleine brode, elle exécute un geste manuel qui s’est transmis des milliers d’années durant pour faire vivre et survivre des groupes humains dans toutes les régions du monde. Parce qu’il est demeuré intact depuis son origine au paléolithique supérieur, le geste de la main-outil puissante et créatrice peut être converti en un geste mécanique, rapide, pratique au début du XIXe siècle dans l’esprit du tailleur. Barthélemy regardant Madeleine regarde en fait la main de l’homme créant l’aiguille à chas il y a plus de dix mille ans. »
Cet aimable et trop confiant tailleur après avoir durant des années fabriquer son « métier », se fit rouler par un premier financeur, puis un autre pour une machine plus élaborée, le brevet n’étant pas à son nom seul et l’exploitation étant au nom d’un autre ; par association, transmission, diverses manœuvres administratives, sans que Barthélemy ne soit mis au courant, en a perdu le droit. Sa famille vécu donc la plupart du temps dans la pauvreté.
«La dure loi du plus riche et la règle de la hiérarchie sociale font rapidement passe Barthélemy du statut d’inventeur du métier à coudre à celui de co-inventeur et mécanicien. »
A travers la révolte des tailleurs et des cordonniers, qui se voient évincés des commandes de l’armée au profit de l’atelier des « métiers » à coudre, l’auteur pose le problème de l’industrialisation. Il dénoncera aussi la mondialisation quand la société « Singer » étendra son emprise dans le monde. En effet Singer s’adressera directement aux femmes et proposera des achats à crédit ce qui contribuera également à leur appauvrissement.
La femme d’un homme qui travaille à l’atelier des machines pendant le procès suite aux destructions des machines par les tailleurs et cordonniers :
« Plus personne voulait de lui sur les chantiers. Alors quand ils ont proposé de travailler sur les mécaniques, même pour peu cher, sur des machines qui demandent d’avoir deux mains et un pied, exactement ce qu’il lui reste à mon mari, vous pensez bien qu’on a accepté. »
Un enfant est né au foyer des Thimonnier, il s’appelle Etienne et son évolution se fera comme celle du métier sur lequel son père travaillera pendant des années.
A Lyon les canuts, exploités, mal payés, se mettent en grève.
« Sur la table en noyer les verres sont vides. Dans le creux des assiettes restent des stries apparues quand le canut en a essuyé le fond avec la mie de pain rassie. Des traces qui disent la faim jamais comblée. »
« Barthélemy, sur sa ligne, tremble. Il voudrait être l’inventeur qui, grâce à sa mécanique, allège la dureté du travail. Il est en réalité celui qui fournit à l’industrie le moyen d’imposer des salaires honteusement bas."
Etienne, le fils partira à la guerre en Crimée, remplacer pour un peu d’argent, le fils d’un bourgeois.
A Paris Barthélemy est renvoyé de l’atelier de fabrication étant dans l’impossibilité d’atteindre le nombre réclamé par les patrons (dans le train qui le ramène chez lui il pense inventer une machine à coudre simple à fabriquer et à utiliser et dont il ferait cadeau à Etienne à son retour)
Les patrons ont cru qu’ils obtiendraient le consentement facile des ouvriers.
« Comment ont-ils pu y croire ? »
Comment ont-ils pu penser que grâce à la vitrine, notamment domestique, les ouvriers viendraient à l’exposition universelle de Paris ?
Alors que pour survivre les ouvriers, tailleurs, cordonniers doivent travailler aussi dans les usines, les intérêts des différentes corporations se rejoignent.
« Ils se réapproprient leur corps servile, se découvrent d’autres forces que celle du travail régi par des règles déloyales et abusives
Il leur devient possible
De définir leur identité ouvrière,
de nommer le monde,
de penser construire, chanter une autre société
[…] En ces lieux, ensemble, ils jurent de bâtir de leurs mains calleuses et jaunies ce monde là ! »
C’est connu, l’union fait la force !
Barthélemy, le malchanceux, n’a pu à cause d’un intervenant, présenté sa machine dans les délais impartis mais il a tout de même une satisfaction :
« Mais joie pour Barthélemy quand le jury atteste solennellement que le métier à coudre à point de chainette est l’œuvre qui a servi de type à toutes les machines à coudre modernes, dont celle de Magnin, dont celle de Singer. Le 15 novembre 1855, il est donc officiellement établi que Barthélemy est l’inventeur de la machine à coudre. Il n’est pas là pour l’entendre mais c’est écrit, imprimé, publié. »
Des signes de reconnaissance figurent à présent dans plusieurs villes françaises, des plaques, des rues en l’honneur de Barthélemy Thimonnier.
« Que la maison d’un artisan-inventeur errant, malchanceux et misérable soit devenue un abri temporaire qui protège d’une société du travail impitoyable, c’est une histoire qu’aucune fable ne peut dépasser.
C'était une lecture très intéressante même si vous n'avait jamais utilisé une machine à coudre !
Bien étoffée qui met en pointe le travail, quel qu'il soit, dénonce l'industrialisation au profit du capitalisme, la mondialisation et honore la création.
Je pense que cette lecture pourrait plaire à Animal, notamment.
Mots-clés : #biographie #mondedutravail #mondialisation #social #xixesiecle
Dernière édition par Bédoulène le Sam 20 Fév - 15:49, édité 2 fois
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Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Yamina Benahmed Daho
Et à moi, je crois . Merci !
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 49
Re: Yamina Benahmed Daho
je pense aussi Nadine !
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Bédoulène- Messages : 21642
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